March 28, 2016

Il y a 100 ans : Manœuvres boches anti-françaises (1)

De la Tribune :
Nos confrères mauriciens reçurent, postés à Tamatave, des fiches anonymes au sujet des affaires actuellement en cours de règlement devant la justice compétente à Madagascar.
Tout écrit anonyme doit, en principe, être de plano rejeté, c’est une infamie et l’individu qui s’en rend coupable acquiert tous les droits à la mésestime publique, plus encore lorsque – c’est le cas, en la circonstance – cet écrit a pour but d’essayer de jeter le discrédit sur un pays où flotte notre très glorieux pavillon.
Ce n’est certainement pas à un Français qu’il faut attribuer la paternité du factum incriminé dont le contenu est d’allure nettement anti-française.
C’est l’œuvre d’un bochophile honteux.
En admettant, en effet, et tous ici nous savons actuellement qu’il n’y a rien d’approchant, en admettant comme l’insinua le salarié du Kaiser, que Madagascar fût à feu et à sang, notre devoir à nous, Français, eût été de faire face à la situation, avec le concours des Européens nos alliés, nous efforçant, en outre, de faire tous nos efforts pour empêcher de laisser filtrer au dehors toutes nouvelles tendancieuses susceptibles d’être exploitées par nos ennemis.
En cela nous n’aurions fait qu’imiter les Boches et les Austro-Boches étouffant les cris de misère des populations ouvrières de Berlin, de Leipsick, de Dresde, de Vienne, sans compter les incidents nés en Hongrie.
Nous n’en étions pas là heureusement !
Tout a été dit de ce qui devait, pouvait être dit avant les débats.
Nous pouvons et devons cependant répéter que l’ordre, nulle part, n’a jamais été troublé un instant – que les arrestations effectuées n’ont donné lieu à aucun incident et que la plupart sont même passées inaperçues – enfin, que l’ensemble de la population malgache qui s’efforce chaque jour de nous donner de nombreuses preuves de loyalisme est absolument étrangère à ces criminelles intrigues, les réprouve hautement, et demande elle aussi le juste châtiment des coupables.
Dans le factum en question, on affirme que l’administration a tout fait pour étouffer l’affaire.
C’est le comble de l’absurde et de la mauvaise foi.
(À suivre.)

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.

March 27, 2016

Il y a 100 ans : Une lacune

L’Officiel de la Colonie portant la date du 22 janvier contient deux arrêtés très intéressants.
Le premier règlemente le fonctionnement des sociétés indigènes. Désormais, ces sociétés ne pourront se réunir sans, au préalable, en avoir obtenu l’autorisation de l’administration.
Le second arrêté porte réorganisation du service intérieur de l’École de Médecine et la refonte des règlements de 1902.
À la suite des incidents en cours de règlement, les modifications apportées s’imposaient.
Mais il y a un article 58 ainsi conçu :
Art. 58. – Les étudiants devront saluer et avoir une attitude respectueuse vis-à-vis des représentants de l’autorité, des administrateurs, des officiers et des professeurs.
Ce sont là d’excellents conseils ou plutôt de sages prescriptions.
Il me semble cependant qu’il y a une lacune à combler dans cet article 58.
En effet, si des élèves de l’École de Médecine doivent avoir le respect de l’autorité, de leurs professeurs, avec qui ils sont en contact permanent ; si ces mêmes manifestations de respect doivent être observées pour MM. les administrateurs et officiers rencontrés dans la rue ou en visite à l’école, on s’étonnera en constatant que toute une catégorie de personnes n’ont pas droit au respect mobilisé, d’après l’arrêté, au profit des personnes désignées.
Les Européens colons ne réclament ni hommages, ni révérences, ni autres marques extérieures de respect très superficielles, cependant, ils estiment, avec raison, qu’il n’eût pas été superflu, et pour cause, de rappeler ces jeunes gens et d’une façon générale à la déférence due aux Européens.
Il est évident que cette prétention va paraître exorbitante à quelques esprits affinés, avisés et adroits, mais il est probable qu’en haut lieu, on reconnaîtra qu’en effet on aurait pu mieux dire.
Il ne suffit pas d’ailleurs de faire des élèves studieux et respectueux seulement de l’autorité. Il faut encore essayer de les façonner, d’en faire des jeunes gens bien élevés, ceux-là, seuls, comprendront qu’ils doivent être déférents vis-à-vis des Européens sans distinction de catégorie. Car en somme, s’ils doivent d’être ce qu’ils sont, s’ils vivent dans un état meilleur, c’est à l’effort commun des Européens qu’ils en sont redevables.
Un ancien.

Le Tamatave

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March 25, 2016

Il y a 100 ans : Autour des affaires (2)

(Suite et fin.)
Stupide, car ils n’auraient pas trouvé d’écho dans le pays, et ils n’avaient d’autre idéal que de s’emparer du pouvoir, au besoin par le crime, s’imposer en maîtres absolus, et, surtout, mettre la main sur les caisses publiques pour garnir leurs poches désespérément vides depuis qu’il est devenu nécessaire de travailler pour les remplir.
C’était un État-major, mais sans troupe, et ce n’était pas suffisant pour une action vigoureuse, simultanée, exigeant surtout du courage, ce dont ils manquent totalement.
Le recrutement des subalternes, qui ignoraient le véritable but, s’est poursuivi pendant près de dix ans, avec un ensemble de précautions raffinées, à tel point que rien n’a transpiré, pas plus du côté de l’administration que du côté des colons.
C’est lorsque jugeant, sans doute, le moment opportun, c’est-à-dire le moment où le gouvernement se montrait le plus bienveillant pour les indigènes, que les inspirateurs du mouvement ont activé leur propagande, et se sont départis de la prudence si longtemps observée. C’est ce qui les a perdus.
Il est évident qu’il y a là-dessous l’action boche qui s’est employée à précipiter le mouvement.
41 inculpés comparaîtront mardi devant le Tribunal indigène. 192 inculpés seront frappés de peines administratives. 2 seulement ont été l’objet d’une ordonnance de non-lieu.
La sentence rendue, satisfaction ne sera pas encore donnée à l’opinion publique. Elle souhaite voir prendre des garanties pour l’avenir. Tous les colons sont de cet avis.
En résumé, telle est cette affaire, qu’on a si maladroitement grossie à plaisir, et dont la réussite était impossible.
Le Tamatave

Le canal d’Andranonandriana

Les habitants de ce quartier ont demandé à diverses reprises au service compétent le curage de ce canal avant la saison des pluies.
On s’est, comme toujours, empressé de ne pas leur donner satisfaction ; aussi lors des dernières grosses pluies tombées les riverains ont-ils été inondés.
Depuis deux ans, il a fallu que chaque année les intéressés s’adressent au Chef de la Colonie pour obtenir que ce canal soit mis en état de laisser s’écouler les eaux.
Qu’ils s’adressent encore une fois à M. le Gouverneur Général s’ils veulent obtenir satisfaction.

La Dépêche malgache

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March 21, 2016

Il y a 100 ans : Autour des affaires (1)

Sous ce titre, La Tribune, mieux renseignée que nous ne pourrions l’être, publie une étude longue et consciencieuse dans laquelle, froidement, elle rend compte des derniers événements qui ont eu lieu à Tananarive, et explique leur genèse. Nous ne saurions mieux faire que de la résumer.
C’est ainsi qu’elle nous fait connaître qu’il ne s’agit pas, en effet, d’une seule affaire, mais bien de deux, d’allures distinctes, savoir : 1° Affiliation à une société illicite ; 2° Participation consciente à un complot contre la sûreté de l’État et les particuliers.
On sait aujourd’hui qu’un certain nombre d’indigènes ont été sollicités de donner leur adhésion à un mouvement d’agitation, en vue d’obtenir en bloc : 1° La naturalisation française ; 2° La substitution, à l’administration subalterne européenne, d’une administration exclusivement composée d’éléments indigènes.
À cela s’arrêtait, pour les recrues d’une certaine catégorie, la connaissance du programme élaboré par les Ténébreuses Puissances Supérieures.
L’idée n’est pas neuve. Beaucoup y ont souscrit, mais ils ont eu le tort de ne pas demander pourquoi ils étaient tenus de garder le secret… que d’ailleurs ils ont observé.
Ces acceptations étaient nombreuses pour les faux-cols reluisants, qui s’attribuent complaisamment des mérites supérieurs à ceux de la moyenne de leurs contemporains, et se voyaient déjà « mpanjaka » de villes et de villages.
L’aéropage supérieur se compose, dit-on, d’atrophiés mentaux, personnalités doucereuses, persuasives, jouissant d’une réelle influence sur les indigènes. Il se réservait d’indiquer, à l’heure jugée propice, et dans les sections où les invités avaient léché le sang de poulet (!), les moyens qu’il comptait employer avec le concours de leurs adhérents, pour sauver le Capitole malgache.
Il ne s’agissait plus pour eux de pétitionnement, par des moyens loyaux et reconnaissants.
Les méthodes violentes, les procédés les plus lâches, en honneur chez ces crétins malfaisants, incapables du moindre courage, avaient leur prédilection pour réaliser leur rêve stupide.
(À suivre.)

Le Tamatave

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March 18, 2016

Il y a 100 ans : Ce qui se passe à Tananarive

(De notre correspondant particulier.)
Le photographe S. Jafetra s’est montré si arrogant qu’on l’a mis en cellule, il a refusé de faire choix d’un avocat pour le défendre.
Les arrestations continuent à Ambositra et à Moramanga.
Plusieurs des inculpés qui doivent comparaître devant le tribunal le 27 ont déclaré à l’instruction qu’ils regrettaient que le coup ait manqué ; ce sont les anarchistes de la bande.
Le bruit court qu’on aurait arrêté, en France, deux médecins hovas, partis récemment de Madagascar, sous le prétexte d’aller compléter leurs études en Europe ; ils devaient se rendre en Suisse pour s’entretenir avec l’ambassadeur allemand ; ils avaient été envoyés en mission par le comité révolutionnaire. Ils ont été arrêtés depuis, par câblogramme.
Il paraît qu’on apprendra de drôles de choses à l’audience ; l’affaire est plus grave qu’on le suppose.
On dit que la culpabilité du père Venance serait absolument établie.

Le « Persépolis »

Ce vapeur arrivé ce jour à midi vient de Majunga et des ports du nord. Il a pris à Majunga 200 tirailleurs sénégalais et 11 sous-officiers à destination de notre port.
Ce steamer relèvera pour le sud dimanche à 17 heures.

Noyé

Un manœuvre de la Société du Wharf qui opérait le débarquement des marchandises de la Ville d’Oran, sur le Wharf, est tombé accidentellement à la mer, ce matin vers 8 heures.
Malgré les secours immédiats apportés, il n’a pu être repêché et son corps n’a été retrouvé qu’à 11 heures.
En tombant à la mer, le malheureux a dû heurter le rebord du chaland, car le médecin a constaté qu’il avait une jambe brisée.
La Dépêche malgache

Fausse nouvelle

À propos de la « pitoyable aventure » de Tananarive, certaines personnes affirmaient qu’aucun contingent des troupes européennes se trouvant encore actuellement à Madagascar ne pourrait être éloigné de la Colonie, leur présence étant nécessaire pour y maintenir l’ordre et la sécurité.
Cette nouvelle est dénuée de tout fondement ; et comme dit notre spirituel confrère de Majunga, elle est uniquement due à ce sacré soleil de Madagascar qui vaut douze fois et demie celui si connu de la Cannebière.

Le Tamatave

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March 15, 2016

Il y a 100 ans : L’Affaire ? (2)

(Suite et fin.)
Hypocrites et lâches, c’est sous le masque d’un pseudo-loyalisme, qu’on pourrait même traiter d’exagéré, qu’ils envisageaient le moyen de nous trahir.
Le 27 janvier, c’est-à-dire dans quelques jours, ces misérables auront à répondre devant la Justice de leur ignoble forfait, ils seront jugés d’après la loi malgache.
Nos magistrats n’auront pas à fouiller bien loin le code des 305 articles pour punir toute cette valetaille, l’application de l’article 1er semble tout indiquée au moins pour les meneurs.
La manière forte seule est capable de servir d’exemple salutaire au reste de la population.
Nous attendrons le verdict avec confiance.

Le carnet d’un boto de pousse-pousse

En gens pratiques, les Anglais viennent une fois de plus de nous montrer l’exemple en envoyant au front tous ces inutiles désignés sous les noms de célibataires et veufs sans enfants. Ce moyen de trouver des hommes était relativement simple, mais encore fallait-il y penser. Certes, l’auteur du projet va perdre l’estime des postulantes anglaises au mariage ; je suis persuadé qu’il s’en moque et que la satisfaction d’avoir, en la circonstance, accompli son devoir envers la patrie lui suffit amplement.
Il y a bien eu pour les célibataires un moyen de tourner la loi, ce fut de convoler. Nombre d’entre eux n’ont pas hésité, mais la plupart, de deux maux ont choisi le moindre, ils ont rejoint le front. Eh bien ! cette loi qui vient de révolutionner la corporation des célibataires anglais va recevoir paraît-il son application en France et bien entendu dans les colonies françaises. Nos célibataires de Tamatave sont dans la consternation, le mariage ou le front. Cruelle énigme. Ceux qui en ont pris leur parti vont rejoindre la caserne, mais pour les autres qui craignent le feu des tranchées que faire… les jeunes filles européennes manquent sur place. C’est encore la ramatoa qui va sauver la situation, le choix ne manque pas et le gros avantage, c’est de pouvoir les essayer avant de les conduire devant le Maire. C’est pour cela que depuis quelque temps la ramatoa à Tamatave fait prime et que les célibataires les plus haut placés ne craignent plus de s’afficher en leur compagnie. En temps ordinaire ce serait d’un triste exemple, mais actuellement…
Eh bien ! c’est la même chose.
Sarah B.

La Dépêche malgache

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March 14, 2016

Il y a 100 ans : L’Affaire ? (1)

La politique toute de faiblesse suivie par nos derniers gouvernants à l’égard de la race Hova nous a valu le complot fomenté par quelques-uns d’entre eux pour le renversement de notre gouvernement.
On a tout fait uniquement pour cette race au détriment des autres peuplades. Considérés comme les plus intelligents, les plus aptes à la civilisation, on a presque rendu aux Hovas l’autorité, la prédominance qu’ils avaient avant la conquête. On les voit aujourd’hui dans toutes nos administrations ; dans les villes et les villages on ne rencontre que des Hovas galonnés, à rendre jaloux un gouverneur général, représentant l’autorité supérieure et abusant de cette autorité pour continuer à tyranniser ceux qui sont sous leur coupe, se retranchant toujours et prudemment derrière des ordres supérieurs qu’ils prétendent avoir reçus. On nous dira peut-être pourquoi ceux ainsi opprimés ne se plaignent pas. C’est bien simple : l’indigène n’aime pas à se plaindre en général de ses supérieurs, il craint trop et avec raison les représailles de toutes sortes dont il serait par la suite la victime.
On a créé à grands frais des écoles professionnelles, des facultés de médecine, etc., sur les hauts plateaux. Quels sont les résultats obtenus ? Quels sont les fruits que nous en avons retirés ?
La plus grande ingratitude, la haine du vazaha.
Ces sont ces intellectuels qui lèvent aujourd’hui l’étendard de la révolte ; et, pour mettre leur projet à exécution, ils ne devaient reculer devant aucun crime.
Nous n’avons pas besoin d’étrangers qui viennent nous imposer leurs lois et leurs coutumes, nous sommes assez intelligents et capables de nous gouverner nous-mêmes, nous sommes mûrs pour nous mettre en République.
Voilà le sinistre projet qu’ils mûrissaient depuis plusieurs années, aidés et conseillés dit-on par nos ennemis actuels.
Pour remercier la France de tout ce qu’elle a fait pour eux, ces ingrats profitent de ce que tous ses enfants sont à la frontière, défendant pied à pied le sol de la Patrie outrageusement violé, pour lever l’étendard de la révolte.
(À suivre.)

La Dépêche malgache

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March 13, 2016

Il y a 100 ans : Les poissons sacrés d’Ambondrona (2)

(Suite et fin.)
Quoi qu’il en soit, il est vraiment remarquable de voir les marakely obéir au moindre signe du vieillard, comme le fameux poisson de Courteline ; mais ici c’est une réalité ; on pense seulement que c’est son assiduité à les nourrir et à leur causer qui a provoqué cette domesticité surprenante ; en tout cas, ce vieux Sihanaka doit accomplir cette besogne à un point de vue symbolique quelconque, mais là encore, M. Toussaint n’a pu obtenir le moindre renseignement.
L’opinion publique veut que ces marakely ne soient nourris qu’avec des boulettes de tany fotsy (terre blanche), mais le vieux prêtre n’a jamais voulu en donner la preuve.
Ces poissons sont d’une espèce particulière, ce ne sont pas des fony pourtant répandus dans les eaux du Sahanaka, et ils diffèrent aussi des marakely de l’Émyrne, bien qu’ils s’en rapprochent davantage.
Le Courrier colonial

1er Bataillon de marche des tirailleurs malgaches

Sous n° 38, une demande d’armes et de munitions est adressée au service de l’artillerie, par la voie du colonel commandant militaire à Sousse.
Cette demande comprend :
3 sabres modèle 1845
3 revolvers modèle 1892
355 fusils modèle 1886 modifié 93
1 mousqueton modèle 1892
355 baguettes de fusil
356 ficelles de nettoyage
89 nécessaires d’armes modèle 1874
18 cartouches modèle 1886 en chargeurs
42 600 cartouches modèle 1886 en paquets
108 cartouches pour revolver modèle 1892
Journal des marches et opérations du 1er Bataillon de marche des tirailleurs malgaches

L’organisation de la province de Tuléar

Un arrêté du 24 novembre et un autre du 25 novembre, tous deux publiés à l’Officiel du 4 décembre 1915, visent l’organisation de la province de Tuléar. Le premier porte organisation de l’administration indigène dans cette province ; il examine, après les dispositions générales, tout ce qui a trait à la communauté de village, – aux chefs de fokontana, – aux relations des communautés avec les autorités, – aux attributions et obligations du fokondaty, ainsi qu’à ses droits et prérogatives et à sa responsabilité collective.
Le deuxième arrêté détermine les attributions des fonctionnaires et de l’administration française et de l’administration indigène dans la province de Tuléar.

Les Annales coloniales

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March 12, 2016

Il y a 100 ans : Les poissons sacrés d’Ambondrona (1)

À la séance que l’Académie malgache a tenue le 26 novembre, lecture a été donnée d’une note vraiment intéressante de M. Toussaint, contenant les observations qu’il a recueillies sur les poissons sacrés observés au cours de ses recherches scientifiques à Ambondrona.
Dans un petit bassin, très champêtre, de formation naturelle, caché pittoresquement sous les roseaux, et rempli d’une eau fraîche, transparente comme du cristal, vivent à l’abri de toute émotion de gros marakely qui sont l’objet des soins jaloux d’un vieux Sihanaka, dont la sainteté inspire à la fois la crainte et le respect de toute la région.
Un fait est à noter.
Lorsque des visiteurs, même des Blancs, s’approchent de leur humide monastère, ils se groupent près du bord, entre deux eaux, et regardent les nouveaux venus de leurs gros yeux saillants. On croirait vraiment, la transparence de l’eau aidant, qu’il n’y a qu’à étendre la main pour s’en emparer, et qu’ils se laisseront faire bénévolement.
Mais il y a loin de la coupe aux lèvres ; non seulement les marakely ne se laissent pas faire, mais l’audacieux serait puni de son crime de lèse-divinité.
Voici ce que dit M. Toussaint à ce sujet :
« Venant avec une docilité stupéfiante à la voix du prêtre qui, sur un ton chantant, convie « ceux du Nord, ceux du Sud, et aussi ceux de l’Est et de l’Ouest » à se présenter devant le chef vazaha, la foule des poissons se dispute les bestioles que l’on jette dans l’eau, telles les carpes familières de Fontainebleau. »
M. Toussaint assure qu’un « fady » vigoureux garantit les marakely d’Ambondrona contre la gourmandise des indigènes ; aucun Sihanaka n’oserait toucher à l’un d’eux, encore moins le manger, d’ailleurs, ce serait un sacrilège que de mettre même un pied dans leur bassin.
Malheureusement pour les savants, il a été impossible d’obtenir la moindre précision sur l’origine de ce culte bizarre, non plus que sur les manifestations étranges auxquelles il donne lieu ; on se heurte à une défiance craintive des indigènes.
(À suivre.)

Le Courrier colonial

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March 11, 2016

Il y a 100 ans : 1er Bataillon de marche des tirailleurs malgaches

18 heures. Arrivée à Gabès du détachement faisant l’objet du télégramme officiel reçu le 18 janvier. Ce détachement constitue le 4e Compagnie du bataillon. Les officiers sont : MM. Compte, capitaine commandant la Compagnie, Taburet, lieutenant, Kefler, sous-lieutenant de réserve.
L’effectif de cette nouvelle unité est de 358 hommes :
12 Européens : 1 adjudant ; 1 sergent major ; 9 sergents et fourriers ; 1 caporal fourrier.
346 Indigènes : 1 adjudant ; 8 sergents ; 16 caporaux ; 3 clairons ; 51 tirailleurs de 1ère classe ; 267 tirailleurs de 2e classe.
L’effectif total (troupe) à la date de ce jour est de 1 083 hommes :
69 Européens : 4 adjudants-chefs ; 5 adjudants ; 1 médecin auxiliaire ; 4 sergents majors ; 45 sergents et fourriers ; 4 caporaux ; 2 soldats.
1 014 Indigènes : 4 adjudants ; 32 sergents ; 64 caporaux ; 12 clairons ; 206 tirailleurs de 1ère classe ; 696 tirailleurs de 2e classe.
Le détachement s’est embarqué à Tamatave, à bord du vapeur Caucase, des Messageries Maritimes, le 18 décembre 1915, sous le commandement du sous-lieutenant Kefler. Le capitaine Compte, embarqué à Diégo-Suarez le 21 décembre 1915, prend, à cette date, le commandement du détachement. Le lieutenant Taburet, embarqué à la même date, en fait partie.
Le détachement a été débarqué à Bizerte le 16 janvier 1916, à 16 heures. Au cours de la traversée effectuée dans des conditions climatériques très défavorables, le tirailleur Letohita, n° matricule 14721, est disparu en mer dans la nuit du 22 au 23 décembre 1915 (suicide supposé). Deux tirailleurs sont décédés, l’un en mer, le 29 décembre 1915, l’autre à l’escale de Port-Saïd, le 8 janvier 1916.
Journal des marches et opérations du 1er Bataillon de marche des tirailleurs malgaches

Un appel

L’appel lancé aux Malgaches par l’Intendance a été entendu.
Ils se présentent nombreux, ceux qui veulent servir comme tirailleurs, ouvriers militaires d’administration, boulangers, bouchers, cordonniers, tailleurs, ferblantiers, charpentiers ou menuisiers ou encore très bon écrivain.
Les avantages sont sérieux, 40 francs de prime ; 0,75 de solde, nourriture, habillement et couchage en plus. C’est tentant, on en conviendra.

Le Tamatave

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March 9, 2016

Il y a 100 ans : La générosité malgache

La générosité des indigènes de la Grande Île est inépuisable.
Une représentation théâtrale à Tananarive a produit 200 francs ; un groupe d’ouvrières de Fanvarivo a envoyé 637 fr. ; l’association des Zatovo Malagasy, 250 fr. Toutes ces sommes ont été remises au général commandant supérieur, qui en a affecté la moitié à l’achat de tabacs et cigares pour le bataillon Galland, et le reste, consacré à l’amélioration de l’ordinaire de ses tirailleurs.
De son côté, l’ouvroir de Mananjary a envoyé au front 200 vêtements, donnés par les sœurs de Saint-Joseph et la mission anglicane. Depuis sa fondation, cet ouvroir a déjà expédié plus de 600 vêtements à nos soldats.
Enfin, la collecte faite dans le poste administratif d’Anjozorobe a produit la somme de 40 150 francs.
Nous félicitons toutes ces généreuses initiatives.

Les enrôlements volontaires à Madagascar

L’enthousiasme des enrôlements volontaires malgaches est tel, au 1er régiment de tirailleurs, que le service de santé est obligé de se montrer très rigoureux avant de reconnaître les « bons pour le service ».
Il en résulte que 30 p. 100 à peine sont autorisés à contracter des engagements.

Le tourisme aux colonies

Le docteur Fontoynont a attiré l’attention des membres de l’Académie malgache sur l’intérêt qu’il y aurait à rechercher les sites pittoresques de la Grande Île, et leur a soumis, à cet effet, différentes vues du pont naturel de Taitaisantany, susceptible de déterminer un mouvement de tourisme vers cette partie de Madagascar.
Ce pont est une des beautés du district de Vatomandry et se trouve situé aux abords du village de Sasoma, non loin de Sevaza ; nul doute que, le connaissant mieux, les touristes en feront le but principal de leurs excursions.
Le Courrier colonial

Traduction

Sur les routes, des avis placardés font connaître la présence, à 100 mètres, de passages à niveau et recommandent de ne les traverser qu’à la vitesse du pas.
Or, la traduction malgache dit, 2e phrase : qu’il ne faut pas traverser les passages à niveau, quant à la troisième, elle indique que, pourtant, si quelqu’un y va, il doit courir aussi vite qu’il peut.

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.

March 8, 2016

Il y a 100 ans : Autour de l’Affaire

De la Tribune :
De nouvelles arrestations, une dizaine, furent opérées à Tananarive, dans la soirée du 12 et dans la nuit du 12 au 13.
Nous avons la conviction que d’autres suivront, qui ne seront que la conséquence des déclarations faites par les nouveaux inculpés.
L’instruction de l’affaire qui, sans être prise au tragique, mérité cependant d’être prise au sérieux est sur le point d’être close. Sauf incidents, les prévenus vont être avisés de leur prochaine comparution en Justice.
Les uns feront choix de leurs défenseurs, aux autres, il en sera attribué d’office.
Les débats nous feront connaître les faits dans toute leur précision. Rien ne restera dans l’ombre.
Nous en publierons le compte-rendu. Interrogatoires, confrontations et incidents seront ici rapportés in extenso.
Après les débats, nous tirerons la conclusion qui s’impose, de cette lamentable histoire née dans un pays à une heure de prospérité évidente.
C’est à croire, disait un indigène, que ces gens-là en avaient assez d’être heureux.
Le Tamatave

1er Bataillon de marche des tirailleurs malgaches

Reçu le télégramme officiel ci-après.
« Détachement Tirailleurs malgaches à chef Bataillon commandant Bataillon malgaches Gabès.
« Détachement comportant trois officiers, sept sous-officiers européens solde mensuelle, cinq sous-officiers européens solde journalière, neuf sous-officiers indigènes, trois cent trente-quatre caporaux et tirailleurs quittera Tunis le 19 janvier au matin, débarquera Oued-Akarit le vingt janvier dans matinée et arrivera Gabès dans nuit du vingt au vingt-et-un. Instructions données à Tunis par général commandant division d’occupation une prescrivent vous demander faire envoyer à Oued-Akarit sept voitures pour transport bagages et une monture pour capitaine. »
Journal des marches et opérations du 1er Bataillon de marche des tirailleurs malgaches

Exportation minière

Il a été exporté par notre port pendant le mois de janvier :
Poudre d’or, 38 k. 361 gr. ; pierres précieuses, 5 k. 287 gr. ; graphie, 299 t. 651 k. ; corindons, 1 t. 380.

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.

March 6, 2016

Il y a 100 ans : Exposition de fruits et produits dérivés

Le Service de Colonisation organise à la Section horticole et séricicole de Nanisana une exposition de fruits frais et conservés et, d’une façon générale, de tous les produits tirés des fruits ; elle se tiendra dans la deuxième quinzaine du mois de février ; son but est de montrer aux cultivateurs européens et indigènes les résultats déjà obtenus dans l’arboriculture fruitière et le parti qu’on peut tirer des fruits que n’utilise pas la consommation locale à l’état frais.
Cette manifestation vient à son heure après les heureuses initiatives des provinces centrales notamment, et l’active propagande effectuées dans ces dernières années par la Station de Nanisana en vue d’acclimater et de propager de nouvelles et bonnes espèces fruitières.
Un programme détaillé de cette réunion sera établi bientôt. Elle devra conserver un caractère essentiellement pratique ; il y sera prévu des sections spéciales pour les fruits frais, séchés, stérilisés, ou conservés dans un sirop ou l’alcool ; les fruits confits, les confitures ou marmelades seront groupés ensemble ; enfin les vins et les huiles du pays seront examinés avec attention et feront l’objet d’une étude spéciale. Bien que cette exposition doive intéresser plus spécialement les cultivateurs des Hauts-Plateaux, certains produits de la côte pourraient utilement figurer dans cette exposition ; tels sont notamment les bananes séchées, les papayes et tous autres fruits tropicaux conservés.
Des primes seront distribuées aux exposants des produits les mieux préparés ou présentés.
Les cultivateurs ou propriétaires que cette question intéresse sont invités à vouloir bien, dans la mesure du possible, préparer et envoyer une certaine quantité de chaque espèce de fruits ou produits à présenter.
Il est proposé de faire suivre, si les exposants le demandent, les produits non périssables présentés, soit à une œuvre d’ambulance, soit aux soldats sur le front.
Les frais de transport seront à la charge de la Colonie depuis le chef-lieu de chaque circonscription jusqu’à la station de Nanisana.

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.

March 5, 2016

Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l'Expédition

Vient de paraître à la Bibliothèque malgache: Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l'Expédition, par Adolphe Badin (1,99 € dans les rayons numériques des librairies, 6.000 ariary chez Lecture et Loisirs, Tana Water Front, Antananarivo).

En décembre 1896, il y a à peine plus d’un an que le corps expéditionnaire français s’est emparé de la capitale malgache et Adolphe Badin utilise avec habileté l’enthousiasme patriotique pour inscrire la « conquête » dans un roman où les éléments de l’Histoire immédiate abondent. Son roman, illustré par A. Lalauze, est accueilli dans les colonnes de la presse parisienne comme un parfait livre d’étrennes.
La Revue illustrée signale « ce livre attrayant et instructif » inscrit dans l’esprit animant tous ceux qui se réjouissent de l’accroissement de l’espace colonial : « M. A. Badin, dans le cadre d’une action à la fois dramatique et touchante, a réussi à faire passer une suite de tableaux d’une exactitude scrupuleuse, de scènes pittoresques et mouvementées. Nul livre ne pourrait donner, sous une forme plus attrayante, une idée plus juste de la grande colonie et de la campagne si pénible et si glorieuse qui l’a conquise à la France. »
Les Annales politiques et littéraires ne sont pas en reste : « Il a enjolivé son récit d’incidents imaginaires, mais le fond en est exact. Cela est à la fois amusant, instructif et patriotique ! On ne saurait exiger davantage d’un livre d’étrennes. » Lucide quant aux limites du talent de l’auteur, Adolphe Brisson modère cependant son éloge : « Ah ! si M. Badin avait eu le génie épique de Victor Hugo, quel beau poème il eût tiré de cette campagne, qui restera comme une des plus follement audacieuses du siècle ! Ne nous plaignons pas. M. Badin n’a pas la prétention d’égaler l’auteur des Burgraves. Et peut-être vaut-il mieux, pour ceux auxquels il s’adresse, qu’il soit tout simplement un bon narrateur. »
Philippe Gille, dans Le Figaro, n’hésite pas à conseiller la lecture du roman aux « jeunes gens qu’attire la carrière militaire ».
Et il faut Armand Silvestre, du Journal, pour émettre, au passage et sans y insister, une remarque sur le point de vue de l’auteur, qu’il présente comme « l’apôtre convaincu de la colonisation (que je voudrais penser comme lui !) », rappelant qu’Adolphe Badin a déjà conduit ses lecteurs au Dahomey et en Algérie. Et concédant au livre des vertus informatives : « Dans ce beau volume, les partisans de la Patrie lointaine, que nous font les conquêtes, trouveront les plus intéressants détails sur ces nouveaux sols où flotte le drapeau français, et tous apprendront mille choses curieuses sur nos involontaires compatriotes. »
« Involontaires compatriotes » : mesure-t-on bien la distance prise par Armand Silvestre avec « la grande œuvre coloniale » ?
Quoi qu’il en soit, Adolphe Badin, né à Auxerre en 1831 et mort dans les années 1890, n’a pas laissé de traces marquantes dans la littérature française. Journaliste, il s’est beaucoup occupé de théâtre. Romancier abondant, il aimait les aventuriers. Et, donc, les colonies.


Dans la même collection

Madagascar en 1913
Madagascar en 1914

Émile Blavet
Au Pays Malgache

Marius Cazeneuve
À la cour de Madagascar

Étienne Grosclaude
Un Parisien à Madagascar

Jean-Claude Mouyon
L’Antoine, idiot du Sud
Beko ou La nuit du Grand Homme
Carrefour
Roman Vrac

Ida Pfeiffer
Voyage à Madagascar

Charles Renel
La coutume des Ancêtres
Le « Décivilisé »
La fille de l'Île rouge
La race inconnue

March 3, 2016

Il y a 100 ans : La «conspiration» dans la brousse

Un prospecteur qui, assisté d’un nombreux personnel indigène, exploite dans la brousse quelques piquets à plus de quatre journées de marche de la ville, raconte ce qui suit :
« Ce n’est que dans la journée du 3 janvier que nous est parvenue la nouvelle de ce qui se passait à Tananarive, ou plutôt de ce qui devait s’y passer, et des arrestations opérées parmi les hautes personnalités Hovas.
« Le sentiment de surprise, très naturel, que cette nouvelle a tout d’abord causé étant passé, et après quelques réflexions échangées, mon nombreux personnel, parmi lequel beaucoup d’Antémoros, est parti d’une folle gaieté et ne parlait de rien moins que d’aller, moi à leur tête, mettre à la raison ces anciens maîtres du pays, de la tyrannie et des exactions desquels les plus âgés n’avaient pas encore perdu le souvenir.
« J’ai eu toutes les peines du monde à leur faire entendre raison, et à leur faire comprendre que notre intervention serait absolument inutile, attendu que ces prétendus libertaires étaient déjà sous les verrous et que leur grrrande conspiration n’existait plus que sur le papier.
« La journée s’est terminée en quolibets et plaisanteries dont les auteurs du complot ont été l’objet. Les ouvriers s’étaient déjà armés de mes outils, disant que ces armes étaient suffisantes pour mettre les conspirateurs à la raison.
« Ces derniers auraient donc trouvé autre chose qu’un appui auprès de la population indigène. »

Le Tamatave

Morts au champ d’honneur

Dupuy (Lucien), soldat au 104e régiment d’infanterie. – Revenu du Brésil dès le début des hostilités, il prit part à plusieurs combats et fut tué d’une balle à la tête le 25 septembre 1915 près d’Auberive, en Champagne.
Il était le fils de M. Eugène Dupuy, avocat-défenseur à Tamatave.
Delord (Auguste). – Tué le 9 octobre 1915 par un obus à l’entrée d’un boyau. – Deux jours avant il avait obtenu la Croix de guerre en se portant sous un feu intense au secours de camarades ensevelis vivants dans une tranchée.
Il était le neveu de M. Delord, missionnaire de la mission protestante à Tsiafahy, et le cousin germain de M. Roger Delord, rédacteur du ministère des colonies, actuellement détaché à Madagascar et mobilisé comme sous-lieutenant, chef de poste de Maroadabo.
Journal officiel de Madagascar et Dépendances

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 46 titres parus à ce jour.