April 30, 2014

Il y a 100 ans : Dans la léproserie (2)

(Suite.)
Une torpeur mystérieuse pèse sur tous ces êtres ; çà et là quelques enfants errent sans joie parmi ces créatures ensommeillées. Un enchantement a été jeté sur ces lieux, et ceux qui les habitent ne sont plus tout à fait des vivants. Des créatures trébuchent et s’affaissent…
Elles possèdent parfois un visage, mais elles n’ont plus de pieds ou de mains. Celles qui peuvent encore marcher et prendre n’ont plus de regard. Celles-ci portent le masque effrayant d’un mufle de bête, celles-là des plaies hideuses. Moignons sanglants, membres déformés, poitrines râlantes, faces dévorées, voilà ce qu’enferme le cycle de l’enfer visible. Ainsi que la Médée de violence et de passion armée qui maudit et détruit sa propre chair, la terre rouge a condamné ses enfants. La lèpre les lui restitue par lambeaux et il est des centaines de mutilés, dans cette vallée, des milliers ailleurs, qui meurent lentement.
Devant les cases de bois et de joncs, les vieillards oppressés aspirent le dernier rayon du jour. Leurs jambes inertes, gonflées par l’éléphantiasis, ne peuvent les conduire dans leurs demeures. Des adultes les aident ; parmi les moins malades sont de tout jeunes gens, des adolescents beaux et fiers avec une seule plaie qui commence à s’ouvrir. Des femmes aux doux yeux ont encore des mains fines qui se croisent, des pieds nus et agiles. Les autres, ceux qui n’ont qu’un pied et boitent, ceux qui n’ont qu’une main enroulent des chiffons autour du moignon tailladé par le mal ; ils se traînent tels des larves et le cauchemar de leur vie apparaît dans leurs yeux. La sérénité règne sur les visages d’aveugles, mais les mufles affreux de la lèpre léonine évoquent une vision de damnés.
Au dernier reflet du jour posé sur le front des montagnes, les créatures entourent une jeune fille qui vient d’arriver. Elle est vêtue, avec coquetterie, d’une robe jaune et s’enveloppe dans son lamba[1], d’un geste pudique propre aux Hovas qui aiment la réserve et la grâce décente. Ses yeux noirs laissent passer de la joie à travers leurs larmes, qui coulent rondes et claires sur les joues brunes.
(À suivre.)
Marguerite Augagneur.
Mercure de France



[1] Châle.


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April 29, 2014

Il y a 100 ans : Dans la léproserie (1)

De l’autre côté de la montagne s’étend une terre tragique, une vallée au sol rouge tacheté, çà et là, de bouquets d’arbres. Enserrée par une ceinture de collines qui profilent très haut leurs fronts inexorables, cette vallée ne voit du ciel qu’une coupe bleue ; toute échappée sur l’infini est close par les Gardiennes aux lignes sévères, et il n’est pas d’horizon lointain semblable à une grève d’or où passent des ailes et de flottantes vapeurs irisées. À mi-chemin de deux villages contigus, encerclés de murs, se dresse une maison européenne qui paraît être la surveillante de cette geôle ensoleillée des cases prisonnières derrière le rempart des murailles. Nul bruit. – La nature se recueille et attend. Ainsi qu’un rideau de théâtre, le silence tend son mystère entre l’inconnu et la vie apparente. De l’un et l’autre côté du voile ténébreux, le drame est poignant : ici on pleure, là on espère, et le destin ignoré s’accomplit… Cependant le silence donne sa plénitude à l’émotion humaine, il crée une harmonie entre les larmes et les choses, il est la beauté de la douleur. Qu’importe si demain des doigts sacrilèges soulèvent les plis de velours : l’heure est divine, qui fut sans vaines paroles !…
Ici palpite un silence vivant fait des mille bruits du vent et de la terre. On l’écoute… qui donc le troublera ? Les villages sont habités, une fumée floconneuse sort des cabanes, une faible rumeur monte, un éclat de rire a fusé vers le ciel calme… tout s’éteint, et la mélancolie flotte sur le paysage désolé, au pied des montagnes arides. Les villages muets se sont endormis dans quelque rêve heureux, aux lueurs blondes du soleil qui décline.
Le vent du soir s’élève, il chante dans les herbes ondulantes et disperse les pollens au gré de sa fantaisie. Son souffle frais ranime toutes les choses qui étaient anéanties par la chaleur. Voici, dans les villages, des silhouettes étranges qui semblent se mouvoir avec peine. Hommes et femmes, ralentis, entravés, paraissent privés de l’activité coutumière. Les femmes ne vont point à la fontaine d’un pas léger, une poterie de grès rouge posée sur la tête. Les hommes, séparés de leurs compagnes, tenus à part, se traînent, ombres lasses.
(À suivre.)
Marguerite Augagneur.
Mercure de France


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April 28, 2014

Il y a 100 ans : Majunga demande une élection

Notre confrère de Majunga, les Petites Affiches, publie en manchette la doléance que voici :
Quand, M. Picquié, vous déciderez-vous à faire profiter Majunga du décret sur l’élection des municipalités promulgué depuis plusieurs mois déjà dans la colonie ?
Auriez-vous peur de l’esprit d’indépendance et de justice de notre population ?
Vox populi, Vox Dei, consultez-la, cette voix, elle ne demande qu’à vous répondre.
Nous nous en voudrions de souffler sur des illusions tenaces – et respectables – mais il nous semble que le seul fait d’avoir signalé à Micromégas une attitude défectueuse, – de lui avoir ainsi prouvé que la chose a porté, – ne peut qu’y ancrer davantage ce malfaisant bonhomme.
Les Annales coloniales

Honorons nos morts

Nous recevons de Majunga la lettre suivante, qui mérite de retenir l’attention de l’administration de Madagascar :
Majunga, le 5 mars 1914.
Monsieur le Directeur,
Nous vous demandons l’hospitalité de vos colonnes, pour signaler l’état de délabrement et d’abandon dans lequel est laissé un cimetière abandonné de la ville.
C’est là, pourtant, que sont enterrés un grand nombre de nos compatriotes venus dans la Grande Île lors de la conquête et tombés au champ d’honneur.
Il est regrettable de constater que cet enclos, qui devrait être l’objet de la sollicitude de l’administration, est complètement délaissé, envahi par les broussailles. Le fumier d’un parc à bœufs en souille même l’entrée.
Les monuments funéraires sont dans un tel délabrement qu’avant peu ils ne formeront plus que des amas de matériaux ; déjà des entourages et des plaques commémoratives gisent à terre.
L’administration ne pourrait-elle employer à l’entretien de ce champ de repos, une partie des prisonniers qui sont oisifs ou occupés à des travaux peut-être moins utiles.
Veuillez agréer, etc.
Un groupe de Majungais.

Magistrat condamné à Madagascar

Le tribunal correctionnel de Tananarive a rendu son arrêt dans l’affaire de M. Bentégeat, magistrat inculpé de scandale et de voies de faits au cercle de Diégo-Suarez, où il était de passage.
M. Bentégeat a été condamné à 100 fr. d’amende avec sursis et aux frais du jugement qui sont élevés.

Le Courrier colonial


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April 27, 2014

Il y a 100 ans : La mentalité d’instituteurs indigènes à Madagascar

Il nous faut signaler les agissements de certains instituteurs indigènes qui échappent, dans la brousse, à tout contrôle, et abusent du prestige que leur donne leur science rudimentaire pour commettre des abus dont la Tribune de Madagascar nous donne quelques échantillons.
D’abord, sous prétexte d’enseignement pratique, ils font cultiver leur jardin et rentrer leurs récoltes par les élèves, ils leur font même récurer leurs marmites. Ensuite, ils se sont institués, d’eux-mêmes, écrivains publics et ils rédigent, moyennant finances, tout ce qu’on leur demande, et, parfois, ce qu’on leur demande n’est pas très propre.
C’est ainsi que, récemment, un instituteur indigène écrivit, dans le style dont il était capable, bien entendu, une dénonciation calomnieuse au premier chef, contre un gouverneur hova dont l’administration n’avait jamais eu qu’à se louer.
Ce fonctionnaire indigène s’était attiré la rancune d’une personnalité locale, qui paya l’instituteur pour le dénoncer, et celui-ci trouva tout simple d’exécuter cette triste besogne.
Le dénonciateur, qui a signé le papier, va être traduit en justice ; mais qu’adviendra-t-il de l’instituteur, et que peut-on attendre d’éducateurs aussi complètement dépourvus de sens moral ?
Il y a là des réformes profondes et urgentes à accomplir, qui nécessitent l’intervention d’un directeur de l’enseignement énergique.
Ce n’est pas l’affaire d’un jour, nous le savons bien ; mais il importe de commencer immédiatement cette œuvre de salubrité.

Le canal d’Ivondro à Tamatave

On se préoccupe toujours, à Tamatave, de la question du canal d’Ivondro.
Certains préféreraient une route plutôt qu’un canal, bien que celui-ci doive être la continuation logique du canal d’Andevorante, prolongé vers le sud. Les partisans de la route font observer que la locomotion par terre est plus rapide que par eau. Leurs adversaires répondent que cette dernière est plus économique.
La meilleure solution serait évidemment une route longeant le canal, mais nous craignons que les finances de la colonie ne se prêtent pas encore à la dépense considérable qu’impliquerait la réalisation de ce double projet.

Le Courrier colonial


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April 23, 2014

Il y a 100 ans : Le justiciable indigène à Madagascar

Nous avons eu souvent l’occasion de nous élever contre les lacunes et les imperfections du système judiciaire à Madagascar qui se ressent encore trop des vieilles mœurs du temps des Hovas. La superposition de notre procédure à ces coutumes locales déroute l’indigène et le laisse trop souvent sans défense devant un appareil judiciaire qu’il ne comprend pas.
Ses hésitations, le sentiment de son ignorance, en font la proie des trop nombreux intermédiaires qui se placent entre lui et la justice. Et d’abord, il lui faut payer ses témoins, car, ainsi que nous l’avons exposé avec preuves  l’appui, l’indigène ne s’est pas encore fait à l’idée qu’un témoignage puisse être sincère, s’il n’est rémunéré.
Lorsqu’il veut faire appel d’une décision de justice, il doit d’abord déposer 50 fr., qui a, ensuite, toutes les peines du monde à se faire rembourser ; le justiciable métropolitain, lui-même, en sait quelque chose. De plus, 50 francs, c’est une grosse somme pour un Malgache.
Cette pénalité avant la lettre peut donner lieu à de véritables abus de la part de certains fonctionnaires, qui s’en servent pour obliger l’indigène à accepter leurs décisions.
Enfin le justiciable malgache doit compter avec l’esprit de solidarité des fonctionnaires européens qui n’envisagent qu’avec répugnance l’idée de désavouer un collègue. Le juge du premier degré, grâce à cette mentalité très particulière qui lui fait croire que le prestige de l’administration tout entière est lié au sien propre, est trop souvent tenté de voir dans l’infirmation d’un de ses jugements une humiliation d’amour-propre.
Qu’il y ait du vrai dans cette façon d’envisager les choses, ce n’est pas douteux : l’indigène qui a obtenu gain de cause devant un tribunal supérieur alors qu’en première instance il a été condamné par son administrateur direct, a une tendance assez naturelle à narguer celui-ci. C’est donc avec une extrême prudence qu’une cour d’appel doit apprécier un premier jugement répressif.
Encore faut-il considérer que le meilleur moyen de nous attirer la fidélité et la confiance de l’indigène est de lui rendre pleine justice.
Il y a donc là une situation très délicate, qui mérite de retenir toute l’attention de l’autorité.
Le Courrier colonial


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April 22, 2014

Il y a 100 ans : L’amélioration de l’élevage à Madagascar

On sait les efforts que font les éleveurs de Madagascar pour améliorer la race des bœufs indigènes, au point de vue surtout de la boucherie. Cette question prend une grande importance en ce moment où tant d’usines s’établissent sur un grand nombre de points pour la préparation des viandes conservées et frigorifiées.
Ce qui importe, avant tout, c’est de remédier au manque de précocité du bœuf malgache et à son rendement insuffisant à la boucherie.
Le bœuf de Madagascar n’arrive à son complet développement qu’à l’âge de cinq ans, alors que les bovidés de races européennes, les Durban, les Limousins, par exemple, peuvent être abattus à trois ans. Quant au rendement en boucherie, il est de 58 à 63 p. 100 du poids de la bête sur pied, selon le système d’élevage, tandis qu’en Europe, ce rendement atteint de 65 à 70 p. 100.
On essaie en ce moment d’un système de croisement de races introduites d’Europe, mais est-il susceptible de donner les résultats qu’on en attend ? Certains en doutent. Ces races étrangères s’acclimatent difficilement dans la Grande Île et les bêtes issues de croisements n’ont pas la même force de résistance que les bœufs indigènes. Même à Madagascar, les animaux d’une région s’adaptent mal à une autre. Ainsi, dans une concession voisine de Diégo-Suarez, on avait fait venir 2 500 bœufs d’Analalava et de Vohémar.
Ce troupeau fut atteint du charbon et perdit 8 p. 100 de sa masse, tandis que 200 vaches, nées dans le pays et faites à ces pâturages infectés, ne furent atteintes que dans la proportion de ½ p. 100 ; c’est-à-dire qu’une seule mourut.
En résumé, on croit que l’amélioration de la race indigène dépendra surtout de sélections dans la race locale elle-même. Celles-ci, très judicieusement faites, c’est-à-dire en recherchant la brièveté du cou, le peu de longueur des membres par rapport à la taille, la hauteur et l’ampleur de la poitrine, la forte saillie de la culotte, pourront donner de très bons résultats.
Les races améliorées d’Europe l’ont été, il ne faut pas l’oublier, grâce à une sélection de sujets pris dans des aires géographiques voisines et l’on sait à quel point ces sélections ont réussi ; pourquoi n’en serait-il pas de même à Madagascar ?
Le Courrier colonial


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April 18, 2014

Il y a 100 ans : L’esclavage indigène à Madagascar

Nous avons déjà parlé des déboires des petits colons livrés dans la brousse aux exactions des chefs de village, qui font ou laissent détruire les récoltes de nos compatriotes, qui leur suppriment toute main-d’œuvre, etc. Il nous faut montrer aujourd’hui comment les gros propriétaires indigènes, puissants par le souvenir de leur haute situation sociale d’antan ou même les fonctions qui leur sont actuellement confiées par l’administration française, en abusent pour se réserver une main-d’œuvre qui se fait de plus en plus rare pour le colon européen.
La plupart pratiquent l’usure, et obligent leurs débiteurs à travailler pour se libérer ; seulement comme les intérêts grossissent rapidement, la libération tarde à venir. En réalité, c’est sous une forme détournée, le régime de l’esclavage qui se perpétue.
Il est certain que si le colon européen usait de pareils procédés, il ne tarderait pas à tomber sous le coup de la loi. Pour l’indigène, l’autorité ferme les yeux, sous prétexte qu’il faut respecter les usages locaux !
Cependant, quand ces usages tendent à maintenir des pratiques abusives que nous avons cru devoir abolir, quand ils portent une atteinte directe aux progrès de la colonisation, il est impossible de les tolérer.

Européens et Indigènes

À Madagascar, le respect de l’Européen va s’affaiblissant de jour en jour et les colons se voient de plus en plus traités avec une cavalière désinvolture par nos sujets.
Un confrère de Madagascar cite à ce sujet plusieurs faits caractéristiques.
Cependant, qui donc a enseigné à l’indigène à tirer parti des ressources de son sol, qui lui en a fourni les moyens, qui lui a trouvé des débouchés pour les écouler, qui ? si ce n’est l’Européen ?
Triste constatation : ceux qui manquent à la plus élémentaire déférence sont précisément ceux-là mêmes qui nous doivent le plus. Nous voulons parler de ces indigènes que nous avons instruits, de ceux dont nous avons eu la naïveté de faire des employés et pour qui la civilisation consiste surtout dans la blancheur des vêtements.
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April 17, 2014

Il y a 100 ans : Les déboires du petit colon

Nous avons déjà signalé les difficultés auxquelles se heurte le petit colon quand il s’installe à Madagascar.
Pour le Malgache, le petit colon est, en même temps, l’ennemi et la vache à lait. Le produit de la terre cultivée par le vazaha doit lui revenir au moins en partie. Cette commode confusion entre le « tien » et le « mien » permet à l’indigène de prendre ce dont il a besoin chez ce « fournisseur ». Il surveillera les bananiers et emportera les régimes dès qu’ils seront à point ; il ira à la ramée dans ses bois, et si les branches mortes ne lui suffisent pas, il n’hésitera pas à mettre la cognée dans les arbres.
On cite le cas de ce colon qui, ayant dû s’absenter de sa terre pendant quelques jours, vit à son retour ½ hectare de son bois, qu’il avait laissé couvert de hautes futaies, transformé en champs de riz ; le mpiadidy du village y avait tout simplement mis le feu pour y semer l’appétissante graminée.
Quand le colon se plaignit au chef de district de ce sans-gêne vraiment excessif, celui-ci lui donna ce bénévole conseil.
— Eh ! bien, laissez mûrir le riz et récoltez-le à sa place ; cette solution le touchera plus qu’aucune intervention administrative ou judiciaire et vous coûtera moins cher !
Si le colon veut planter à son tour, ses champs de riz, de maïs, de haricots risquent d’être envahis aussitôt qu’ensemencés par les volailles domestiques du voisinage ; poules, canards, pigeons s’y abattent au grand dam des jeunes pousses qui sont absorbées avec avidité par ces pillards emplumés.
Si le petit colon se résigne, il a la paix ; s’il regimbe, il a tout le village sur le dos ; on cherche à lui jouer mille tours, et, comme personne ne laisse sa carte de visite, il est fort en peine pour savoir à qui s’en prendre.
Ce sont là les déboires inévitables des débuts en matière de colonisation ; il ne faut pas les prendre trop au tragique. Cependant, l’administration devrait étendre sa protection sur les jeunes colons car ils risquent de se décourager et de tout abandonner quand ils ne se sentent pas soutenus par l’autorité.
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April 16, 2014

Il y a 100 ans : Chinoiseries judiciaires coloniales

On s’amuse ou l’on s’indigne – selon son tempérament – des chinoiseries administratives ou autres dont tout contribuable ou justiciable est victime en France.
Il n’en va pas autrement, hélas ! dans nos possessions.
Un colon français de Madagascar se voyait récemment convoqué d’urgence par le chef d’une province voisine, agissant en qualité de juge d’instruction, pour venir déposer, comme témoin, dans une affaire civile.
Notre colon, respectueux de la loi et de ses représentants, rassemble ses bourjanes, fait astiquer son filanzane et se met en route ; soit une journée de voyage, deux journées de séjour hors de chez lui, une journée pour le retour ; au total, quatre jours d’absence.
Avant de réintégrer ses pénates, notre compatriote va trouver le greffier et lui demande de taxer ses frais.
— C’est huit francs par jour, lui dit le greffier.
— Comment, huit francs, mais mon voisin, qui s’est déplacé l’année dernière dans les mêmes conditions que moi, a touché douze francs !
— Oui, mais il a témoigné dans une affaire « criminelle », tandis que vous n’avez été témoin que dans une simple affaire « civile » ; le tarif de déplacement est différent.
— Fort bien, répond notre colon ; alors je vais demander à l’administration de faire prendre d’urgence un arrêté fixant des tarifs différents pour les bateliers et les porteurs suivant qu’ils auront affaire à des témoins au civil ou au criminel.
Le chef de la province a sans doute jugé prudent de ne pas soumettre au chef de la colonie un vœu aussi subversif, et le criminel continuera à rapporter 4 francs de plus par jour aux témoins que le civil. Mais nos lecteurs estimeront certainement avec nous que cette inégalité est choquante et qu’il importe de la faire disparaître au plus vite.

Le courrier de Madagascar n’a pas de chance

On se souvient que le précédent départ du courrier de Madagascar et de la Réunion a été retardé par la grève des mécaniciens.
Le Djemnah, qui devait prendre la mer hier, n’a également pas pu partir, mais pour une autre cause.
Un incendie, dont on ignore l’origine, a éclaté à son bord, si bien qu’il ne pourra se mettre en route que lundi.
Vraiment nos compatriotes de Madagascar et de Bourbon sont bien malchanceux.

Le Courrier colonial


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April 15, 2014

Il y a 100 ans : La surveillance des Antaimoro dans la Grande Île

On sait que le district d’Ambilobe constitue, depuis deux ans, un district autonome.
La région se trouvait infestée de nomades Antaimours, venus de la province de Farafangana, qu’attirait l’appât de l’or, et qui venaient chercher sur les placers des salaires plus élevés que ceux qu’ils pouvaient trouver dans leur pays.
Ils formaient des bandes qui inquiétaient trop souvent le pays, attaquant les convois d’or et spoliant les habitants.
Pour assurer la sécurité du pays, M. le gouverneur général a distrait cette région du territoire de Diégo-Suarez et lui donné son autonomie. Elle est parcourue en tous sens par des patrouilles qui sont reliées entre elles et se joignent à celles des provinces voisines.
L’administration a, en outre, réglementé le déplacement des Antaimours qui, en quittant leur province pour le nord, doivent se munir d’un livret d’identité. Ils le remettent à l’autorité du lieu où ils comptent travailler, et l’administration, en échange, leur donne un reçu qu’elle reprend en rendant le livret à l’intéressé lorsqu’il quitte les lieux.
Obligé de présenter, à toutes réquisitions, soit le livret ou le reçu, l’Antaimoro déraciné peut ainsi être surveillé de près.
Ces mesures ont été très efficaces, aujourd’hui le calme est revenu dans le district d’Ambilobe et la sécurité y est complète.
Le Courrier colonial

Le budget de Madagascar

Le budget de Madagascar pour 1914, qui vient d’être approuvé par le département des colonies, a été fixé aux chiffres suivants :
Budget local, 37 324 286 francs ;
budget du chemin de fer de Tananarive, 3 404 598 fr. ;
budget de l’assistance médicale indigène, 1 777 981 fr. ;
soit un total de 42 506 865 fr.
Dans l’ensemble, le budget de Madagascar s’élève, pour 1914, à 42 506 865 fr., soit une augmentation de près de 6 millions de francs sur 1913.
Au 31 mai 1913, l’actif de la caisse de réserves s’élève à 15 354 283 fr.

Le Gaulois


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April 14, 2014

Il y a 100 ans : Quelques détails sur les inondations à Madagascar

De notre correspondant de Tananarive :
Au moment du départ du courrier, c’est-à-dire au commencement de février, nos compatriotes de Madagascar étaient toujours dans l’anxiété.
Toute la plaine des Betsimitatra était encore inondée. À Tananarive, on pouvait se croire au fond d’un vaste golfe et l’on craignait de voir beaucoup de fièvres au printemps.
Le gouverneur général a montré dans ces circonstances la plus grande activité.
Il s’est rendu le 30 janvier sur les bords de l’Ikopa à Andohatapenaka et à Nosizato, pour voir si les travaux d’aveuglement des brèches qui s’étaient produites avaient été effectués et si les mesures nécessaires étaient prises pour empêcher la rupture des points menacés.
La population indigène a été vivement touchée de la sollicitude de M. Picquié.
Dans la même journée, le gouverneur général s’est porté sur la route de Majunga et a constaté que la boue et la vase l’avaient rendue impraticable aux automobiles.
Les jours suivants, il est retourné à Andohatapenaka pour vérifier l’exécution des ordres de détail qu’il avait donnés sur place, puis sur la route de Majunga.
Le 4 février, M. Picquié est allé visiter les travaux destinés à assurer la circulation provisoire sur le remblai du pont de Tsiafahy, emporté en partie par l’inondation. Il a constaté qu’une réfection complète était indispensable ; de là, il s’est rendu sur la route de Miarinarivo, coupée par les eaux : un bac provisoire assurait les communications.
M. le gouverneur général a prescrit de nouveau de faire le nécessaire pour que la circulation normale soit rétablie sans retard sur les routes reliant Tananarive aux diverses régions de l’île.
Dans toute la colonie on signale des dégâts. Ambositra a particulièrement souffert ; les routes secondaires de cette province, même les plus solides, se trouvent dans un état lamentable ; il était impossible d’y circuler.
On aura du reste une idée de la violence des pluies tombées dans la région de Tananarive lorsqu’on saura que sur une surface de 12 kilomètres carrés, prise comme champ d’expérience, il est tombé 7 812 500 mètres cubes d’eau pendant le mois de janvier, soit, par jour, 260 416 tonnes d’eau en moyenne.

Le Courrier colonial


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April 13, 2014

Il y a 100 ans : L’exposition de Marseille

Le 7 février 1914, M. Picquié a signé une circulaire relative à l’exposition nationale de Marseille en 1916.
Plusieurs Gouverneurs de colonies en ont fait autant, – et si, de cette circulaire, nous détachons les deux passages suivants, c’est qu’ils nous semblent au moins… légèrement contradictoires.
« Toute notre politique actuelle à Madagascar doit tendre vers le commerce libre ; le pays possède, en effet, des sols fertiles, un sous-sol qui a montré en maints endroits sa valeur, une population intéressante, un climat très supportable, des voies de pénétration déjà suffisantes et de jour en jour plus nombreuses ; ces conditions ne peuvent-elles permettre au commerce de vivre et de se développer ? »
« C’est le moment d’exposer à la mère patrie ce que, après 20 ans d’occupation, malgré l’éloignement, un sol difficile, des communications maritimes défectueuses autant qu’insuffisantes, un climat tropical, une main-d’œuvre peu abondante, quelques milliers de Français ont fait d’une de ses plus récentes conquêtes. »

Ordures… ménagères

Dieu sait si cette question a fait couler de l’encre à Paris, et si, pendant une quinzaine entière tous les journaux de toutes les nuances politiques ont discuté sur le fait de savoir si les ordures ménagères devaient être matinales ou nocturnes – et si l’on devait en encombrer le trottoir au moment où les gens riches sortent du théâtre, ou bien au moment où les pauvres bougres se rendent à leur travail.
On a estimé plus démocratique, sans doute, la première solution, si bien qu’aujourd’hui, pour peu que vous sortiez tardivement du restaurant où vous avez dîné, vous rentrez chez vous le long d’un trottoir où fleurissent les poubelles.
Paris n’est point seul à se plaindre de la… voirie et de ses… parfums.
Voici ce que nous découpons dans le Journal de Madagascar, qui se publie à Tamatave :
« Les habitants de la place Duchesne se plaignant qu’on procède au nettoyage et à l’enlèvement de la tinette de l’urinoir qui se trouve sur cette place à huit heures du soir, alors qu’ils sont encore à table.
« L’Administration ne pourrait-elle pas faire ce qu’elle impose aux entrepreneurs de vidanges, soit de ne commencer ces opérations qu’après dix heures ? »
Autres cieux… mêmes mœurs !…

Les Annales coloniales


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April 10, 2014

Il y a 100 ans : Madagascar ou Paraguay? (3)

(Suite et fin.)
Tout s’exécuta dans le plus grand ordre. Mgr de Saulnes fit ouvrir une enquête par le R. P. Poirrier, supérieur des jésuites de Fianarantsoa, c’est-à-dire du Père X…, l’homme au pistolet. Le R. P. Poirrier, « en qui on peut avoir toute confiance », dit Mgr de Saulnes et accepta l’administration de Madagascar, conclut au déplacement du Père X…, qui dut transporter son pistolet pas trop loin, à huit jours de Fanjakana, lieu de ses exploits. Il pourra, dans le même district, mais un peu à l’abri de la surveillance directe exercée par le chef de poste, exercer son saint ministère et ses talents de tireur.
Cette histoire donne une haute idée de la fantaisiste administration qui dirige Madagascar. Voilà une congrégation, non reconnue en France, dont les membres sont expulsés. À Madagascar, le Gouverneur général traite avec cette congrégation de puissance à puissance, reconnaît, par ses rapports officiels avec elle, son existence, soustrait un de ses membres à la justice de droit commun pour un délit de droit commun, attribue à la congrégation une juridiction disciplinaire : c’est véritablement énorme ! Par une aberration dont les conséquences dommageables se font sentir chaque jour, le ministre des Colonies a pris un décret sur la police des cultes à Madagascar qui reconnaît implicitement les missions. Ce n’était pas suffisant : aujourd’hui, c’est la congrégation des jésuites qui est reconnue officiellement dans la Grande Île.
L’apaisement, jusqu’à la capitulation, est devenu un objet d’exportation.
Victor Augagneur,
Député du Rhône,
Vice-président de la Chambre.
Les Annales coloniales

On se plaint du T. C. E. à Madagascar

Les divers éboulements, occasionnés par les éboulements et les pluies que nous avons déjà signalées, ont causé bien des désagréments à nos compatriotes de Madagascar.
C’est ainsi que, faute d’un chef de train européen, les voyageurs se sont vus obligés de passer une nuit entière dans une misérable cabane aménagée tant bien que mal, le train ayant été arrêté par un éboulement non loin de Tamatave.
Le chef de train, qui était un indigène, n’ayant aucune qualité pour faire rebrousser chemin au convoi jusqu’à la plus proche station, les voyageurs durent rester sous la pluie, attendant le bon désir de la direction du T. C. E.

Le Courrier colonial


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April 8, 2014

Il y a 100 ans : Madagascar ou Paraguay? (2)

(Suite.)
Les jésuites ne n’entêtèrent pas : ils dressèrent dans l’enclos, à côté de la Vierge, un fady semblable à celui d’en face. C’est cette association de l’Immaculée et du symbole phallique que montre ma photographie.
Il paraît que la combinaison a en partie réussi : les pèlerines suivent d’abord le cérémonial nécessaire pour vaincre la stérilité et la Vierge, de cette dévotion relative, prend ce qui reste.
Par l’ancienneté de leurs établissements, l’importance de leurs propriétés, la complaisance excessive de certains administrateurs, par leur tolérance en matière de dogme et de mœurs, les jésuites ont acquis sur les habitants une influence considérable. Ils se considèrent comme des sortes de féodaux et cet état d’esprit explique, si étonnant qu’ils paraissent, les faits que je vais rapporter.
Ayant besoin de bois pour construire des ponts, le chef du poste de Fanjakana ordonna, certains jours, aux indigènes, de couper les arbres dans la forêt. À peine au travail, ils se trouvèrent en face du Père… (nommons-le X…, pour ne pas nous attirer quelque fâcheuse affaire), très influent, depuis longtemps à la tête de la mission. Le chef de poste, informé, étudie la carte et, convaincu que le bois est propriété domaniale, que la mission ne possède sur lui aucun droit, réitère ses ordres ; les indigènes se mettent en devoir de les exécuter. De nouveau, le Père X… se dresse devant eux, injurieux, violent, et, pour les obliger à cesser le travail, les menace avec un pistolet.
Le chef du district dépose une plainte contre le jésuite.
Que pensez-vous qu’il advint ? En France, le doux pasteur eût été poursuivi pour menaces de mort et au moins pour port d’arme prohibée. À Madagascar règne un régime tout différent. Le Gouverneur général ne transmit pas la plainte au Parquet, il la communiqua à – je vous le donne en mille – à Mgr de Saulnes, jésuite, coadjuteur d’un autre jésuite, l’évêque de Tananarive, Mgr Cazet.
L’affaire était soustraite à la juridiction de droit commun ; elle devenait administrative, inter-administrative, veux-je dire : l’administration du Gouverneur général passait le dossier à l’administration de la Compagnie de Jésus.
(À suivre.)

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April 7, 2014

Il y a 100 ans : Madagascar ou Paraguay? (1)

Il ne suffisait pas, à l’administration actuelle de Madagascar, d’avoir établi un Concordat pour ce pays où aucun lien légal n’avait jamais existé entre les Églises et l’État : elle reconnaît la Congrégation des jésuites.
Vous imaginez que j’exagère ? Écoutez cette véridique histoire qui se passe à Fanjakana, chef-lieu de poste administratif dans la province de Fianarantsoa.
La mission des fils de Loyola s’est toujours occupée, avec prédilection, du statut éternel des Betsileos. Ce sont de si bonnes gens, des êtres si laborieux et si dociles ! Des tempéraments de choix pour des ouailles.
Leur ardeur à cultiver les rizières est une bénédiction pour la mission très intéressée aux biens de la terre ; une soumission de chiens fidèles met ces indigènes à la discrétion des Pères. Pourvu que leurs catéchumènes entretiennent congrûment les temples et leurs pasteurs, pourvu qu’ils soient assidus aux offices, les révérends ne se montrent point trop chatouilleux sur le dogme. Convaincus, en quoi ils apparaissent profonds psychologues, que les indigènes ne comprennent rien de rien à l’Évangile ou à la Bible, qu’ils gardent, au fond de leurs âmes obscures, des tendresses pour les superstitions ancestrales, ils font bon ménage avec les superstitions persistantes des convertis.
Je possède une photographie bien intéressante, parce que révélatrice, de la large tolérance de certains apôtres de Madagascar.
Dans les environs de Fianarantsoa, non loin des lieux où nous allons nous arrêter un instant, se dressait une pierre, sorte de menhir, à laquelle les indigènes attribuaient des vertus éminentes. Les épouses stériles venaient frôler la pierre plantée par les ancêtres, et ne tardaient pas à devenir mères.
En face de ce lieu de pèlerinage, les jésuites élevèrent une statue à la Vierge de Lourdes, vantant sa puissance et comptant lui amener la clientèle allant à un monument évidemment diabolique. L’entreprise périclita : quoique chrétiennes et baptisées, les femmes betsileos continuèrent à apporter leurs vœux à la pierre bénie, l’oignant de graisse et de miel.
(À suivre.)

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April 5, 2014

Il y a 100 ans : L'hygiène au marché de Tamatave

Ce sont des riens, mais ils sont exquis et tout semble aller au mieux pour l’hygiène sous le règne du délicieux M. Picquié. Lisez plutôt cet extrait du Journal de Madagascar, qui se publie à Tamatave :
Au Marché. – Une dame se proposait d’acheter, hier, un morceau de bœuf au marché, mais lorsqu’elle vit que le boucher jetait sans le moindre papier, sans la moindre feuille de « ravinala », la viande dans une balance dont les plateaux étaient dégoûtants de saleté et recouverts de vert de gris, elle s’en est allée écœurée. Il y avait de quoi ! Aux autres étals, c’était queussi-queumi.
Que fait le Conseil d’hygiène et ceux qui sont préposés à la surveillance du marché ?
Attend-on un empoisonnement pour appliquer les règlements ?
N’avons-nous pas assez de ces mouches bleues qui élisent domicile, la nuit, dans les buen retiro municipaux d’en face et qui, le jour venu, se promènent sur la viande et un peu partout ? Faut-il maintenant qu’on nous intoxique avec de l’oxyde de cuivre ?
Comme cela, les administrés et contribuables qui ne sont pas tombés victimes de Picquié ou de ses idées y passeront tout de même, et Micromégas, enfin tranquille, régnera en repos sur un vaste cimetière.

La vie administrative

Le mercredi 20 janvier, la Commission municipale de Tamatave s’est réunie sous la présidence de M. Berthies, Administrateur en chef, maire de Tamatave.
L’ensemble du budget a été approuvé, sauf les modifications suivantes pour les recettes : Subvention de la Colonie en remplacement du 1/10 sur la taxe de consommation. La prévision porte sur 86 190 francs, au lieu de 56 884 francs.
Pour les dépenses, elles sont ramenées comme suit : fêtes publiques, 3 090 fr. au lieu de 4 000 ; alignement de la ville, 7 500 fr. au lieu de 15 000 ; dépenses imprévues, 555 fr. au lieu de 1 000. On passe ensuite à la question des vidanges et la Commission, municipale émit le vœu que le service des vidanges fût confié à un seul et même entrepreneur auquel la Commune allouerait une subvention après appel à la concurrence.
Les dépenses pour l’hospitalisation, à Tamatave, des malades indigents se sont élevées en 1913 à 16 466 francs 62.

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