October 30, 2019

Il y a 100 ans : Bassin-abri (1)


Parmi les nombreuses questions posées par les Corps constitués à M. le Gouverneur Guyon, lors de son passage à Tamatave, figure celle de la construction d’un bassin-abri pour les voiliers. La question n’est pas neuve. Elle s’est posée d’abord en février 1917 au moment du passage du cyclone qui a détruit des constructions publiques, jeté à la côte sept voiliers appartenant à divers commerçants de ville et dont les débris jonchaient les rochers du boulevard Gallieni. Cet événement avait porté un coup violent au commerce de notre ville et ruiné quelques propriétaires de ces bateaux pour qui cela constituait le seul moyen d’existence. Aussi avait-on proposé de construire un bassin-abri pour voiliers afin d’éviter le retour de pareil désastre.
La construction de ce bassin-abri s’imposait d’urgence aussitôt la mauvaise saison terminée, et avant qu’elle ne recommençât. 1917 s’écoula sans que les pouvoirs publics s’en fussent préoccupés.
Ce ne fut qu’en octobre 1918 que la Commission consultative fit part de ce projet à M. le Gouverneur Général Schrameck. Celui-ci en prit note comme il prenait note de tout, et les Tamataviens apprennent avec joie qu’un crédit de 600 000 francs figurerait dans l’exercice de 1919 en vue de la construction du bassin-abri en question. Mais voilà que l’exercice 1919 va être clos et que va commencer celui de 1920, sans qu’on ait vu un commencement de construction, bien que des études aient été faites.
Pourtant, ce bassin est bien loin d’offrir les difficultés d’exécution qu’exigera le port de Tamatave. Il suffirait d’un empierrement ou jetée en pierres sèches partant de la tête Amiot et contournant le récif ; il arrêterait les vagues déjà brisées par le récif lui-même. La preuve de son efficacité et sa résistance la fournit le morceau de jetée en pierres sèches lancé sur le récif en face de la gare du T. C. E.
Non seulement cette jetée a parfaitement résisté à la violence des vagues, mais encore, malgré son peu d’étendue, elle a abrité suffisamment les remorqueurs et les chalands qui se sont trouvés sous son action.
(À suivre.)
Le Tamatave



Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.

October 29, 2019

Il y a 100 ans : La mortalité infantile à Madagascar


La question du peuplement de nos colonies est étroitement liée à celle de leur mise en valeur. Elle doit faire l’objet des préoccupations de notre administration au double titre économique et social.
Nous devons protéger les indigènes contre les fléaux qui les déciment.
À Madagascar, une trop grande quantité d’indigènes des Hauts Plateaux sont victimes tous les ans des affections pulmonaires, surtout pendant la saison froide.
A-t-on fait quelque chose pour lutter contre cette cause essentielle de dépopulation ?
L’administration de M. Schrameck répond : « Oui. » Et en effet, une circulaire de 1917 oblige les indigènes à vêtir leurs enfants d’une façon convenable. Elle stipule même que les enfants indigents seront vêtus par les soins du village.
Dans la réalité, cette circulaire demeure lettre morte, et les enfants qui vivent dans la brousse sont nus ou presque nus en toute saison, d’où une mortalité effroyable.
On voit souvent des femmes très confortablement vêtues porter leurs enfants rigoureusement nus à la consultation du médecin.
Interrogées sur cette façon d’agir, elles répondent que la coutume le veut ainsi, et qu’elles n’ont pas été élevées autrement que leurs enfants.
C’est donc cette coutume néfaste qu’il faut s’attacher à combattre et qu’il faut vaincre. Par quels moyens ? C’est à l’administration à les trouver. Elle est justement faite pour cela. Mais, en principe, ni les circulaires ni les arrêtés ne peuvent rien en l’occurrence.
Si les décrets avaient l’omnipotence qu’on leur prête, il y a longtemps, je présume, qu’un député socialiste aurait fait décréter le bonheur universel.
Ce n’est pas un arrêté du gouverneur général qui atténuera la mortalité sur les Hauts Plateaux de la Grande Île. Peut-être est-ce plutôt l’éducation des indigènes qu’il faut envisager.
Le Courrier colonial

Vol

Ces jours derniers, environ 600 francs ont disparu de la caisse du sympathique commerçant de notre place M. Juge. On recherche le voleur.
Le Tamatave


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October 27, 2019

Il y a 100 ans : Un fonctionnaire malgache meurt à cent huit ans


On a tort de négliger la lecture des journaux officiels, aussi bien des colonies que de la métropole. On y découvre parfois des choses intéressantes même dans la rubrique nécrologique, témoin le Journal officiel de Tananarive du 4 juillet, qui a publié, dans son édition malgache, l’information suivante.
« Raindrasto est mort. Il était né à Tananarive vers l’an 1801, sous le règne de Radama Ier. Il était officier de l’État malgache et a donné toujours satisfaction à ses chefs. Il était également chef du service de poudres à Isoraka et Analakely, et chef de l’agriculture sous le règne de Rainilaiarivony (époux de la reine Ranavalona).
« Il a la médaille d’Ordre du Mérite du gouvernement français.
« Décédé le 28 juin 1919, il était bien connu de son pays et avait beaucoup de monde pour suivre son cortège funèbre.
« Il a vu jusqu’à la cinquième génération de ses descendants.
« Il est bon d’ajouter que cinq de ses petits-fils sont engagés volontaires dont deux sont morts pour la France. »
Le Courrier colonial

Exportations

Le vapeur Clan Macewen de la firme Cayser-Iroine and C° Ltd a embarqué dans notre port les marchandises suivantes :
Pour le Havre : graphite 1 362 119 k. (dont 500 t. environ marques SLM, 300 marques diverses), peaux brutes arséniquées 332 442 k., peaux brutes de mouton 2 975 k., café en fèves 5 055 k., fécule de manioc 39 471 k., farine de manioc 60 122 k., tapioca 9 867 k.
Pour Londres : corindons 49 470 k., raphia 80 000 k., farine de bananes 4 891 k., billes d’ébène 61 021 k., billes de palissandre 11 307 k., graphite 6 900 k.
On annonce que cette Cie enverra un vapeur tous les mois.
Le voilier Protea a embarqué pour Durban 240 555 k. de riz entier.
Le vapeur Ville d’Oran a embarqué dans notre port les marchandises suivantes pour la Réunion : 50 k. de conserves de viande, 300 k. de charcuterie, 8 840 k. arachides, 13 285 k. saindoux, 8 200 k. salaisons de porc, 1 300 k. de salaisons de bœuf, 2 000 k. de grains, 1 100 k. de café en fèves, 43 960 k. de maïs en grains, 167 k. de ciment, 35 000 k. bœufs vivants.
Le Tamatave


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October 6, 2019

Il y a 100 ans : Le scandale de Madagascar


On se rappelle les circonstances dans lesquelles le trop fameux Schrameck – déjà connu pour ses agissements comme préfet de l’Aisne, puis comme directeur de l’administration pénitentiaire – a été désigné comme gouverneur intérimaire de Madagascar.
Le gouverneur, M. Garbit, après avoir rendu de grands services à notre grande colonie, par son administration active et intelligente, avait mené à bien la mobilisation malgache.
Quand cette tâche eut été accomplie, il demanda lui-même à revenir en France, prendre son poste de combat, et Schrameck fut alors désigné pour exercer l’intérim du gouvernement de Madagascar.
Il trouve sans doute le séjour agréable et le poste avantageux, car il ne veut plus rendre sa place ; bien plus, il se lance dans de vastes projets, pour lesquels il demande la bagatelle de 400 millions, dont il refuse, d’ailleurs, de laisser contrôler l’emploi.
Cela ne va pas sans protestations de la part de ses administrés qui espéraient voir finir, avec la guerre, nos déplorables pratiques d’autrefois, qui comptaient que nos colonies prendraient un nouvel essor sous la direction d’hommes compétents et qui se trouvent tomber de nouveau sous la coupe d’un fonctionnaire politicien, dont le passé n’est pas fait pour leur donner confiance.
Les chambres de commerce exigent, si un emprunt est contracté, qu’un organe sérieux de contrôle soit constitué ; elles ont adressé leurs protestations en haut lieu, et saisi M. Henri Simian, ministre des colonies, de leurs justes réclamations. Schrameck vient de débarquer à Marseille, sans doute pour fournir les explications nécessaires.
Espérons que le ministre aura l’énergie de ne pas laisser aux mains d’un pareil intérimaire l’œuvre admirable fondée par Gallieni.
L’Action française

Importations

Le vapeur Australcrag consigné à la Cie Lyonnaise a débarqué dans notre port les marchandises suivantes : 9 000 caisses essence de pétrole, 15 948 caisses pétrole, 664 barriques huile à graisser, 2900 caisses huile à graisser, 170 barils graisse minérale, 625 caisses graisse minérale, 1 100 rouleaux Texaco Roofing, 70 caisses Texalène, 75 caisses peinture asphalte.
Le Tamatave


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October 5, 2019

Il y a 100 ans : Le coup de canon de 8 heures


On ne saurait se figurer les inconvénients qui ont résulté de la suppression de ce coup de canon, arbitre de toutes les horloges et montres de notre ville auxquelles il imposait l’heure vraie de sa voix impérative. Dès qu’elle se faisait entendre, tous les chronomètres sortaient des poches pour se voir mis d’accord avec lui. Depuis que ce maître ne parle plus, horloges et montres vont à leur propre gré, ou plutôt au gré de leurs propriétaires. Ainsi les montres des employés retardent toujours tandis que celles des patrons avancent continuellement. Celle du chef de gare, on ne sait pourquoi, a quelquefois de l’avance sur celles des voyageurs, tandis que ceux-ci se plaignent souvent de voir retarder l’horloge du lieu de destination. Mais le plus grand écart que l’on puisse constater est bien celui qui existe entre l’heure des maîtres et celle des élèves qui ne sont jamais d’accord, sauf le jeudi et le dimanche.
Cet état de choses donne lieu à des discussions interminables entre les uns et les autres – discussions qui n’auraient pas lieu si l’arbitre tonnant venait les trancher tous les jours. Vraiment, l’économie qu’on réalise ne compensera jamais les inconvénients qui en résultent.

La route d’Ambodiriana

On nous signale que cette route est dans un état lamentable. En plusieurs endroits, la végétation a recouvert la route qui disparaîtra complètement sous les broussailles si on n’y remédie pas. En d’autres endroits, elle est encombrée par des tas de terre glaise qui contribuent également à la rendre impraticable, en d’autres aussi, la caillasse coupe les pneus des pousse-pousse, motocyclettes et automobiles. De plus, au-delà du 21e kilomètre, la route n’est plus qu’un sentier malgache tout bourbeux et qui n’est accessible qu’aux piétons.

Les fêtes de la Paix

Dans notre dernier numéro, nous avons oublié de signaler les belles décorations de la ville dues à notre sympathique agent voyer M. Lepervenche et celles de la kermesse auxquelles M. Tréal des Travaux publics a pris une large part. À ces deux fonctionnaires, toutes nos félicitations.
Le Tamatave


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October 4, 2019

Il y a 100 ans : Madagascar est une autre Golconde (2)


(Suite et fin.)
Non, M. Lacroix a simplement observé que « la scapolite jaune forme des cristaux allongés suivant l’axe vertical et dont quelques-uns atteignent plusieurs centimètres de longueur. Ce sont des prismes quadratiques, à faces creusées de profonds sillons longitudinaux ; ils sont dépourvus de sommets, mais quelques-uns paraissent avoir été basés. Toutefois, les faces terminales sont remplacées par une série de surfaces coniques, lisses et brillantes, rappelant celles du béryl de Sahanivotry, sous la réserve qu’il n’y existe aucun plan mesurable. » Ouf !
Certes, M. Lacroix, tout ceci est bon à savoir, mais combien vos travaux seraient suivis de plus près, si vous nous disiez les propriétés « bénéfiques » ou maléfiques de la scapolite jaune, si, comme l’opale, elle porte malheur, si elle est aussi néfaste que le diamant bleu, ou si, au contraire, elle fera trouver le prince charmant à la bergère qui portera la scapolite à son doigt ?
Ah ! qui nous dira les vertus cachées des gemmes de la Grande Île ?
Le Courrier colonial

Soirée théâtrale indigène

L’abondance des matières nous a empêché de parler de la soirée théâtrale donnée par les indigènes dans la soirée de samedi dernier.
Elle fut en tout point réussie : les artistes ont été excellents – la salle était joliment occupée – et l’on remarquait de ravissantes toilettes.
Tout s’est passé, du reste, avec une parfaite correction et nous félicitons vivement les organisateurs de cette belle soirée.
Le même jour, MM. les sous-officiers ont donné un bal qui a été également un gros succès.
Le Colonel commandant d’armes, M. l’Administrateur-Maire et beaucoup d’invités de marque et leurs dames se sont fait un plaisir de répondre à l’invitation de ces messieurs.
Beaucoup de monde et beaucoup d’animation à ce bal qui s’est prolongé jusqu’au matin.
Dimanche soir, le bal donné à l’école officielle d’Ambodimanga a été également très réussi. Très nombreuse assistance, ravissantes toilettes de nos belles ramatoas, nombreux smokings impeccables, portés par nos élégants faux-cols.
L’orchestre était malheureusement un peu maigre, ce qui a nui un peu à l’entrain de cette fête laquelle, malgré tout, a été un succès. Tout s’est passé avec la plus parfaite correction.
Le Tamatave


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