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March 1, 2020

Il y a 100 ans : Madagascar et la Grande Guerre (4)


(Suite et fin.)
Ce jour-là, toute l’armée Mangin progressait, et tandis qu’ici, un chef de section du 28bataillon de chasseurs alpins prenait pied, avec les survivants d’une unité réduite au tiers par le feu de l’ennemi, dans le village ou plus exactement dans les ultimes vestiges du village de Lœuilly, à quelques kilomètres plus loin, les indigènes malgaches du 12bataillon de tirailleurs, bravant, au prix de pertes encore plus dures, les feux nourris de mitrailleuses qui le prenaient de face et de front, n’emportait pas moins de haute lutte le village de Terny-Sorny, où il faisait 200 prisonniers et capturait un énorme matériel.
Les assaillants qui brisèrent leur résistance donnèrent en cette journée la preuve qu’ils possédaient toutes les qualités inhérentes à la guerre la plus moderne, non pas seulement la bravoure individuelle mais l’impassible obstination, le sang-froid, la volonté, l’audace. La prise de Terny-Sorny suffit à consacrer pleinement la valeur guerrière des troupes malgaches. Le haut commandement ne fut pas le dernier à l’apprécier et le bataillon, qui y avait donné la mesure de tout un peuple, fut réuni avec deux autres pour constituer dans la division marocaine dont il ne s’était pas montré indigne le 1er régiment de chasseurs malgaches.
Les exploits des Malgaches et la part qu’ils ont prise à la commune victoire sont suffisants, comme le rappelait le général Berdoulat sous les ordres duquel un de leurs bataillons a conquis brillamment, le 18 juillet, une citation à l’ordre de l’armée pour « prouver à ceux qui nous dénient toutes aptitudes à la colonisation que, si nous sommes malhabiles à exploiter les ressources de nos vaincus d’hier, nous savons du moins gagner leurs cœurs. C’est là le plus beau titre de gloire des troupes coloniales. »
La France n’oubliera pas les chasseurs qui sont venus de Madagascar à la poursuite de ses envahisseurs, et ce n’est pas en vain non plus que les plus vaillants des Malgaches auront connu de la France le meilleur d’elle-même, qu’ils auront pu admirer fraternellement les glorieux poilus dont l’histoire n’a pas fini d’anoblir les sublimes vertus.
La Petite République



Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 84 titres parus à ce jour.

February 26, 2020

Il y a 100 ans : Madagascar et la Grande Guerre (3)


(Suite.)
Le premier bataillon que la colonie obtint d’envoyer en France était composé uniquement de volontaires choisis parmi les tirailleurs du corps d’occupation, déjà en service, et qui ne perçurent cette fois aucune prime spéciale. L’impression qu’il fit en Tunisie, où il fut d’abord dirigé, fut telle que le gouvernement de la France, éclairé d’autre part par l’excellente tenue des troupes malgaches dans l’océan Indien, et par le rôle indirect de Madagascar dans la libération de l’est africain allemand, se décida à faire appel, sur une vaste échelle, aux engagés volontaires indigènes : ils accoururent au nombre de 45 863, dont 41 355 furent accueillis dans les unités combattantes et 4 508 dans les non-combattants. La proportion est équivalente, eu égard à la population des colonies, à celle de l’Afrique occidentale française, dont on admire, à juste titre, le rôle si brillant dans la Grande Guerre.
C’est seulement à partir du second semestre de 1917, c’est-à-dire avant la période critique et décisive de la guerre que les unités malgaches, réparties jusqu’alors en bataillons d’étapes, furent admises à l’honneur de combattre et leur vaillance leur valut de compter presque aussitôt parmi les meilleures de nos troupes, car, quoi qu’en aient dit certains démagogues et les fervents du nivellement par en bas, toutes les troupes engagées ne furent jamais, ni ne pouvaient être équivalentes, et dans l’armée, comme c’est la loi dans la nature, il y eut une élite dans l’élite : aujourd’hui comme jadis, il y eut des corps de preux parmi les preux. Ceux qui venaient des rivages ensoleillés d’outre-mer ou des sommets abrupts des montagnes françaises pourraient facilement en témoigner.
Le 12bataillon de tirailleurs malgaches s’illustra particulièrement le 2 septembre 1918, dans cette héroïque journée dont l’histoire glorifiera magnifiquement l’armée de Mangin, pour la merveilleuse avance que réalisèrent côte à côte, dans les circonstances les plus terribles, la 66division de chasseurs alpins et la division marocaine.
(À suivre.)
La Petite République



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February 25, 2020

Il y a 100 ans : Madagascar et la Grande Guerre (2)


(Suite.)
L’exemple de Madagascar est particulièrement significatif et montre avec quelle rapidité et jusqu’à quel point la France sait inculquer l’amour de son drapeau aux peuples qu’elle a associés à sa fortune. Vingt années ne s’étaient pas encore écoulées depuis cette expédition à laquelle la République française avait dû la possession définitive de Madagascar, et déjà la grande île trouvait l’occasion de participer, largement et de son plein gré, à la libération de la patrie nouvelle.
Les chefs mêmes qui avaient assuré la conquête et la défense, la francisation et l’organisation de Madagascar, – et c’étaient les grands, c’étaient, avec le général Roques, à qui revient en majeure partie la construction du premier tronçon du chemin de fer qui joint Tananarive à la Côte orientale, avec le général Lyautey qui, l’un et l’autre, ne furent pas seulement ministres, mais aussi généraux de la guerre ; c’étaient le maréchal Joffre, l’ancien organisateur du point d’appui de Diégo-Suarez, et le général Berdoulat, le gouverneur militaire actuel de Paris, qui, avant de se couvrir de gloire sur le sol de France à la tête des troupes coloniales, avait brillamment participé à l’occupation de Madagascar ; c’étaient le général Herr, le général Bourgeois, le général Degoutte, que leur nom suffit encore à qualifier ; c’était, là-bas comme ici, toujours le premier et le plus grand, Gallieni, – tous ces prestigieux ouvriers de la gloire française n’ont pas attendu vingt ans pour retrouver, parmi les indigènes qu’ils avaient conquis, puis soumis, des hommes fidèles et sûrs qui venaient loyalement et spontanément, sous leurs ordres, payer de leurs biens et de leurs personnes pour vaincre avec eux, sous leurs inoubliables fanions, les ennemis de la France, et pour sceller, par une commune victoire, « l’union sacrée » de la plus grande France…
Les administrateurs et les fonctionnaires, qui rivalisaient d’influence pour revendiquer et pour arracher le droit de gagner leur place aux frontières de la liberté, donnèrent aux indigènes un exemple qui ne fut pas perdu.
(À suivre.)
La Petite République



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February 9, 2020

Il y a 100 ans : Madagascar et la Grande Guerre (1)


L’effort de Madagascar, l’une des dernières venues dans le giron de la France, est encore trop ignoré, et son triple concours financier, économique et militaire à la plus grande victoire ne saurait être trop divulgué.
L’un des anciens officiers de l’armée coloniale d’occupation à Madagascar, qui, depuis, a représenté la République à la tête de la grande colonie en qualité de gouverneur général, qui, ensuite, a commandé sur le front de France un régiment d’artillerie lourde à grande puissance, où servaient des unités malgaches, le colonel Garbit, a consacré une intéressante conférence à faire connaître le concours que la grande île a apporté à la défense nationale : cet hommage que l’ancien gouverneur devait au magnifique élan et à l’immense sacrifice d’une population où il compte en même temps que d’anciens administrés, d’anciens frères d’armes, a trouvé un éloquent écho dans Colonies et Marine. Cette revue publie, à la suite du colonel Garbit, un article sur « Madagascar et la Grande Guerre », que l’auteur, M. Robert Pimienta était bien qualifié pour apprécier, puisqu’il a participé à la grande bataille que l’armée Mangin engagea sur l’Ailette en août-septembre 1918, dans le voisinage immédiat des chasseurs malgaches, ceux-ci combattant à une aile de la glorieuse division marocaine, et l’auteur, à l’aile voisine de la 66division des chasseurs alpins. L’hommage qu’un camarade français rend ainsi aux combattants malgaches n’est pas moins significatif que celui du colonel Garbit, et l’on aura plaisir à en apprécier, dans Colonies et Marine, l’émouvante éloquence.
Ce ne sont pas seulement les « vieilles colonies », vieilles au point d’appartenir à la nation française depuis plus de siècles que certains de ses départements, ce sont aussi les domaines les plus récemment acquis de la France, qui viennent de prodiguer spontanément, de tout cœur, pour le salut commun, tout ce qu’ils avaient de trésors matériels et de richesses morales, tout ce qu’ils pouvaient et d’or et de sang.
(À suivre.)
La Petite République



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January 31, 2020

Il y a 100 ans : Sur le Fanandrana (2)


(Suite et fin.)
À l’heure actuelle, le seul moyen possible pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre serait la contrainte pure et simple. Je mets qui que ce soit au défi d’y parvenir autrement. Mais comment s’y prendre ? Qui oserait procéder de la sorte ?
Si Madagascar eût été une colonie anglaise, il est évident que les choses se fussent passées autrement. Quelque pénible que puisse être cet aveu, il n’en est pas moins vrai que l’administration anglaise, ou même autre, aurait vite fait de débrouiller cette question de main-d’œuvre. Dans tous les cas, elle n’aurait pas attendu que le char fût complètement embourbé pour se préoccuper enfin des moyens de le tirer d’affaire.

Au Tribunal


Il s’en faut que toutes les affaires aient la même importance ; des débats sérieux succèdent souvent à des contestations entre personnes que semblent préoccuper des affaires bien futiles. Aussi arrive-t-il que des gens qui n’ont pas de temps à perdre se voient obligés d’attendre à l’audience la fin de ces petites querelles… pour voir leur affaire renvoyée à huitaine. Aussi serait-il bon que le président du tribunal fît, ainsi qu’il était pratiqué autrefois, afficher le vendredi de chaque semaine le rôle de la semaine suivante au tableau spécial qui se trouve encore à l’entrée du greffe ; notre président intérimaire pourrait distraire des dix minutes de travail journalier qu’il avoue le temps nécessaire pour donner cet ordre.

Nouveaux hôtels


M. Martel, ancien hôtelier de Tananarive, est allé en France réunir des capitaux importants afin d’installer des hôtels dans les principales villes de la Colonie et il aurait obtenu par l’intermédiaire de certaines personnalités qu’il lui serait accordé dans chaque ville les terrains nécessaires à la construction de ses hôtels.
D’un autre côté, nous apprenons que la Commission Municipale a émis un avis favorable en ce qui concerne la demande formulée par M. de Loddére pour obtenir en location pour 50 ans un terrain où il installera également un hôtel. Comment sera-t-il tenu ?
Cette quantité d’hôtels qui se feront la concurrence aura peut-être pour résultat de diminuer le coût de la vie.
Le Tamatave



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January 29, 2020

Il y a 100 ans : Sur le Fanandrana (1)


Nous n’apprenons rien de nouveau à personne à Tamatave en disant qu’il y a pénurie de main-d’œuvre. Seulement il convient de signaler que le peu de main-d’œuvre qui reste décroît de jour en jour aussi bien à Tamatave que dans ses environs, en particulier chez les colons de la vallée d’Ivondro. Quelle en est la cause ? Ce ne sont certes pas les mauvais traitements, ni la modicité des salaires, ni les maladies, ni autre chose dans ce genre qui déterminent les indigènes à déserter les chantiers et les plantations. Ceux qui ont bien approché de près le Malgache et ont bien su l’observer ont pu constater qu’il prend subitement une détermination sans que lui-même puisse dire pourquoi il l’a prise. Le cerveau malgache est sujet à des lubies de ce genre. Il lui passe par la tête de s’en aller, et il s’en va. Cela est arrivé à quelques travailleurs de la région du Fanandrana et les autres ont suivi comme des moutons de Panurge.
C’est en vue d’essayer de remédier à cet état de choses que les colons du Fanandrana avaient envoyé à M. le Gouverneur Général un télégramme demandant d’installer un poste administratif sur le Fanandrana.
M. le Gouverneur Général répondit ce qui suit :
« Gouverneur Général à MM. Borgeaud, Grenard et autres colons de la vallée du Fanandrana :
« N° 106 G. G. En réponse votre télégramme a l’honneur vous faire connaître que malgré vif désir vous donner satisfaction, pénurie personnel m’empêche affecter fonctionnaire poste administratif Fanandrana. Situation que m’avez signalée avait retenu mon attention, lors ma récente tournée, en ai entretenu Chef province. Ai donné instructions à Administrateur Chef Marcoz pour que soient effectuées fréquentes tournées dans votre intéressante région par personnel de District, afin parer mesure possible à faits signalés. »
On a proposé trente-six solutions à cette question de main-d’œuvre. Elles ont aussi peu de chances de réussir les unes que les autres. Avec la stupide indigénophilie dont a fait preuve jusqu’à présent l’administration, on a fini par être en proie aux plus inextricables embarras.
(À suivre.)
Le Tamatave



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January 28, 2020

Il y a 100 ans : Le jardin de la place de la Colonne


Le monument élevé aux morts de la campagne de 1895, relégué au fond de la place de la Colonne, était caché à la vue des passants par la végétation. Aussi l’Administration locale a-t-elle jugé qu’il n’était pas convenable que quelques arbres puissent atténuer le souvenir de ceux qui sont morts pour donner à la France une de ses plus belles colonies ; et s’est-elle décidée à modifier le plan du jardin où se trouve cette colonne. Il va être transformé en un joli jardin anglais, qui remplacera le jardin actuel conçu sur un plan fantaisiste sans style, pourvu d’accès et de chemins disposés d’une façon disparate. La chose souffrira des difficultés, car le monument des morts se trouve dans un coin de la place de la Colonne au lieu d’être au milieu. On va s’efforcer autant que possible de faire converger vers lui les chemins du futur jardin anglais de façon à ce qu’il soit visible quel que soit le côté de la place d’où on le regarde. On mettra dans les coins de jolis arbres et arbustes, et au milieu des pelouses et des fleurs.

La tentation du jeu

Le nommé Bernard, tirailleur démobilisé, ayant été chargé de faire des recouvrements pour le compte de l’Imprimerie Moderne, ne put résister à la tentation de se servir du produit de ces recouvrements pour aller prendre part à des jeux de hasard qui se donnaient dans une case de la rue Lieutenant Lubert. Son employeur ne le voyant pas arriver s’informa auprès de son camarade qui habitait avec lui, et qui déclara ne pas avoir vu Bernard depuis la veille. Aussitôt l’imprimeur l’envoya à la recherche de Bernard qu’il découvrit dans la case en question en train de faire une partie avec les autres individus. Alors l’imprimeur, averti, alla avec plusieurs agents de police procéder à l’arrestation de Bernard.
Celui-ci fut seul arrêté ; les autres prirent la fuite et c’étaient eux qui avaient l’argent, car ils avaient gagné, et il ne restait plus un sou à Bernard. Comme celui-ci était présumé avoir été sur le front, il ne fut condamné qu’à 6 mois de prison et 50 francs d’amende ; mais ceci ne rendit pas à l’imprimeur la somme que les partenaires de Bernard avaient emportée et qui était assez importante.
Le Tamatave




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January 26, 2020

Il y a 100 ans : Anomalies


C’est curieux, personne n’est content des impôts pas même les fonctionnaires qui trouvent que c’est une charge trop lourde. Il y a plus, la taxe immobilière n’a pas de plus acharnés ennemis que ceux à qui elle doit profiter, c'est-à-dire Messieurs les salariés de l’État. En effet, les colons et les commerçants n’ont pas autant maugréé que les Ronds de Cuir. Cependant, pour certains d’entre eux, cet impôt doit faire l’effet d’une goutte d’eau à côté de l’océan, si on le compare à leur traitement. Cela n’a pas empêché l’un d’eux de chercher à devenir l’émule de Hampden qui, possédant des millions, préféra aller en prison que de payer 25 schellings au roi d’Angleterre.
Il n’est pas jusqu’au créateur de cet impôt qui ne trouve la mesure désagréable puisque M. Schrameck serait parti, paraît-il, sans acquitter sa taxe immobilière qui, d’après le texte qu’il a rédigé lui-même, devrait être la plus élevée de l’île. Il estime, sans doute, que la loi n’est pas faite pour le législateur.
Nous disons cela, non pas pour faire de la peine à M. Schrameck qui est un brave garçon, mais tout simplement pour faire part à nos lecteurs d’un fait cocasse.
Certains bâtiments tels que casernes, prisons, etc. ont la structure des pièges à rats ; rien n’est plus aisé que d’y rentrer, rien n’est plus malin que d’en sortir. Le Trésor se comporte de la même façon à l’égard des flots de monnaie qui s’y déversent tous les ans. Quand on va y apporter de l’argent, on est le bienvenu, on ne vous demande pas quelle en est la provenance ; mais, quand on va en retirer, les choses ne vont pas si facilement. Ainsi, le Tamatave avait à toucher un tout petit mandat établi au nom du directeur au lieu du propriétaire. Le préposé voulant savoir qui était directeur, et qui était propriétaire, demanda à voir les statuts du Tamatave. Vu les ordres sévères dont il est dépositaire, aucune précaution de sa part ne saurait être inutile. Faute de statuts, le mandat n’a pu être touché. Ce n’est pourtant pas la statue du Tamatave que l’autre a voulu réclamer, il ne sera jamais assez célèbre pour qu’on lui en élève une.
Le Tamatave



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January 22, 2020

Il y a 100 ans : Au boulevard d’Ivondro


Voulez-vous avoir une séance de cinéma à l’œil ? Vous n’avez qu’à aller tous les soirs aux abords de la Rochefortaise et vous y verrez des scènes d’un comique très réussi qui pourraient rivaliser avec celles de Rigadin. Un homme se tient à la porte pour fouiller les bourjanes qui sortent.
Quelques-uns ne trouvent pas cette opération de leur goût, et s’y prêtent en maugréant ; croient-ils peut-être qu’on suspecte leur honorabilité ? D’autres prennent la chose en riant et en profitent pour gambader et gesticuler comme des pantins. L’un d’eux avait poussé la complaisance pour faciliter les recherches jusqu’à enlever complètement ce qui lui servait de costume.
D’autres, enfin, doivent trouver la chose agréable. On ne comprendrait pas autrement l’insistance qu’ils mettent à prolonger l’opération. Seulement pour les regarder faire il sera bon de s’être muni à l’avance d’un flacon d’eau de Cologne ou mieux d’un ozonateur, car à certains moments l’odeur qui se dégage de l’usine devient telle que la situation n’est plus tenable. C’est sans doute pour parfumer les promeneurs du boulevard d’Ivondro que la Rochefortaise exhale tous les soirs ses odeurs les plus pénétrantes.
On connaît la statue de Bartholdi à New York : « La Liberté éclairant le monde. » C’est une statue colossale tenant un flambeau, lequel n’est autre qu’une lampe électrique servant de phare à l’entrée du port. Nous proposons à Bartholdi un nouveau sujet de statue : « La Rochefortaise parfumant la ville de Tamatave ».
On représenterait une vieille sorcière vidant de haut un seau d’ordures.
Mais consolons-nous, nous n’en aurons pas pour longtemps, car M. Bolet, administrateur délégué de la Rochefortaise à Tamatave, et la personne qui l’accompagne vont partir par la Ville de Marseille et emporter toutes ces mauvaises odeurs avec eux. Nous leur souhaitons un bon voyage et un heureux séjour exempt des senteurs dont a eu à souffrir l’appareil olfactif des Tamataviens.
Le Tamatave



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January 14, 2020

Il y a 100 ans : La chauve-souris (3)


(Suite et fin.)
Quelques jours plus tard, il reçut de ce militaire administrateur une lettre officielle à peu près ainsi conçue : « Mon général, vous m’avez communiqué deux dénonciations. Dans l’une, un indigène est accusé de troubler l’ordre public en excitant la population de l’Endroit-où-il-y-a-du-sable-tant-qu’on-en-veut contre les protestants ; dans l’autre, un indigène de cette même localité est signalé comme ameutant les villageois contre les catholiques. Il n’aura pas échappé à votre haute perspicacité, mon général, qu’il s’agit, dans les deux cas, du même indigène, le nommé Rakoutou, un cultivateur qui a du bien. En conséquence, et considérant que ces deux imputations en sens contraire paraissent dénoter chez le susdit Rakoutou une impartialité voisine de l’indifférence en matière religieuse, qualité bien rare, en ce moment, chez mes administrés, j’ai cru à propos de nommer M. Rakoutou maire de l’Endroit-où-il-y-a-du-sable-tant-qu’on-en-veut, et je vous demande de vouloir bien confirmer cette nomination ».
Le général Galliéni rit comme une petite folle : et voilà comment ce brave Rakoutou devint maire. Je suppose qu’il l’est toujours, à moins que le Seigneur, depuis, l’ait appelé au nombre de ses élus.
Ce précédent peut servir à nos fonctionnaires d’Alsace et Lorraine : quand ils verront un semi-boche dénoncé comme boche par les vrais Alsaciens, mais boudé par les autres boches comme ayant des sympathies françaises, ils en pourront conclure que celui-là se fiche de tout. Cependant, je n’irai pas jusqu’à le nommer maire.
Pierre Mille.
Le Petit Marseillais

Le bassin-abri

Ce bassin-abri tant demandé et tant attendu est enfin en voie de construction.
Espérons qu’on y travaillera jusqu’à ce qu’il soit achevé, et qu’aucun requin ne viendra mettre obstacle à l’exécution des travaux, ni surtout provoquer leur suspension.
Le Tamatave

Bibliographie

M. le Gouverneur général Garbit publie une conférence sur l’Effort de Madagascar pendant la guerre, au point de vue finances, économique et militaire. (Challamel, éditeur.)
Le Mercure de France


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January 13, 2020

Il y a 100 ans : La chauve-souris (2)


(Suite.)
À cette époque, l’île était « déchirée », comme on dit dans les manuels d’histoire, par une véritable guerre religieuse entre protestants et catholiques. Elle avait pris la forme scolaire. Imaginez des fourmilières qui cherchent réciproquement à se voler leurs œufs. De temps en temps, les instituteurs protestants, dans les villages, faisaient un raid sur les écoles catholiques, et leur chipaient leurs élèves, qu’ils emmenaient dans leurs établissements, pour ainsi dire en esclavage. Mais, d’autres fois, c’étaient les instituteurs catholiques qui faisaient irruption dans les écoles protestantes, et y ravissaient, telles des larves inertes et innocentes, les candidats aux voluptés de l’alphabet et des quatre règles. Et ça n’en finissait pas ! Et les bons Malgaches, qui avaient pris, sous le gouvernement de leur bonne reine Ranavalo, des habitudes enracinées d’espionnage et de cafardage, passaient les trois quarts de leur temps à se dénoncer les uns les autres.
Un jour, le général Gallieni reçut, du village d’Ampasimbe – ça veut dire « l’endroit où il y a du sable tant qu’on en veut » – une de ces dénonciations. Un certain Rakoutou, paysan à son aise, y était accusé de se livrer à une propagande échevelée en faveur des protestants : comme quoi c’était un fauteur de troubles, bon à fusiller dans le plus bref délai, ou, tout au moins, à jeter sur la paille humide des cachots. Le général Galliéni fit ce qu’il faisait toujours : il envoya, pour enquête, la dénonciation, sans la lire, à l’officier du cercle dont dépendait  « l’Endroit-où-il-y-avait-du-sable-tant-qu’on-en-veut ».
Mais, à quelque temps de là, le général reçut du même lieu une autre dénonciation où un indigène était accusé de se livrer à une propagande malhonnête, autant que fougueuse, en faveur des catholiques ; comme quoi c’était un fauteur de troubles, bon à fusiller dans le plus bref délai, ou, tout au moins, à jeter sur la paille humide des cachots. Le général fit ce qu’il faisait un pareil cas : il renvoya, pour enquête, la dénonciation à l’officier-chef de cercle, etc.
(À suivre.)
Pierre Mille.
Le Petit Marseillais



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January 4, 2020

Il y a 100 ans : La chauve-souris (1)


Il y a encore des choses qui ne vont pas très bien en Alsace-Lorraine. Il ne faut pas s’en étonner : après quarante-huit ans de séparation et de domination étrangère pour ces deux provinces, c’est un miracle qu’il n’y en ait point davantage. Donnons donc à Millerand le temps de se débrouiller… et puis, l’Alsace-Lorraine aura des députés. Ça serait bien extraordinaire si, seuls des députés de toute la France, ceux de nos chères provinces ne savaient pas réclamer.
Il y a les cheminots de Lorraine qui ne savent que l’allemand et se mettent en grève pour qu’on leur accorde des chefs qui parlent allemand. Je ne leur donne pas tout à fait tort, par la même raison que j’ai toujours, comme tout le monde, réclamé, pour nos colonies, des fonctionnaires qui parlent la langue indigène. C’est naturel et nécessaire. Dans vingt ans, les cheminots de Lorraine parleront français. Mais, en attendant...
Il y a les instituteurs alsaciens-lorrains qui se plaignent de ne pas recevoir les mêmes traitements que les nouveaux instituteurs venus de France.
Il y a les industriels alsaciens-lorrains qui demandent des wagons ou des autorisations d’exportation, et l’administration de Paris ne leur répond pas plus qu’à tous les autres industriels français : mais ça les étonne davantage parce qu’ils en avaient perdu l’habitude.
Enfin, il y a la fameuse, l’éternelle question de savoir qui, parmi les immigrés allemands en Alsace-Lorraine, doit être considéré comme un Boche définitif et indésirable, ou comme un candidat au moins possible à la qualité d’Alsacien-Lorrain. Et ça, vous savez, c’est compliqué : sur quelle base établir l’appréciation ; quel est le moins mauvais critérium ?
Moi, je l’ignore, naturellement. Mais je me rappelle pourtant une petite aventure qui advint à Madagascar, du temps que Galliéni en était gouverneur général, et ceci pourrait procurer quelques lueurs à nos fonctionnaires, dans les provinces recouvrées, sur la façon de se conduire en pareil cas.
(À suivre.)
Pierre Mille.
Le Petit Marseillais



Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 84 titres parus à ce jour.

December 27, 2019

Il y a 100 ans : Tenons-nous bien


On n’avait encore vu à la Colonie que des journalistes pour rire, on verra ce que c’est qu’un journaliste pour de bon.
Le Tamatave et toute sa famille peuvent s’attendre à recevoir sur le dos la plus terrible volée de bois vert qu’on ait jamais reçue. Il verra ce qu’il en coûte de jouer avec le feu, c’est-à-dire de badiner sur ce que dit l’Action. Aussi son rédacteur en chef, M. Virelay, va-t-il trousser de main de maître de ces articles foudripétants comme lui seul sait en faire, à l’adresse du propriétaire du Tamatave qui n’en pourra mais.
Celui-ci n’aura d’autre ressource que celle de lamper deux ou trois verres de whisky pour se consoler, il y aura de la diffamation, – que sais-je, – on y dévoilera les choses les plus horribles jusque-là tenues plus ou moins cachées, qui s’étaleront comme de la pourriture au soleil. Naturellement, le propriétaire du Tamatave poursuivra, mais comme l’auteur de l’article contre le Maskar sera, paraît-il, insolvable pour la circonstance, l’autre n’en tirera pas un rouge liard, et en sera pour ses frais qui s’élèveront à 5 ou 6 000 frs.
Donc, résultat : l’auteur de l’article sur la Maskar aura daubé raide et ferme sur le compte du Tamatave, et lui aura fait perdre de l’argent.
Mais je crois que le pauvre homme s’illusionne, car nous ne lui ferons pas l’honneur de le poursuivre ni même de lui répondre ; et tout ce qu’il pourra dire ou même imaginer et inventer sur notre compte ne sera jamais que des glapissements de roquet auprès de ce que nous avons déjà lu et entendu. Il y a donc lieu de présumer qu’il en sera pour sa peine.

Chronique locale

Jeudi soir à 8 heures, plusieurs habitants de Tamatave n’ont pu manger ; que leur était-il donc arrivé ? Ils s’étaient trouvés dans le périmètre odorant de la Rochefortaise qui devait préparer à ce moment une de ces cuisines excentriques dont elle a fait respirer l’odeur à ses voisins. Il y en a qui prétendent que ces mauvaises odeurs sont dues aux détritus jetés à la mer et qui, ramenés par les vagues sur le rivage, s’y décomposent. Quoiqu’il en soit, on a toujours à en supporter le parfum.
On nous reproche d’insister sur ce point ; c’est que la mauvaise odeur de jeudi soir était assez forte pour qu’il vaille la peine d’en faire mention.
Le Tamatave


Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 83 titres parus à ce jour.

December 26, 2019

Il y a 100 ans : L’avenir de la motoculture aux Colonies (2)


(Suite et fin.)
À notre avis de vieux planteur, les tracteurs à treuil sont à employer de préférence : ils laissent moins de fourrières aux bouts du champ labouré, ils peuvent être placés sur les chemins d’exploitation et toute la force de leurs moteurs est employée pour l’outil de travail. Il est aussi à considérer que dans les cultures en plaine, de nombreux canaux de drainage gêneraient beaucoup les tracteurs à traction directe (sauf ceux à chenilles) et que, dans les terrains en pente, les tracteurs à treuil placés sur les chemins permettraient tous les travaux, tandis que les tracteurs directs ne pourraient gravir ces pentes tout en remorquant la charrue.
Les tracteurs pour travaux courants ont une force de 10 à 30 HP, mais il en existe de plus faibles pour la culture des plantes faites en sillons espacés de 50 centimètres à 1 m. 50 par binage, sarclage ou léger labourage. Tous ont une poulie qui, avec courroie, peut actionner les machineries d’une ferme.
1° Conduite des moteurs. – Il suffit de connaître le moteur d’automobile pour être à même de conduire un tracteur quelconque ; quelques pièces de rechange sont nécessaires, ainsi qu’un ouvrier mécanicien pour les réparations.
2° Carburant. – Le carburant par excellence est de l’essence de pétrole ; mais, coûtant en ce moment 1 f. 25 le litre, il reviendrait à près de 2 francs aux colonies, ce qui serait trop cher, les tracteurs consommant de 25 à 30 litres de carburant par hectare labouré. Il faudrait donc préférer l’emploi de tracteurs marchant au pétrole lampant après quelques minutes de mise en marche à l’essence ; nous verrons plus tard qu’il en existe ayant fait leurs preuves. Mais ce qui pourrait résoudre avantageusement ce point important, ce serait l’usage de l’alcool provenant de la distillation des mélasses ou du manioc, à condition que le gouvernement en permette l’emploi avec dénaturant n’abîmant pas les cylindres et en l’exonérant de tous droits. Cet alcool pourrait se vendre 0 fr. 50 à 0 fr. 60 le litre et les colons auraient ainsi un carburant bon marché qui pourrait leur permettre l’emploi de moteurs mécaniques pour le labourage et tous les travaux de ferme.
Henri Touchais.
Le Tamatave



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December 22, 2019

Il y a 100 ans : L’avenir de la motoculture aux Colonies (1)


La motoculture serait-elle d’une application possible et pratique dans les colonies françaises ? Sans hésitations nous répondrons par l’affirmative, car si la main-d’œuvre y est moins chère qu’en France elle y est plus rare, si les bœufs y sont relativement bon marché, ils rendent peu en force et en travail, à peine un tiers d’hectare par jour, tandis qu’avec les engins de culture mécanique, le rendement peut être, suivant la profondeur de défoncement ou du labour, de 1 à 8 hectares par journée de dix heures. Nous avons vu fonctionner à Aix, dans des terres dures et sèches, divers appareils de la traction mécanique, tous ont fait de bon et rapide travail et nous ne doutons pas que les trop rares sucriers de la Réunion, les planteurs de café, manioc, vanille, trouveraient avantage à labourer leurs terrains en employant des motoculteurs.
Les plantations coloniales n’ont pas besoin d’un défoncement à 60 centimètres comme on doit le faire en France pour la vigne ; un labourage de 25 à 30 centimètres serait suffisant pour la canne à sucre ; 20 à 25 centimètres pour le manioc ; 20 centimètres pour la vanille ; des charrues à trois et quatre socs suivis de scarificateurs prépareraient facilement, en une seule passe, les terres à cultiver avec une grande économie de temps et de main-d’œuvre. Mais le rendement des moyens mécaniques étant d’autant plus grand qu’ils s’appliquent à de plus grands espaces, il est essentiel d’avoir à traiter de grandes surfaces pour que l’amortissement du matériel puisse se faire dans de bonnes conditions ; la chose est facile, si plusieurs planteurs voisins se réunissent pour acheter et se servir du même appareil.
Ils se différencient par le mode de remorque des outils de travail (traction directe ou traction à câble) ; la source d’énergie est l’essence de pétrole, l’alcool ou le pétrole. Les tracteurs à traction directe sont d’un prix plus abordable vu leur simplicité ; leur infériorité réside dans le fait que l’appareil nécessite la dépense d’une partie de l’énergie de son moteur pour son déplacement et aussi que l’exécution les labours est mise à la merci du terrain qui doit être plat ou en très légère pente.
(À suivre.)
Le Tamatave



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December 17, 2019

Il y a 100 ans : Question et solution


Il est curieux de constater combien longtemps dure la discussion des questions traitées ici à la colonie. Dès qu’on en met une sur le tapis, ce n’est pas de sitôt qu’elle recevra une solution. Telles sont les questions élaborées par les corps constitués et qui reviennent régulièrement dans chacune de leurs délibérations. On voit ces questions prendre différents aspects et différentes formes : ce sont les mêmes que l’on traite sous un jour tout nouveau.
Parmi ces questions figure celle des gouverneurs. La Colonie de Madagascar, paraît-il, est triste, elle est veuve de son gouverneur titulaire et elle le pleure.
Or, pour discuter qui serait ce gouverneur titulaire que de flots d’encre n’a-t-on pas versés, que de propos échangés, de canards lancés, de discussions interminables. Au fait, quoique privée de son gouverneur titulaire, la Colonie ne s’en porte pas plus mal, qu’en semble-t-il ? En effet, le rôle d’un gouverneur, aux colonies, ne consiste guère qu’à se conformer aux instructions ministérielles, qui ne sont pas, toutes sans exception, conformes à la logique et au sens commun, quelques-unes même vont directement à leur encontre, et le gouverneur général, intérimaire ou titulaire, est obligé, bon gré mal gré, de s’y rapporter ; si la mesure prise a des résultats désastreux, il est bien entendu que c’est à lui qu’on s’en prendra, tandis que l’auteur d’une mesure qui se trouvera être heureuse en revendiquera hautement la paternité.
Un gouverneur général peut-être ainsi considéré comme le paravent du ministre derrière lequel celui-ci s’abrite. Celui que nous possédons nous suffit, quel besoin avons-nous d’en chercher un autre, puisqu’il gouverne à la satisfaction de tous, et que tout le monde est d’accord pour qu’il soit conservé. Il n’y a qu’à nous le laisser, tout simplement.
Il est vrai de dire que nous aurons la satisfaction de le garder longtemps, car on sait que rien ne dure comme ce qui est provisoire.
Le Tamatave



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December 16, 2019

Il y a 100 ans : Pour la mise en valeur de la Grande Île (4)


(Suite et fin.)
Mes hésitations ont disparu quand j’ai lu les déclarations ci-dessus.
L’histoire nous dira plus tard ce que vous avez fait, et ce que vous n’auriez pas dû faire, pendant les premières années de la guerre à Marseille.
Mais, malgré votre habilité et votre « souplesse » auxquelles je me plais à rendre hommage, je ne crois pas que vous puissiez vous-même entraîner à votre suite, surtout après le tableau que vous venez de faire de Madagascar, des industriels sérieux, qui n’ont pas l’habitude comme on dit dans notre vieille région dauphinoise de « travailler pour le roi de Prusse ». Madagascar a un climat un peu rude, mais non aussi meurtrier et impossible à supporter que vous voulez bien le dire.
C’est un pays dont il ne faut pas cacher les mauvais côtés, mais où il y a beaucoup à faire. Nous le discuterons, si vous le voulez.
Reposez-vous à Vichy, Monsieur le Gouverneur Schrameck, vous en avez grand besoin. Les administrateurs coloniaux de carrière et les officiers qui connaissent à fond Madagascar se chargeront bien de diriger ce pays en votre absence ; et il ne s’en trouvera pas plus mal.
Et je me surprends, en terminant, à méditer vos paroles profondes :
« Que l’on balaie les spéculateurs d’abord, et les incompétents ensuite, et Madagascar sera ce qu’il doit être un des plis beaux fleurons de notre domaine colonial. »
M. du Peloux.

Bonne nouvelle pour nos producteurs de caoutchouc

De L’Information :
Des indices significatifs se sont manifestés la semaine dernière sur le marché du caoutchouc à Londres. On a commencé à monter, et il est certain que l’Europe Centrale cherchera à satisfaire ses besoins en caoutchouc. L’expérience a prouvé que les fabrications artificielles ne donnent pas de résultat appréciable.
Enfin, la quantité d’automobiles circulant en France et dans le monde entier est destinée à augmenter considérablement. La consommation va donc progresser dans des proportions extraordinaires, et le moment approche où les expéditions se feront plus facilement, l’amirauté anglaise ayant rempli ses obligations les plus impérieuses. Il est donc naturel que la spéculation commence à escompter l’avenir et la fermeté des valeurs de caoutchouc semble s’inspirer des raisons les plus valables.
Le Tamatave


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