January 31, 2014

Il y a 100 ans : M. Lebureau à Madagascar

Les atermoiements de M. Lebureau ne font pas seulement sentir leurs déplorables effets dans la métropole.
Nos compatriotes, établis aux colonies, ont aussi à en souffrir, notamment en matière de concessions de terre. Ici les lenteurs de M. Lebureau se doublent de l’opposition systématique des indigènes à toute occupation de terrains par les colons européens.
Qu’un de nos compatriotes fasse une demande de concession ou d’achat de terrains, inévitablement des indigènes de la région invoquent contre lui des droits qui sont souvent aussi fantaisistes qu’antiques.
L’exemple suivant édifiera nos lecteurs. Un de nos compatriotes formula voilà près de trois ans une demande de location de terrains à titre onéreux.
Naturellement, des indigènes firent opposition et réclamèrent la propriété de ces terrains en vertu de droits datant de Ranavalo. L’administration crut devoir surseoir à sa décision, en attendant que le tribunal du ressort eût statué sur la demande d’immatriculation déclarant les indigènes propriétaires.
La première demande de notre compatriote date de janvier 1911, celle des indigènes d’un an après, et à l’heure actuelle, la solution de la question paraît encore fort éloignée.
Le changement des titulaires des services des domaines et des magistrats du tribunal compétent sont évidemment pour quelque chose dans ce retard. En attendant l’arrêt de la justice, les indigènes cultivent, plantent, en un mot, font acte de propriétaires sur un terrain ne leur appartenant pas.
Notre compatriote, fatigué d’attendre, se décourage. Il faut avouer que l’on n’épargne rien pour arriver à ce résultat.

M. Garbit est promu gouverneur de 2e classe

Ainsi que nous l’avions laissé prévoir, M. Garbit, gouverneur des colonies, directeur des finances et de la comptabilité à Madagascar, vient d’être élevé à la 2e classe de son grade.
Cette promotion, parue à l’Officiel du 1er janvier 1914, sera accueillie avec satisfaction par tous les coloniaux ; elle est, en effet, la récompense méritée des réelles qualités administratives dont M. Garbit a fait preuve pendant qu’il administrait la Réunion dans des conditions assez difficiles.

Le Courrier colonial


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January 30, 2014

Il y a 100 ans : Arrêté créant un musée des beaux-arts à Tananarive (2)

(Suite et fin.)
Art. 7. – Le conservateur tient un livre journal des recettes et des dépenses, et un carnet à souche. Il délivre quittance des sommes qu’il reçoit. Il établit et soumet au directeur des finances et de la comptabilité un compte annuel de ses recettes et de ses dépenses.
Art. 8. – Le conservateur tient un inventaire des œuvres exposées au musée indiquant les entrées et sorties de chacune d’elles. Le numéro d’inscription au registre d’inventaire est reproduit sur les œuvres d’art.
Art. 9. – MM. Le directeur des finances et de la comptabilité et le chef du service de l’enseignement sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté qui sera inséré au Journal Officiel de la Colonie et publié ou communiqué partout où besoin sera.
Tananarive, le 26 décembre 1913.
Albert Picquié.
Journal officiel de Madagascar et Dépendances

Lettre de Diégo-Suarez

De notre correspondant particulier :
Au cours de la tournée générale que fit récemment M. Picquié dans la colonie, tout le monde fut unanime à louer l’initiative qu’avait prise le gouverneur général de recevoir les colons, de tenir compte de leurs desiderata et aussi d’instituer de grands kabary où les indigènes pouvaient lui exprimer leurs désirs.
Malheureusement, tous les fonctionnaires de la colonie ne témoignent pas une pareille sollicitude à leurs administrés.
Pour ne citer qu’un exemple, nous prendrons le cas de Diégo-Suarez. Dernièrement, cette ville avait l’heur de posséder dans ses murs le chef du service des Travaux publics.
Ce haut fonctionnaire a le plus haut dédain pour la collaboration des Chambres de commerce et autres corps constitués, cependant tout à fait qualifiés pour le renseigner utilement.
Le gouverneur général se rend auprès des Chambres de commerce pour entendre leurs vœux, mais le chef du service des Travaux publics fait tout juste prévenir les membres de ces Compagnies qu’ils sont autorisés à se rendre « au café » pour lui présenter leurs devoirs.
Une telle façon d’agir n’est certes pas faite pour encourager nos compatriotes, mais ils ne s’en étonnent pas outre mesure car ils connaissent depuis longtemps le dédain que ce fonctionnaire professe pour eux.
V. N.

Le Courrier colonial


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January 29, 2014

Il y a 100 ans : Arrêté créant un musée des beaux-arts à Tananarive (1)

Le Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances, commandeur de la Légion d’honneur,
Vu les décrets des 11 décembre 1895 et 30 juillet 1897,
Arrête :
Art. 1er. – Il est créé à Tananarive un musée des beaux-arts qui sera installé au palais de Manjakamiadana.
Art. 2. – Le musée des beaux-arts est destiné à recevoir et à présenter au public les œuvres de peinture, sculpture et gravure des artistes français et étrangers.
Art. 3. – L’administration, la surveillance et la conservation de cet établissement sont confiées, sous la direction du chef du service de l’enseignement, à un fonctionnaire qui prend le titre de « Conservateur du musée des beaux-arts ».
Art. 4. – Les œuvres exposées au musée proviennent soit de dons, soit d’achats.
Les dons sont acceptés sur la proposition du chef du service de l’enseignement, après avis du conservateur, par le Gouverneur Général statuant en conseil d’administration.
Les achats sont effectués, sur les ressources de la caisse du musée, par une commission composée du chef du service de l’enseignement, du conservateur et d’une personne choisie en raison de ses connaissances artistiques, par le Gouverneur Général. Le titulaire du prix de Madagascar sera choisi de préférence lorsqu’il sera présent dans la Colonie.
En France, les achats seront effectués, s’il y a lieu, par les soins d’une commission comprenant :
Un délégué de M. le ministre des beaux-arts ;
Un artiste peintre ou sculpteur délégué par M. le ministre des colonies ;
Le président de la Société des Artistes Coloniaux.
Art. 5. – Le musée des beaux-arts sera ouvert gratuitement au public les jeudis et dimanches de chaque semaine, de 2 à 5 heures du soir. Il pourra être ouvert les mercredis, aux mêmes heures, moyennant une taxe de 0 fr. 50 par personne. Ces sommes seront perçues au bénéfice de la caisse du musée.
Art. 6. – La caisse du musée est gérée par le conservateur. Elle reçoit :
1° Les dons en espèces ;
2° Les subventions de la Colonie ;
3° Le montant des entrées.
Elle pourvoit :
1° Aux menues dépenses d’entretien ;
2° Aux achats de tableaux et œuvres de sculpture.
(À suivre.)

Journal officiel de Madagascar et Dépendances


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January 28, 2014

Il y a 100 ans : Pour empêcher les vols de bœufs à Madagascar

Les vols de bœufs continuent à inquiéter nos compatriotes de la Grande Île.
Les indigènes, pour qui certains fonctionnaires ne sont pas assez sévères, commettent, comme par le passé, de nombreux vols parmi les troupeaux des colons.
En attendant que l’on se décide à sévir rigoureusement contre les coupables, le gardiennage des bovidés s’impose.
On dit bien que si l’on fait garder les troupeaux, on enlèvera ainsi un certain nombre d’indigènes à d’autres travaux, alors que la main-d’œuvre n’est déjà pas si abondante.
Mais cet argument ne tient guère, car, en effet, dix hommes suffisent amplement pour garder un millier de bœufs et le colon qui possède mille bœufs n’en est pas à dix hommes près.
Le gardiennage n’offre que des avantages ; outre que les vols seront moins nombreux, et même disparaîtront, les routes ne seront plus défoncées par les animaux errants qui détruisent également talus et ponts en bois.
L’arrêté qui rendra le gardiennage obligatoire, est attendu avec impatience et nous ne doutons pas que le gouverneur général de Madagascar ne le prenne à bref délai.
Le Courrier colonial

Les arbres fruitiers d’Europe dans le centre de Madagascar

Assaini et débarrassé du paludisme, le centre de Madagascar deviendra, d’après M. Fauchère, l’un des pays les plus agréables à habiter. À Tananarive (1 300 à 1 400 mètres d’altitude), il ne gèle pour ainsi dire jamais et, dans la saison chaude, les maxima se maintiennent pour ainsi dire entre 27° et 29° ; à Antsirabe (1 550 m.), on enregistre quelques gelées de printemps. Il est donc naturel qu’on ait importé dans ces régions nos arbres fruitiers d’Europe, malheureusement, le partage en saison sèche et saison humide rend la culture de certains d’entre eux très problématique. Les arbres à noyau, pêcher, prunier, abricotier, réussissent bien, le pommier, le cognassier, le châtaignier également ; mais le poirier, le cerisier ne donnent guère de résultats. Le service de colonisation (car il n’y a plus de service d’agriculture proprement dite à Madagascar) se préoccupe d’étendre cette culture fruitière, et a fait tenir une collection d’arbres de la colonie voisine du Cap.
Em. P.

La Quinzaine coloniale


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January 27, 2014

Il y a 100 ans : Toujours les feux de brousse à Madagascar

Les mesures prescrites contre les indigènes qui allument des feux de brousse n’étant pas appliquées, les Malgaches continuent à mettre le feu pour préparer leur tavy et occasionnent de fréquents accidents.
Le 23 novembre, un de nos compatriotes, établi à Sahatavy sur la route de l’Ivoloina, a vu sa maison brûlée entièrement, sans qu’il lui ait été possible de sauver quoi que ce soit.
Cet incendie a été causé par un feu de brousse que des indigènes avaient allumé non loin de là.

La deuxième section du chemin de fer Tananarive-Antsirabe

Le ministère des Colonies vient d’être saisi du projet de construction du deuxième tronçon de cette ligne.
Les travaux, dont le montant était évalué à 16 500 000 francs, étaient divisés en plusieurs tronçons et l’ouverture des chantiers devait faire l’objet d’un arrêté du gouverneur général, après présentation des projets définitifs.
La première section de la ligne, comprise entre Soanierana, station au sud de Tananarive, et Behenjy, a été autorisée par décret du 29 janvier 1913. La construction de ce tronçon, dont le coût s’élèvera à 5 275 000 francs, étant sur le point d’être terminée, M. Picquié vient de saisir le département des Colonies des projets techniques relatifs à la deuxième section de la ligne.
L’établissement de ce deuxième tronçon sera plus coûteux que le premier ; le kilomètre reviendra, en effet, à environ 170 600 francs, la région étant plus accidentée et pour ainsi dire inhabitée.
Malgré les difficultés, on ne descendra pas au-dessus de 125 mètres pour le rayon des courbes, et les déclivités ne dépasseront pas 15 millimètres. Dans les travaux prévus sur ce tronçon de 26 kilomètres figurent quatre tunnels et trois viaducs.
Dès que le département des Colonies aura donné son approbation au projet qui lui est soumis, la colonie mettra en adjudication les travaux, divisés en quatre lots, indépendamment des viaducs, qui feront l’objet d’un concours spécial.
Espérons que la lenteur de M. Lebureau fera place, pour une fois, à une célérité sans pareille, et que, dans un bref délai, la colonie sera autorisée à entreprendre la construction de ce tronçon, si nécessaire à son développement économique.
Le Courrier colonial


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January 24, 2014

Il y a 100 ans : Le Malgache est un incomparable marcheur

De tous nos sujets quels sont ceux auxquels on doit donner la palme comme endurance et vitesse ?
Dans nos colonies d’Extrême-Orient, l’Annamite traînera aisément son pousse-pousse sur une longue distance ; mince et fluet, il pourra même aller à une certaine vitesse mais le fait même de la chétivité de sa constitution l’empêchera de fournir le lendemain et les jours suivants l’effort qu’il aura donné une fois.
L’Abyssin soutient la comparaison : on peut le voir, en effet, courir derrière le cheval ou le mulet de son chef pendant de longues étapes et cela pendant plusieurs jours consécutifs. Mais, si on le charge d’un colis quelconque, il s’effondre et devient incapable de rendre aucun service ; de même quand il s’git de traîner un fardeau.
Il n’en est pas de même du Malgache : il fait des étapes journalières de 60 et 80 kilomètres, en portant une charge sur l’épaule ou en traînant un pousse-pousse. Dans les descentes, il marche à une allure accélérée, et il confirme la réponse à la question que l’on pose aux enfants : « Un homme et un cheval faisant le tour du monde, quel est celui qui arrivera le premier ? » Le Malgache arrivera bien avant le cheval.
Cet indigène est d’une endurance extraordinaire ; l’effort dont il est capable, il le fournira tous les jours et le soir, à l’étape, un peu de viande et de riz suffira pour le restaurer. Il use de l’alcool si on lui en donne, mais n’en abuse pas. Il est foncièrement sobre.
Aussi peut-on affirmer que le Malgache possède les deux qualités nécessaires à un porteur : vitesse et endurance.
Le Courrier colonial

Mouvement des périodiques

Henri Bobichon. Madagascar. À propos du Sultan Sémio. (Revue indigène, août-septembre 1913.)
Louis Girot. Madagascar : la politique indigène. (Revue indigène, août-septembre 1913.)
Commandant Roquillet. Le bourjane à Madagascar. (Revue de géographie commerciale, septembre 1913.)

La Quinzaine coloniale


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January 22, 2014

Il y a 100 ans : Sur les Pangalanes

Le canal des Pangalanes à Madagascar vient d’être prolongé d’Ivondro à Tamatave.
Qu’est-ce que les Pangalanes ? Une succession d’étangs salés que l’affluence du sable – l’océan Indien en charrie beaucoup – a, peu à peu, isolés de la mer, enserrés entre les terres du littoral.
À quoi servent-ils ? À la navigation. Des bateaux à vapeur y circulent tout comme sur la Seine, transportant les passagers – colons et commerçants –, remorquant des chalands, convois de riz, de café, de vanille, de peaux, de gommes, tout ce que la colonisation tire de la flore et de la faune si intenses de la côte orientale.
Est-ce tout ? Non. Les Pangalanes sont et seront pour le tourisme à Madagascar une source… un canal de richesses. Aucun voyage ne peut se comparer à celui que l’on peut faire le long des Pangalanes. Pendant tout un jour, à la forte lumière des Tropiques, on a l’impression d’explorer de la préhistoire. Le bateau traverse des lacs d’eau verte, vastes et ronds ; à la surface, des paillottes de pêcheurs portées sur pilotis ; sur les rives éblouissantes, de rouges troupeaux de zébus. Vous passez par des chenaux tranchés dans le sable ; vous longez des îlots où dorment au soleil des caïmans, que le bruit de l’hélice fait se précipiter à l’eau ; et vous arrivez sur l’Eau Noire. Ainsi les indigènes appellent les fleuves aux flots ténébreux et lourds, couleur de jus de tabac, d’où jaillit en forêt la plus étrange des végétations amphibies : les sonjes épanouis comme des bananiers ; des sortes de palmiers-dattiers ayant pour grappes des hampes d’orchidées blanches ; des fourrés de hauts roseaux amarrés de lianes, et à travers les dédales de cette sylve lacustre, si vous saviez comme c’est beau de voir soudain glisser de longues pirogues noires, chargées de régimes de bananes, de feuillages et de femmes malgaches, éclatantes comme des pervenches dans leurs châles verts, bleus et rouges ! Un homme à l’arrière rame ; elles, comme des oiseaux, chantent… sur les Pangalanes.
Marius Ary Leblond.

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January 21, 2014

Il y a 100 ans : Acquitté après 29 mois de prison!

L’insuffisance des tribunaux à Madagascar vient encore d’être mise en lumière par un de nos confrères de Madagascar à la suite d’un arrêt de la Cour criminelle de Tananarive.
Au mois de mai 1911, un Indien nommé Ismaël Poundja, était arrêté pour incendie volontaire et, après une instruction fort incomplète d’ailleurs, traduit devant la Cour criminelle de Majunga.
Cette Cour ordonna une instruction complémentaire. Celle-ci terminée, la Cour condamna Poundja à dix ans de travaux forcés.
Notons en passant que l’instruction primitive fut faite par le même magistrat qui présida l’audience de la Cour criminelle la première fois, fut chargé ensuite du complément d’instruction et présida encore la deuxième audience. Ce magistrat a donc été juge et partie dans la première phase de cette affaire.
Poundja, bien entendu, fit casser cet arrêt, puis un second arrêt de la cour de Majunga qui le condamnait à une peine moitié moindre, puis un troisième arrêt qui lui infligeait cinq ans de travaux forcés.
Sa persévérance vient d’être récompensée : Poundja, devant la Cour criminelle de Tananarive, a été acquitté.
Il n’en est pas moins vrai que pendant les vingt-neuf mois de ce rallye-paper entre lui et la justice, il est resté en prison.
L’arrêt de la Cour de Tananarive prouve la fragilité des charges relevées contre l’inculpé.
On peut donc s’étonner de voir que la justice ne lui ait pas accordé la liberté provisoire qu’il avait sollicitée dès le début, en donnant comme caution un commerçant notoirement connu comme solvable.

Un criminel malgache qui occupe beaucoup la Justice

La Cour criminelle de Tamatave a siégé le jeudi 6 novembre pour rectifier un arrêt rendu le 13 août dernier. Un nommé Marombelo fut condamné aux travaux forcés à perpétuité par la Cour criminelle de Diégo-Suarez, pour assassinat commis sur la personne de M. Moreau, agent d’une compagnie. S’étant évadé de Sainte-Marie, il assassina un Chinois et sa femme. Arrêté, il fut condamné sous le nom d’Isambo, à la peine de mort, par la Cour criminelle de Tamatave. Un arrêt rectificatif vient de condamner cet assassin sous son véritable nom.

Le Courrier colonial


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January 20, 2014

Il y a 100 ans : Rectification (3)

(Suite et fin.)
Le chef brigand nia toute participation au crime mais ne put expliquer la présence chez lui, le jour de son arrestation, d’un sabre fraîchement aiguisé. Les témoignages de 19 de ses complices furent accablants.
Il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité pour assassinat et vol en bande armée.
Le gouverneur général voulut faire un exemple et résolut de le faire conduire sur le théâtre même du crime à Ampanatovana où un grand kabary fut fait par M. l’administrateur en chef Vergnes, délégué du gouverneur général.
2° Rainibetsimisaraka n’a pas été fusillé, mais il mourut le lundi 15 septembre 1902 à Ambohitsaratelo, à quelques kilomètres de Tananarive, peu après son départ, avec les autres condamnés, pour Ampanatovana.
Le corps, ramené à Tananarive, fut immédiatement soumis à l’autopsie.
Cette opération qui eut lieu à l’hôpital indigène d’Ankadrinandriana, a démontré que Rainibetsimisaraka avait succombé aux atteintes d’une pneumonie double à évolution très rapide (J. O. du 20 septembre 1902), qu’il avait contractée dans les repaires où il avait été si souvent traqué et notamment dans la caverne du Mont Ibity, au sud d’Antsirabe.
Cette note officielle anéantit le bruit qui avait couru que Rainibetsimisaraka s’était empoisonné pour ne pas subir le déshonneur d’entendre M. Vergnes annoncer sa déportation à cette population qu’il avait terrorisée pendant 10 ans.
J’ai pensé que ce récit historique que je vous certifie exact, et pour cause, intéresserait peut-être vos lecteurs, surtout les anciens qui ont assisté au début de la pacification de la Grande Île.
Veuillez agréer, etc.
G. T.
Le Tamatave remercie vivement le correspondant qui l’a si bien documenté sur des faits sûrement ignorés du gros public, et que celui-ci sera heureux de connaître.
Ce correspondant a tout l’air d’avoir vécu, en témoin impartial, les faits qu’il raconte, et sa relation qui, par là même, n’en a que plus de valeur, sera un appoint précieux pour l’histoire de la Colonie.
Encore une fois merci.

Le Tamatave


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January 18, 2014

Il y a 100 ans : Rectification (2)

(Suite.)
« Rainibetsimisaraka, dit le Journal officiel du 10 avril 1896, chef de la bande qui a tué MM. Duret de Brie, Grand et Théophile Michaud, était un voleur de profession, vivant depuis 10 ans de rapines dans la Vakinankaratra et qui avait pu se soustraire jusque-là aux poursuites que toutes les autorités indigènes avaient ordre d’exercer contre lui. On ne saurait sérieusement accorder un rôle politique ou national à l’attitude de ce brigand des crimes duquel ses compatriotes ont été les premiers et longtemps les seuls à souffrir et qui s’est, en dernier lieu, attaqué à des Européens, simplement parce qu’il les présumait porteurs d’une forte somme d’agent, de provisions, d’armes et d’objets de prix. »
La résidence générale avait offert 5 000 fr. à qui amènerait vivant Rainibetsimisaraka chef de la bande de voleurs du Vakinankaratra, qui avait tué nos compatriotes.
Rainibetsimisaraka se rendit le 9 juin 1897 dans la vallée de la Manandona, au sud d’Antsirabe, au sergent chef du poste d’Ambohimirary. Déporté à la Réunion, alors qu’il aurait dû être condamné à mort, il obtint sa grâce en 1901 et revint s’installer dans un petit village de la Manandona canton d’Ambohipahana district d’Antsirabe.
Il devait se présenter chaque samedi, jour du marché, au chef du district et était étroitement surveillé pendant la semaine, mais on apprit plus tard qu’il réussissait à se rendre, la nuit, à la limite nord de la province d’Ambositra où il organisait une bande de 23 brigands qui attaqua, un jour, un convoi d’or de la Cie Lyonnaise au lieu dit Ampanatovana, à la limite des districts d’Ambositra et Antsirabe. Le milicien qui escortait le convoi fut tué, 66 000 fr. d’or furent volés et en partie retrouvés dans des fioles cachées sous les herbes des canaux d’irrigation des rizières, à proximité du village d’Ambodifiakarana.
Rainibetsimisaraka fut arrêté pendant son sommeil dans son village, à 3 heures du matin, par le chef du district d’Antsirabe, armé d’un photophore d’une main et d’un revolver de l’autre, accompagné d’un seul milicien déguisé eu bourjane et armé de son fusil.
Monsieur l’administrateur Garnier Mouton chef de la province de Betafo ouvrit une instruction qui dura plusieurs mois.
(À suivre.)
Le Tamatave


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January 17, 2014

Il y a 100 ans : Rectification (1)

Monsieur le Directeur du Tamatave,
Votre numéro du 4 octobre reproduit sous le titre Exécution Capitale un article de la Dépêche de la Réunion qui s’élève contre l’honneur fait à certains criminels en les fusillant comme des braves, alors que la Veuve inspire plus de terreur aux assassins.
Le rédacteur de l’article veut nous prêter la guillotine de la Réunion.
J’estime qu’il est inutile de nous envoyer cet instrument avec le Deibler de l’île voisine. Il n’y a qu’un moyen de punir cruellement les assassins malgaches ; qu’ils soient exécutés par le fusil ou par la guillotine à Madagascar ou ailleurs, peu leur importe ; en fatalistes, ils se laisseront conduire à la guillotine avec la même indifférence que si leur sort est réglé au poteau d’exécution.
Mais ce qu’ils craignent, c’est le séjour définitif de leurs restes mortels ailleurs que sur la terre de leurs ancêtres, surtout, s’ils sont certains à l’avance que leur famille ne sera jamais autorisée à les faire transporter sur la terre natale.
Ceux qui ont connu l’humilité et l’insistance des familles des Hova décédés en exil à la Réunion, sollicitant du général Galliéni la faveur de faire exhumer les dépouilles mortelles de leurs parents, afin de les transporter à Madagascar pour y être déposés dans leurs tombeaux, seront certainement de mon avis.
Il en est de même de ceux qui ont assisté au débarquement de ces cercueils en mai 1902.
Voulez-vous me permettre en outre de redresser une double erreur au sujet de l’article de la Dépêche que je vous signale.
À la fin de cet article je lis que « Rainibetsimisaraka, héros de l’indépendance madécasse, que la France fit fusiller pour s’en débarrasser tomba crânement sous nos balles, debout, le chapeau en main, saluant d’un dernier et tragique défi nos officiers. » Il y a dans cette phrase deux erreurs : Ranibetsimisaraka était un brigand et non pas un héros, il n’est pas mort fusillé, mais atteint de pneumonie double.
1° Rainibetsimisaraka n’a jamais été un héros de l’indépendance madécasse comme le ministre patriote Ramandriamampandry, qui a été fusillé à Tananarive en 1896 ni comme Rabozaka et Rabezavana, les deux chefs de rebelles qui firent leur soumission, le premier en février 1898, le 2e en mai 1897 (Histoire du royaume Hova par Malzac).
(À suivre.)
Le Tamatave


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January 16, 2014

Il y a 100 ans : La vulgarisation artistique chez l’indigène (4)

(Suite et fin.)
Ces réserves faites, et je crois que tout artiste en reconnaîtra la justesse, je signale comme particulièrement heureuse, l’idée qu’a eue M. Dumoulin de faire une large place aux aquafortistes.
Le choix de Laguillermie, de Brasquemond et de quelques autres mérite tous les éloges.
Ces artistes peuvent avoir une certaine influence sur l’art malgache. L’eau-forte qui exige de la patience, un labeur minutieux, un sens plus observatif qu’imaginatif, est une des formes de l’art que nos sujets semblent devoir cultiver avec le plus de succès.
Cependant, il ne faut pas oublier que l’art a une patrie, comme l’a écrit Dujardin-Beaumetz dans ses « Entretiens avec Rodin » dont le Matin publiait, dimanche dernier, d’intéressants extraits.
Chaque fois qu’un artiste va chercher son inspiration dans l’art étranger, il s’en trouve assez mal. « C’est le sol où un artiste est né qui l’impressionne le plus profondément et c’est par son aspect que la nature se révèle à lui. »
Cette observation est parfaitement juste. Aussi est-il sage de ne pas fonder de trop grandes espérances sur les leçons que les artistes indigènes retireront des la vue des œuvres exposées au musée de Tananarive.
Ne connaissant pas notre pays, insuffisamment familiarisés avec notre manière de voir, nos sentiments, nos mœurs, ils ne pourront pénétrer complètement la pensée de nos artistes et ne feront véritablement œuvre intéressante que le jour où, ayant appris un peu le métier, ils ne chercheront plus leur inspiration que dans l’île où ils sont nés, dans cette nature qui correspond exactement à leur sensibilité et à leur âme.
H. Mévissen.

Une pétition des colons de Diégo-Suarez

Au moment du départ du courrier de Diégo-Suarez, on annonçait qu’une pétition allait circuler parmi les colons de la province pour protester contre la suppression, pour les civils, du chemin de fer Antsirane-Sakaramy.
La Chambre Consultative de commerce devait également se réunir pour examiner la question.
Nous ne pouvons qu’engager nos compatriotes à défendre leurs intérêts.

Le Courrier colonial


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January 15, 2014

Il y a 100 ans : La vulgarisation artistique chez l’indigène (3)

(Suite.)
Il eût été bon de sacrifier un peu aux âges passés et de faire, à côté des productions modernes, une petite place aux peintres illustres, à l’aide de reproductions simplement passables de leurs chefs-d’œuvre. Des copies de tableaux de Greuze, de Nattier, de Corot de la dernière manière, des dessins typiques d’Ingres ou de Géricault ne seraient nullement déplacés à Tananarive, et même permettraient, au contraire, de donner un utile enseignement aux indigènes : grâce, hardiesse, précision du trait, position des plans, groupement des personnages, tout cela serait mis en lumière grâce à quelques-uns de ces tableaux.
M. Dumoulin fera remarquer que ces leçons se dégagent également des œuvres des maîtres vivants. Je le reconnais volontiers, tout en rappelant que rien ne vaut, en matière d’éducation artistique, la comparaison entre deux époques.
Quoi de plus intéressant que de mettre, par exemple, sous les yeux des Hovas, une de ces plates compositions de la fin du premier Empire, puis une de ces éclatantes manifestations de l’impressionnisme et de leur dire : voilà où vous en êtes… Voilà où vous devez tendre.
L’indigène est observateur : il possède au plus haut point la mémoire, surtout visuelle. Un rapide examen de simples copies d’une vingtaine de chefs-d’œuvre, déjà assez éloignés de nous, constituerait pour lui le meilleur des enseignements.
Au reste, les remarques que je formule ici n’ont rien d’absolu. Avec quelques-unes des productions dont M. Dumoulin a organisé l’exposition, un éducateur peut encore faire d’excellente besogne, mais il lui faut pour cela une sérieuse culture artistique et, sans vouloir froisser personne, je crois pouvoir dire que l’on ne trouverait pas aisément, à Madagascar, l’homme nécessaire.
Une complète éducation artistique, une expérience de plusieurs années, etc., sont en effet indispensables à celui qui assumerait cette tâche difficile.
Or les hommes qui remplissent ces conditions vont rarement aux colonies, ou du moins s’ils y vont, ce n’est pas pour y rester.
(À suivre.)

Le Courrier colonial


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January 14, 2014

Il y a 100 ans : La vulgarisation artistique chez l’indigène (2)

(Suite.)
De l’initiative de M. Supparo, je ne dirai rien pour le moment. Il faut attendre qu’elle ait donné des résultats. Mais le principe me semble excellent : si la population de Madagascar en général me paraît incapable, pendant de longues années, de priser l’art tel que nous le comprenons, les Hovas, au moins, ont un sens artistique embryonnaire mais réel. Les rabanes que connaissent les Européens ayant séjourné en Émyrne suffisent pour le prouver. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette race en est à la période préraphaëlique et je suis convaincu qu’il suffira d’un peu de culture générale et de quelques bonnes leçons pour obtenir, d’artistes Hovas, des œuvres dignes de retenir notre attention.
Les naïfs tableaux de ces indigènes rappellent assez l’époque bâtarde de Bertin, chère à la chromolithographie : si la maestria des couleurs y manque, si la notation des valeurs y est imparfaite, on ne peut nier qu’il y a là quelque sens de l’harmonie dans la composition.
Quant à l’initiative de M. Dumoulin, elle est surtout intéressante parce qu’elle tend à créer, dans un milieu lointain, déprimant au point de vue intellectuel, – il faut avoir le courage de l’avouer, – une atmosphère d’art, qui retrempe l’esprit et élève la pensée de nos compatriotes. C’est à ce point de vue, particulièrement, que je me place quand j’approuve l’idée de M. Dumoulin et que je lui souhaite plein succès.
Car je reste un peu plus sceptique au sujet de son influence sur l’éducation des indigènes.
Si j’en juge par la liste des œuvres destinées au musée de Tananarive, M. Dumoulin ne sort pas des écoles modernes, tout en pratiquant le plus large éclectisme.
Or, c’est là, semble-t-il, un danger, car nous ne voyons guère comment la visite de ce musée fournira, à un éducateur d’indigènes, les bases d’une utile leçon à ses élèves. Faute de rétrospectivité, il est impossible de trouver les éléments indispensables pour faire un rapide historique de l’art plastique en France.
(À suivre.)
Le Courrier colonial


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January 13, 2014

Il y a 100 ans : La vulgarisation artistique chez l’indigène (1)

L’initiative, qu’a prise M. Dumoulin de créer un musée d’art à Tananarive avec l’appui de l’administration locale, n’a recueilli lundi que des éloges.
M. Morel, bien que n’étant plus ministre, a tenu à inaugurer l’exposition organisée 45, rue Richepanse et à apporter ses félicitations à M. Dumoulin.
L’œuvre de l’éminent artiste est, en effet, de celles qui honorent leur auteur. Son initiative, toutefois, soulève une des questions les plus complexes et les plus délicates qui soient : la vulgarisation artistique chez les primitifs. Comment arriver à découvrir avec notre cerveau d’homme civilisé ce qui peut intéresser des indigènes dont les notions en matière artistique sont extrêmement vagues et rudimentaires ?
Nos sujets, qui n’entendent rien aux subtilités de notre législation, sont-ils plus aptes à apprécier les beautés de l’art moderne ? Il est au moins permis d’en douter.
Il y a là tout un enseignement long et difficile dont le musée projeté par M. Dumoulin ne semble guère être que le premier stade. Je ne pense pas que le sympathique artiste ait envisagé sérieusement la perspective de donner par ce seul moyen aux populations de la Grande Île, l’éducation artistique qui doit ouvrir à leur esprit des horizons nouveaux.
Je ne vois guère un Sakalave, par exemple, se rendant à Tananarive pour admirer les œuvres actuellement exposées chez Bernheim.
La lecture du Courrier colonial m’a permis de nous rendre compte que nous assistons dans nos colonies de l’Océan Indien à trois manifestations d’art absolument distinctes et toutes intéressantes.
Les frères Leblond organisent le musée Léon Dierx, à Bourbon ; M. Supparo ouvre un cours de peinture à Tananarive ; enfin M. Dumoulin crée, dans cette même ville, le musée qui fait l’objet de cet article.
L’initiative des frères Leblond s’imposait par le fait qu’elle s’adresse à une population civilisée, fine, éprise, elle-même, d’art. Il est même étonnant qu’elle se soit produite aussi tardivement.
Les envois sont peut-être éclectiques, mais d’une formule d’art très nette, si j’ose dire. Enfin, beaucoup de pièces du musée se rapportent à l’histoire et aux légendes de Bourbon. On conçoit facilement qu’une collection, relative à Paul et Virginie, ne saurait être mieux placée qu’au musée Léon Dierx.
(À suivre.)

Le Courrier colonial



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January 10, 2014

Il y a 100 ans : Vernissage colonial

Aujourd’hui lundi, à 11 heures du matin, a été inaugurée, à la galerie Gaston Bernheim jeune, 15, rue Richepanse, l’Exposition des œuvres destinées à former le musée de Tananarive. M. J.-B. Morel, ministre des Colonies, qui continue à assurer l’expédition des affaires courantes, est venu présider cette cérémonie, accompagné de M. Xavier Loisy, son chef de cabinet, et de M. Denys Cochin, député de Paris, membre de l’Académie française et de la Commission des Affaires extérieures et des Colonies de la Chambre. Ils ont été reçus par MM. Louis Dumoulin et Franc-Lamy, président et secrétaire de la Société coloniale des Artistes français.
On ne saurait trop louer l’initiative de la Société coloniale des Artistes français qui a jugé bon de doter Tananarive d’un musée de peinture, de sculpture et de gravure qui, sans qu’il ait été payé quoi que ce soit aux artistes pour leurs œuvres, pourra rivaliser avec les musées de certaines villes de province.
Pourquoi, après avoir montré aux indigènes les prodiges du génie français, ne leur donnerait-on pas la faculté d’admirer les merveilles de notre art. Admirons une fois de plus le généreux désintéressement des artistes qui ont permis la première réalisation de cette idée à Tananarive.
Le petit cortège officiel a fait le tour des galeries avec beaucoup d’attention. M. Louis Dumoulin a prodigué au ministre les explications et les commentaires. Signalons particulièrement, parmi les œuvres exposées, un centaure aux coloris vifs d’Édouard Doigneau, un paysage de Freneuse par Joseph-Félix Bouchor, très fouillé et très bien conçu, un intérieur de Jean Béraud, La femme aux fleurs, de Louise Abbéma, des Meules au clair de lune, de Louis Dumoulin, un joli buste de femme accoudée d’une très belle venue artistique d’Albert Fourié, une Étude d’arabe d’Henri Gervex, le Loing à Moret, d’Antoine Guillemet, et quelques dessins originaux de Dagnan-Bouveret et de Waltner.
M. J.-B. Morel avec sa suite s’est retiré à 11 h. ½, enchanté de sa visite et de l’accueil qui lui a été fait.

Les Annales coloniales


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