January 14, 2014

Il y a 100 ans : La vulgarisation artistique chez l’indigène (2)

(Suite.)
De l’initiative de M. Supparo, je ne dirai rien pour le moment. Il faut attendre qu’elle ait donné des résultats. Mais le principe me semble excellent : si la population de Madagascar en général me paraît incapable, pendant de longues années, de priser l’art tel que nous le comprenons, les Hovas, au moins, ont un sens artistique embryonnaire mais réel. Les rabanes que connaissent les Européens ayant séjourné en Émyrne suffisent pour le prouver. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette race en est à la période préraphaëlique et je suis convaincu qu’il suffira d’un peu de culture générale et de quelques bonnes leçons pour obtenir, d’artistes Hovas, des œuvres dignes de retenir notre attention.
Les naïfs tableaux de ces indigènes rappellent assez l’époque bâtarde de Bertin, chère à la chromolithographie : si la maestria des couleurs y manque, si la notation des valeurs y est imparfaite, on ne peut nier qu’il y a là quelque sens de l’harmonie dans la composition.
Quant à l’initiative de M. Dumoulin, elle est surtout intéressante parce qu’elle tend à créer, dans un milieu lointain, déprimant au point de vue intellectuel, – il faut avoir le courage de l’avouer, – une atmosphère d’art, qui retrempe l’esprit et élève la pensée de nos compatriotes. C’est à ce point de vue, particulièrement, que je me place quand j’approuve l’idée de M. Dumoulin et que je lui souhaite plein succès.
Car je reste un peu plus sceptique au sujet de son influence sur l’éducation des indigènes.
Si j’en juge par la liste des œuvres destinées au musée de Tananarive, M. Dumoulin ne sort pas des écoles modernes, tout en pratiquant le plus large éclectisme.
Or, c’est là, semble-t-il, un danger, car nous ne voyons guère comment la visite de ce musée fournira, à un éducateur d’indigènes, les bases d’une utile leçon à ses élèves. Faute de rétrospectivité, il est impossible de trouver les éléments indispensables pour faire un rapide historique de l’art plastique en France.
(À suivre.)
Le Courrier colonial


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