July 31, 2010

Fanjanteino Rakotomalala Félix en finale du 1500 mètres aux Championnats d'Europe

Dans ma culture, il n'y a pas que les livres, même s'ils occupent, et de très loin, la première place dans mes goûts et mon temps. Dans ma culture, il y aussi, entre autres choses, l'athlétisme. Je me régale donc cette semaine, au mépris des conseils de mon médecin (dormir, dormir, dit-elle!), en suivant les Championnats d'Europe - je sais qu'il y a en même temps les Championnats d'Afrique, mais Kevin Borlée est belge, la marche athlétique est d'un meilleur niveau sur le vieux continent, et on ne se refait pas...
Souvent, je peste, quand l'insupportable Patrick Montel, fort de ses vérités révélées et de ses convictions profondes, intervient à tort et à travers, occupant l'antenne comme si quelqu'un allait la lui enlever, coupant l'interview d'un médaillé, n'en laissant pas placer une à ses consultants, ne regardant pas ce qui se passe tant il est lancé dans ses péroraisons, etc.
Bon, c'est quand même Patrick Montel, hier soir, qui a attiré mon attention sur une athlète française que je ne connaissais pas. Il avait une curieuse façon de lui attribuer un prénom aux consonances familières. Dans sa bouche, cela donnait quelque chose comme Fanch'. "Tout le monde l'appelle comme ça", ajoutait-il pour justifier son moindre effort.
Je me suis donc renseigné. Fanch' s'appelle, en réalité, Fanjanteino Rakotomalala Félix et elle est née à Antanimena. Elle a trente ans, est affiliée au Stade Sottevillais, est championne de France en titre des 800 et 1500 mètres, distance sur laquelle elle était engagée hier. Elle a tenu son rang pendant toute la course, a terminé deuxième (en 4'04"75, à trois secondes et des poussières de son record personnel) et s'est donc propulsée en finale. Ce sera dimanche à 22h15, heure malgache. Je serai là (enfin, devant la télé). Vous aussi, peut-être, pour suivre cette athlète d'origine malgache qui fait des merveilles en France et, ces jours-ci, à Barcelone.

July 27, 2010

Bibliothèque malgache 59/ Henri-Philippe d'Orléans à Madagascar

Je profite d'une période plus calme dans mes activités professionnelles pour ajouter un titre à la Bibliothèque malgache électronique (BME), le cinquante-neuvième.
Henri-Philippe d'Orléans (1867-1901) a passé l'essentiel de son existence à courir le monde. L'Europe, l'Asie et l'Afrique ont été ses terrains d'exploration, dont il a ramené plusieurs ouvrages, des photographies et sur lesquels il a fait quelques découvertes. Ainsi qu'une mauvaise rencontre: à Saïgon, en 1901, il contracte le paludisme, dont il meurt.
Lors de ses deux mois de voyage à Madagascar, peu de temps avant l'expédition française de 1895, il cherche - et trouve - des arguments en faveur de la colonisation. Qu'il s'agisse de faire œuvre noble de civilisation, de se reposer sur des arguments puisés dans le passé, d'envisager une expansion économique, tout lui est bon pour plaider l'usage de la force, avec des mots qui ne laissent aucune place à l'ambiguïté: «Baïonnettes, sortez du fourreau; grondez, canons; sonnez, fanfares et clairons!» Ce va-t-en-guerre se plaçait donc dans une tendance générale qui ne tarderait pas à faire lever les armes contre le royaume de Madagascar.
Pour adoucir, si c'est possible, le ton belliqueux de ce texte, j'y ajoute un extrait de L'âme du voyageur tel qu'il est paru dans La Revue de Paris le 15 mai 1896. Les belles descriptions ne modifient en rien son point de vue, mais apportent des émotions parfois détachées de celui-ci.
Comme tous les autres ouvrages de la BME, celui-ci est téléchargeable gratuitement sur le site de la Bibliothèque malgache (choisir la rubrique "bibliothèque malgache électronique gratuite" dans le menu et aller en bas de page pour les liens).

July 18, 2010

Quand Bernard Giraudeau parlait de Madagascar

Il y a un peu plus de deux ans, je vous donnais copie d'une grosse page extraite d'un livre de Bernard Giraudeau, Les dames de nage. Il y était question d'un passage par Madagascar, dans une scène brève mais éblouissante. La mort de l'écrivain-acteur, hier, m'incite à vous renvoyer vers cette note. Vous ne devriez pas être déçus.

July 16, 2010

Quelques monstres de Madagascar ???

Vous le savez si vous suivez régulièrement ce blog, je tente de rassembler les informations concernant tous les livres en français concernant Madagascar et disponibles gratuitement sur Internet. Une bibliographie (BME 58) a été établie, et elle est mise à jour chaque fois que je trouve une "nouveauté" (c'est-à-dire un livre ancien récemment numérisé).
Dans cette bibliographie, je ne reprends ni les articles ni les images (cartes, gravures, etc.). Il faut bien se limiter, sous peine d'être débordé.
Je ne résiste pourtant pas au plaisir de vous présenter trois estampes rencontrées sur le site Gallica. Et que vous avez peut-être déjà vues si vous consultez ici le "fil" des nouveautés de cette ressource - colonne de droite, plus bas... encore plus bas... voilà, vous y êtes.
Voici donc ces images de monstres prétendument trouvés à Madagascar.




Ces estampes, il faut quand même le signaler, datent des années 1660, époque où la rigueur scientifique n'était pas une qualité universelle...

July 15, 2010

Bibliothèque malgache 58/ Maudave à Madagascar sous Louis XV

La Bibliothèque malgache électronique (BME) poursuit son chemin, fortement dépendant du temps dont je dispose pour m'y consacrer. Mais avec la ferme volonté de continuer à faire circuler gratuitement, après une réédition soigneuse, des textes libres de droits parfois difficilement accessibles et qui sont pourtant des sources indispensables pour les chercheurs ou les simples curieux.
Voici donc le 58ème volume de la collection, La colonisation de Madagascar sous Louis XV d'après la correspondance inédite du comte de Maudave, par Henri Pouget de Saint-André (1886).
Le comte de Maudave, né en 1725 près de Grenoble et mort en 1778 à Mazulipatam en Inde, est un peu le chaînon manquant des tentatives françaises de colonisation de Madagascar entre Flacourt au siècle précédent et Benyowsky qui lui succédera. Trois tentatives manquées, mais trois noms qui ont marqué l'histoire de Fort-Dauphin pendant quelques années.
Henri Pouget de Saint-André, entré dans la famille de Maudave, a eu accès aux lettres et aux journaux qu'il avait laissés. Il retrace, sans cacher son admiration pour l'homme ni sa colère envers ceux qui l'empêchèrent de mener son entreprise à bien, l'aventure d'une installation décidée en 1768 et abandonnée deux ans plus tard. L'optimisme habite d'abord le "commandant pour le roi dans l'île de Madagascar", avant la déception.
Cet ouvrage doit être situé dans le contexte précis de son époque: l'année précédant sa parution, un traité d'alliance franco-malgache a été signé, décevant les partisans d'une colonisation. En montrant comment Maudave aurait pu réussir un siècle auparavant, Pouget de Saint-André leur fournit des arguments...
En attendant la refonte complète du site de la Bibliothèque malgache, cet ouvrage est, comme les 57 autres de la collection, téléchargeable aux formats PDF et DOC, sur la page du catalogue de la BME (aller en bas de page, les titres étant classés par numéro dans la collection).

July 14, 2010

A qui appartient Rabearivelo? Une polémique stérile

A qui appartient Rabearivelo?
La réponse me semble évidente: à celles et ceux qui le lisent. A celles et ceux qui travaillent sur son œuvre et la font connaître.
Remplacez le nom du poète malgache par celui de n'importe quel autre écrivain, ma réponse sera identique.
Ce matin, sur le site de Madagascar-Tribune.com, un certain Ny Ando R. s'indigne pourtant sous un titre provocateur: "Le journal intime et l'intégrale de l'œuvre de Jean-Joseph Rabearivelo: une affaire française?"
Le problème - non, le scandale! - à ses yeux tient au fait que les éditions prochaines des Calepins bleus (octobre 2010) et de L'œuvre intégrale (2011) sont présentées dans "un opus de promotion" signé par par Laurence Ink, Liliane Ramarosoa et Claire Riffard sous la coordination de Serge Meitinger. Le compte est rapidement fait: une Malgache (et encore! elle travaille à Bucarest!) et trois vazaha.
Scandale, donc...
Pauvres Liliane, Laurence, Claire et Serge... La première disqualifiée parce qu'elle a accepté, il y a quelque temps, un poste à la hauteur de ses compétences, après deux doctorats, de longues années d'enseignement à l'École Normale Supérieure et un passage à la vice-présidence de l'Université d'Antananarivo. Les autres disqualifiés parce qu'ils s'approprient un patrimoine national malgache.
Faut-il rire ou pleurer de cette réaction? Laisser glisser ou se mettre en colère?
Personnellement, je ris, mais d'un rire colérique.
Ny Ando R. devrait être fier d'appartenir au pays d'un écrivain dont les textes sont étudiés par des chercheurs du monde entier (pas seulement de France). Et heureux de voir quelques-uns d'entre eux consacrer leur temps à une édition scientifique qui manquait cruellement.
Mais qui suis-je, sinon un vazaha (encore un!), coupable désormais d'avoir ajouté quelques lignes à une polémique stérile?
Doublement coupable, puisque j'avais déjà réédité, dans la Bibliothèque malgache, six ouvrages de Jean-Joseph Rabearivelo sous forme de livres électroniques.
Disponibles gratuitement, vous vous rendez compte?
Je crois que j'aggrave mon cas...

Vonjiniaina, scénographe de Sar'nao 2010

Le Mois de la photographie à Madagascar, lancé en 1994, n'en est, rebaptisé Sar'nao seize ans plus tard, qu'à sa... douzième édition. Cherchez l'erreur! L'explication est très simple: monter un événement culturel à Madagascar n'est pas une sinécure, lui assurer la pérennité est encore plus compliqué. C'est donc pourquoi il s'agit, cette année, d'une renaissance - en plusieurs lieux d'Antananarivo, comme l'hôtel du Louvre, le CCAC, le CGM, l’AFT, le Café de la gare et le Tahala Rarihasina. Jusqu'au 30 juillet, place donc aux images (qui succèdent à d'autres images puisqu'en juin, c'était le mois de la BD).
De nombreux photographes et intervenants à des titres divers prennent part aux expositions et aux différentes animations liées à Sar'nao 2010.
Vonjiniaina, l'une d'entre eux, est à l'honneur sur le site d'Africultures, dans un entretien avec Jessica Oublié. Elle est en effet la scénographe de l'événement et s'explique sur le travail spécifique qu'elle a mené à bien dans cette perspective. "Pour moi, chaque lieu est investi d'un esprit qui lui est propre et qui tient soit de la personnalité de son propriétaire, de son architecture, de son histoire intrinsèque, du public qui le visite ou qui y vit", dit-elle notamment...

July 11, 2010

Le quatrième roman de Jean-Claude Mouyon

La Bibliothèque malgache est heureuse et fière d'éditer le nouveau livre de Jean-Claude Mouyon. Comme Roman Vrac, le premier roman paru à cette enseigne, L'Antoine, idiot du Sud, est une trilogie. On y retrouve un humour et une écriture capables de restituer comme, je crois, nul autre écrivain ne l'a fait, le grouillement si particulier du Sud-Ouest malgache.
L'ouvrage est disponible sur commande à partir de cette page (15 € + frais de port).
Innovation: le texte en paraîtra en feuilleton dans le quotidien Les Nouvelles, dans quelques jours.
Sans attendre, voici la présentation qu'en fait l'auteur en quatrième de couverture.

Les trois courts textes qui constituent la trilogie de L’Antoine, idiot du Sud ont pour particularité d’être en apparence inachevés. Disons qu’ici l’auteur s’est amusé à jeter les bases de ce qui aurait pu constituer un seul roman, à jeter des fils et brouiller les pistes pour au final laisser le lecteur face à une œuvre abandonnée à son propre devenir. Un personnage et ses proches. Le Sud. Le quotidien. Trois ingrédients récurrents dans chacune de ces histoires qui sont autant de déclinaisons d’une idée romanesque reposant sur un unique socle.
L’idée étant d’en avoir plusieurs et d’en proposer autant… Le concept aurait pu se dérouler à l’infini dans une série intitulée Les aventures d’Antoine mais trois longues nouvelles ou courts romans, au choix, c’est déjà bien suffisant, non?
Puisse la présence d’Antoine (dit l’idiot du Sud) tisser un lien de complicité avec ses lecteurs lesquels, je crois le savoir, ne sont avares ni de sens de l’humour ni de celui de gravité.
Merci. Je vous laisse car Baba vient d’ouvrir.
L’auteur


July 10, 2010

Natacha Andriamirado : J'écris pour mon chien

Un mois déjà que je n'ai pas donné de nouvelles. C'est bien long, même si c'est passé très vite. Je vous explique en deux mots: jusqu'à fin juin, j'étais littéralement submergé de travail. Même mon médecin insistait pour que je prenne un peu de repos. Je l'ai fait, deux semaines à Toliara, où j'ai quand même tenu à jour la bibliographie malgache sur Internet et avancé - doucement (je le précise pour le cas où mon médecin lirait ce blog) - sur quelques projets dont je vous reparlerai très vite. En attendant de concrétiser ceux-ci, je pense à tout ce dont je ne vous ai pas parlé et qui aurait mérité mon attention. Par exemple, les journées malgaches à l'Unesco. Ou le mois de la photo. Ou... bon, à l'impossible nul n'est tenu.

Me voici donc de retour pour découvrir que j'ai manqué, en octobre dernier, la sortie du premier ouvrage d'une nouvelle écrivaine malgache (qui écrit en français). Sur l'excellent site d'Africultures, Boniface Mongo Mboussa publie un entretien avec Natacha Andriamirado à propos de son recueil de nouvelles, J'écris pour mon chien.
Je vous renvoie à cet entretien pour en savoir plus sur cette collaboratrice de La Quinzaine littéraire puisque, malheureusement, je n'ai pas lu son livre. Dont je ne peux que vous proposer quelques lignes.

Je n'ai jamais vraiment répondu à ta question, je ne pouvais pas te dire que j'avais écrit toutes ces chansons parce que je t'aimais. Je n'avais pas le droit de te montrer ainsi mon amour. Parce que toi tu ne m'aimais pas. Je devais aussi t'inspirer un peu de dégoût. Alors je me suis excusée de t'avoir importuné. Et je suis partie. Je t'ai dit au revoir en prenant garde de ne pas me faire de croche-pieds ou de te tomber dessus. Et j'ai pensé à nouveau à ta question. Pour qui j'écris, si ce n'est pour l'amour que je te porte et dont tu ne veux pas?