February 28, 2010

Le cabinet singulier du Professeur Rakotolémurherherr

C'est une exposition singulière, en effet, qui se tient dans le hall de la gare d'Antananarivo. Le montage n'était pas totalement achevé quand je l'ai visitée hier matin (le vernissage avait lieu le soir). Myriam Merch, alias Sexy Expédition Yéyé, qui a réalisé l'exposition avec Anne Deguerry et Frédéric Viala, a quand même pris le temps de m'expliquer de quoi il retournait.
Visite guidée, donc, à voir tout de suite en vidéo, et sur place jusqu'au 13 mars.



February 24, 2010

Un lémurien héros de bande dessinée

Je lis peu de bande dessinée. Cela n'a pas toujours été le cas. Mais le temps me manque et je suis donc moins attentif à ce pan de la production éditoriale. (Ne me dites pas que c'est une erreur, je sais.) Heureusement, ce blog a quelques lecteurs attentifs qui jouent, lorsque le besoin s'en fait sentir, un rôle de rabatteurs. C'est donc alerté par des commentaires que je suis allé voir un article de Mediapart intitulé: Maki, un lémurien en colo.

J'ai du même coup découvert l'existence de Fabrice Tarrin, dont je sais peu de choses sinon qu'il est un des nombreux dessinateurs à avoir travaillé sur les aventures de Spirou et Fantasio.
Un pan de sa production nous intéresse tout particulièrement puisqu'il a sorti en 2008 l'album dont je vous montre la couverture, Journal intime d'un lémurien.
Pour ce que j'en sais, après la lecture de quelques articles à propos de cet album, et si j'ai bien compris, le lémurien occupe ici une place aussi éloignée de Madagascar que la Grande Île est éloignée d'elle-même dans les films Madagascar. Vous me suivez? Je veux dire que Fabrice Tarrin n'a probablement pas choisi cet animal par amour de Madagascar mais parce qu'il lui trouvait une bonne bouille et que, pour se représenter lui-même, il valait mieux une bestiole sympathique. (J'interprète un peu.) Toujours est-il que le lémurien est devenu emblématique d'une œuvre qui se poursuit notamment sur son blog où les dernières notes (dessinées, comme il se doit) terminent une histoire intitulée Charlotte Gainsbourg mon amour, et où l'on retrouve, vous l'aviez deviné, un lémurien...

Fin janvier, Fabrice Tarrin a sorti un nouvel album, Maki: un lémurien en colo. Comme je n'ai jamais vu de lémurien en colo, même à Madagascar - et, forcément, encore moins ailleurs -, je suppose que l'auteur, toujours sous l'apparence d'un lémurien, revient sur des expériences personnelles. Où, une fois encore, notre île-continent ne semble pas être évoquée. (Je me base sur le résumé et les extraits de planches fournis par l'article de Mediapart évoqué plus haut.)
Bonne nouvelle, pour ceux qui aimeront ça ou qui collectionnent compulsivement toutes les représentations de lémuriens: il devrait y en avoir d'autres, puisque l'éditeur annonce l'album comme le numéro 1 d'une série.
A suivre, donc...

February 13, 2010

Deux nouveautés en librairie: un polar et un beau livre

Je continue à scruter avec attention non seulement les numérisations d'ouvrages anciens accessibles gratuitement sur Internet, mais aussi les nouveautés qui arrivent dans les librairies françaises. La plupart du temps - c'est le cas cette semaine -, je n'ai pas lu ces ouvrages et je ne peux donc vous fournir que les informations de l'éditeur. Voici donc un roman policier et un beau livre.

François Ferbos. Grand théâtre

Fraîchement nommé chef de la section financière au SRPJ de Bordeaux, le commissaire de police Vincent Laffargue renoue avec sa ville natale.
Malgré les mises en garde de son supérieur hiérarchique, il n’hésite pas à ouvrir un dossier brûlant qui compromet un notable de la cité. Le personnage se révèle encore plus sulfureux que Vincent ne pouvait l’imaginer et sous un vernis respectable, tous les coups sont permis...
L’aventureux commissaire mène son enquête qui le conduit, contre vents et marées, des rives de la Garonne jusque dans l’océan Indien, à Madagascar et La Réunion. Dans la même veine que Traque en haute mer (Éditions Le Télégramme) ce polar nautique associe avec aisance suspense et art de la navigation.

François Ferbos a fait carrière dans la Police. De Strasbourg à la Nouvelle-Calédonie, en passant par la Bretagne, il s'est frotté de près au trafic de stupéfiants puis au terrorisme, avant d'assurer dix années durant la direction de la brigade financière de Bordeaux. Il consacrait ses moments de liberté à la croisière et à la voile, aujourd'hui il vit à plein temps sur son bateau et Traque en haute mer était son premier roman.

Philippe Aimar. Rêve de Madagascar

Dans un manuscrit laissé sous une stèle de Fort-Dauphin en 1653, Etienne de Flacourt met en garde les étrangers contre les autochtones de Madagascar en écrivant: "Prends garde, étranger. Ne fais pas confiance aux habitants de cette île, leurs flatteries réservent les plus grands dangers". Le voyage que nous offre Philippe Aimar à travers la Grande Île dément fondamentalement cette mise en garde. Les photos nous montrent la confiance qui s'établit entre les modèles et le photographe et l'attachement que ce dernier porte à la Grande Île et à ses habitants. Les résultats constatés se rapprochent de ceux obtenus par Jean Paulhan qui avait pris la peine, il y a près de 90 ans, de partager le quotidien des Malgaches, de différentes conditions, afin de saisir le sens profond des Hainteny.
Ici le photographe a adopté la même démarche et nous présente une nature attachante et un peuple des plus accueillants avec beaucoup de réalisme. Fernand Léger n'a-t-il pas défini la qualité d'une oeuvre picturale en raison directe de sa quantité de réalisme. Mais, l'interprétation d'une photographie ne peut pas être considérée comme une valeur absolue, elle est le produit d'une subjectivité particulière du regardant. Quand l'ai compulsé l'album présenté par Philippe Aimar, c'est ma propre impression devant ces oeuvres d'une rare qualité que j'essaie de faire partager à ceux qui auront le privilège de se pencher sur ces images de la Grande Île. Le photographe a su rendre l'atmosphère et la couleur de chaque région et tirer de l'individu les spécificités qui le particularisent tout en l'intégrant dans son groupe d'appartenance. Si nous regardons cette jeune femme de la page 36, avant même de lire la notation de bas de page, rien que par sa tenue et sa coiffe nous la situons d'emblée dans l'ethnie Betsileo. Il en est de même pour la plupart des portraits pris un peu partout dans l'île.
Ce qui ne manquera pas de frapper la curiosité de ceux qui ouvrent ce livre est l'itinéraire suivi par le photographe. Au lieu de se précipiter sur les lieux touristiques connus, il nous entraîne dans un parcours inédit. Après une visite prégnante chez les Merina, les Ambaniandro (ceux qui sont sous le soleil) du haut plateau central, en ayant pris soin d'éviter les sites trop vus et revus - mais qu'ils ne néglige pourtant pas (on les perçoit à travers certaines photos) - en insistant parfois sur ce que le commun des autochtones ne remarque même plus, à force de les côtoyer quotidiennement. Ainsi en va-t-il des images devenues parties intégrantes du paysage, comme ces petits marchands des bords des routes ou ces joueurs de fanorona qui s'approprient une partie de la voie, ce qui nous plonge dans un exotisme bon enfant. Le photographe porte son appareil, non directement vers l'est ou vers le nord où sont les sites touristiques les plus fréquentés, mais vers le sud. Sur sa route, il nous fait entrevoir la beauté des environs de la capitale avec ses rizières, nous montre les étals des petits producteurs de charbon de bois qui préfigurent malheureusement la déforestation. Sa première étape dans le pays des Betsileo (nombreux invincibles) est l'Isalo. Il présente en quelques photos ce qui dorénavant particularise la région: la recherche des pierres précieuses avec ce que cela implique de risque, d'effort quasi-inhumain et de misère dans l'espoir. Il ne se prive pourtant pas de nous faire admirer le sourire d'une jeune Vezo (ceux qui pagaient). Et son voyage reprend toujours vers le sud, comme si le photographe voulait se mettre sur les traces d'Etienne de Flacourt, mais il délaisse Fort-Dauphin, et s'oriente délibérément vers Tuléar, le pays des Bara (qui disent que la signification de leur nom est ceux qui ont la voix grave et sourde mais que les autres connaissent pour des simples d'esprit et des naïfs) pour nous faire appécier un crépuscule sur les dunes, là où la mer, la terre et le ciel majestueusement se confondent. Avec des paysages féériques, de jour comme de nuit, et des Antandroy (ceux des ronces) rayonnants dans la simplicité de leur quotidien le photographe-pérégrin nous fait partager son émotion cette nature d'une beauté à couper le souffle. Mais là où l'on s'attendait à le voir continuer sa route vers Morondava, il marche sur le tropique du Capricorne et se retrouve sur la côte orientale de l'île les pieds dans l'eau du canal de Pangalane, s'intéressant aux occupations aquatiques des Antaisaka (ceux de des longues vallées), des Antambahoaka (ceux du peuple) et des Betsimisaraka (nombreux qui ne se séparent pas). Toamasina est suggérée par une photo du lac sur le canal de Pangalane, puis nous voilà tout de suite au pays de la vanille et des Sakalava (ceux des longues vallées) au nord est de l'île, pour nous retrouver vers le nord face à l'île de Nossy-Bé devant des paysages grandioses d'une mer d'émeraude présentant les boutres comme des bijoux précieux et d'un ciel souvent bleu à la limite possible de la couleur.
Cet ouvrage de Philippe Aimar ne doit pas être vu uniquement comme une présentation de la nature mais aussi comme une étude de l'homme malgache dans un essai chaleureux et subtil. Le photographe a mis dans son travail toute sa passion et son attachement pour l'île et ses habitants. Il propose une approche originale et vivante de la société malgache mettant en évidence un réseau d'affinités et d'échanges qui le relie à un monde qui le subjugue, l'intrigue et l'attache. Je dirais même une confrontation affective de deux visions du monde différentes avec ce que cela implique de subjectivité. Chapitre après chapitre nous faisons connaissance avec les différentes ethnies malgaches. Ce qui m'a aussi ému dans ce livre c'est l'objectivité du photographe. Il ne s'est pas contenté de montrer la beauté de l'Ile avec des gens heureux, mais il fait toucher du doigt le paradoxe de la beauté et de la misère en montrant comment les Malgaches acceptent leurs destins et que les gens pauvres ne sont pas toujours tristes.
Qu'attend-on d'un livre de photographies si ce n'est de nous faire connaître un pays et de nous procurer du plaisir? Les deux objectifs sont atteints dans ce livre de Philippe Aimar et je ne puis que souhaiter à tous ceux qui l'ouvriront le même plaisir et émotion que j'ai eus en le consultant.

Philippe Aimar est né en 1958 à Paris. Il est journaliste professionnel et collabore régulièrement avec des magazines français et internationaux. Il fait ses débuts chez Sipa Press en 1986. En 1991, il part aux Etats-Unis et devient correspondant permanent pour le compte de cette agence à Los Angeles. A cette époque, une série d'événements riches en actualité interviennent. 1992, les émeutes de Los Angeles font la une des magazines du monde entier. Les photos de Philippe Aimar sont diffusées et largement publiées (Newsweek, Time, Paris Match, VSD etc..). En 1994, incendies et tremblements de terre frappent la Californie. De nouveau, ses photos sont largement publiés. Il réalise également de nombreux portraits des personnalités du show business américain. En 2002, à son retour en France, il prend la rédaction en chef de l'agence photo Corbis Sygma. Quelques temps plus tard il se consacre à son premier livre photo sur Madagascar. En 2005, il édite avec son confrère Salem Trabelsi (rédacteur en chef du quotidien tunisien La Presse) un livre sur la Tunisie. En 2008, il rejoint l'agence Hamsa Press (M6, Canal +, TF1...) et réalise plusieurs documentaires. En 2009, il publiera un livre intitulé Vanille - La route bourbon.

February 10, 2010

Une bibliographie en expansion permanente

Je vous l'annonçais il y a un mois, je le rappelle pour les distraits qui auraient perdu l'information de vue: au lieu de publier ici, à un rythme qui était mensuel l'an dernier, des suppléments à la bibliographie de Madagascar sur Internet (le n° 54 de la Bibliothèque malgache électronique, téléchargeable sur le site de la Bibliothèque malgache), je tiens à jour une page intitulée sobrement, ou presque, Supplément permanent à la bibliographie Madagascar sur Internet.
Ce supplément grandit à vue d'œil, à raison pour l'instant d'un titre par jour en moyenne. Je ne saurais trop conseiller aux amateurs de livres anciens sur Madagascar de s'y reporter régulièrement. Ils y trouveront, par exemple, cette référence introduite hier vers une numérisation effectuée par Gallica d'un ouvrage que je ne connaissais pas et que je vais regarder de plus près dès que j'en trouve le temps: Sous les Tropiques. Impressions de voyage d'un gamin de Paris à Madagascar, par Auguste Mailloux, dont j'extrais une illustration.


February 8, 2010

Madagascar, l'ailleurs par excellence

Dans Robe de marié, un thriller de Pierre Lemaitre qui a connu un joli succès l'an dernier et qui vient de reparaître en poche, Sophie a toutes les raisons de vouloir partir loin. Je ne vous raconte pas pourquoi, c'est l'objet du livre et il vaut la peine d'être découvert.
Si j'y fais allusion, c'est parce que l'idée de cet ailleurs dont elle rêve se confond, le temps de passer devant une agence de voyages, avec l'image de Madagascar. L'ailleurs par excellence, semble-t-il...
Extrait.
Sophie est dans le bus. Aller vite. Ses yeux fixent le vide devant elle. Comment faire pour aller vite? Elle regarde sa montre: juste le temps de rentrer et de dormir deux ou trois heures. Elle est épuisée. Elle remet ses mains dans ses poches. C’est curieux ce tremblement, c’est par moments. Elle regarde par la vitre. Madagascar. Elle tourne la tête et aperçoit un très court instant l’affiche qui a attiré son attention. Une agence de voyages. Elle n’est pas certaine. Mais elle se lève, appuie sur le bouton et guette l’arrêt suivant. Elle a l’impression de parcourir des kilomètres avant que le bus s’arrête enfin. Elle remonte le boulevard, de sa démarche de jouet mécanique. Ça n’était pas si loin, finalement. L’affiche montre une jeune femme noire au sourire naïf et charmant, portant une sorte de turban sur la tête, le genre de truc qui doit avoir un nom dans les mots croisés. Derrière elle, une plage de carte postale. Sophie traverse la rue et se retourne pour voir de nouveau l’affiche avec la distance. Manière de réfléchir.
– Affirmatif, a dit le sergent-chef. Moi, je n’aime pas tellement ça, vous savez, je suis pas un grand voyageur, mais enfin, on a des possibilités quand même. J’ai un copain, il est sergent-chef comme moi, il va partir à Madagascar. Remarquez, je comprends: sa femme est de là-bas. Et finalement, on ne le croirait pas mais il n’y en a pas tant que ça qui veulent quitter la métropole, vous savez! Pas tant que ça…!

February 5, 2010

En librairie : deux ouvrages liés à Madagascar

Aucun de ces deux ouvrages n'est exclusivement consacré à Madagascar. Mais les liens sont assez significatifs pour que je signale leur existence. D'autant plus que le premier est coédité avec Tsipika, à Madagascar.

Mutations entrepreneuriales, sous la direction de Victor Harison et Claudine Ratsimbazafy

Traiter des mutations entrepreneuriales invite à se donner le temps d'une introspection pour mieux appréhender le phénomène. D'évolution en changement durable, par le passage d'un état à un autre de façon brusque ou d'une manière plus pondérée, dans son approche comme dans son contenu, l'étude de l'entrepreneuriat révèle des aspects novateurs qui sont mis à jour à différentes tribunes. Les mutations ainsi décrites se retrouvent dans la conceptualisation de la dynamique entrepreneuriale, dans la pratique de l'acte et dans le statut attribué à l'environnement. Dans ce schéma, comment les acteurs locaux peuvent-ils dynamiser leur territoire? Comment l'entrepreneur appréhende-t-il le monde? Comment cette vision est-elle intégrée dans la stratégie d'une entreprise solidaire? Quelles sont les modes de réponses des entreprises face aux mutations contextuelles? Comment les mutations financières sont-elles intégrées tant par les Institutions de microfinance que par les bénéficiaires? Telles sont les questions débattues dans la trentaine d'articles qui composent cet ouvrage.
Ces articles ont été choisis parmi les cinquante communications présentées lors des Journées Scientifiques du Réseau Entrepreneuriat de l'Agence Universitaire de la Francophonie qui se sont tenues à Antananarivo du 23 au 26 mai 2007.

Victor Harison, professeur à l'Institut National des Sciences Comptables et de l'Administration d'Entreprises (INSCAE) à Madagascar, est membre de la Commission Régionale d'Experts du Bureau Régional de l'Océan Indien de l'AUF. Il est ancien membre du Conseil d'Administration de l'Institut de la Francophonie pour l'Entrepreneuriat à l'île Maurice.
Claudine Ratsimbazafy, professeur à l'Institut National des Sciences Comptables et de l'administration d'Entreprises (INSCAE) à Madagascar, est membre du Comité de Réseau du réseau Entrepreneuriat de l'AUF. Elle est aussi responsable du laboratoire de recherche BRAIN de l'INSCAE. Elle est également correspondante scientifique de la revue Techniques Financières et Développement et membre du comité scientifique de la revue roumaine Management et Ingénierie Economique.

Gérard Alle, Lancelot fils de salaud (La fugue de l'escargot, L'arbre des chimères, Le vin des rebelles)

Lancelot, enfant, vit à Bordeaux. Adolescent, il s'enfuit en Bretagne, retrouve les traces de son grand-père breton, marié avec une jeune Berbère, et découvre que ni son père ni son grand-père ne sont des héros. Il exhume les secrets de famille enfouis au Maroc et en campagne bretonne au XIXe siècle. A 20 ans, il suit la trace de son père à Madagascar pour le tuer.

Madagascar vu du ciel dans un roman de Hugo Boris

Même Yann Arthus-Bertrand n'a jamais vu, et encore moins photographié, Madagascar d'aussi haut. Dans son nouveau roman, Je n'ai pas dansé depuis longtemps, Hugo Boris imagine l'expérience d'un cosmonaute soviétique qui passe plus d'une année en orbite terrestre. Ivan ne sait pas exactement à quoi il s'engage, puisque personne n'a encore vécu aussi longtemps en apesanteur. Il fait des ronds dans le ciel, en 1991 et 1992, comptant les orbites jusqu'à la 6798ème.
Un jour, un élément de la station tombe en panne. L'équilibre de l'appareil devient précaire. Il faut s'orienter à vue...
Ivan s'approche du hublot, cherche un repère à la surface de la Terre: l'île de Madagascar fera l'affaire.
- Qu'est-ce que tu fais? demande Bogdan.
- J'essaye de voir si on a déjà pris du roulis, dit-il en la masquant de son pouce.
Le doigt en l'air, un œil fermé, il attend qu'elle réapparaisse.
Petit à petit, l'île se dévoile sous son ongle.
La forêt est épaisse, mais traversée par un bras de sang. L'eau du fleuve est bien rouge, estime-t-il.
- Alors? fait Bogdan.
- Attends...
Il n'avait jamais remarqué. Une telle couleur, à cet endroit, ce n'est pas normal. Elle lui rappelle celle du sable dans certaines régions désertiques. Peut-être que le fleuve est plein de vase? Il ne voit pas d'autre explication possible au saignement de l'île. Le sol est devenu friable, les berges s'émiettent dans l'eau.
- Tu as vu comme ils ont attaqué la forêt, les Malgaches? demande Ivan.