January 20, 2017

Il y a 100 ans : Le savon à l’huile de caïman

Ce n’est pas du crocodile qu’on pourrait dire, comme d’un certain animal vêtu de soies : Tout en est bon depuis les pieds jusqu’à la tête ! Cependant, sans parler de son rôle religieux dans l’antique Égypte, ni de ses larmes dont il est fait une assez grande consommation, sa peau nous donne des portefeuilles, et voici que le Journal officiel de Madagascar et dépendances nous révèle une autre utilité du saurien au rictus féroce.
Un chimiste vient de présenter au gouverneur général de la colonie un savon de sa composition, à base d’huile de crocodile, et le Journal officiel décrit la composition et la fabrication de ce produit qui paraît appelé à un vif succès ; mélangé avec du graphite amorphe, abondant à Madagascar, mais que sa faible valeur commerciale empêche d’exporter, le nouveau savon donne un lubrifiant de très bonne qualité qui pourrait être utilisé pour le graissage des wagonnets de l’administration et des particuliers.
Il sera plus difficile de l’introduire dans les cabinets de toilette des élégantes de Madagascar, car, il faut bien l’avouer, l’huile de caïman a une forte odeur sui generis. Mais le cas est prévu ; le parfum trop accentué pourrait être masqué par l’addition, soit de phénol, soit de feuilles d’eucalyptus finement broyées.
« À blanchir la tête d’un nègre, on perd son savon », dit le proverbe ; mais qui sait ? le savon à l’huile de caïman le fera peut-être mentir.
Journal des Débats politiques et littéraires

Carnet rose

Nous sommes heureux de faire connaître à nos lecteurs que Madame Maury, femme du sympathique directeur de la voirie de Tamatave, vient de mettre heureusement au monde un superbe garçon qui a reçu le nom de Jean.
Par les temps douloureux que nous traversons, c’est avec satisfaction que la France doit enregistrer la naissance de ses futurs défenseurs. Pour notre compte nous adressons au nouveau-né nos meilleurs souhaits de bonheur, et prions ses heureux parents d’agréer nos plus vives et cordiales félicitations.

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 57 titres parus à ce jour.

January 19, 2017

Il y a 100 ans : Encore la question des graphites (2)

(Suite et fin)
Tandis que nos graphites ont plus de facilités, par la voie anglaise, d’être expédiés aux États-Unis, pays relativement neutre, mais nullement allié, où ils peuvent servir indistinctement à la fabrication des munitions destinées aux alliés aussi bien qu’à leurs ennemis.
La prohibition d’exporter nos graphites ailleurs qu’à Marseille porte bien pour prétexte de réserver à la France et à ses alliés les stocks qui leur sont nécessaires. Mais ce n’est là que… une formule d’autant plus odieuse que, sous le couvert de patriotisme, elle n’a réellement d’autre but que de favoriser un monopole, un courtage éhonté, car il nous est impossible, encore une fois, d’expédier directement nos produits soit en Russie, soit au Japon.
Cependant, étant donnée l’importance de sa production, en fait de munitions, ce dernier pays serait pour nous un excellent client.
Quant à la Russie elle-même, son marché ne serait point à dédaigner. Un de nos amis a reçu, de Moscou même, une demande de 500 tonnes de graphite par mois. Mais comment les expédier ? Pour envoyer seulement un échantillon de ce minerai, il lui a fallu, comme l’on dit, la croix et la bannière. Un envoi régulier et important devient par suite impossible.
Il nous paraît donc de toute logique et de toute équité que la demande d’exportation vise, d’abord et avant tout, les pays alliés. Là du moins nous serons sûrs que nos produits ne serviront pas à nos ennemis et, tant au Japon qu’en Russie, ils s’ouvriront un marché sur lequel, grâce à leur prix de vente, ils concurrenceront très avantageusement les graphites de Ceylan ou d’ailleurs.
Qu’on y avise donc, et le plus vite possible.

Réhabilitation

Une lettre venue du front nous fait connaître que P…, l’ex-employé des Douanes que nous avons tous connu, se trouve actuellement sur le front. Après avoir purgé sa peine jusqu’au dernier jour, P…, au début de la guerre, s’est engagé dans un bataillon d’Afrique, et aujourd’hui, au front, dans les toutes premières lignes, avec le grade d’adjudant, il cherche une occasion, qui ne saurait lui manquer, de se distinguer par une action d’éclat, et de conquérir ainsi ses droits à une brillante réhabilitation.
Nous ne saurions qu’applaudir à sa noble aspiration, et lui souhaiter les meilleures chances.

Le Tamatave

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January 17, 2017

Il y a 100 ans : Encore la question des graphites (1)

Dans sa séance du 26 août dernier, la Chambre des Mines de la Colonie, entre autres questions des plus intéressantes, s’est occupée de l’interdiction d’exporter aux États-Unis le graphite de Madagascar.
Nous avions déjà signalé le grave préjudice causé par cette interdiction aux exploitants de graphite de la colonie, et nous avions fait connaître les causes peu avouables de cette interdiction. La Chambre des Mines insiste sur la gravité de ce préjudice ; mais elle passe sous silence les causes que nous avions dénoncées.
Patriotiquement, elle fait ressortir que tous les exploitants de graphite sont parfaitement d’accord pour réserver, – d’abord et avant tout, – à la France et à ses alliés les stocks qui leur sont nécessaires. Il est à peine besoin de dire que nous sommes tous d’accord sur ce point.
Mais où notre manière de voir diffère considérablement de celle de la Chambre des Mines, c’est lorsque celle-ci déclare que la France et ses alliés n’absorbent qu’une faible partie de notre production. Elle ajoute que par suite les exploitants de la colonie devraient donc pouvoir légitimement disposer du surplus de leur production, et la Chambre des Mines ne voit d’autre pays d’exportation que le pays neutre des États-Unis.
Que fait-elle des alliés ? Nous mettons de côté l’Angleterre qui, par ses colonies, produit à elle seule de quoi fournir du graphite à toutes les autres nations.
Nous mettons également de côté l’Italie qui ne peut être pour nous un acheteur important.
Mais que dites-vous de la Russie et du Japon ? Ce sont des alliés ceux-là, et même des alliés des plus sérieux. Ils en donnent une preuve palpable à l’heure présente. Dans le Japon, 1 200 usines, occupant plus de 100 000 ouvriers, fournissant depuis longtemps, et exclusivement, aux Russes les munitions qui leur ont permis de réparer leurs désastres et de reprendre leur marche en avant.
Cependant, malgré la certitude que nos graphites ne serviraient pas à nos ennemis, il nous est impossible de leur en livrer une seule tonne.
(À suivre.)

Le Tamatave

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January 14, 2017

Il y a 100 ans : Les douanes à Tananarive

Une heureuse mesure, qui correspond au développement des transactions commerciales sur les Hauts Plateaux, vient d’être prise par le Chef de la Colonie. Un entrepôt réel des douanes est créé à Tananarive, à compter du 1er août 1916.
Désormais, les commerçants pourront laisser à l’entrepôt les stocks de marchandises passibles de droits de douane et de consommation. Ces droits ne seront acquittés qu’au fur et à mesure des retraits qui, avec les facilités de fractionnement, pourront n’avoir lieu qu’après vente ferme. De plus, pour les liquides en fûts, les droits n’étant perçus que sur les quantités sortant d’entrepôt, tous les déchets et pertes seront exonérés, par ce seul fait, des taxes qui, autrefois, grevaient plus lourdement les quantités livrées aux consommateurs.
Le délai d’entrepôt est de deux ans, mais il peut être prolongé sur la demande du déposant, par autorisation spéciale du service des douanes. Quant au tarif de magasinage, il a été fixé aussi bas que possible. Il comporte un droit unique calculé sur la valeur de la marchandise, d’après la déclaration du déposant. Ce droit, qui est de 0 fr. 25 par cent le premier mois, augmente d’une taxe égale, chaque mois, jusqu’au quatrième, puis seulement de 0 fr. 10 par mois du 5e au 24e inclus. Au-delà de ce délai, il est de 3 fr. 50 pour cent francs et par mois. Enfin, les déposants peuvent assurer leurs colis moyennant une taxe de 0 fr. 10 pour cent payable tous les six mois.
De vastes locaux ont été construits spécialement pour l’entrepôt réel, dans l’enceinte de la gare de Tananarive. Le bâtiment principal, réservé aux marchandises ordinaires, a été établi en bordure d’un quai desservi par deux voies ; il occupe une superficie de 510 m2. Un magasin annexe situé au fond de la cour de la petite vitesse est destiné à l’emmagasinement des matières inflammables ou dangereuses.
En somme, cette institution nouvelle, qui répond aux vœux du commerce, est une excellente réalisation dont le besoin se faisait sentir depuis l’ouverture de la voie ferrée entre Tamatave et Tananarive. Les avantages que le commerce local peut en tirer son inappréciables ; il convient, en le félicitant, de remercier M. le Gouverneur général de la décision qu’il vient de prendre.

Les Annales coloniales

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January 13, 2017

Il y a 100 ans : Madagascar s’inquiète de l’avenir (4)

(Suite et fin.)
La production annuelle de riz madécasse est supérieure à un demi-million de tonnes et pourrait facilement être plus que doublée. L’Indochine, dont de vastes régions sont impropres à la culture du riz, n’a-t-elle pas un rendement moyen d’environ 2 500 000 tonnes ?
Nos compatriotes de la Grande Île sont inquiets de ce que l’avenir leur réserve. Ils se rendent compte que non seulement la métropole aura besoin d’immenses ressources financières pour effacer toute trace de la guerre, mais que de nouvelles colonies, conquises sur les Germains, viendront accroître notre empire d’outre-mer. Alors ils se demandent s’ils n’éprouveront pas plus de difficultés encore qu’avant le 2 août 1914 pour trouver l’argent nécessaire.
Que nos colons se rassurent cependant. Après la guerre, il n’y aura plus en France de gens assez peu patriotes pour placer leurs capitaux à l’étranger. Or, la richesse de notre pays est infinie ; après la guerre, l’argent sortira de terre comme par enchantement et nos colonies en auront leur large part.
Maurice Raoult.

Le cheptel colonial et la métropole

De La Vie :
Le gouvernement de Madagascar et celui de l’Afrique occidentale ne pourraient-ils faire ce qu’une commune, ou un syndicat des communes, fait en France ?
L’exploitation du cheptel colonial, qui est destiné à âtre exporté à l’état de viande frigorifiée, les y conduira inévitablement un jour, car ils ne pourront laisser l’initiative privée établir au gré de sa fantaisie, dans les ports, les tueries où l’abattage de milliers de bêtes, sous le ciel tropical, constituerait un danger pour la santé publique.
Pourquoi ne pas commencer dès maintenant à agir ? Ces gouvernements ont déjà prouvé trop de valeur pour attendre des fautes commises avant de penser à mieux faire. En prenant cette initiative aujourd’hui, ils enrichiraient leur colonie et empêcheraient peut-être la ruine du troupeau français.
Ils le peuvent sans faire acte commercial.
Quel essor une telle initiative ne donnerait-elle pas à nos colonies agricoles ! et quel concours pour enrayer la crise économique qui nous menace ?

Le Courrier colonial

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January 12, 2017

Il y a 100 ans : Madagascar s’inquiète de l’avenir (3)

(Suite.)
On aurait tort de redouter quelque mauvais vouloir chez le paysan malgache : en effet, aux premiers temps de notre occupation, quand nous croyions devoir faire montre d’autorité, nous nous aperçûmes vite que l’indigène, exception faite pour le Sakalave, se montrait soumis et déférent envers le maître du pays : on lui disait que le « Fanjakana était son père et sa mère », qu’il allait apporter la richesse dans l’île, il le croyait. On lui disait de faire des routes, d’élever des maisons, il s’y prêtait docilement.
Ces indigènes, dépourvus d’initiative, aiment être dirigés ; il est donc facile d’orienter leurs cultures dans le sens désiré.
Le choix des terrains, les essais et le sélectionnement des espèces, etc., doivent être l’œuvre des colons, guidés par les jardins d’essais de la colonie.
Aussi bien, le plus difficile est-il fait aujourd’hui où les vastes rizières des régions côtières donnent des produits justement appréciés.
Pourquoi faut-il que l’essor de notre belle colonie soit entravé par le manque d’argent ? Que n’obtiendraient nos colons vaillants et tenaces si des capitaux abondants venaient soutenir leurs efforts ?
La prospérité de la Cochinchine, grâce à son riz, montre ce que Madagascar est en droit d’espérer de l’extension de cette culture, en dépit de l’élévation du fret et de la rareté des navires.
Le riz de nos colonies d’Extrême-Orient vient jusqu’à Bourbon qui, normalement, ne devrait pas aller chercher si loin un produit qu’elle a si près d’elle. L’Indo-Chine n’y perdrait rien, les débouchés du riz étant illimités.
Ce qui devrait encore encourager les capitaux à prendre la direction de la Grande Île, c’est la situation extrêmement avantageuse de cette colonie, placée à l’intersection de ce que les Anciens appelaient les grandes routes maritimes du monde, parce qu’elles facilitaient les transactions commerciales. Madagascar se trouve à l’un des principaux carrefours.
À quoi sert cette place privilégiée si Madagascar ne peut en profiter, si les navires qui viendront faire escale après la guerre n’y trouvent rien à charger ?
(À suivre.)
Maurice Raoult.

Le Courrier colonial

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January 9, 2017

Il y a 100 ans : Madagascar s’inquiète de l’avenir (2)

(Suite.)
Il serait oiseux de toujours répéter que, jusqu’à présent, nos colons n’ont pu compter que sur eux-mêmes, ce qui évidemment est une excellente chose, mais à la condition que ni la mauvaise volonté administrative, ni l’insuffisance du crédit ne viennent décourager les bonnes volontés et annihiler les initiatives.
Peut-on accuser nos producteurs de riz de n’avoir pas fait tout ce qui était nécessaire pour conquérir les marchés susceptibles d’écouler leurs récoltes ?
Nullement certes : au début, le riz malgache méritait de graves reproches ; il contenait une notable quantité de débris pierreux, fort désagréables quand ils entraient en contact avec les dents des consommateurs. En outre, ce riz était un mélange de variétés trop souvent médiocres qui ne pouvait soutenir la concurrence avec les excellents riz d’Extrême-Orient.
Mais précisément, producteurs et industriels de la Grande Île, reconnaissant l’exactitude de ces critiques, se sont efforcés d’améliorer leurs récoltes par la sélection des espèces et, en même temps, de les débarrasser de toutes les impuretés qui les dépréciaient.
Aidés en cela par l’administration, ils ont réussi à établir un type de riz tout à fait satisfaisant pour la clientèle qui s’offrait.
Aujourd’hui, au point de vue de la qualité, il n’y a plus guère que le riz des hauts plateaux qui demande encore à être amélioré, mais, comme nous le disions l’autre jour, c’est à la routine indigène qu’il faut s’en prendre. Il faut éduquer les cultivateurs malgaches, leur faire comprendre qu’ils ont tout intérêt à renoncer aux variétés trop rustiques qui ne trouvent pas preneur à l’étranger pour adopter des espèces à la fois préférées des acheteurs et susceptibles de fournir un grand rendement, ce qui intéresse par-dessus tout l’indigène. Ainsi les usines de la Grande Île pourront présenter à l’exportation un produit beaucoup plus uniforme.
 (À suivre.)
Maurice Raoult.

Le Courrier colonial

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January 6, 2017

Il y a 100 ans : Madagascar s’inquiète de l’avenir (1)

Nos correspondants de Madagascar, qui constatent l’importance prise par les importations de riz indo-chinois aux Philippines, se plaignent à juste titre que l’on ne se soit pas suffisamment préoccupé suffisamment en haut lieu de procurer de pareils débouchés au riz de la Grande Île.
Si l’on estime que les colons malgaches sont trop intéressés dans la question pour être vraiment impartiaux, nous ferons appel à des témoignages étrangers, comme celui de M. Porter, consul anglais, qui séjourna longtemps à Madagascar et connaît admirablement notre colonie. Ce fonctionnaire éminent a maintes fois déclaré que la culture du riz dans la Grande Île prenait une grande extension et que ce produit trouverait un débouché tout indiqué dans les territoires de l’Union sud-africaine, où il était très apprécié, notamment au Natal et au Transvaal.
Madagascar possède encore une précieuse clientèle à Bourbon où ses expéditions de riz ont doublé en quelques années et à Maurice où elles ont triplé. Voici déjà trois marchés assurés, représentant pour la Grande Île le même avantage que les îles Philippines pour l’Indo-Chine, la proximité, qui permet de lutter avec avantage contre la concurrence. L’avenir s’annonçait donc magnifique pour Madagascar sans cette affreuse guerre qui a ajourné la réalisation de ses plus légitimes espérances. C’est d’autant plus fâcheux qu’aujourd’hui, le riz est devenu un aliment mondial, dont la consommation, suivant les statistiques, dépasse même celle du blé.
Madagascar, dont les régions propices à la culture de ce produit se transformaient aisément en immenses rizières, traverse ainsi une crise dont la pénurie des moyens de transport accroît singulièrement la gravité. Elle exporte encore, mais combien peu, alors qu’elle pourrait fournir bien davantage, notamment à la mère patrie.
Tous ceux qui connaissent la Grande Île savent qu’elle deviendra rapidement un véritable grenier d’abondance le jour où la métropole ne lui dispensera pas trop avaricieusement les concours financiers indispensables à son développement.
(À suivre.)
Maurice Raoult.

Le Courrier colonial

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January 3, 2017

Il y a 100 ans : La crise de la monnaie

On nous écrit :
Tout le monde à Tamatave se plaint de la rareté de la monnaie d’argent, surtout des pièces de cinq francs. Je viens vous faire connaître de quelle façon ces pièces-là disparaissent de la circulation, afin que, par l’intermédiaire de votre vaillante feuille, à votre tour, vous le signaliez en haut lieu.
Tous les jours, sur la place de Tamatave, des Hovas et des Indiens et un ou deux Français que je pourrais nommer, raflent, moyennant une légère prime, la monnaie de toute nature, et toutes les pièces de cent sous qu’ils peuvent découvrir. Chaque semaine cette rafle atteint le chiffre respectable de 100 à 120 000 francs. Par le courrier du mardi soir, cette somme est portée à Tananarive, où elle est mise à la disposition des prospecteurs et négociants moyennant une prime de 2 et demi %. À tel point que les commerçants sont dans l’obligation de majorer d’une pareille somme de 2 et demi % les articles qu’ils vendent, lorsque ceux-ci leur sont payés en papier-monnaie.
C’est là une spéculation honteuse et antipatriotique au suprême chef ; mais il est parfaitement inutile de parler patriotisme à de tels spéculateurs. C’est, pour eux, un mot vide de sens, et qu’ils ne comprennent pas. Je ne me fais pas une idée des mesures qu’on pourrait prendre pour mettre fin à cet odieux commerce.
D’aucuns opinent qu’il serait possible d’imposer le cours forcé aux billets de banque. À mon avis, ce serait une très mauvaise opération qui discréditerait complètement cette précieuse monnaie. On pourrait peut-être procéder d’une autre manière, et, par exemple, démonétiser toutes les pièces de cinq francs sans exception, en accordant aux détenteurs un délai de six mois par exemple pour remettre leurs pièces soit au Trésor, soit aux caisses publiques, passé lequel délai, ces pièces n’auraient plus cours et ne seraient plus reçues. Je gage qu’il ne faudrait pas longtemps pour voir les caisses du Trésor regorger de pièces de cinq francs.
C’est ainsi d’ailleurs qu’après la conquête on a procédé pour la monnaie coupée.
Voilà mon idée. Que celui qui en aura une meilleure la donne, car la situation est intenable, et exige un prompt remède.

Le Tamatave

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January 1, 2017

Il y a 100 ans : Les tavy (2)

(Suite et fin.)
Mais voilà ! En montagne, il suffit de mettre le feu à la forêt – plus elle est épaisse, mieux elle est brûlée – puis, sans autre préparation, on y sème le riz, et alors l’indigène a devant lui plusieurs mois de doux farniente, qu’il passe couché sous une cahute, occupé à agiter des épouvantails destinés à éloigner les oiseaux que son riz tenterait.
Tandis que dans la plaine, il faudrait qu’il se donne la peine de remuer la terre et de détruire les mauvaises herbes. Le rendement serait sans doute supérieur ; mais cela le laisse indifférent, pourvu que la fatigue soit moindre. C’est là l’unique raison d’être des « tavy ».
Il est donc excessivement facile de les supprimer radicalement ; en même temps que les auteurs directs en soient punis, ainsi que les chefs de village et les chefs de canton responsables, que les chefs de district soient aussi sévèrement châtiés, et on en aura radicalement fini avec cet usage désastreux.

Les fraudeurs à la douane

Dans son numéro de dimanche dernier, un journal local nous fait connaître « qu’une fraude aurait été découverte ces jours derniers, et que le délinquant n’en serait pas à son coup d’essai. »
Nous allons mettre les points sur les i ; car le manège dure depuis trop longtemps et il faut que cela finisse.
Le fraudeur est un métèque, un Indien du nom de Hossen Moosahee Ditto, commerçant de notre place. Si fraude consiste à déclarer tissus écrus le contenu des balles qu’il reçoit et qui ne contiennent que des tissus imprimés en couleurs.
La différence de prix est telle que les maisons françaises voyaient depuis longtemps s’accumuler leurs stocks d’indiennes sans espoir de les vendre à cause du bas prix auquel le fraudeur pouvait les livrer. Et cela dure depuis des mois, au vu et au su de tout le monde.
Il est donc à souhaiter dans cette occasion que l’Administration des Douanes se montre des plus rigoureuses, d’autant plus qu’elle n’est peut-être pas à l’abri de tout reproche.
Dans le cas où la solution donnée par elle à cette affaire ne répondrait pas au désir que nous venons d’exprimer, nous nous verrions dans la pénible obligation de mettre les points sur les i d’une façon plus précise. A bon entendeur salut !
Il faut absolument que les commerçants français soient protégés contre les fraudeurs métèques.
L. B.

Le Tamatave

La Bibliothèque malgache en général et son animateur en particulier vous souhaitent le meilleur pour 2017, dont on me dit que ça y est, nous y sommes.

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