December 31, 2014

Il y a 100 ans : Œuvre patriotique des Dames de France à Tamatave

Le Comité de l’Œuvre patriotique des Dames de Tamatave est heureux de donner connaissance des termes d’une lettre reçue de Monsieur le Gouverneur Général Garbit.

Tananarive, le 30 octobre 1914.
Le Gouverneur des Colonies, délégué dans les fonctions de Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances
à Madame Bourgine
Tamatave.
Madame,
J’ai l’honneur de vous adresser mes vifs remerciements pour la noble et généreuse pensée qui vous a amenée à grouper autour de vous les dames de Tamatave en vue de faire parvenir, aux familles malheureuses qui souffrent à l’heure actuelle en France, des effets et des vêtements.
Je vous serai obligé d’exprimer me reconnaissance aux dames qui ont bien voulu vous assister dans cette charitable mission.
J’ai fait part à M. Clarke, Agent Général des Messageries Maritimes à Tamatave, du désir que vous m’avez exprimé sur l’expédition de ces dons et je suis certain que vous trouverez auprès de lui tout le concours que vous demandez.
Recevez, Madame, l’assurance de ma respectueuse considération.
Signé : Garbit.
Nous adressons également nos bien vifs remerciements à Monsieur l’Agent général des Messageries Maritimes pour l’aide qu’il prêtera en assurant le transport gratuit en France des vêtements destinés aux malheureux.
Le Comité.

L’assassinat de M. Chabas

La découverte des assassins de M. Chabas n’est pas récente comme on pourrait le supposer. Ceux-ci, en effet, ont été appréhendés dans les trois jours qui ont suivi le crime, grâce aux mesures habiles et énergiques qui ont été prises par la police.
À l’heure actuelle, le magistrat instructeur est en possession de toutes les pièces à conviction nécessaires trouvées chez les auteurs du crime.
On sait, en effet, que la victime avait été enfouie sous un tas de copeaux parmi lesquels se trouvaient des pots de vernis renversés.
Le rapport médico-légal a fait connaître que chacun des trois coups qui ont été portés à la tête de M. Chabas aurait pu à lui seul déterminer la mort instantanée.
Ce sont là à peu près les seuls détails que nous puissions dévoiler sans risquer de gêner l’action de la justice.

Le Tamatave


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December 28, 2014

Il y a 100 ans : La main-d’œuvre indigène (2)

(Suite et fin.)
Il n’en est plus de même en ce qui concerne la main-d’œuvre indigène en ville ; d’ailleurs ce n’est pas le même genre de travail ; la tâche est plus facile qu’à la campagne, ils ont de nombreux loisirs, on leur accorde de temps à autre quelques heures de sortie, des petits pourboires, ils ont des distractions en ville. Ils peuvent donc travailler d’une façon suivie et rester longtemps chez leurs maîtres ou patrons, ce qui arrive plutôt rarement.
La vie est si facile en ville pour l’indigène qu’il délaisse volontiers la campagne pour elle. Il y gagne aisément avec quelques heures de bricolage de quoi vivre toute une semaine ; c’est pourquoi vous les voyez trop souvent vous refuser le moindre travail. Ce sont de petits rentiers et de futurs vagabonds.
Spes.

Le carnet d’un boto de pousse-pousse

J’ai pu enfin trouver un nouvel emploi. C’est un fonctionnaire qui a bien voulu me confier le soin de le rouler… Depuis, cahin-caha, je le trimbale d’un café à l’autre et vice-versa.
Ces jours derniers un vazaha petit, boiteux et très hâbleur l’a hélé, pour lui demander une place dans son pousse.
Pendant tout le trajet je n’ai entendu parler que des événements actuels : la Guerre. Serait-il un ancien pensionnaire de l’Hôtel des Invalides, me suis-je demandé, car il clamait que les… [censuré]
Finalement j’ai su par le boto de la maison que ce n’était qu’un pauvre calicotier impropre à tout service.
Sarah B.

Chronique locale

La foudre
La foudre est tombée la semaine dernière à Imerimandroso, tuant un homme et blessant une femme et une jeune fille.
Droits sur les caoutchoucs
À partir du 1er janvier 1915, les caoutchoucs récoltés à Madagascar et Dépendances seront exonérés de tous droits de sortie. Ce droit est de 0 fr. 40 par kilogramme net.
Sur le Fanandrana
Plusieurs colons installés sur le Fanandrana se plaignent que de nombreux vagabonds viennent la nuit voler leurs récoltes et commettre ces actes de sabotage.
En fourrière
Un chien sans collier ainsi qu’une truie trouvés sur la voie publique ont été capturés hier et mis en fourrière.
Deux porcs trouvés sur la voie publique, rue Tananarive, ont été capturés hier et mis en fourrière.

La Dépêche malgache


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December 27, 2014

Il y a 100 ans : La main-d’œuvre indigène (1)

Avant de nous occuper de la Loi sur le Travail dont nous avons parlé précédemment, il est indispensable que nous traitions d’abord la question de la main-d’œuvre indigène tant en ville qu’à la campagne.
Pour cela, nous nous sommes adressés aux colons d’abord et aux indigènes ensuite pour leur demander leur opinion à ce sujet.
Les colons disent généralement que la main-d’œuvre pour l’instant est suffisante, mais que l’indigène, dès qu’il a quelque argent, se soucie peu de continuer à travailler ; il est pressé de jouir de ce qu’il a gagné et « plante » là tout travail.
Malheur à celui qui paie exactement à la fin du mois échu ! il est à peu près certain de constater le lendemain un nombre respectable de manquants. Alors que faire si on est en pleine récolte ou à un travail quelconque qui ne supporte pas d’interruption : fécondation, repiquage, etc.
Un autre danger aussi consiste à ne régler ses hommes que 15 ou 20 jours après le terme.
La réputation de mauvais payeur est immédiatement faite et, avec la publicité indigène, il est difficile de prouver le contraire.
Écoutons maintenant ce que disent les indigènes. Ils affirment que les colons ne sont pas tous réguliers dans leurs paiements et qu’engagés au mois ils doivent être soldés à la fin exactement et suivant les conventions établies.
Ils prétendent être libres de partir sans aucun préavis et jusqu’ici c’est ce qu’ils ont toujours fait.
Ce n’est peut-être pas un grand mal, car ils reviennent souvent quelques jours après reprendre leur emploi ; mais cela ne fait pas l’affaire du colon qui est resté des jours entiers sans une main-d’œuvre suffisante quand il a des travaux urgents.
Il est à remarquer que l’indigène, d’une nature assez dolente, ne peut travailler un mois tout entier sans prendre un petit repos, soit pendant, soit après – cela tient à ses habitudes. Il est vite fatigué (Disaka).
(À suivre.)

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December 24, 2014

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

Tel le cocher de fiacre, le boto de pousse-pousse est à la disposition de M. Tout le Monde et s’il ne voit rien de ce qui se passe derrière lui, il entend parfois, suivant d’où vient le vent, ce que l’on dit ; il devine même souvent ce qu’on y fait mais il reste digne, fait le sourd et pour cause, on le paie pour regarder devant lui, cela suffit à son bonheur.
Moi qui vous parle, j’étais dans les brancards du pousse-pousse qui conduisit notre ex-Gouverneur Général au quai d’embarquement.
C’était, comme vous le pensez, un bien grand honneur pour un indigène comme moi.
Tout de suite je me suis aperçu que le grand homme était triste. Cela doit être dur d’être dégommé après quatre ans de farniente.
Il n’a dit mot pendant près de la moitié du trajet.
Enfin, j’entendis.
— Poupoule !
— Albert !
Je crois vois-tu que j’ai eu tort de prendre cet arrêté, les douaniers de Tamatave ont une mauvaise réputation : ils voient tout et ne connaissent que la consigne. Si jamais l’un d’eux me fouille, il s’apercevra tout de suite que j’ai plus de mille francs sur moi et, impitoyablement, il va me prendre la différence. Ma pauvre galette que j’ai eu tant de peine à gagner.
Le grand homme se tut. Le couple était vraiment ému.
Nous arrivons au quai. L’homme à l’oreille fendue descend, trois mains officielles se tendent, il les serre affectueusement, il serre aussi la main du douanier de service qui n’en revient pas.
Enfin, il embarque et… vogue la galère ! – Il était si content qu’il en a oublié le cadeau auquel j’avais légitimement droit.
Depuis, je suis sans place, partout où je me présente, en me recommandant de mon titre de dernier boto de pousse de l’ex-Gouverneur, on me met carrément à la porte. Il paraît que ce n’est pas une recommandation.
J’ai été roulé, je m’en rends bien compte maintenant, mais ce qui me console c’est que le douanier de service l’a été aussi.
Sarah B.

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December 23, 2014

Il y a 100 ans : L’identité de nos boto (2)

(Suite et fin.)
Ils ne manquent jamais de vous apitoyer pour vous soutirer quelque chose, soit leurs journées de travail, vous promettant de revenir bientôt, soit une avance et ils partent le plus souvent pour ne plus revenir, malgré toutes leurs promesses.
Lorsque ce stratagème ne réussit pas, ils abandonnent le ton suppliant qu’ils ont pris et deviennent insolents pour qu’on les f… à la porte et obtenir ainsi le règlement de leur compte.
Que de fois ils s’en vont sans rien dire et le matin vous attendez en vain l’auxiliaire journalier qui vous laisse dans un cruel embarras.
Nous sommes à leur merci et tout cela parce qu’on est trop bon avec eux.
Pour obvier à tous ces inconvénients, il faudrait obliger le domestique indigène muni de son livret individuel sur lequel serait reproduite sa photographie à se présenter deux ou trois fois par mois à un bureau spécial de police, pour être soumis à un contrôle.
De même les employeurs devraient, quand un boto les quitte, faire une déclaration écrite à ce même bureau de façon à ce qu’il soit suivi.
En ce qui concerne les journaliers, tireurs de pousse-pousse, porteurs de bagages dans les gares, marchés ou en ville, ils devraient en dehors de leur carte individuelle être astreints à porter sur le bras une plaque avec un numéro ; et l’autorisation d’être journalier ne serait accordée qu’à ceux qui n’auraient jamais été condamnés pour vol ou abus de confiance.
Pour les indigènes venant de l’extérieur et qui séjournent dans les villes, il faudrait les obliger à faire une déclaration de domicile dans les 24 heures qui suivraient leur arrivée et s’inquiéter de savoir exactement d’où ils viennent et ce qu’ils veulent faire.
Le soir venu la circulation en ville devrait être interdite après 9 heures ou être l’objet d’une surveillance spéciale de façon à éviter les vols et les assassinats.
Enfin que doit-on faire pour les vagabonds qui travaillent une fois de temps en temps et traînent dans les villes leurs guenilles malpropres ?
Une loi sur le travail : Nous en parlerons prochainement.

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December 22, 2014

Il y a 100 ans : L’identité de nos boto (1)

Après les assassinats qui viennent d’être commis à si peu d’intervalle tant en ville que dans les environs, il serait peut-être temps de donner une identité aux boto qui nous servent journellement.
Nous leur confions tout, la garde de notre maison, le soin de préparer nos aliments, de tirer notre pousse-pousse et que sais-je encore, alors que nous ne savons rien de ce qu’ils sont, ni leur nom véritable, ni leurs antécédents, ni leur naissance, ni d’où ils viennent et nous sommes parfois très étonnés d’être un jour volés ou abandonnés par eux et qui plus est nous n’avons pas de moyens de recours bien efficaces contre eux.
Mais me direz-vous ils ont la carte ; oui, parlons-en !
D’abord ils n’en ont pas tous et nous ne leur demandons jamais quand ils entrent à notre service s’ils ont acquitté leurs impôts. Ce n’est pas du reste notre affaire.
Combien y en a-t-il qui se présentent avec la carte d’un camarade ? Cette supercherie ne se produirait pas si au livret individuel était jointe la photographie du titulaire, c’est un moyen vieux comme le monde, il est économique, facile, pratique et à la portée de tous et particulièrement de l’administration.
D’ailleurs en France, officiers, étudiants, nombre de fonctionnaires et en général, tous ceux qui veulent établir d’une façon irréfutable leur identité ont une pièce sur laquelle est apposée leur photographie.
Pourquoi n’en ferait-on pas autant à Madagascar, principalement pour l’indigène qui travaille en ville ?
Ce serait un moyen de contrôle efficace qui permettrait de les suivre d’emploi en emploi et de maison en maison, et de séparer ainsi les brebis galeuses et les trop grands amateurs de changement, qui bien souvent ne viennent chez vous que dans le but de se rendre compte des lieux.
Combien en avons-nous vu de ces boto qui prennent nos maisons pour des auberges où ils viennent passer 4 ou 5 jours alors qu’ils s’étaient engagés pour un mois.
Quand ils veulent partir, en vous prévenant, les prétextes ne leur manquent pas ; c’est un parent malade, un ami qui arrive après une longue absence, c’est un autre qui part, etc.
(À suivre.)

La Dépêche malgache


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December 16, 2014

Il y a 100 ans : Le loyalisme des indigènes de Madagascar

Marseille, 5 novembre. – Du correspondant particulier du « Matin ». – Nous avons pu nous entretenir avec M. Picquié, gouverneur général de Madagascar, arrivé hier dans notre ville, qui, accompagné de plusieurs fonctionnaires coloniaux, se rendait auprès du gouvernement à Bordeaux.
M. Picquié nous a déclaré :
— J’ai quitté Madagascar après un séjour de quatre années. Je rentre en France pour me reposer et pour rendre compte de ma mission au gouvernement français. Madagascar est aujourd’hui complètement pacifié. Les dernières bandes de Sakalaves rebelles ont fait leur soumission avant mon départ et leurs chefs sont venus m’affirmer leur loyalisme.
» La France, m’ont-ils dit, étant actuellement en guerre, a besoin de tous ses enfants et ses fils adoptifs. Elle peut compter sur notre dévouement.
» Un mois après la déclaration de guerre, les représentants des comités qui s’étaient formés dans toute l’île sont venus m’apporter la somme de 700 000 francs, provenant de souscriptions et destinée aux familles de nos blessés militaires.
» Madagascar possède actuellement une population de 3 500 000 habitants et ses ressources ont quintuplé ; des usines ont été créées dans les principales villes et le commerce prend chaque jour une extension de plus en plus grande. »
Le Matin

Madagascar et la guerre

M. Picquié, gouverneur général de Madagascar, est arrivé à Marseille.
M. Picquié a sollicité du gouvernement un congé pour venir lui rendre compte de sa gestion de quatre années consécutives dans notre grande île et prendre de nouvelles instructions par suite des événements actuels avant de retourner à son poste.
M. Picquié, dès la déclaration de guerre, avait immédiatement fait arrêter et interner les sujets allemands et autrichiens résidant dans l’île. De plus, il a fait sans retard saisir les biens et l’argent de ces internés et placer le tout sous séquestre, allant ainsi au-devant des instructions récentes du gouvernement.
Les colons et notamment les indigènes ont tenu avant le départ du gouverneur général de Madagascar à témoigner de leur vif attachement et de leur reconnaissance à la mère patrie et ont remis à M. Picquié une somme de 700 000 francs, produit d’une souscription pour nos blessés.

Le Temps


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December 14, 2014

Il y a 100 ans : Œuvre patriotique des Dames de France à Tamatave (3)

(Suite et fin.)
Un Comité a été immédiatement constitué. Nous en donnons ci-après la constitution, et il a été décidé que l’Œuvre fonctionnera de la façon suivante :
1° – Il est créé une Œuvre patriotique des Dames de Tamatave destinée spécialement à procurer des vêtements aux femmes, aux vieillards et aux enfants de France les plus éprouvés par la guerre.
2° – Cette Œuvre sera représentée et dirigée par un Comité de huit dames.
3° – Ce Comité sera composé de Mme Bourgine, Présidente, Mlle Bouviez, Secrétaire, Mme Jodin, Trésorière, Mmes Vigne, Autret, de Chazal, Fouchard, Tortel, Membres du Comité.
4° – Le Comité orientera les travaux de l’Œuvre, restera à la disposition personnelle de toutes les adhérentes, recevra les dons en argent ou en nature, coordonnera les collaborations manuelles qui lui seront fournies.
5° – Le Comité rendra compte en outre des résultats acquis par l’Œuvre.
Il sera chargé de faire en France les expéditions aux intéressés, sans frais.
6° – C’est au Comité qu’incombera la répartition du travail ; les adhérentes se mettront en relation à cet effet, soit avec la Présidente, soit avec l’une des dames membre du Comité.
7° – Les adhésions ne seront reçues que de la part des dames et des demoiselles, lesquelles collaboreront soit par des dons pécuniaires, soit par des dons d’étoffes et fournitures de couture, soit par leur travail personnel.
Néanmoins, il pourra être reçu de toute personne non adhérente des dons en argent ou en nature.
Il sera loisible au Comité de recourir au travail gracieux des femmes indigènes.
8° – Les dames qui n’auraient point donné leur adhésion à l’Œuvre lors de l’Assemblée du 29 octobre restent libres d’y adhérer ultérieurement.
Nous remercions les dames de Tamatave qui ont bien voulu en si grand nombre nous prêter leur concours et nous espérons arriver, grâce à la générosité et au patriotisme de toutes, à soulager quelques détresses. Les petits ruisseaux…
Nous devons aussi remercier les Tamataviens qui veulent bien nous aider par des envois en nature ou en espèces ; nous publierons au fur et à mesure la liste des généreux donateurs.
Et maintenant à l’œuvre pour la Patrie, pour la France !
Le Comité.

Le Tamatave


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December 12, 2014

Il y a 100 ans : Œuvre patriotique des Dames de France à Tamatave (2)

(Suite.)
Ne pouvons-nous pas, Mesdames, et, par conséquent, ne devons-nous pas procurer du moins, à ces femmes, à ces enfants, des effets qui leur sont d’autant plus nécessaires que l’hiver est proche ?
Mesdames, nous souhaitons la création d’une œuvre composée uniquement de dames et de demoiselles, et constituée aux fins de permettre aux Tamataviennes de la ville et de la Province de contribuer à secourir la misère qui sévit actuellement sur les femmes et les enfants de France, en leur procurant avant tout des vêtements.
Nous ne vous proposons nullement de fonder une Association, ni, par conséquent, d’élaborer des statuts ; il s’agit uniquement d’une œuvre patriotique et charitable, d’un groupement de toutes les bonnes volontés féminines ; et, cela va de soi, cette œuvre prendra fin avec les besoins qui l’auront créée, c’est-à-dire avec la guerre elle-même.
Quoiqu’il ne s’agisse pas d’une Association, l’existence d’un Comité semble pourtant nécessaire pour représenter l’œuvre, pour orienter, coordonner ses efforts et ses travaux, pour en centraliser les résultats, et en rendre compte dans des réunions ou par tout autre moyen. Ce Comité pourrait s’intituler « Comité de l’œuvre patriotique des Dames de Tamatave ». Il pourrait être composé de trois dames.
Toutefois, les trois dames qui ont provoqué la réunion de cette Assemblée n’ont nullement l’intention de s’imposer comme Comité ; et elles entendent, au contraire, laisser l’Assemblée libre de constituer le Comité qu’il lui plaira.
Mesdames, nous avons l’honneur de soumettre à votre approbation la création de l’Œuvre dont j’ai défini plus haut la raison d’être.
D’autre part, nous pensons que sa création comporte un appel général au concours de toutes, sous quelque forme que ce soit, et proportionné aux capacités et à la fortune, en un mot, aux ressources de chacune : travail matériel, dons d’étoffes, dons pécuniaires. Nous pensons, en outre, qu’il pourrait être recouru à la générosité des négociants de la place, des sujets de nations amies et de tous en un mot. Enfin, ne pourrait-il être fait appel également à l’adresse manuelle, ainsi qu’au loyalisme envers leur patrie d’adoption, de femmes indigènes ? Sur ces points aussi, Mesdames, nous sollicitons le secours de vos lumières.
(À suivre.)

Le Tamatave


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December 9, 2014

La mort de David Jaomanoro

C'est un article publié sur le site de Mayotte 1ère qui m'apporte, ce matin, la triste nouvelle: David Jaomanoro est décédé dimanche au Centre hospitalier de Mayotte, une semaine après avoir été victime d'un accident vasculaire cérébral. Il aurait eu 58 ans le 30 décembre.
En hommage à cet écrivain bourré de qualités et dont on ne regrettera que la minceur de la production, je republie un texte que j'avais écrit en 2006 à l'occasion de la publication de son recueil de nouvelles, Pirogue sur le vide.

On attendait cela depuis longtemps. Depuis 1993, pour être exact, l’année où une nouvelle de David Jaomanoro, « Funérailles d’un cochon », avait remporté le prix RFI. Elle avait été publiée l’année suivante, avec d’autres nouvelles lauréates, dans un recueil collectif. Republiée dans le gros volume Omnibus consacré à l’océan Indien.
Entre-temps, David Jaomanoro avait reçu la médaille d’or des Jeux de la Francophonie à Tana, en 1997. On avait pu lire quelques textes de lui ici ou là, dans « Revue noire », notamment. Ou, plus récemment, dans l’ouvrage composé par Dominique Ranaivoson, « Chroniques de Madagascar ». Sa collaboration avec Rajery, quand il avait écrit le texte de la chanson « Viavy » sur l’album « Volontany », avait été remarquée. Mais, en fait, il semblait avoir plus de chance avec le théâtre. Sa pièce « La retraite » avait été publiée, « Tanguena » avait été adapté à la scène au Centre culturel Albert Camus.
C’est donc un grand bonheur de voir paraître enfin un recueil de nouvelles, « Pirogue sur le vide », chez un éditeur – les Editions de l’Aube – qui a dans son catalogue un prix Nobel de littérature, l’écrivain d’origine chinoise Gao Xingjian et Vaclav Havel, qui fut dix ans président de la république tchèque. Entre autres.
« Notre » David Jaomanoro est donc en belle compagnie, et il le méritait bien. Son livre est en effet de très belle facture. On en connaissait certaines pages, mais de les trouver rassemblées avec celles qu’on ne connaissait pas encore leur donne une force supplémentaire : celle d’un écrivain à maturité, capable, à la manière d’un Raharimanana, de parler de tout sur le ton d’une poésie âpre, qui bouscule les esprits.
Installé à Mayotte depuis quelques années déjà, il puise à plusieurs sources, et ses textes sont au point de rencontre d’une triple culture : française, puisque c’est la langue qu’il utilise, malgache, bien sûr, mais aussi comorienne. La phrase fait le va-et-vient entre ces trois enracinements.
Prenons la nouvelle d’ouverture, « Le rêve d’Assiata ». Moins de dix pages (mais quelles pages !) pour dire une terrible nuit de noces, un combat entre celle qui est encore presque une enfant et son mari dont elle devient la quatrième femme. Le destin pèse sur Assiata, qui est la narratrice de sa propre histoire, et qu’elle clôt sur ces mots : « Je suis finie. »
David Jaomanoro n’est pas un auteur confortable. Il fouille des blessures anciennes, ravive les douleurs. Il s’en prend aux traditions et aux rapports de force qu’on ne voit plus à force de les vivre au quotidien. La lumière qu’il jette sur le monde est crue, brutale.
Ce n’est pas pour autant un monde sans espoir. La dernière nouvelle, « Ndzaka Lapiné » (qu’il faut comprendre « l’apnée », parce que Ndzaka est une spécialiste du plongeon), est l’histoire d’une autre fillette, étalée celle-ci sur plusieurs années. Elle paraît être une proie facile pour les jeunes caïds du coin – nous sommes à Mayotte, mais cela pourrait être n’importe où ailleurs. Mais elle a de la ressource, et elle fait mieux que se défendre. Elle se bat, elle tue…
Non, décidément, lire David Jaomanoro n’est pas ce qu’on appelle une partie de plaisir. Il vous jette souvent la violence à la figure, et il est peu de moments paisibles. Il remplit parfaitement, en cela, son rôle d’écrivain : être un éveilleur plutôt qu’un endormeur.
On n’est donc pas surpris qu’il ait été choisi, avec 39 autres écrivains francophones, comme invité du Salon du Livre de Paris, qui s’ouvre dans quelques jours. Avec le Grec Dimitri Analis, le Béninois Florent Couao-Zotti, les Congolais Emmanuel Dongala et Alain Mabanckou, la Sénégalaise Ken Bugul, la Hongroise Agota Kristof, la Belge Caroline Lamarche, l’Algérien Boualem Sansal, et tous les autres. Là aussi, David Jaomanoro sera en belle compagnie.

Il y a un an, il avait publié Le mangeur de cactus, que je n'ai malheureusement pas lu et dont voici la présentation en quatrième de couverture:
Un jour, un pêcheur est attiré par les chants d'une femme-poisson qui devient par la suite son épouse.Un jour, l'épouse et le petit garçon de Titiky lui sont arrachés, car il n'a pas apporté des zébus pour les funérailles de son beau-père; la jeune maman et son enfant sont donnés à un prétendant qui a offert des zébus.Un jour encore, une cérémonie des crachats est organisée en faveur de Tava pour le désenvoûter. Dès lors, il retrouve toute son habileté et peut enfin vivre de sa passion et de son art: la musique.La route d'un médecin vazaha croise un jour celui d'un vieux musicien autochtone; celui-ci est peut-être sorcier, devin, mort-vivant ou dieu. Les chants de sirènes, les histoires de zombies, les rites mystérieux entraînent les deux amis dans les arcanes de la pensée du grand sud malgache qui les rapproche singulièrement, jusque dans l'au-delà.
Enfin, pour en savoir plus, je vous renvoie à la page que consacre le site Île en île à David Jaomanoro.

December 8, 2014

Il y a 100 ans : Œuvre patriotique des Dames de France à Tamatave (1)

Le sentiment patriotique qui, dans un même et sublime élan, a soulevé toutes les femmes de France et les a portées aux initiatives les plus généreuses, aux actes de dévouement le plus élevé, enfin à tout ce que leur sexe leur permettait d’apporter au salut commun de la patrie, ce sentiment, dis-je, vient de se manifester parmi leurs sœurs des colonies.
La mentalité de la femme française, en effet, est toujours la même, quelle que soit la zone qu’elle habite, fût-ce aux antipodes.
C’est ainsi que, sur l’initiative toute de cœur de quelques dames de Tamatave qui sont Mesdames Bourgine, de Chazal et Jodin, a eu lieu, jeudi matin, au Théâtre municipal, une réunion en vue de la constitution d’un groupement destiné à venir en aide à nos malheureux compatriotes de la Métropole chassés de leurs foyers par l’ennemi.
Cette réunion a eu un succès complet, car ce n’est jamais en vain qu’on frappe au cœur de la femme française.
Quatre-vingt-dix dames de notre ville, malgré le mauvais temps et le courrier sur rade, ont tenu à assister ou à se faire représenter à cette réunion et ont adhéré à l’œuvre patriotique des Dames de Tamatave, créée en cette occasion.
Au début de la réunion, Madame Bourgine a prononcé la généreuse allocution suivante qui expose le but du groupement.
*
Mesdames,
Nous vous félicitons de l’accueil que vous avez bien voulu faire à notre appel, et de l’empressement avec lequel vous vous y êtes rendues. Et au nom de la France endeuillée, mais qui triomphera, grâce au dévouement de tous ses enfants, nous vous adressons nos remerciements émus.
Les tragiques événements actuels inspirent aux femmes d’outre-mer le regret unanime de ne pouvoir apporter leur aide à leurs sœurs de France, et travailler avec elles à arracher nos soldats à la mort ou à alléger leurs souffrances.
Cependant, malgré notre éloignement, Mesdames, nous pouvons être utiles à notre patrie. Nous savons l’innombrable cohorte de femmes et d’enfants réduits à la misère par l’enrôlement du mari, du père, et celle des malheureux qui ont dû se retirer devant l’armée ennemie, sans ressources et, trop souvent, presque sans vêtements.
(À suivre.)

Le Tamatave


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December 4, 2014

Il y a 100 ans : La commémoration des morts à Tamatave (3)

(Suite et fin.)
La Patrie a crié : « Formez vos bataillons ! »
Chacun de ses enfants à son appel d’alarme
S’est levé frémissant, les yeux vides de larmes,
Splendide, rayonnant, altier comme un lion.

Comme leurs grands aïeux, les vainqueurs en haillons
Dont l’épique renom fait la beauté des armes,
En sublimes héros que la mort ne désarme
Ils marchent en chantant vers les noirs tourbillons.

Ils s’en vont réparer l’outrage à la patrie
Qu’ils reportent sur eux avec idolâtrie,
Ils s’en vont, pour le droit et l’honneur, au trépas.

Pendant que les enfants et les femmes de France
Mêlent leurs pleurs d’amour à leurs cris d’espérance ?
« Combien s’en sont allés qui ne reviendront pas ! »

Aussitôt après, M. le Commandant d’Armes a prononcé l’allocution suivante :

M. l’Administrateur,
Mesdames,
Messieurs,
Cette cérémonie emprunte aux circonstances actuelles un caractère particulièrement impressionnant. Ce n’est pas seulement à nos morts tombés sur la terre malgache que nous rendons hommage, mais à tous ceux qui sont tombés déjà au cours de la guerre Sainte que nous soutenons en ce moment.
Vous tous qui dormez ici, vous devez tressaillir de joie en songeant que notre mortel ennemi va enfin être bientôt écrasé. À votre joie se mêle peut-être le regret de n’avoir pu prendre part à cette lutte grandiose.
Dormez en paix. La France sera vengée, et bien vengée, de toutes les humiliations qu’elle a subies.
Vous avez pratiqué ces vertus sublimes qui sont honneur, courage, discipline, solidarité et qui font les héros.
Vous avez sacrifié gaiement votre vie, puisque c’était pour la France qui devait sortir plus grande de ce sacrifice.
Si vous n’avez pas eu la chance de combattre l’envahisseur, songez bien qu’il est aussi glorieux de mourir en terre lointaine que sur la frontière. N’est-ce pas toujours pour la France ?
HONNEUR AUX MORTS !

À cette touchante cérémonie dont la musique du 2e tirailleurs a rehaussé l’éclat, assistaient au premier rang les enfants des écoles.

Le Tamatave


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