May 31, 2008

A lire en complément, à voir peut-être

Deux articles parus hier et qui peuvent intéresser ceux qui suivent l'actualité culturelle malgache:
Dans Le Monde, un reportage de Florence Evin, Madagascar, par la nationale 7, qui donne l'impression d'un voyage très bref (à moins que ce soit à suivre, mais ce n'est pas précisé).
Et, dans Le Soir, le texte que je vous avais annoncé à propos de Za, le roman de Raharimanana dont il était question ci-dessous, en même temps que sur un autre roman de Georges Yémy, Tarmac des hirondelles. Cela s'appelle Une langue qui râpe et dérape.

Et puis, pour ceux qui se connectent tôt et sont dans le coin, il y a tout à l'heure (10h30) un forum littéraire au CCAC (à Tana, donc), où j'aurai le plaisir d'interroger trois auteurs pour les jeunes, Jean-Claude Mourlevat, Laurence Ink et Jean-Pierre Haga.
Pour ceux qui ne pourront pas y être, voici quelques références de livres:
De Jean-Claude Mourlevat, L'Enfant Océan, La rivière à l'envers ou Hannah - parmi un nombre considérable de titres.
De Laurence Ink, Piège en forêt.
Et, de Jean-Pierre Haga, Vert de peur.

Maintenant, je vous laisse - je n'ai pas fini de préparer ce forum.

May 27, 2008

Raharimanana en pleine forme


Presque cinq mois déjà que Za, le nouveau roman de Raharimanana, est paru aux Editions Philippe Rey, et je finis seulement aujourd'hui de le lire. Lamentable, n'est-ce pas? Mais il arrive que je me propose de faire telle ou telle chose et que les circonstances décident à ma place. Je suis contraint de reporter cette activité au moment où le temps me sera plus favorable. Pour la lecture des livres, c'est souvent quand j'arrive à glisser dans Le Soir un article sur les titres que j'aspire à découvrir - et à faire découvrir. Voilà, pour Za, c'est fait, l'article paraîtra vendredi - et je pense que vous pourrez le lire sur le site du journal.
Je ne vais donc pas vous le faire maintenant (l'article). Mais je peux déjà vous dire que je suis soufflé par la maîtrise et l'exigence d'un texte formidable (je pèse mes mots).
Voici sans aucun doute le meilleur livre de Raharimanana, qui avait pourtant déjà donné quelques ouvrages importants. L'œuvre qu'il construit depuis Lucarne est de celles qui laissent des traces de plus en plus profondes au fur et à mesure qu'elle s'affirme. Cette voix - déformée dans le cas de ce roman par le zézaiement qui accompagne le personnage principal et qui produit une musique singulière - est celle d'un de nos contemporains capitaux, qu'on se le dise!
Et je m'arrête là, sans quoi je vais finir quand même par l'écrire ici, cet article.
Il me reste néanmoins à vous renvoyer vers quelques lieux qui font écho à ce travail, en commençant par le site d'Africultures où pas moins de quatre articles sont disponibles. Celui de Dominique Ranaivoson a été le premier à paraître, début février. Yves Chemla a suivi le 16 mai avec un autre article, en même temps qu'un entretien réalisé par Virginie Andriamirado. Et Taina Tervonen a conclu (provisoirement?) cette série il y a quelques jours.
Il faut aussi signaler, sur le site de Remue.net (où l'on trouve ce qui se fait de mieux en littérature contemporaine), un excellent article de Dominique Dussidour ainsi que la publication d'un inédit de Raharimanana, Danse.
Enfin (et j'oublie peut-être quelques autres références), Raharimanana répond à Philippe Bernard, auteur d'un article consacré à L'Afrique répond à Sarkozy, un ouvrage collectif auquel l'écrivain malgache a participé, dans un droit de réponse qui avait été refusé par Le Monde.
Ce sera tout pour aujourd'hui. Notez bien que, si Raharimanana est bien évidemment inspiré par Madagascar, sa parole porte aujourd'hui bien au-delà des rivages de la Grande Ile. On ne peut que s'en réjouir. Pour lui comme pour nous.

May 22, 2008

Bernard Giraudeau à Madagascar

Ce n'est pas le Bernard Giraudeau acteur. Ce serait plutôt l'écrivain. Et même pas tout à fait lui, puisqu'il s'agit de Marc Austère, le personnage principal des Dames de nage, un roman publié l'an dernier, qui vient de reparaître au format de poche.
Avant de devenir cinéaste et de tourner des documentaires dans le monde entier, il a été, très jeune, marin. Deux tours du monde dans cette profession lui ont fait faire escale à Tamatave, un lieu cité rapidement deux ou trois fois dans le roman.
Supposons donc que le marin n'a pas cru nécessaire de s'attarder au milieu des Malgaches. En revanche, le cinéaste, qui est bien le même homme avec quelques années de plus, s'est posé un peu plus longtemps. Ses souvenirs sont précis. Ce qui nous vaut une grosse page, vers la fin du livre. Une fois n'est pas coutume, je vais la citer en entier. La voici:
Un hiver de France, j'étais à Madagascar dans un village comme celui du bas. Je descendais une rivière, la Mangouke. Je filmais avec bonheur les rives sableuses, la joie des enfants à notre passage et ce que j'admirais le plus, qui était ma fascination, l'écoulement du temps à travers les regards paisibles, la femme surprise dans sa tâche, le visage du piroguier. Ce temps, ce temps libre que j'enchaînais dans une petite boîte et que je filmais sans jamais le vivre. Arrivé au village, j'avais continué à filmer, épuisant les batteries. J'étais resté une semaine à attendre un assistant qui devait me rapporter du matériel pour achever le film. J'étais fou de rage parce qu'il y avait toujours des scènes surprenantes, uniques. C'est souvent ainsi. Je me consolais à regarder et écouter les hommes et les femmes bavarder, rire. Il y avait une lumière vivante, une lumière de flammes qui faisait danser les corps et les ombres, pas la lumière morte de l'incandescence électrique qui fige la clarté. C'était un bonheur à vivre sans rien faire d'autre que d'être.
Un soir j'étais resté avec un groupe autour du feu. Il y avait un mélange de mots mystérieux mais je saisissais que l'on pariait, que l'on s'amusait des uns et des autres, dont moi, bien évidemment, avec une gaîté communicative. Un certain Momo me traduisit que c'était décidé, l'une était d'accord pour que je l'emmène en France. Rires facétieux. Personne ne craignait les regards dans l'ombre. Les dernières lueurs achevaient de danser sous les jupons qui frôlaient, sans innocence que celle de la nuit, les corps des hommes assis. Les femmes s'éloignaient furtivement. Celle que je devais "marier" fictivement se cachait la bouche avec son foulard et faisait sonner ses bracelets. Plus loin, elle reprenait un chant dont je ne connaîtrais jamais l'histoire. Je devine, ma belle. Une autre jeune fille très silencieuse, visiblement timide, m'intriguait. Elle se cachait toujours dans l'ombre, les mains sur le visage.
- Pourquoi te caches-tu? lui avais-je demandé.
- ...
- Je ne te mangerai pas, tu sais.
Elle avait répondu dans son dialecte et les gens autour de moi avaient ri en se claquant les cuisses.
- Qu'a-t-elle dit?
- "Dommage!"
J'étais resté étonné. Elle ne me regardait jamais. Je la fixais, un peu séduit tout de même, et elle continuait le jeu. Le lendemain je suis passé près d'elle.
- Alors tu trouves dommage de ne pas être mangée?
- Oui, puisque tu me plais et que je te plais.
- Et si je te mangeais, alors?
- Peut-être que ce serait dommage aussi.
Je ne suis pas autorisé, en principe, à citer un si long passage. Je me l'autorise cependant, en échange d'une citation faite, dans la même collection, d'un de mes articles à peu près aussi long.

May 6, 2008

Zafinamiry intime, un nouveau livre sur Madagascar


Les Editions Dodo vole de la Réunion viennent d'annoncer la sortie d'un ouvrage qui était très attendu: Zafinamiry intime. Johary Ravaloson et Sophie Bazin, fondateurs et animateurs de cette maison, en parlent sur leur blog:
Carnet de voyage associant texte bilingue français-malgache et photographies en noir et blanc, préfacé par Juliette Ratsimandrava, cet ouvrage voit le jour après dix années de rencontres entre les auteurs, Johary Ravaloson et Sophie Bazin, et les sculpteurs Zafimaniry, isolés sur les Hauts-plateaux malgaches, au savoir-faire reconnu par l'Unesco depuis 2003.
Proposant une incursion dans les questionnements liés à l'identité autant qu'un voyage dans le temps, ce livre sera présenté en avant-première au Salon du livre de Caen, sur le stand des Editions Dodo vole.
Pour nous joindre : dodovole@yahoo.fr

Quelques photos supplémentaires sont présentes sur la page consacrée à l'ouvrage.

May 2, 2008

SCRIBD : ne me demandez pas comment ça se prononce...

Pendant que la Bibliothèque malgache électronique (BME) reste bloquée à 40 titres, toujours pour cause de préparation d'un volume important de la Bibliothèque malgache contemporaine (mais je vous promets quelques bonnes surprises une fois que ce sera fait), des collaborateurs discrets mais efficaces continuent à faire circuler les textes que j'ai rééditer.
C'est ainsi que l'ensemble du catalogue disponible peut maintenant se lire en ligne, hors téléchargement, sur le site de Scribd, malheureusement en anglais. Mais il semble promis à un bel avenir - c'est-à-dire probablement au multilinguisme et, on l'espère, au français. En effet, le groupe Ebooks libres & gratuits a placé sur Scribd l'ensemble (je crois) de son catalogue, y compris les ouvrages de la BME.
Pour ceux qui préfèrent cette manière de lire les textes, l'occasion est belle.
Le "visualisateur" (il doit y avoir une traduction moins barbare de viewer, mais elle ne me vient pas à l'esprit) est assez commode et ressemble un peu, pour ceux qui l'utilisent, à celui de Google Books.
Et il reste possible de télécharger (download dans la langue de Shakespeare) les ouvrages, apparemment dans différents formats - PDF, DOC et TXT. Je n'ai pas tout testé, peut-être devrez-vous effectuer quelques expérimentations pour y parvenir.
De mon côté, pour vous simplifier la vie, j'essaie de mettre l'ensemble de la BME dans un groupe qui vous éviterait les étapes de recherches par lesquelles je suis en train de passer.
Et puis, je vais aussi ajouter, dans le catalogue ci-contre, les liens titre par titre. Mais pas aujourd'hui.
Je vous tiens informés, of course (comme ils disent là-bas).