C’est avec un réel
plaisir que nous reproduisons la harangue prononcée en l’honneur de M. Garbit
par M. David Romananjo, notable indigène de Tamatave, à l’occasion du vin
d’honneur qui lui fut offert lors de son départ de la colonie ; elle
synthétise magistralement le rôle que M. Garbit a rempli dans son
proconsulat et les regrets qu’il laisse parmi les colons.
« Monsieur le
Gouverneur général, les fonctionnaires, les notables, les commerçants et toute
la population malgache de Tamatave se sont réunis aujourd’hui pour vous
exprimer leurs profonds regrets d’être privés de votre bienveillant appui par
suite de votre départ imminent, vous qui êtes leur bienfaiteur, leur vrai Ray Aman-Dreny.
« Il nous est
impossible d’énumérer aujourd’hui les bienfaits que vous avez prodigués à notre
pays malgache, car tout en apportant le concours patriotique le plus large à la
mère patrie, hommes, argent et produits nécessaires à la défense nationale,
vous avez su améliorer sans cesse le sort de la population indigène et assurer
la vie économique de la Grande Île. Vous nous avez toujours donné de bons
conseils, vous nous avez toujours guidés dans notre loyalisme indéfectible
envers la France, vous nous avez encouragés à la servir avec zèle en nous
efforçant d’intensifier la production du sol qui est nécessaire aussi bien à la
Métropole qu’à la colonie. Et nous n’oublierons jamais, Monsieur le Gouverneur
général, que c’est grâce à vous que nos
désirs exprimés dès le début des hostilités sont aujourd’hui
réalisés : vous nous avez accordé la
faveur glorieuse de nous mettre en ligne auprès des vaillants soldats
français pour défendre la France, notre mère patrie.
« Nous sommes
profondément attristés de votre départ, Monsieur le Gouverneur général, mais
notre consolation est de savoir que vous avez demandé vous-même à participer à
cette guerre, guerre après laquelle la France victorieuse se trouvera plus
grande et plus sublime encore que ne l’avait faite son grand passé. Nous savons
que vous avez insisté pour remplir ce devoir sublime, pour combattre pour le
droit et la liberté, côte à côte avec vos illustres collègues et anciens
camarades de Madagascar, à la tête de vos jeunes Malgaches qui sont sur le
front.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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