Si la nouvelle du départ
de M. Garbit a soulevé dans tout Madagascar une si profonde émotion, ce
n’est pas seulement parce que la Colonie perdait en lui un homme de grande
valeur, colonial expérimenté, ayant fait montre de rares qualités comme
administrateur, mais aussi – et peut-être surtout – à cause de la menace,
suspendue sur nos têtes, de voir arriver, pour le remplacer, un parlementaire
ou arriviste quelconque, dont le nom était déjà chuchoté, ignorant tout des
colonies en général, et de la nôtre en particulier, et pour qui celle-ci
n’aurait été qu’un fief à gros bénéfices.
Mais quand on a été
renseigné sur son successeur, plus colonial encore et de plus d’expérience que
M. Garbit, comme on a pu le voir par ses états de service, il s’est
produit dans tous les esprits une grande détente et un grand soulagement qui
ont fait tourner vers lui les espérances que l’intelligente initiative de M.
Garbit avait fait naître.
On s’est dit, avec juste
raison, qu’un Gouverneur tel que M. Merlin, titulaire d’un poste que
M. Garbit n’occupait que comme intermédiaire, aurait – à tous les points
de vue – plus d’autorité que ce dernier pour mener à bien tant de travaux
d’utilité publique sans lesquels le développement rationnel de la Colonie est
impossible.
Du reste voici de quelle
manière Le Phare de Majunga présente
M. Merlin à ses lecteurs :
D’une correction parfaite, de caractère calme et
froid, d’un esprit pondéré et juste ; d’une expérience qui a fait ses
preuves. M. Merlin a laissé les meilleurs souvenirs aux nombreux
fonctionnaires d’Afrique qui ont servi sous ses ordres et aux colons qui, dans
ces contrées aux difficultés multiples, ont rendu hommage à ses qualités de
chef.
L’œuvre d’organisation et de pacification
accomplie dans les immenses territoires qu’il commande avec une autorité et une
science incontestées depuis quinze ans prouve que c’est un vrai chef que la
France nous envoie et nous pouvons avoir confiance dans la façon dont il
envisagera à solutionner les multiples problèmes qui se posent en ces temps
troublés pour l’avenir et la fortune de Madagascar.
Nous saluons donc bien
respectueusement M. Merlin à son arrivée dans notre colonie, où il peut
être sûr de voir se grouper autour de lui toutes les bonnes volontés.
Le Tamatave
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