June 28, 2015

Il y a 100 ans : Tribune libre (1)

La Dépêche malgache, organe absolument indépendant, publie, sous cette rubrique, tous les documents qui lui sont adressés, mais sous la responsabilité personnelle de leurs auteurs.
Tamatave, le 7 mai 1915.
Monsieur le Rédacteur,
J’ai lu dans la Dépêche du 1er mai courant quelques réflexions plus ou moins justes que vous faites sur le recours en cassation dont les indigènes de l’Île sont privés de par un décret de 1905.
De ce fait, vous vous apitoyez mal à propos, il me semble, sur le sort de Laurent Marcel.
En effet, qu’adviendrait-il, dites-vous, si Joseph Thomas et Gaston Morange étaient acquittés par une autre Cour criminelle ? Ce serait alors Laurent Marcel, parce qu’il est indigène, qui devrait subir seul une condamnation qui n’aurait plus sa raison d’être puisque, même s’il est reconnu innocent, il lui faudrait subir sa condamnation.
Je vous laisse la responsabilité de votre réflexion, car le défenseur de Laurent ne l’aurait pas mieux défendu.
Si le contraire, cependant, se produisait, et si, l’affaire ayant été renvoyée devant une autre Cour criminelle pour être jugée à nouveau, il arrivait, ce qui est très possible, que Joseph Thomas et Gaston Morange fussent condamnés à la peine capitale, qu’adviendrait-il ?
Une chose bien regrettable, à mon sens, vu que le plus coupable des trois serait plus favorisé que ses complices et resterait avec sa condamnation aux travaux forcés à perpétuité.
Laissons donc les événements se produire normalement et ne nous montrons pas humanitaires mal à propos.
Dans ce même numéro, j’ai lu qu’un compère chinois avait été expulsé du territoire de la Colonie, à la suite d’une condamnation correctionnelle qu’il avait encourue pour tenue de loterie non autorisée.
Parfait, je vous l’assure, cet acte de bonne justice, et puisse-t-il donner à réfléchir à ceux qui restent et qui continuent ces loteries chinoises, déplorables à tous points de vue.
La population tamatavienne devra brûler une grande chandelle le jour où tous les Chinois, racoleurs, marqueurs et tireurs de loteries auront été expulsés de ses murs.
(À suivre.)

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 24 titres parus à ce jour.

June 27, 2015

Il y a 100 ans : La guillotine (2)

(Suite et fin.)
Avec la guillotine, plus de boucherie et tous les fanafody n’auront pas grâce devant elle.
La décapitation frappera considérablement l’esprit des indigènes et produira des effets salutaires, d’autant plus que nombre d’entre eux, adonnés au tromba et à d’autres pratiques musulmanes, seront terrorisés de savoir qu’en cas de condamnation ils auront la tête tranchée, ce qui d’après eux leur supprimerait le paradis d’Allah ; ils éviteront donc à tout prix de commettre un crime.
On a déjà objecté que la guillotine entraînerait à des frais nécessitant un emploi de bourreau. Nous trouvons que la justice peut et doit largement faire le nécessaire pour enrayer les crimes qui commencent à être fréquents à Madagascar et combler le plus tôt possible cette lacune.
En France, on n’a pas hésité dans ce sens devant aucun sacrifice ; il nous semble que, dans une colonie neuve et en bonne voie comme Madagascar, il faut montrer la même énergie et ne pas s’arrêter devant une question de gros sous.
Avis aux autorités compétentes.
La guillotine s’impose !

Commencement d’incendie

Hier au soir vers 8 h. 45, alors que M. et Mme G… s’apprêtaient à se coucher, ils remarquèrent que de la fumée semblait sortir d’un cabinet de débarras contigu au salon. Mme G… ouvrit alors la porte de l’appartement en question et aussitôt d’énormes flammes envahirent la bibliothèque et le salon.
Aux cris de : au feu ! les voisins accoururent et avec l’aide de la police ils purent éteindre l’incendie qui avait déjà pris de grandes proportions.
C’est surtout grâce à l’initiative d’un voisin qui, monté sur le toit, avait défoncé à coups de hache une partie de la toiture donnant sur le foyer que le danger put être conjuré.

Remerciements

Monsieur Giquel remercie chaleureusement les personnes qui lui ont prêté assistance hier soir pour éteindre l’incendie qui s’était déclaré chez lui.
Il regrette de ne pas les connaître toutes pour pouvoir exprimer à chacune individuellement sa reconnaissance.

La Dépêche malgache

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June 26, 2015

Il y a 100 ans : La guillotine (1)

Nous aimons à espérer que désormais l’Administration ne nous donnera plus des spectacles aussi navrants que celui de mercredi dernier.
La foule qui assistait à cette triple exécution a été écœurée de voir la façon dont l’exécution a été faite.
Pour achever un des condamnés qui n’avait reçu du peloton que deux blessures insuffisantes pour provoquer la mort, l’une au flanc droit et l’autre à la tête, cette dernière provenant du coup de grâce, il dut, gisant sur le sol, être achevé tel un animal par quatre coups de revolver successifs dont deux à la tête et deux autres au cœur.
Ce fut une véritable boucherie et il s’écoula 12 minutes entre l’exécution et la mort réelle du condamné.
C’est horrible de penser qu’on puisse faire souffrir un être humain que la justice avait condamné à mort mais non à pareil supplice.
Que prévoit la loi ? L’article 12 du code pénal dit : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée. »
Pourquoi n’en est-il pas ainsi à Madagascar et passe-t-on par les armes les gens qui, condamnés par les tribunaux civils, relèvent uniquement de la guillotine ?
Si nous revenons aujourd’hui sur cette question si délicate qui avait déjà fait, il y a quelques années, l’objet d’une demande très judicieuse de notre ancien Gouverneur Général auprès du Ministère des Colonies, c’est d’abord pour éviter aux yeux de la foule des scènes aussi pénibles, aussi barbares que celles qui se sont produites le 6 mai. La guillotine tue sûrement et proprement et son emploi impressionnera plus profondément l’indigène qui se montre incrédule devant l’efficacité des balles.
Lors de la dernière exécution, les indigènes ne se sont pas gênés pour dire à haute voix que leur compatriote comme Haka, l’un des assassins de M. A. Bonnemaison, possédait un puissant fanafody contre les balles, et là-dessus ils racontent une foule d’histoires sur des exécutions capitales qui auraient soi-disant raté vu les talismans dont les condamnés étaient soi-disant pourvus.
Il importe de faire cesser ces superstitions qui prennent de plus en plus racine dans l’esprit par trop crédule de l’indigène, tant pour le bon maintien de notre puissance que pour mettre fin à tous ces errements.
(À suivre.)

La Dépêche malgache

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June 25, 2015

Il y a 100 ans : Tamatave et sa province (3)

(Suite et fin.)
10° Que les travaux de routes exécutés dans la province de Tamatave ne fassent pas abandonner le prolongement du canal des Pangalanes jusqu’à Tamatave, après achèvement de celui du sud, les routes et les voies navigables ayant toutes leur intérêt et correspondant à des besoins différents.
Le chef du service des travaux publics du port a été invité à procéder à l’étude du projet de canal du sud jusqu’à Tamatave, ces travaux étant liés à l’exécution du port.
En ce qui concerne l’exécution du canal du nord, cette question va être mise à l’étude.
Agréez, Monsieur le Président, les assurances de ma considération la plus distinguée.

La vie économique

La Chambre consultative et le Comice agricole au grand complet se sont réunis au Gouvernement général. La réunion fut particulièrement cordiale et montra une fois de plus l’union et la solidarité qui existent à Madagascar entre les colons et la Gouverneur général. D’importantes questions commerciales, agricoles et industrielles ont été successivement discutées et cet échange de vues ne peut avoir que les meilleurs résultats.
Les Annales coloniales

Les pierres précieuses de Madagascar

M. Garbit, gouverneur général de Madagascar, a avisé le président de la Chambre consultative, qu’à sa demande, le consul des États-Unis d’Amérique se charge de s’occuper, auprès des acheteurs de son pays, de faire connaître les pierres précieuses de la colonie.
Une collection de pierres, taillées et brutes, a été, à cet effet, adressée à M. Carter, qui la fera parvenir en Amérique. Le gouverneur général espère que, grâce aux dispositions qui ont été prises de concert avec le consul américain, Madagascar pourra, dorénavant, se passer de l’intermédiaire des acheteurs allemands et, en tout cas, pendant les événements actuels cela permettra de redonner un peu de vitalité à l’industrie extractive des pierres précieuses de la colonie.

Dernier écho de l’affaire O’Swald

Une maison de Majunga est sur le point d’obtenir la marque américaine de pétrole que la maison O’Swald vendait sur la place.
Ce serait encore, ainsi que nous le fait observer notre correspondant, un nouvel article de repris au commerce allemand, en même temps qu’il permettra de ramener le pétrole à son prix normal.

Le Courrier colonial

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June 23, 2015

Il y a 100 ans : Tamatave et sa province (2)

(Suite.)
5° L’exécution du projet de drainage de la plaine de Tamatave, étudié par le service de colonisation il y a quelques années ; que ce projet soit communiqué au Comice agricole.
Satisfaction vous sera donnée sur ce point. Le projet est à l’étude. Il vous sera communiqué dès que terminé.
6° Que les travaux de fokon’olona fassent l’objet d’un programme général arrêté une fois pour toutes pour la province de Tamatave, que ce programme soit suivi d’une façon ininterrompue, mais que cette étude n’interrompe pas les travaux en cours.
7° Que les produits du pays utilisables pour les troupes de Madagascar, tels que café, rhum, etc., soient achetés de préférence aux colons de Madagascar plutôt qu’aux autres colonies.
Le service de l’Intendance a été invité à donner satisfaction à ce vœu dans la plus large mesure possible. Des essais d’utilisation du café Libéria par les troupes sont actuellement entrepris.
8° Qu’un quai d’embarquement et hangar-abri soient construits au bord de l’Ivondrona à la gare de Mahatsara pour recevoir les marchandises et, s’il est impossible de prendre livraison ou de livrer les marchandises dans ce hangar, qu’une voie Decauville avec wagonnets les relie à la gare.
Le service des travaux publics construira à bref délai le quai d’embarquement et le hangar-abri au bord de l’Ivondrona près de la gare de Mahatsara, pour y faciliter le transit des marchandises. Ce hangar sera desservi par une voie Decauville et le matériel nécessaire pour les transports sera mis par la gare à la disposition des intéressés.
9° Que les principaux postes administratifs du district ou mieux de la province soient reliés télégraphiquement ou téléphoniquement au chef-lieu.
La possibilité de réaliser ce vœu est mise à l’étude. Toutefois, l’extension du réseau téléphonique de la Colonie fait l’objet de plans de campagne annuels. Celui de 1915 a été précédemment arrêté. La question qui intéresse le Comice de Tamatave sera examinée lors de l’établissement d’un des prochains plans de campagne.
(À suivre.)

Les Annales coloniales

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June 20, 2015

Il y a 100 ans : Tamatave et sa province (1)

Le Gouverneur général de Madagascar a adressé au président du Comice agricole une lettre répondant à des vœux formulés par le Comice et relatifs à la prompte exécution de certains travaux destinés à améliorer les communications et les transactions commerciales dans la province :
J’ai l’honneur, écrit M. Garbit, de vous faire connaître ci-dessous la suite que j’ai décidé de réserver aux desiderata dont il s’agit :
1° Que la route de Tamatave-Melville soit construite en un seul exercice et les travaux commencés immédiatement.
Les travaux de construction commenceront incessamment et seront conduits jusqu’à l’achèvement complet de la voie, que vous pouvez espérer pour la fin de février 1916. Le plan de campagne de 1915 prévoyait pour cette route un crédit de 50 000 francs, j’ai décidé de le porter à 162 000 francs afin de permettre l’exécution de la presque totalité de ce travail en 1915.
2° Que les études des travaux qui devront être faits par la main-d’œuvre prestataire soient commencées tout de suite. (Suit l’énumération des divers projets.)
3° Que la zone d’interdiction de 15 kilomètres de part et d’autre du chemin de fer pour la délivrance de concessions à titre gratuit ou onéreux soit annulée dans la région de Tamatave, où le chemin de fer ne donne aucune plus-value aux concessions.
Il ne paraît pas possible de donner satisfaction à ce vœu et de soustraire cette région au principe de la mise en adjudication des terres domaniales. Mais je vais faire procéder aussitôt que possible à la reconnaissance et au lotissement en vue de leur mise en vente aux enchères de tous les terrains domaniaux encore disponibles dans cette zone et susceptibles d’être attribués à la colonisation.
4° Que le chiffre de 5 fr. l’hectare pour les concessions à titre onéreux puisse être abaissé comme il l’est sur la côte ouest pour les terrains notoirement pauvres ou demandant des travaux dispendieux de mise en valeur.
Je suis disposé, en principe, à examiner la possibilité de donner satisfaction à ce vœu pour les terrains notoirement de peu de valeur ou situés dans des régions à déterminer, après avis du chef de service de colonisation et des chefs de province.
(À suivre.)

Les Annales coloniales

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June 19, 2015

Il y a 100 ans : M. le Gouverneur Général à Mananjary

M. Garbit n’a pas arrêté sa tournée dans le Sud à Fianarantsoa. Il a voulu visiter aussi la zone que doit traverser le chemin de fer portant les produits du Betsileo à la mer, ainsi que le point sur la côte auquel ce chemin doit aboutir.
Comme sur tout son parcours, il a été reçu avec le plus respectueux empressement, la plus grande cordialité et la plus profonde sympathie par toute cette population qui était accourue en foule compacte pour l’acclamer avec enthousiasme.
Après avoir solutionné sur place nombre de questions d’une certaine importance, M. Garbit s’est rendu à un vin d’honneur, – offert par tous les Européens, sans exception, – au cours duquel M. Laurater, Président de la Chambre consultative, a prononcé, en termes sobres et choisis, un discours de circonstance.
Se faisant l’interprète de la population entière, il commence par remercier chaleureusement M. Garbit d’être venu, malgré les occupations de l’heure présente, se rendre compte par lui-même des bassins de la région.
Il lui expose ensuite rapidement ces besoins principaux.
D’abord l’adduction d’eau potable pour la ville.
Ensuite la construction d’une voie ferrée reliant les provinces du Betsileo à la côte, car de sa construction dépend l’avenir de toutes ces régions, en même temps que la construction d’un port à Mananjary, servant de tête de ligne à cette voie ferrée. À ce sujet, il fait ressortir que la province de Mananjary vient au premier rang de la grande île au point de vue colonisation.
Il termine en formant des vœux pour le succès de nos armes.
Le Gouverneur Général a remercié en termes éloquents, et donné l’assurance formelle que satisfaction serait accordée promptement dans la mesure du possible aux desiderata de la population. Incessamment, les études du chemin de fer et du port vont être entreprises.
M. Garbit a laissé les habitants de Mananjary sous la meilleure impression, tant par la rapidité de ses décisions que par son accueil affable et son aménité.
Ainsi les habitants de Mananjary, d’accord en cela avec la très grande majorité des habitants de l’île, font-ils des vœux pour que M. Garbit soit titularisé dans ses fonctions de gouverneur général.
Correspondant.

Le Tamatave

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June 18, 2015

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

J’ai eu l’honneur, comme tous les Tamataviens patriotes, d’assister aux derniers départs des troupes pour le front. Je n’ai pas la prétention de vous raconter comment se passent ces embarquements, c’est toujours la même chose et cependant la foule tient à cœur de venir accompagner nos braves troupiers jusqu’au quai d’embarquement.
Pour l’avant-dernier convoi partant par le Sydney, la chaloupe n’était pas prête, aussi le chef de détachement, ne voulant pas exposer ses hommes au soleil brûlant de midi, se dirigea en attendant vers le hangar des transports civils et de la Douane. Horreur ! les pauvres pataugeaient dans une épaisse couche de ciment et la poussière soulevée prenait âprement à la gorge et aveuglait. Pendant ce temps, une grue travaillait à quelques mètres de là et accompagnait la musique d’une façon tout à fait désagréable. Ce n’est pourtant pas pour nous marier que nous partons disait, une fois assis dans la chaloupe, un de nos futurs poilus, on a eu soin cependant de nous blanchir des pieds à la tête.
Je voulais en arriver là : quand donc cet endroit où la Douane fait ouvrir nos colis à l’arrivée, où certains bagages de fonctionnaires continuant leur voyage demeurent parfois des semaines, ne servira-t-il plus de dépotoir ? Il est vrai que l’Administration locale s’en moque et, qu’entre l’humble voyageur et les gros fournisseurs de ciment, elle n’a pas à hésiter. Ce n’est pas aujourd’hui qu’elle commencera.
Sarah B.

État sanitaire

L’état sanitaire est loin d’être satisfaisant : on signale en ville quelques accès bilieux et plusieurs cas de fièvre dengue.
Ce genre de fièvre sévit actuellement à la Réunion et il est à remarquer que les premières personnes atteintes étaient récemment arrivées de la Réunion.

Exportation

Par le Sydney, il a été exporté : 22 tonnes de cire ; 2 de café ; 194 de graphite ; 38 de saindoux ; 87 de riz ; 25 balles de rafia ; 272 kilogrammes de vanille.

Exportation minière

En avril, il a été exporté de Madagascar par le port de Tamatave : 77 kil. 500 de poudre d’or ; 5 kil. 120 de pierres précieuses ; 324 kil. D’amiante ; 498 tonnes de graphite ; 3 tonnes de corindons.

La Dépêche malgache

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June 17, 2015

Il y a 100 ans : Recours en cassation (2)

(Suite et fin.)
Ne pourrait-on rapporter ce décret en étendant la faculté du recours en cassation aux indigènes surtout lorsque dans l’inculpation ils sont mêlés à des Européens ou assimilés ?
Comme les deux créoles condamnés ont signé leur recours, que va-t-il se passer si l’arrêt de la Cour criminelle de Tamatave est cassé et l’affaire jugée à nouveau par un autre tribunal ? Laurent Marcel déposera-t-il comme simple témoin ou sera-t-il de nouveau considéré comme inculpé ?
On aura une véritable salade judiciaire.
Nous trouvons que les éminentes personnalités qui représentent en haut lieu la justice à Madagascar devraient approfondir ce cas vraiment intéressant et trouver au plus vite une solution à ce problème.
En effet, qu’adviendrait-il si Joseph Thomas et Gaston Morange étaient acquittés par un autre tribunal ? Ce serait alors Laurent Marcel, parce qu’il est indigène, qui devrait subir seul une condamnation qui n’aurait plus sa raison d’être puisque, même s’il est reconnu innocent, il lui faudrait subir sa condamnation.
La Dépêche malgache

Copie du télégramme officiel n° 143-E

Président Conseil travail à Chef Province Tamatave.
Vous prie porter connaissance toutes personnes qui se sont mises en rapport avec commission travail que service travaux publics me signale nombreuses tâches de 1 500 francs à prendre Moramanga et Maevatanana ; que postulants s’adressent à moi ou Chef Service Régional Tananarive.

Copie du télégramme officiel n° 622

Tananarive, le 27 avril 1915.
Gouverneur Général à Comice agricole Tamatave.
Vous informe que tenant compte des difficultés actuelles et des demandes qui m’ont été présentées par certaines Chambres consultatives j’ai pris à la date 23 avril 1915 arrêtés suspendant : 1° droits de douanes et de consommation sur huiles minérales et essences employées dans moteurs explosion et autres ; 2° la taxe de consommation sur les sacs de jute et de chanvre ; 3° les droits de douanes et de consommation sur enveloppes en tissu de coton destinées spécialement à envelopper viandes frigorifiées exportées de la Colonie. Arrêtés seront promulgués télégraphiquement et immédiatement applicables.
Garbit.

Le Tamatave

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June 14, 2015

Il y a 100 ans : Recours en cassation (1)

La Justice a évolué à Madagascar. Autrefois les indigènes avaient le droit de se pourvoir en cassation, il n’y a même pas bien longtemps et nous ne souvenons pas exactement de la date, mais il y eut des exemples qu’il serait facile de retrouver.
En 1905 parut un décret ainsi conçu : « En matière criminelle et correctionnelle, les arrêts et jugements rendus en dernier ressort par la Cour d’appel et les tribunaux de Madagascar sont susceptibles de recours en cassation lorsqu’ils intéressent les Européens ou assimilés. »
De cette façon, les indigènes sont nettement privés de ce privilège et pourquoi ?
Dans une affaire retentissante qui vient de se dérouler devant la Cour Criminelle de Tamatave, les prévenus du crime d’assassinat sur la personne de l’entrepreneur Chabas furent condamnés, sauf l’un d’eux, à la peine des travaux forcés à perpétuité, savoir : Joseph Thomas, Gaston Morange et Laurent Marcel.
Les deux premiers, en qualité d’Européens ou assimilés, avaient droit au recours en cassation, tandis que pour Laurent Marcel sa condamnation était définitive.
Pour de la justice, c’est étrange. On admet pour les indigènes l’égalité devant la peine, mais pour eux, point de recours en cassation, pas de loi de sursis, même quand ils ont des Européens ou assimilés comme co-inculpés dont la mentalité est, dit-on, toujours supérieure à la leur.
Il y a là une erreur, une faute grave du législateur.
Ce qui fait la beauté de la loi, c’est de mettre tous les hommes sur le même pied d’égalité.
Dans la salle des débats, les personnes qui aiment la justice et s’intéressent à elle ont été péniblement impressionnées lorsque le Président de la Cour déclara à deux condamnés qu’ils avaient droit au recours en cassation et à l’indigène que ce privilège ne lui était pas accordé, étant indigène.
La chose parut d’autant plus choquante que les deux condamnés sont des étrangers, des Mauriciens, c’est-à-dire Anglais, tandis que l’indigène Laurent Marcel est un sujet français.
(À suivre.)

La Dépêche malgache

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June 13, 2015

Il y a 100 ans : Copie du télégramme officiel n° 133-A.C.

Tananarive, le 27 avril 1915.
Gouverneur Général à Administrateur Chef de Province Tamatave.
L’Administration de Madagascar, d’accord avec le Commandement militaire et l’opinion publique, désire que les règles d’appel soient rigoureusement et strictement appliquées, les sursis réglementaires nécessaires pour le maintien de la vie administrative et économique n’étant accordés qu’en vue de l’intérêt général et avec toutes les garanties d’opportunité et d’équité nécessaires ; ces règles sont les suivantes : primo, réservistes des 6 plus jeunes classes 1906 à 1911, aucun sursis pour les fonctionnaires, sursis très limités aux colons dont la présence est nécessaire pour la vie économique de la Colonie. La totalité des fonctionnaires appartenant à ces classes seront rapatriés sans exception aucune. La totalité des colons non mis en sursis seront rapatriés. Secundo : réservistes des cinq plus anciennes classes 1901 à 1905, sursis très limités aux fonctionnaires et aux colons. Les fonctionnaires appelés seront en totalité rapatriés. Les colons de ces classes seront en principe et jusqu’à nouvel ordre maintenus pour former la garnison de Madagascar quand tous les autres éléments auront été rapatriés. Toutefois pour les réservistes appelés à suivre le peloton, le rapatriement n’aura lieu que lorsque l’instruction conduite rapidement sera terminée. Tertio : les territoriaux seront appelés progressivement pour compléter le corps d’occupation de Madagascar lorsque les rapatriements en cours auront pu être effectués ; ils seront avisés le plus longtemps possible d’avance au moment opportun. Les sursis nécessaires pour le maintien de la vie économique seront accordés après examen approfondi et impartial de chaque situation individuelle. Quarto : les hommes appartenant à la réserve classés dans les services auxiliaires seront appelés successivement suivant les mêmes principes jusqu’à la classe 1902 incluse. Les Administrateurs sont invités à signaler à l’Administration militaire, Commandant Supérieur des troupes, tous les cas anormaux qui viendraient à leur connaissance et leur paraîtraient s’écarter des règles ci-dessus. Devrez afficher ce télégramme et lui donner toute la publicité nécessaire.

Le Tamatave

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June 10, 2015

Il y a 100 ans : Les Malgaches veulent se battre

M. Louis Lacoste exprime les désirs des soldats malgaches qui désirent se joindre à notre armée, auprès des Marocains, des tirailleurs sénégalais et des Tunisiens. Ils souffrent de leur éloignement pendant que se joue le grand drame, et ils réclament comme un honneur de venir prendre leur part du danger.
« Eh ! quoi, l’Angleterre appelle ses indigènes, écrit M. Lacoste, la France appelle ses tirailleurs marocains, algériens, sénégalais, et nous les Malgaches nous ne serions pas traités avec la même faveur par la grande France – nous serions inférieurs aux Marocains, aux Sénégalais, aux Algériens ?
« Sacrés indigènes, ils emploient, sans effort, des termes d’une noblesse grave et qui sont saisissants. Ils veulent partir. Et déjà plusieurs bataillons mobilisés dès de 4 août 1914 s’entraînent dans l’attente angoissante d’être bientôt appelés.
« Tireurs émérites parce que très calmes, marcheurs pouvant défier toute concurrence, ils se familiarisent avec les nouveautés de la guerre moderne – habitués à glisser au milieu des herbes, des ronces, des branches touffues, rien ne saurait les arrêter et leur patience éprouvée leur permet de toujours arriver, sans se faire voir, au but qui leur est indiqué.
« Ils feraient, pour la guerre actuelle, des patrouilleurs précieux ; encadrés par leurs chefs habituels, ils forment des masses imposantes, capables aux moments décisifs et de l’assaut d’enlever n’importe quelle position. »
Que l’on donne satisfaction aux braves soldats de Madagascar.
L’Homme libre

Échos

Si le turf chôme encore à Paris, il n’en est pas de même à… Tananarive.
La saison des courses vient, en effet, de rouvrir à Madagascar, car il y a des courses de chevaux dans la grande île, et des courses parfaitement organisées et très suivies.
Ce sport remonte là-bas à l’année 1906. Il y fut organisé, pour l’encouragement à l’élevage de la race chevaline, par M. Augagneur, alors que notre actuel ministre de la marine était gouverneur de Madagascar.
Et peut-être verrons-nous quelque jour courir sur nos hippodromes de Paris des lauréats de l’hippodrome de Tananarive, venus pour se mesurer avec les grands favoris de l’aristocratie hippique.

Le Figaro

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 24 titres parus à ce jour.

June 9, 2015

Il y a 100 ans : Routes de rêve

Ceux de nos lecteurs qui ont feuilleté une notice publiée, en 1902, sous les auspices du gouvernement, et intitulée : Diego-Suarez, ont pu voir, mentionnée parmi les moyens de communication, la route d’Antsirane à Vohémar, et traversant la forêt d’Ambre.
Quel est le scribe qui a bien pu rédiger ce passage ? Sur quels documents a-t-il étayé son argumentation ?
Aujourd’hui, an de grâce 1915, malin serait celui qui pourrait se servir de cette route, pour la raison bien simple qu’elle n’a jamais existé.
Tout récemment, les habitants ont eu une lueur d’espoir, ce fut lors du passage du gouverneur général… Mais il n’en fut rien.
D’ailleurs, peut-être fit-on bien ! Cette route ou, plus exactement, ce projet de route demanderait aujourd’hui à être modifié, en raison de la route des Placers sur laquelle le tracé devrait s’amorcer de préférence à la route de la Montagne d’Ambre.
Reliant alors Vohémar à Antsirane, cette route serait la route rêvée (je ne dis plus : la route de rêve) et vivifierait le nord de la Grande Île ; l’agriculture y trouverait un auxiliaire immédiat ; quant à l’industrie et au commerce, ils en recevraient une impulsion qui se ferait sentir, par ricochet, à Diégo et à Vohémar.
Et puisque j’ai parlé de la route des Placers, accordons-lui aussi quelques lignes. Cette route a cela de particulier, qu’elle ressemble au chemin de fer de Tamatave à Tananarive. Peut-être est-ce une particularité propre à Madagascar, mais je me souviens qu’en 1906 – ou 1907 – il fallait, pour user de cette voie ferrée, prendre un bain ou le bateau, le rail disparaissant au canal des Pangalanes.
Or, la route des Placers, qui eut jadis son utilité, reconnaissons-le, coûte très cher et n’est pas achevée. Plus d’un entrepreneur y perdit son temps et son argent, et maintenant, on y… perd pied chaque fois que la route traverse un cours d’eau, l’état de guerre ne permettant pas la livraison des ponts métalliques.
Il est vrai qu’on va y installer des ponts en bois… Mais quand ?… L’aoriste est un temps grec qui cadre mal avec ces 100 kilomètres de route qu’on ne peut utiliser à moins de savoir nager.

Le Courrier colonial

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June 6, 2015

Il y a 100 ans : Un bon point à M. Lebureau

Hier matin, vendredi, 23 courant, les voyageurs qui allaient prendre le train de 5 h. à la gare du T. C. E. ont été très agréablement surpris de trouver une partie de la rue du Commerce éclairée a giorno. Cet éclairage, il est vrai, ne partait que de la librairie Bachel, pour s’arrêter net, en face du Salon de coiffure Parisien.
Mais, de ce point à la gare, obscurité complète, comme aussi dans les autres rues de la ville où l’on ne voyait goutte.
Dans la partie éclairée de la rue du Commerce, il y avait bien, d’ici de là, quelques lampes qui s’éteignaient. Mais les autres ont continué à brûler bien avant dans la journée, défiant la clarté du soleil qui n’a pas réussi à les éteindre.
Trop pour les uns, pas assez pour les autres… Est-ce une mise au point qui fait défaut ??…
Hélas ! cela n’a duré que ce que durent les roses. Aujourd’hui, samedi, dès avant quatre heures, obscurité complète dans toutes les rues de la ville sans exception.
Les militaires qui, – pressés, – se rendaient à la caserne, se heurtaient sans les voir aux voyageurs qui, tout aussi pressés, allaient à la gare prendre le train de 5 h. ou porter leurs lettres.
Décidément M. Lebureau se… moque par trop du public.
Un voyageur.

Mouvement de troupes

1° Les militaires dont les noms suivent sont remis à la disposition du Département et embarqueront sur le Sidney le 28 avril 1915 :
Caporaux Lebreton et Gabiou.
Soldats Pinel, Morné, Bouvet, Velia, Amat, Prunier, Boyer, Sensé, Maillot et Martin.
2° Du bataillon de l’Émyrne, un capitaine, un adjudant-chef, un sergent, deux caporaux et 46 soldats.
D’autre part, la Tribune du 23 avril dernier annonce ce qui suit :
Par le prochain courrier, une centaine de sous-officiers, caporaux et soldats quitteront Madagascar à destination de France.
On dit également que la compagnie de marche du bataillon de l’Émyrne sera dirigée prochainement sur Diégo-Suarez, où elle s’embarquera avec d’autres troupes pour une destination inconnue.
Et de fait, sur le vapeur La Ville d’Alger de la Cie Havraise Péninsulaire, en rade depuis trois jours, sont aménagées trois cent douze couchettes destinées aux militaires que ce vapeur doit embarquer.

Le Tamatave

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June 4, 2015

il y a 100 ans : Deux livres d’or coloniaux

Dans chaque numéro du Journal Officiel de Madagascar on peut lire l’avis suivant :
Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances publie, sous la rubrique : « Morts au champ d’honneur ! » les noms de tous ceux tombés glorieusement pour la patrie qui, à un titre quelconque, se rattachaient à la colonie : militaires de tous grades et fonctionnaires qui y ont été en service, colons qui y ont séjourné, parents des personnes qui y sont fixées.
C’est là un livre d’or vraiment colonial, vraiment démocratique : tous les coloniaux égaux devant l’autel de la Patrie, égaux dans le sacrifice, égaux dans la gloire. Il n’y a rien là qui ne puisse être approuvé de tout le monde.
Mais voici que le ministre des Colonies établit, lui aussi, son livre d’or colonial. Partant sans doute de ce principe que les colonies ne sont faites que pour les budgétivores, il n’y admet que les militaires et les fonctionnaires. C’est bien cela. Les colons ? D’abord, est-ce qu’il y en a ? et, s’il y en a, est-ce que ça mérite l’honneur qu’on s’occupe d’eux ?
Puis, dans un discours, se ravisant, il annonce que « l’activité économique aurait repris dans les colonies. »
L’activité économique ? Mais cela laisserait entendre que dans les colonies il y a des colons, mais des colons qui travaillent, et réagissent de leur mieux contre les difficultés de la situation.
Le ministre oublie que s’il y a eu crise, et si l’activité économique a subi un temps d’arrêt, ce n’est pas à la mobilisation qu’on le doit, mais à l’impossibilité d’exporter les produits coloniaux par suite soit du manque de bateaux pour transporter ces produits, soit des prohibitions d’exportations édictées par le même gouvernement dont fait partie ce même ministre des Colonies.
Qu’on nous donne des bateaux pour transporter nos produits, et qu’on facilite la sortie des produits qui ne sont pas contrebande de guerre, et le ministre verra si l’activité économique ne reprend pas vite aux colonies, grâce aux colons qu’il rejette de son livre d’or.

Le Tamatave

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June 3, 2015

Il y a 100 ans : M. Garbit à Majunga (6 et fin)

(Suite et fin.)
Pour compléter cette mesure et la rendre plus générale, deux sections européennes des bataillons de l’Émyrne et de Diégo-Suarez seront créées à Tamatave et à Majunga.
J’ai, d’autre part, désigné une commission qui a pour mission de mettre en rapport les commerçants et les industriels mobilisés ou ayant du personnel mobilisé avec des personnes que les événements privent momentanément de leurs emplois. Par ce rapprochement, j’espère que nous pourrons être utiles à la fois aux uns et aux autres.
Un crédit spécial a été ouvert pour l’octroi de bourses sans examen aux enfants de colons mobilisés ; seule la situation des parents sera considérée.
En outre, pour les petits colons qui n’ont ni commerce ni industrie, mais possédant une maison, du mobilier, etc., l’administration prendra le soin d’en assurer la sauvegarde.
Ainsi, nous aurons aidé la France dans la mesure où nous le pouvons, par nos moyens militaires et par nos ressources économiques.
Messieurs, je tiens à remercier le représentant des Hellènes de Majunga. Tous les Français ici présents ont été touchés des paroles qu’il vient de prononcer.
Les paroles prononcées par M. Frangopoulos ramènent notre pensée à nos soldats qui combattent et meurent pour la liberté du pays et de l’Europe, pour le maintien de l’intégrité de son territoire et, ne l’oublions pas, pour l’intégrité de son domaine colonial particulièrement visé par l’agresseur.
Nos pensées vont à la France, qui nous donne le spectacle inoubliable d’une union de tous ses enfants.
Messieurs, je vous propose de boire à nos glorieux soldats.
Je vous propose de boire à la grande et puissante Nation, ici représentée, qui, à l’heure de l’alarme, vint se ranger à nos côtés.
Je vous propose de boire à tous nos alliés, à ceux d’aujourd’hui et à ceux de demain, qui brûlent de joindre leurs armes aux nôtres et d’entrer à leur tour dans la lutte.
À la Patrie, plus chère encore lorsqu’elle est lointaine, à sa gloire, à son triomphe, qui sera celui du Droit, de la Justice. À la grandeur de la France et à son rayonnement dans le monde.

Les Annales coloniales

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June 2, 2015

Il y a 100 ans : M. Garbit à Majunga (5)

(Suite.)
Il importe donc que les ressources ordinaires du budget soient réunies en totalité, dans un avenir prochain, à la continuation et à l’entretien de ce réseau, qui devra d’ailleurs être étudié avec la plus grande prudence et le plus grand soin, afin d’exécuter les voies reconnues les plus nécessaires.
Mais il est d’autres travaux qui doivent, par leur nature, faire face tout au moins à leurs dépenses d’entretien, tels les chemins de fer, ports, etc.
Dans ce cas, et dans ce cas seulement, il peut être légitime de recourir à l’emprunt. Le congrès, dont la réunion à Tananarive est due à l’initiative des colons de Majunga, étudiera ces questions en vue des études préliminaires.
Son objet sera de préparer un programme d’ensemble des grands travaux intéressant toutes les régions de la colonie et d’en régler l’ordre d’urgence. Il sera ensuite possible d’en poursuivre progressivement la réalisation.
Dès mon arrivée dans la colonie, j’ai fait ce qui dépendait de moi pour faire face à la situation présente, pour réduire au minimum la répercussion des événements sur la vie économique du pays.
Aujourd’hui, au point de vue militaire, un nouvel effort de la colonie est rendu nécessaire. Nous devons aider la Métropole de tout notre pouvoir. Cet effort, je sais que vous êtes résolus à l’accomplir.
J’ai cependant pris toutes les dispositions possibles pour concilier les obligations imposées de l’heure avec le souci de maintenir la vie économique du pays.
J’ai nommé pour la révision des sursis une commission composée de militaires et de colons, les indisponibles seront désignés sur les propositions de cette commission qualifiée par sa composition pour concilier les nécessités en présence.
Pour le surplus, l’autorité militaire, d’accord avec moi, s’efforcera de régler les affectations de façon que les colons gradés de la réserve et de la territoriale, tout en remplissant leurs devoirs militaires, puissent continuer à s’occuper de leurs affaires.
(À suivre.)

Les Annales coloniales

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June 1, 2015

Il y a 100 ans : M. Garbit à Majunga (4)

(Suite.)
Je suis revenu dès que je l’ai pu dans cette ville qui évoque en moi tant de souvenirs anciens. J’y suis revenu non pour vous faire une visite officielle avec l’apparat traditionnel, qui n’aurait pas été de circonstance en l’heure présente. Je ne suis pas venu non plus pour vous exposer un programme électoral, je ne considère pas que Madagascar soit mon fief ni ma propriété et que j’y possède des électeurs dont il m’importe de conserver les suffrages.
Je suis venu tout simplement pour causer, en ami, des choses qui vous intéressent, qui intéressent votre région, et qui, par conséquent, doivent intéresser l’administration.
J’ai rencontré parmi vous, mandants des trois assemblées locales, un esprit dont je ne puis que vous féliciter, bien que M. Orsini l’ait qualifié d’un peu frondeur, j’ai constaté que vos propositions, vos demandes étaient mûrement réfléchies et étudiées. M. Orsini vous a dit que j’ai dès maintenant retenu un certain nombre d’entre elles ; je ne vous les énumérerai pas.
Je ne suis pas venu vous faire des promesses. Ce que fait l’administration, c’est donc qu’elle doit le faire et vous ne lui devez aucune reconnaissance, ne l’oubliez pas, elle le fait avec l’argent des contribuables, avec le vôtre, par conséquent. Ce qu’elle vous donne, elle commence par vous le prendre. Son rôle n’est pas de créer des ressources, mais de coordonner celles dont elle dispose et de les employer au mieux de l’intérêt général.
Les conditions d’organisation économique de ce pays sont particulièrement difficiles : il compte une étendue de près de 600 000 kilomètres carrés pour une population de trois millions d’habitants. Or, si les charges nécessaires à sa mise en valeur (routes, télégraphes, services publics de transports, etc.) sont proportionnels à son étendue, les ressources dont il dispose sont, au contraire, proportionnelles à sa population, en admettant même qu’il ait le moyen d’effectuer de vastes réseaux de routes, où il atteindra la limite de sa puissance d’entretien.
 (À suivre.)

Les Annales coloniales

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