June 4, 2015

il y a 100 ans : Deux livres d’or coloniaux

Dans chaque numéro du Journal Officiel de Madagascar on peut lire l’avis suivant :
Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances publie, sous la rubrique : « Morts au champ d’honneur ! » les noms de tous ceux tombés glorieusement pour la patrie qui, à un titre quelconque, se rattachaient à la colonie : militaires de tous grades et fonctionnaires qui y ont été en service, colons qui y ont séjourné, parents des personnes qui y sont fixées.
C’est là un livre d’or vraiment colonial, vraiment démocratique : tous les coloniaux égaux devant l’autel de la Patrie, égaux dans le sacrifice, égaux dans la gloire. Il n’y a rien là qui ne puisse être approuvé de tout le monde.
Mais voici que le ministre des Colonies établit, lui aussi, son livre d’or colonial. Partant sans doute de ce principe que les colonies ne sont faites que pour les budgétivores, il n’y admet que les militaires et les fonctionnaires. C’est bien cela. Les colons ? D’abord, est-ce qu’il y en a ? et, s’il y en a, est-ce que ça mérite l’honneur qu’on s’occupe d’eux ?
Puis, dans un discours, se ravisant, il annonce que « l’activité économique aurait repris dans les colonies. »
L’activité économique ? Mais cela laisserait entendre que dans les colonies il y a des colons, mais des colons qui travaillent, et réagissent de leur mieux contre les difficultés de la situation.
Le ministre oublie que s’il y a eu crise, et si l’activité économique a subi un temps d’arrêt, ce n’est pas à la mobilisation qu’on le doit, mais à l’impossibilité d’exporter les produits coloniaux par suite soit du manque de bateaux pour transporter ces produits, soit des prohibitions d’exportations édictées par le même gouvernement dont fait partie ce même ministre des Colonies.
Qu’on nous donne des bateaux pour transporter nos produits, et qu’on facilite la sortie des produits qui ne sont pas contrebande de guerre, et le ministre verra si l’activité économique ne reprend pas vite aux colonies, grâce aux colons qu’il rejette de son livre d’or.

Le Tamatave

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