April 17, 2014

Il y a 100 ans : Les déboires du petit colon

Nous avons déjà signalé les difficultés auxquelles se heurte le petit colon quand il s’installe à Madagascar.
Pour le Malgache, le petit colon est, en même temps, l’ennemi et la vache à lait. Le produit de la terre cultivée par le vazaha doit lui revenir au moins en partie. Cette commode confusion entre le « tien » et le « mien » permet à l’indigène de prendre ce dont il a besoin chez ce « fournisseur ». Il surveillera les bananiers et emportera les régimes dès qu’ils seront à point ; il ira à la ramée dans ses bois, et si les branches mortes ne lui suffisent pas, il n’hésitera pas à mettre la cognée dans les arbres.
On cite le cas de ce colon qui, ayant dû s’absenter de sa terre pendant quelques jours, vit à son retour ½ hectare de son bois, qu’il avait laissé couvert de hautes futaies, transformé en champs de riz ; le mpiadidy du village y avait tout simplement mis le feu pour y semer l’appétissante graminée.
Quand le colon se plaignit au chef de district de ce sans-gêne vraiment excessif, celui-ci lui donna ce bénévole conseil.
— Eh ! bien, laissez mûrir le riz et récoltez-le à sa place ; cette solution le touchera plus qu’aucune intervention administrative ou judiciaire et vous coûtera moins cher !
Si le colon veut planter à son tour, ses champs de riz, de maïs, de haricots risquent d’être envahis aussitôt qu’ensemencés par les volailles domestiques du voisinage ; poules, canards, pigeons s’y abattent au grand dam des jeunes pousses qui sont absorbées avec avidité par ces pillards emplumés.
Si le petit colon se résigne, il a la paix ; s’il regimbe, il a tout le village sur le dos ; on cherche à lui jouer mille tours, et, comme personne ne laisse sa carte de visite, il est fort en peine pour savoir à qui s’en prendre.
Ce sont là les déboires inévitables des débuts en matière de colonisation ; il ne faut pas les prendre trop au tragique. Cependant, l’administration devrait étendre sa protection sur les jeunes colons car ils risquent de se décourager et de tout abandonner quand ils ne se sentent pas soutenus par l’autorité.
Le Courrier colonial


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