June 14, 2016

Il y a 100 ans : Autour d’un kabary (2)

(Suite et fin.)
Allez à vos rizières, à vos cultures, à vos affaires, leur a-t-on dit, et secondez les Européens qui ont apporté ici leurs capitaux et leur expérience ; aidez-les, dans votre propre intérêt, à mettre en valeur les richesses de ce pays.
Puissent ces conseils ne point rester paroles de kabary et être enregistrés, affichés même dans tous les gouvernements où l’on en prit, jusqu’ici, trop souvent le contre-pied.
Nous avons entendu également le chef de la colonie indiquer aux Malgaches pourquoi certaines mesures avaient été prises récemment.
Avaient-ils vraiment besoin de le savoir ? Nous admettons cependant parfaitement qu’ils aient été mis à même d’apprécier les conséquences utiles de ces décisions, mais lorsqu’un papa donne quelques chiquenaudes « a posteriori » à Monsieur son fils, il lui dit simplement : Tâche de ne pas recommencer, que la leçon te serve.
Les indigènes n’entendent pas comme nous et donnent aux mots un sens qu’ils n’ont pas. Alors…
Répondirent au Gouverneur Général les indigènes dont les noms suivent et les paroles, interprétées, furent vigoureusement applaudies :
Rainianjanoro, Tananarive ;
Rainikambana, Tananarive (Zone suburbaine) ;
Rainiboto, Ambohidratimo ;
Randriamirado, Arivonimamo ;
Rafatro, Andramasina ;
Prince Ramahatra.
Ces discours, ou plutôt ces harangues, nous en connaissons la facture, elles sont cependant l’écho fidèle des sentiments des populations au milieu desquelles vivent les Ray aman-dreny qui les ont prononcées.
Du discours du prince Ramahatra, nous ne dirons rien. Cependant, il nous semble, à d’autres aussi, lui avoir entendu dire, en malgache, que, au nombre des bienfaits apportés par la France à Madagascar, il fallait compter l’impossibilité, pour qui que ce soit, de faire obligation du travail à l’indigène.
D’un autre côté, on nous dit que ce n’est pas tout à fait cela.
La mauvaise acoustique aura contribué à nous faire mal entendre, à moins que pour mettre tout le monde d’accord on ne s’arrête à cette formule : ce qu’il a voulu dire eût été préférable à ce qu’il a dit.
Un ancien.

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.

No comments:

Post a Comment