November 13, 2014

Il y a 100 ans : Les anonymes du « Journal de Madagascar » (4)

(Suite.)
Arrivons au dernier fait, cause de cette polémique.
Après la protestation à lui transmise par les commerçants de Tamatave le 15 septembre dernier, ne trouvant pas dans notre législation de dispositions suffisantes pour autoriser les mesures qui lui étaient demandées, M. Picquié en a référé au gouvernement de Bordeaux qui a dicté les mesures prises par arrêté du 1er octobre, signé par M. Picquié.
Ce n’est donc pas M. Garbit qui a pris cet arrêté, sur le vu de la dépêche transmise le 29 écoulé, par les Commerçants Jullien.
Le comité des cinq, qui a rédigé les articles du Journal de Madagascar du 4 courant, savait tout cela ; mais comme précisément ce n’est pas par excès de bonne foi qu’ils pèchent, ils ont cru favorable, tout en étant… désagréables à M. Picquié, de le brouiller avec M. Garbit.
Fidèles disciples de Basile, ils ont suivi, à la lettre, sa maxime : calomniez ! il en reste toujours quelque chose.
Seulement ils ont été aussi maladroits que malhonnêtes.
Ils ont fait l’injure à M. Garbit de le croire aussi inconscient, d’aussi petit esprit qu’eux-mêmes, et ils ont rendu là un singulier hommage à sa haute intelligence, à la droiture de son caractère, et à sa grande valeur comme homme de gouvernement, de tout quoi il a donné des preuves manifestes et indiscutables pendant son intérim à la Réunion.
Une autre preuve que la dépêche signée Jullien du 28 septembre est purement tendancieuse et sciemment mensongère, est que les marchandises adressées à la maison O’Swald et apportées par le Natal ont été débarquées à Tamatave le 11 septembre, avant la protestation des commerçants du 15 septembre et que, depuis, il n’en est pas arrivé d’autres, car le Djemnah n’a rien apporté.
Or les marchandises arrivées par le Natal n’ont pu être délivrées à la maison O’Swald pour deux motifs : d’abord parce que l’expéditeur de Londres a fait défense par câble, aux M. M., de leur livrer ces marchandises, et ensuite parce que l’Administration supérieure, qui n’avait pas attendu, pour agir, la protestation des commerçants de Tamatave, avait donné l’ordre de mettre sous séquestre toute marchandise pouvant leur être adressée.
 (À suivre.)

Le Tamatave


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November 12, 2014

Il y a 100 ans : Les anonymes du « Journal de Madagascar » (3)

(Suite.)
Les représentants de la maison O’Swald, ayant fait mettre sous scellés, par autorité de justice, toutes les marchandises qu’ils possédaient à Tamatave, M. Affeejee dut, par requête présentée au Président du Tribunal, obtenir la remise de celles qui restaient à délivrer.
M. l’Administrateur-Maire est resté étranger à cette opération dans laquelle il n’avait pas à intervenir.
Et d’une.
M. Ah-Thion, le propriétaire bien connu d’Antalaha, avait déposé à la maison O’Swald, pour être vendus, un lot de vanille provenant de sa récolte. Cette vente n’ayant pas été réalisée, M. Ah-Thion a, lui aussi, présenté requête au Président du Tribunal et sa vanille lui a été rendue. Et de deux. C’est tout.
Le Journal de Madagascar affirme que des marchandises de la maison O’Swald sont livrées à des tiers pour être vendues ; encore une fois, qu’il fasse connaître ces tiers et désigne ces marchandises s’il ne veut obliger ses lecteurs à le traiter de vil calomniateur.
M. l’Administrateur-Maire aurait eu des égards scandaleux vis-à-vis des internés de l’Îlot Prune ?
En premier lieu, il se serait empressé, sur leur demande, de faire installer des stores sous les vérandas des cases qu’ils habitent.
Le Journal de Madagascar ne peut être bien renseigné car, – non pas l’Administrateur-Maire, mais la personne chargée du ravitaillement des internés, – avait demandé à la maison de commerce Déchavanne-Jullien le prix de la toile nécessaire à ces stores. Ayant trouvé ce prix trop élevé, cette personne a acheté, au bazar, des nattes et rabanes qui ont servi à faire ces stores.
On conçoit que la firme Déchavanne et Jullien ait été furieuse de perdre cette occasion de faire un petit bénéfice et elle n’a trouvé rien de plus honorable et de plus digne que de s’en prendre à M. l’Administrateur-Maire, d’autant plus que ces internés de l’Îlot Prune avaient refusé de lui acheter 400 kilos de pommes de terre qu’elle leur avait offerts en vente.
Ces déconvenues nous expliquent les allégations du Journal de Madagascar qui seraient grotesques si, dans les circonstances actuelles, elles n’étaient monstrueusement odieuses.
Enfin, un boto a été accordé aux internés pour chaque cinq personnes par l’autorité supérieure, et une femme a été autorisée à donner ses soins à un nouveau-né.
(À suivre.)

Le Tamatave


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November 11, 2014

Il y a 100 ans : Les anonymes du « Journal de Madagascar » (2)

(Suite.)
En France, des affiches publiées dans les journaux le disent : les Austro-Allemands qui ne veulent pas quitter la France doivent en faire la déclaration et choisir, loin du théâtre de la guerre, dans la zone indiquée par l’administration, le point où ils désirent vivre, où ils sont transportés sans frais avec un maximum de 30 kilos de bagages, où sont prévus leur logement et leur nourriture, et où on va leur donner du travail s’il y a lieu.
Si, à un moment quelconque, ils veulent quitter la France pour gagner un pays neutre, ils doivent en faire la déclaration et obtenir un passeport spécial.
Ici, les Austro-Allemands sont internés à l’Îlot Prune et soumis à la surveillance d’un détachement d’une trentaine de soldats commandés par un officier, – presque un homme pour chaque interné, – comme s’ils étaient détenus pour crimes de droit commun.
Comme ces derniers, ils doivent éteindre leurs lumières avant huit heures du soir, et défense leur est faite d’éclairer du côté de la passe.
Toute communication avec les personnes du dehors leur est interdite, et leur correspondance est soumise rigoureusement au visa de l’Administration.
Avec une sévérité que nulle législation n’avait prévue, et que seul peut excuser (?) l’état de guerre, ils ont été fouillés à trois reprises différentes, dès le premier jour, et on leur a retiré : les armes de toute nature en leur possession, leurs jumelles, des livrets, l’argent, des bijoux, etc. Des procès-verbaux de police en font foi.
La colonie ne leur donne que le logement et c’est à leurs frais, de leurs deniers, encore une fois, qu’ils pourvoient à leur entretien, comme cela a été convenu.
Cela donné, quelle opération commerciale a favorisé M. l’Administrateur-Maire de Tamatave ?
En mai-juin dernier, M. Affeejee, l’honorable commerçant de la place Duchesne, a acheté, de la maison O’Swald, une certaine quantité de marchandises dont une partie restait à livrer le jour de la déclaration de guerre.
(À suivre.)

Le Tamatave


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November 7, 2014

Il y a 100 ans : Les anonymes du « Journal de Madagascar » (1)

La patrie pour eux n’existe donc pas ! Ils n’ont donc sur la frontière de France, aucun membre de leur famille, personne, ni parent, ni ami, pour qu’ils persistent, avec cette insistance, à vouloir détourner notre attention des événements qui se déroulent à cette frontière, afin de l’attirer sur leur petite personne, en salissant de leur bave d’honnêtes citoyens, tout en faisant étalage de leurs mesquines et basses rancunes, qu’ils voudraient peut-être nous faire épouser.
Ils restent sourds à l’appel du chef de l’État, quand dans sa patriotique proclamation à la France il s’écrie :
« À cette heure il n’y a plus de partis. Il y a la France éternelle, la France pacifique et résolue. Il y a la patrie du droit et de la justice, toute entière unie dans le calme, la vigilance et la dignité. »
À cet appel tous les Français, debout, socialistes ou conservateurs, croyants ou athées, frémissant d’enthousiasme, emportés par un superbe élan de dévouement à la patrie, de confiance en son bon droit, de passion pour sa grandeur et son indépendance, oubliant pour elle, en une minute, toutes les discordes de la veille, et réconciliés dans l’unanime amour de la France, tous les Français, dis-je, ont donné là un spectacle unique au monde, tel que l’histoire des peuples n’en a jamais enregistré de pareil.
Tour récemment à l’occasion du départ de militaires pour la France, la population de Tamatave a démontré d’une façon superbe qu’elle était animée des mêmes sentiments.
Seuls les rédacteurs du Journal de Madagascar jettent une ombre lugubre sur ce tableau.
Les motifs qui les font agir ?
Leur fiel à déverser, de vieilles rancunes à satisfaire.
Les moyens employés ?
Le mensonge et la calomnie !…
Avant de passer à la discussion des faits incriminés, voyons d’abord si des dispositions autres que celles édictées en France concernant les Austro-Allemands peuvent être appliquées aux internés de l’Îlot Prune ?
Évidemment non.
(À suivre.)

Le Tamatave


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November 5, 2014

Il y a 100 ans : Télégramme officiel

Tananarive, le 10 octobre 1914.
Gouverneur Général à toutes Circonscriptions.
« Souscription pour ambulance et assistance coloniales dépassant 700 000 francs et magnifique effort pécuniaire donné par la population européenne et indigène paraissent suffisants pour le moment, il y a lieu sans arrêter souscriptions offertes volontairement et spontanément, suspendre appel à population et intervention administration et comité. Veuillez transmettre à comité et à toute population mes vifs remerciements et sincères félicitations pour résultats obtenus qui témoignent du patriotisme du loyalisme et du dévouement de tous. Vous félicite également ainsi que tous vos collaborateurs. »

La Cour criminelle

La Cour criminelle de Tamatave a siégé mardi et mercredi derniers.
Deux affaires lui ont été soumises.
La première, concernant une banqueroute frauduleuse commise à Vatomandry par le Chinois Laï-Thion, a valu à ce dernier 5 ans de prison et 500 frs d’amende. Li-Kong, son complice par recel, a été acquitté grâce au grand talent de son défenseur, Me Baudin.
C’est profondément regrettable, car le pays est envahi, tous les jours davantage, par des Asiatiques absolument solidaires entre eux, qui drainent à leur profit tout l’argent de la colonie et, par cette même solidarité, mettent l’Européen dans l’impossibilité de soutenir leur concurrence.
La côte Est – et en particulier Tamatave – ne sera plus bientôt qu’une colonie d’Asiatiques pour la plupart inondant le pays de produits frelatés et de camelote.
Il y a là un danger qui doit attirer l’attention des pouvoirs publics.
Dans la seconde affaire, Rainilainimanga, détenu, et Botomiasa, en fuite, étaient accusés d’avoir, dans la nuit du 1er au 2 avril dernier, commis un incendie volontaire au préjudice de M. de Bonal, sur son exploitation de graphite à Vohitsivalana (province d’Andevorante).
Tous les deux ont été condamnés à 10 ans de travaux forcés.
Nous ne pouvons que féliciter les magistrats de Tamatave d’avoir eu la main ferme dans les deux affaires ci-dessus, et que les encourager dans la voie des répressions énergiques.
Les circonstances ne sont pas à la clémence qui passerait pour faiblesse.
M. D.

Le Tamatave


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November 4, 2014

Il y a 100 ans : Départ de M. le Gouverneur Général Picquié

M. le Gouverneur Général Picquié quittera Tananarive mardi, 13 courant, par train spécial. L’intérim de Gouverneur Général par M. Garbit commencera le jour du départ pour la France de M. Picquié, Gouverneur Général titulaire
Journal officiel de Madagascar et Dépendances

M. le Gouverneur Général Picquié à Tamatave afin de s’embarquer pour la France

À 7 heures précises, hier soir, M. le Gouverneur Général et Madame Picquié sont arrivés à Tamatave afin de s’embarquer aujourd’hui pour la France sur l’Océanien.
Une foule nombreuse et choisie, composée de tout ce que Tamatave compte de familles distinguées, les attendait à la gare pour leur témoigner sa sympathie.
Aussi Monsieur et Madame Picquié se sont-ils attardés longuement à serrer les mains tendues de tout côté et à causer avec les divers groupes qui se pressaient autour d’eux. Ils emporteront ainsi une preuve irrécusable des regrets qu’ils laissent parmi nous.
M. le Gouverneur Général est venu accompagné de M. Valette, son secrétaire particulier, et du capitaine Borschneck, son officier d’ordonnance, qui rentrent aussi en congé.
Au nom de la population, le Tamatave leur souhaite à tous un bon voyage, et un heureux séjour dans la mère-patrie.

Tamatave se réveille

Après avoir vu si longtemps sa rade déserte, et avoir été privée de communications avec le reste de l’Univers, Tamatave assiste cette semaine à un véritable réveil de mouvement et de vie.
La Cie Havraise a commencé la série avec trois bateaux : le Djibouti, la Ville de Bordeaux et l’Île de la Réunion.
Les Messageries Maritimes viennent ensuite avec quatre paquebots qui sont : le Calédonien, qui relève pour la Réunion ; l’Océanien, qui part aujourd’hui ; le Djemnah, venant de la Réunion, qui part aussi pour Marseille ; et enfin le Bagdad, qui assure le service des ports de la côte Est.
Le Kongsfos, de la Scandinavian East-Africa Line, complète la série.
C’est donc la vie qui reprend pour le commerce de Tamatave.

Le Tamatave


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November 3, 2014

Il y a 100 ans : Décret tendant à réprimer les indiscrétions de la presse

Art. 1er. – Il est interdit dans les gouvernements généraux de l’Indo-Chine, de l’Afrique occidentale, de l’Afrique équatoriale, de Madagascar et dans les colonies des établissements français dans l’Inde, des établissements français de l’Océanie, de la côte française des Somalis, de la Nouvelle-Calédonie, de la Guyane et de Saint-Pierre et Miquelon, de publier, par l’un des moyens énoncés à l’article 23 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, des informations et renseignements autres que ceux qui seraient communiqués par le gouvernement ou le commandement sur les points suivants :
Opérations de la mobilisation et du transport des troupes et du matériel.
Effectifs. – Composition des corps. – Unités et détachements. – Ordre de bataille.
Effectifs des blessés, tués ou prisonniers.
Travaux de défense.
Situation de l’armement, du matériel, des approvisionnements.
Situation sanitaire.
Nominations et mutations dans le haut commandement.
Dispositions, emplacements et mouvements des armées, des détachements et de la flotte.
Et, en général, toute information ou article concernant les opérations militaires ou diplomatiques, de nature à favoriser l’ennemi et à exercer une influence fâcheuse sur l’esprit de l’armée et des populations.
Art. 2. – Toute infraction aux dispositions de l’article précédent sera punie d’un emprisonnement de un à cinq ans et d’une amende de 1 000 à 5 000 francs.
Art. 3. – L’introduction dans les colonies françaises susvisées, la circulation et mise en vente ou distribution de journaux, brochures, écrits ou dessins de toute nature publiés à l’étranger pourra être interdite par simple arrêté du gouverneur.
Toute infraction à cette interdiction sera punie d’un emprisonnement de trois mois à un an et d’une amende de 100 à 1 000 francs.
Art. 4. – L’article 463 du Code pénal est applicable aux faits prévus par le présent décret.
Art. 5. – Le présent décret cessera d’être en vigueur à la date qui sera fixée par un décret du Président de la République et au plus tard à la conclusion de la paix.
Fait à Paris, le 22 août 1914.
R. Poincaré.

Journal officiel de Madagascar et Dépendances


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November 1, 2014

Il y a 100 ans : Amende au fokonolona du village d’Ambatonjanahary


Décision locale infligeant une amende collective de 145 francs, soit 5 francs par contribuable, au fokonolona du village d’Ambatonjanahary

L’administrateur en chef des colonies, chef de la province et maire de Diego-Suarez,
Vu l’arrêté général du 31 décembre 1904 relatif à l’organisation des fokonolona dans les provinces de la côte Est et du Nord de Madagascar ;
Vu l’arrêté du 10 avril 1904, constituant la province de Diego-Suarez ;
Vu la lettre n° 767, en date du 26 août 1914, de M. le chef du district d’Antsirane relative au mauvais esprit des habitants du village d’Ambatonjanahary et à l’attitude hostile que ces indigènes ont eue à l’égard des Européens du sémaphore et du phare du Cap d’Ambre ;
Attendu que dans les circonstances actuelles il importe de réprimer sévèrement des actes d’insoumission dans une province où la variété des races rend l’administration indigène particulièrement difficile ;
Sur la proposition de M. le chef du district ;
Sous réserve de l’approbation de M. le Gouverneur Général,
Décide :
Art. 1er. – Une amende collective de 145 francs, soit 5 francs par contribuable, est infligée au fokonolona du village d’Ambatonjanahary.
Art. 2. – M. le chef du district d’Antsirane est chargé de l’exécution de la présente décision.
Diego-Suarez, le 26 août 1914.
Compagnon.
Approuvé :
Tananarive, le 25 septembre 1914.
Le Gouverneur Général,
Albert Picquié.
Journal officiel de Madagascar et Dépendances

Avis

MM. les Industriels et commerçants sont informés qu’un arrêté de M. le Gouverneur Général en date du 1er octobre 1914 a rapporté l’arrêt du 8 août 1914, en ce qui concerne le maïs dont l’exportation hors de Madagascar et Dépendances est autorisée sauf pour les pays qui sont en guerre avec la France.
De Laborderie.

Communiqué

L’Administrateur des Colonies Chef de la Province et Maire de Tamatave a l’honneur de porter à la connaissance des citoyens français et des indigènes que par arrêté de M. le Gouverneur Général en date du 1er octobre 1914, tous actes de commerce quelconque, achat ou vente, sont expressément interdits avec les sujets allemands ou Austro-Hongrois quels que soient les moyens employés ou les personnes interposées.

Le Tamatave


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October 31, 2014

Il y a 100 ans : La sécurité à Tamatave

Samedi dernier, 3 courant, vers huit heures du soir, un horrible assassinat a été commis, en pleine ville de Tamatave, sur la personne de M. Chabas.
C’est une hache à fendre le bois qui a servi à commettre ce crime, et le cadavre de la victime a été trouvé le lendemain seulement au matin, caché sous des débris, dans la cour, devant ses ateliers de chaudronnerie.
Cet assassinat, d’une audace inouïe, a naturellement impressionné la population qui se demande avec anxiété si la série des crimes qui, il y a peu d’années, a affligé notre ville, ne va pas recommencer.
Au cimetière, M. de Laborderie, notre sympathique Administrateur-Maire, se faisant l’interprète des sentiments de la population, a salué, en termes qui partaient du cœur, la dépouille mortelle de l’infortunée victime, et a donné comme exemple sa vie d’honnête labeur qui, tout en lui procurant l’aisance, lui avait attiré l’estime, la sympathie et la considération de ses concitoyens.
Pour ne pas gêner, en quoi que ce soit, l’action de la justice, nous nous abstenons pour aujourd’hui de donner d’autres détails. Mais nous y reviendrons.
Le Tamatave

La situation à Madagascar

Marseille, 6 octobre.
Le courrier de Madagascar est arrivé ce matin à Marseille par le paquebot Paul-Lecat, venant de Melbourne.
Une lettre particulière confirme que tout continue à être calme dans la colonie de Madagascar. À Tananarive, un Hova, Ralambo, le bien nommé puisque son nom signifie ra (sang) et lambo (cochon), a donné un grand banquet où il a eu l’audace de porter un toast en faveur des Allemands. Il fut aussitôt appréhendé et condamné à cinq ans de travaux forcés et à la confiscation de ses biens.
Les travaux agricoles continuent normalement.
Une souscription a été ouverte à Tamatave pour venir en aide aux soldats blessés pendant la guerre. Les listes se couvrent de signatures. Les indigènes et les Asiatiques sont très empressés.
Des secours sont distribués aux familles des mobilisés et le prix des vivres est réglementé.

Le Temps


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October 29, 2014

Il y a 100 ans : De la pudeur S.V.P. (3)

(Suite et fin.)
Donc, qu’on le sache bien : le gouvernement de Bordeaux mettra de côté les questions si complexes qui se rattachent à la défense nationale, remettra à plus tard la lecture des rapports du généralissime Joffre et, toute affaire cessante, s’occupera, dare-dare, de la « protestation des commerçants » (au pluriel) Déchavanne-Jullien. Cela va mettre en jeu le sort de l’Europe !… Brrr… ça donne froid rien que d’y penser !…
Ah ! les temps ne sont plus où le commerçant Jullien allait auprès de M. le Gouverneur Général Picquié protester de son respectueux dévouement à sa personne pour qu’il le nomme membre de la commission municipale. Également son ami, l’administrateur Berthier, le fantoche malfaisant, a quitté Tamatave. Et alors c’est par la menace qu’il veut imposer sa personne. Le geste ne serait que ridicule s’il n’était odieux.
*
Un petit bouquet pour finir. Un commerçant nous apprend que quelques-uns de ses confrères, dont les articles à vendre s’épuisent, auraient demandé à l’Administration locale la permission d’acheter à la maison O’Swald les articles qui leur manquent.
Naturellement cette affreuse, cette criminelle Administration locale a refusé. Inde Iræ !
Le Journal de Madagascar, mieux renseigné cette fois, serait bien aimable de nous faire connaître le nom de ces commerçants évincés.
Enfin, notre éminent confrère termine en adjurant les Tamataviens de ne plus acheter, de ne plus consommer de produits allemands.
Pour ne pas trop froisser l’amour-propre de ses amis d’hier, il n’a pas osé dire : la camelote allemande.
Pécaïre ! mais il n’y a presque plus que de la camelote allemande sur la place de Tamatave. Presque tous les magasins en ont été inondés. Notre confrère en sait quelque chose et certaines maisons pour qui il fait de la réclame seraient bien empêchées s’il leur fallait jeter à la mer les produits allemands qu’elles vendent.
*
Les choses ainsi remises au point, tirons le rideau et, élevant nos regards loin des vilénies ci-dessus, que notre pensée se reporte à la frontière vers nos petits soldats qui versent leur sang pour le salut de la France et le triomphe de la civilisation.

Le Tamatave


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October 28, 2014

Il y a 100 ans : De la pudeur S.V.P. (2)

(Suite.)
S’il se fût renseigné à la Douane – ce qui était bien simple –, il se fût évité d’énoncer comme vrai, un fait absolument faux.
De même il serait bien en peine de désigner « les tierces personnes chargées de vendre ces marchandises non consommables, pour le compte de ladite maison. » Qu’il les nomme !
Pour éclairer la question, quelques explications sont nécessaires.
Les internés de l’Îlot Prune ne sont ni des prisonniers de guerre, ni des détenus politiques, ils ne sont internés que par mesure de prudence et de sécurité.
Ils auraient pu quitter Madagascar par l’Oxus ou autre navire qui les aurait déposés en pays neutre.
On ne les a gardés que sur leur demande formelle et à la condition qu’ils pourvoiraient de leurs propres deniers à leur entretien et à leur nourriture. La colonie ne leur doit rien que la sécurité de leurs personnes.
Ils ont donc le droit de recevoir ou de retirer de leurs magasins les marchandises consommables dont ils ont besoin. Ce qu’ils consomment, encore une fois, ce sont eux qui le paient.
L’argent qu’ils possédaient leur a été saisi et déposé en compte courant au C.N.E. d’où ils ne peuvent le retirer qu’à mesure de leurs besoins constatés par le visa de l’Administration.
Les dernières marchandises arrivées, non consommables, ont été mises en dépôt, jusqu’à ce qu’il ait été statué sur leur destination par le gouvernement de Bordeaux, car il y a là une question de droit international à résoudre.
Que les Allemands en Europe se soient mis au ban des nations par leur mépris le plus absolu du droit des gens et par des actes inqualifiables de barbarie, ce n’est pas une raison pour que nous descendions à leur niveau en les imitant.
Alors à qui rime cette sortie en guerre du Journal de Madagascar ?…
Nos lecteurs l’ont deviné. Il fallait trouver un prétexte, n’importe lequel, pour tomber sur M. Picquié.
Sous l’apparence de patriotisme, l’occasion lui a paru propice.
Aussi M. Picquié n’a qu’à bien se tenir, car Déchavanne et Jullien lui notifient « qu’ils attendent avec calme, sachant qu’en France il aura des explications à fournir sur son attitude de ces temps derniers »…
 (À suivre.)

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October 27, 2014

Il y a 100 ans : De la pudeur S.V.P. (1)

Pour certains personnages, à mentalité spéciale, la gravité de l’heure présente n’existe pas.
Alors qu’à ce tournant si tragique et si douloureux de notre histoire, tout ce qui porte le nom de Français fait taire ses ressentiments antérieurs, oublie ses divergences d’opinions, en un mot met de côté tout antagonisme, pour ne penser qu’aux souffrances de la patrie, au danger commun, et se presser, avec une entente parfaite, autour du drapeau glorieux que nos vaillants soldats, par leur héroïsme admiré de l’univers entier, honorent si bien et portent si haut, en face de l’ennemi, il est, à Tamatave, des gens qui donnent l’écœurant spectacle de laisser déborder le fiel dont leur âme est remplie et de chercher à assouvir de mesquines et basses rancunes.
C’est un article publié, le 29 écoulé, par notre confrère du Boulevard du Cimetière, sous le titre : Nouvelle protestation, qui soulève notre indignation comme elle soulèvera l’indignation et le mépris de tout honnête homme.
Car tout ce qu’allègue cette prétendue protestation est faux depuis le premier mot jusqu’au dernier, et constitue une odieuse calomnie.
Ainsi le premier mot : « Commerçants », étant au pluriel, vous vous imaginez qu’il s’agit de tous les commerçants de Tamatave, ou au moins de la majeure partie d’entre eux ? Erreur ! Erreur profonde !… Le « factum » dont s’agit ne porte qu’une seule signature, celle de Jullien, de la firme Déchavanne et Jullien.
Il dénonce que la maison O’Swald, bien que ses employés soient internés à l’Îlot Prune, continue ses opérations commerciales, par l’intermédiaire de l’Administration locale qui se substitue à eux pour des opérations.
C’est là une allégation aussi fausse qu’absurde.
Outre que dès les premiers jours toute licence leur a été retirée, nous mettons le journal de Déchavanne et Jullien au défi de préciser une opération, une seule, concrète, que l’on puisse contrôler.
L’auteur du « factum » continue et dit qu’il a « appris avec stupeur (oh ! combien !) que de nombreuses marchandises débarquées par le Natal, l’Île de la Réunion et le Djemnah, adressées à O’Swald, qui devaient être mises sous séquestre, ont été dédouanées et expédiées immédiatement à l’Îlot Prune. »
(À suivre.)

Le Tamatave


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