July 24, 2015

Il y a 100 ans : Le ticket fiscal

La création de ce ticket, depuis longtemps réclamé par les colons, permettra de résoudre, au mieux des intérêts de tous, la perception des impôts dus par les ouvriers des exploitations agricoles ou minières.
Jusqu’à présent, cette perception a été très difficile et très délicate ; car si l’employeur s’en désintéressait, les ouvriers ne payaient presque jamais leur taxe ; et l’Administration, pour ne pas compliquer la tâche de l’employeur, toujours à court d’ouvriers, ne pouvait pas sévir contre les réfractaires.
Si le patron voulait intervenir, il devait, ou faire venir le collecteur d’impôts pour assister à sa paie, ou bien il retenait lui-même l’argent destiné au fisc en donnant, ou non, un reçu ; mais bien souvent l’intéressé disparaissait avant d’avoir le récépissé du percepteur, qui était embarrassé pour établir cette pièce sans connaître l’indigène à qui elle était destinée.
Avec la nouvelle création, l’employeur, pour payer son ouvrier, peut lui donner tout son dû ; seulement, sur le montant de sa paie, il lui donne cinq francs en un papier-monnaie qui n’a cours qu’à la caisse du percepteur d’impôts indigènes, et après avoir inscrit son nom sur le ticket. De cette façon, tous les inconvénients disparaissent ; plus d’avances pour payer la carte, plus de reçus dont le propriétaire a disparu, plus de possibilité pour l’ouvrier de changer ce reçu contre un autre objet.
Cependant cette création, – excellente en principe et approuvée de tous, – soulève dans notre région des objections assez sérieuses et plusieurs colons déclarent déjà qu’ils ne pourront pas employer ces tickets. En effet, cinq fr., c’est beaucoup. Il ne faut pas oublier que les indigènes de ce pays gagnent en moyenne 15 fr. par mois. Si on leur retient 5 fr. sur la paie mensuelle, ils ne seront pas contents et s’en iront peut-être, ce que nos colons, toujours à court de main-d’œuvre, craignent beaucoup. Aussi ceux-ci préféreraient un ticket de valeur moindre, 2 fr. par exemple, que l’on remettrait chaque mois à l’ouvrier. Au bout de 10 mois, la carte serait payée.
Ces considérations valent qu’on s’y arrête et nous pensons qu’en cela il sera possible de donner satisfaction aux intéressés.
Un colon.

Le Tamatave

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