November 21, 2016

Il y a 100 ans : La Grande Île pendant la guerre (1)

Notre correspondant de Tananarive nous écrit :
La guerre n’a pas troublé le développement de Madagascar. Le calme qui n’a cessé de régner d’une extrémité à l’autre de l’île depuis le début de la lutte justifie à lui seul le régime instauré par la France. Ici, d’ailleurs, comme dans les autres parties de notre domaine colonial, l’administration s’est appliquée à ne pas interrompre la politique de réformes commencée dans le temps de paix.
Les mesures les plus intéressantes prises depuis la guerre sont peut-être celles qui concernent la situation politique et économique des indigènes.
D’abord dans les municipalités. Comme en Indochine, comme dans l’Afrique du nord, mais avec les tempéraments que comporte une civilisation indigène moins avancée, l’administration de la colonie s’efforce d’associer plus étroitement les indigènes à la gestion des intérêts locaux. De là les arrêtés des 23 décembre 1914 et 9 janvier 1915 qui ont porté de 1 à 3 le nombre des membres indigènes des commissions municipales à Tananarive, Tamatave, Majunga, et de 1 à 2 à Nossi-Bé. Le même régime sera appliqué aux villes de Diégo-Suarez et de Fianarantsoa dès que les élections, suspendues pendant la guerre, pourront avoir lieu.
Seconde réforme : adoucissement du régime de l’indigénat. L’arrêté du 19 juillet 1914 avait déjà dispensé de peines spéciales certaines catégories d’indigènes. Un autre arrêté du 15 février 1915 dispense des mêmes peines les titulaires du brevet de douze honneurs et au-dessus. Il s’agit là d’une distinction très appréciée des Malgaches et dont il était utile de relever le prestige.
Troisième réforme. Un arrêté du 28 mai 1915 a constitué des zones territoriales réservées aux besoins des indigènes et ne pouvant être concédées aux Européens. On saisit sans peine l’importance de cette mesure. Dans les régions où se développe la colonisation européenne, il était devenu nécessaire de constituer dans les terres domaniales des réserves pour assurer la subsistance des autochtones. On prévenait ainsi tout conflit futur entre les colons et la population indigène. On rendait du même coup un service indéniable aux colons, en facilitant l’immatriculation des terres désormais mises à leur disposition.
(À suivre.)

Le Temps

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