October 9, 2018

Il y a 100 ans : Un projet fâcheux (2 et fin)


(Suite et fin.)
La réunion de tous ces présidents, qui ne sauraient être que des commerçants, étant donné l’énorme supériorité numérique de ces derniers sur les colons, industriels et agriculteurs, deviendra en réalité une sorte de petit Parlement, où ne seront défendus que les intérêts du commerce, où seront négligés, voire même sacrifiés, les intérêts de l’industrie et de l’agriculture.
Quelle pourrait être, en effet, la compétence des commerçants en matière agricole ou industrielle ; quelles pourraient être les raisons qui les inciteraient à s’en occuper ?
Au lieu de vouloir vraiment s’éclairer, il semble que l’Administration supérieure ait le désir de tout confondre, afin de pouvoir agir, sans contrôle effectif, comme par le passé.
Le motif inavoué de ce semblant de réforme paraît être l’inquiétude qu’inspire un nouvel organisme, le Syndicat des agriculteurs de Madagascar, qui vient de se constituer et qui groupe déjà presque toutes les forces agricoles de l’île. Or, cet organisme paraît à l’administration devoir être très remuant, très agissant, et elle se préoccupe déjà de lui opposer un autre organisme capable de contrecarrer son action.
Il est vraisemblable que la peur des responsabilités, l’envie de s’abriter derrière un avis émis par des gens incompétents et en même temps irresponsables, le désir de n’avoir pas à se prononcer entre des avis opposés, émanant des représentants qualifiés des divers intérêts en présence, ne soient pas non plus étrangers au projet de l’administration.
Nous voulons cependant espérer que les agriculteurs de Madagascar obtiendront que l’on améliore le statut des Comices agricoles, perfectibles évidemment, comme toute conception humaine. Il y a beaucoup mieux à faire que de les laisser purement et simplement absorber par les Chambres consultatives du commerce et de l’industrie.
Si, contrairement à ce vœu, le projet de l’administration se réalisait, il ne resterait plus aux agriculteurs qu’à refuser de prendre une part, si petite soit-elle, à la création et au fonctionnement de ce nouvel organisme, et à se consacrer uniquement au perfectionnement et à l’extension de leur syndicat.
A. Paris,
Membre du Comice agricole de Mananjary
Le Courrier colonial


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