December 8, 2018

Il y a 100 ans : À l’instar de Bourbon


L’histoire du chocolat…, le seul qui ne blanchisse pas en vieillissant, est toujours à méditer. On s’attache encore de préférence aux marques connues, fussent-elles médiocres.
C’est ainsi que Madagascar, qui produit notamment des cuirs et du cacao, se voit éclipsée par sa petite voisine bourbonnaise. Certes, nous ne voulons pas médire des tanneries de la Réunion qui ont fait leurs preuves ni de ses chocolateries, mais il faut bien reconnaître que la Grande Île peut fournir les mêmes produits. Il est anormal de voir les colons de Madagascar qui ont sous la main des cuirs excellents – raison pour laquelle sans doute la mission de réquisition les laisse pourrir dans des baraquements construits ad hoc –, des cuirs excellents, disions-nous, les délaisser pour se faire chausser à Bourbon, et demander aux tanneries de leur fournir le cuir nécessaire pour les parties résistantes de leurs chaussures.
L’erreur est telle que, pour faire valoir ses produits, un de nos compatriotes de la Grande Île, industriel avantageusement connu, s’est rendu, l’année dernière, à la Réunion et a acheté la plus vieille tannerie de Saint-Denis.
L’injustice professée à l’égard des cuirs de Madagascar se renouvelle à l’égard de son chocolat ; depuis la raréfaction de ce produit sur les marchés européens, les marques bourbonnaises font prime dans la consommation locale. Or Madagascar possède, comme sa voisine, du sucre, sous forme de cannes, et du cacao ; il serait facile aux Malgaches de faire eux-mêmes leur chocolat au lieu d’en importer.
Il serait loisible à nos compatriotes de là-bas de prendre exemple sur les Bourbonnais qui ont su s’organiser et achètent même la plus grande partie de leur cacao aux producteurs de la côte est de Madagascar.
Colonisée depuis plusieurs siècles, la Réunion a fixé ses méthodes et a su, comme la métropole, spécialiser ses produits. Madagascar n’a qu’à l’imiter en bénéficiant de l’expérience de l’île voisine et en étendant ses échanges avec Bourbon qui lui achète déjà 95 % de ses bœufs de boucherie et d’importants chargements de peaux salées.
Tout cela est réalisable, mais à la condition, bien entendu, que l’initiative des colons malgaches soit encouragée par l’administration ou tout au moins – ne demandons pas l’impossible – ne soit pas contrecarrée.
Le Courrier colonial


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