March 28, 2015

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

Depuis que mon patron, qui lit consciencieusement l’Officiel chaque semaine, sait qu’il ne manquera plus de sucre, la sortie en étant permise de la Réunion, sa bonne humeur est revenue, il est maintenant capable de penser aux autres, les soldats sur le front font l’objet de toute sa sollicitude. Mais quoi faire pour eux, il a bien pensé à leur envoyer des passe-montagne ou des chaussettes mais il y a renoncé, il y a longtemps que l’idée en est venue à d’autres ; l’œuvre de l’Automobile Club ne le tente pas non plus, c’est trop anonyme pour lui, alors il réfléchit, avant la fin de la guerre, il nous aura sans doute sorti quelque chose de bizarre qui pourrait bien cependant lui rappeler les palmes ou le poireau.
Eh bien mon patron, moi qui ne suis pour vous qu’une bête de somme, j’ai une idée et je vous la confie. Le café n’est pas rare à Tamatave, il n’est même pas cher actuellement et nos braves soldats sur le front en manquent peut-être. Pourquoi ne pas leur en envoyer ? Vous appellerez votre œuvre comme vous voudrez : « Le Café du poilu », par exemple.
Les planteurs se feront un devoir en même temps qu’un plaisir de vous apporter leur obole en nature ; d’autres, qui n’ont pas de plantations, se contenteront d’offrir des espèces. Voilà mon idée, elle en vaut bien une autre, j’espère qu’elle sera accueillie favorablement par les patriotes de Tamatave. Nos poilus auront du café.
Sarah B.
La Dépêche malgache

Tamatave s’embellit

Mais oui ! malgré la crise dont tout le monde souffre, malgré la guerre qui est la cause de cette crise, Tamatave continue à s’embellir. Après avoir remblayé l’extrémité de la rue Bertho qui communique avec le boulevard Galliéni, la main-d’œuvre pénitentiaire est en train de niveler à cette heure le grand boulevard Poincaré.
Nos lecteurs n’ont pas oublié que ce boulevard plus large que long se détache à angle droit du boulevard Galliéni, au bord de la mer, pour aboutir… au boulevard militaire, en longeant les immeubles Baillet.
C’est plaisir à voir les condamnés, – oh ! pas pour de gros crimes, – déambuler flegmatiquement, sans se presser, – à la façon des péripatéticiens, – du point où ils prennent leur sable, au trou qu’il y a à combler.
Il fait si chaud !!…

Le Tamatave

Madagascar en 1914 est en préparation, Madagascar en 1913 est disponible dans une édition numérique revue et corrigée.
Et la Bibliothèque malgache s'ouvre à de nouvelles collections, avec douze premiers titres disponibles sur la nouvelle page d'accueil du site.

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