November 10, 2017

Il y a 100 ans : On parle d’organiser des chantiers agricoles nationaux (2)

(Suite et fin.)
À ce sujet, le Bulletin des Renseignements coloniaux écrit : En agriculture alimentaire, on considère que la capacité productive d’un individu est très bonne quand il produit de quoi nourrir 200 de ses semblables ; elle est passable au coefficient 30, médiocre à 10, mauvaise au-dessous de ce chiffre. Or, le coefficient de l’indigène de la région côtière, à Madagascar, est de 2 à 5 lorsqu’il est livré à lui-même. Ce coefficient peut s’élever à 20 et atteindre même 60 si le travailleur malgache est employé sur une exploitation bien organisée sous la direction d’Européens. Que cette situation puisse se modifier avec le temps, cela n’est pas douteux, mais actuellement on ne peut compter sur l’extension des cultures de villages pour augmenter la production.
Peut-on compter au moins sur les cultures européennes ? Les colons demeurés sur leurs terres sont, hélas, trop peu nombreux. Il faudrait sans doute une organisation nouvelle permettant une production intensive, immédiate, grâce à laquelle la Grande Île pourrait fournir une surproduction de riz suffisante pour nourrir toute la France pendant plusieurs mois. Quatre mois, six mois au plus suffisent en effet pour obtenir une récolte de riz et 200 000 individus employés utilement pendant deux cents jours par an donneraient un supplément de récolte suffisant pour assurer le chargement de 250 navires.
M. Carle, directeur de la colonisation à Madagascar, propose de soumettre les travailleurs agricoles malgaches à la « réquisition civile » et de les organiser en chantiers agricoles nationaux qui travailleraient sous la direction d’Européens pris parmi les colons mobilisés ou mobilisables. Les travailleurs indigènes recevraient un salaire suffisant pour leur nourriture.
Ajoutons que le Comice agricole de Tananarive s’est déclaré partisan de cette combinaison et la Commission administrative nommée pour l’étudier s’est prononcée pour la mise en essai immédiate de ce programme.
Mais il ne suffira pas de produire beaucoup de riz, il faudra encore le transporter ; cela ne dépend plus de la colonie, mais de la métropole qui seule dispose ou, du moins, devrait disposer de moyens de transport.

Le Courrier colonial

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