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December 20, 2018

Les arts malgaches à la Bibliothèque malgache


Deux ouvrages paraissent simultanément à la Bibliothèque malgache, pour prolonger l’exposition parisienne Madagascar. Arts de la Grande Île, au musée du quai Branly-Jacques Chirac (du 18 septembre 2018 au 1er janvier 2019).


Madagascar et les colonies excitent bien des appétits en France et la presse en témoigne pendant l’époque coloniale. D’autres volumes publiés par la Bibliothèque malgache compilent quantité d’articles parus dans les journaux de Madagascar ou de métropole, sur le ton général de : nous apportons la civilisation à ces grands enfants que sont les Malgaches, en échange nous prenons dans la Grande Île de quoi accroître nos richesses en même temps que nous offrons aux courageux colons les meilleures conditions pour entreprendre et prospérer.
Nous avons fouillé cette presse à la recherche de textes qui se seraient intéressés aux arts pendant l’époque coloniale.
Première constatation : ils ne sont pas très nombreux. On ne fera pas mine de s’en étonner. Le principal souci du colonisateur était économique. Quant à la civilisation, celle qui était apportée devait, par sa qualité supérieure, faire négliger un passé par nature insignifiant.
Deuxième constatation, qui découle en droite ligne de la première : si le Malgache a une âme artiste, c’est dans l’imitation qu’il la développe le mieux, ne cherchez pas chez lui une démarche créatrice originale. Tel est, du moins, le discours qui se répand chez les rares personnes à se pencher sur le sujet.
Troisième constatation, car il faut bien chercher à se rassurer : quelques exceptions osent tenir des propos différents et s’intéresser aux arts malgaches en leur reconnaissant une spécificité.
Voilà, dans les grandes lignes, la teneur des textes rassemblés ici (en respectant la graphie choisie par chaque auteur pour les mots malgaches, dans une grande diversité) en guise de témoignage du passé, et pour prolonger les réflexions suscitées par l’exposition déjà citée.
ISBN 978-2-37363-078-7 (2,99 € ou 9.000 ariary)


Quand je me suis installé à Madagascar en 1997, je ne connaissais presque rien de la Grande Île – rien de son Histoire, à peine un peu plus de sa géographie, une infime partie de sa vie culturelle, quant aux coutumes locales, j’aurais été bien en peine d’en évoquer le moindre pan. Autant dire que j’arrivais vierge sur un terrain riche dont j’avais tout à découvrir. Situation exaltante, certes, mais parfois embarrassante quand j’étais contraint, par honnêteté, d’avouer mon ignorance.
L’ignorance se soigne. Jamais autant qu’on le voudrait, hélas ! Mais j’ai fait des efforts, plutôt plaisants d’ailleurs, pour découvrir au moins une partie de ce qui m’avait été caché auparavant. Pour créer les occasions de rencontres et accélérer des études sauvages, je n’ai rien trouvé de mieux que prolonger ici les activités auxquelles je me livrais déjà en Belgique : le journalisme culturel est un espace ouvert dans lequel chaque article est prétexte à ramener quelques pierres d’une construction globale qui restera toujours inachevée mais dont certains pans devraient, à force d’insister, ressembler à quelque chose. À la réalité d’une vie artistique que mènent, en dépit des difficultés rencontrées, des créateurs ardents, des talents parfois ignorés.
De ce présent, ou d’un passé très proche, voici un témoignage, mosaïque d’articles publiés en différents endroits et surtout dans deux quotidiens d’Antananarivo : La Gazette de la Grande Île (2004-2005) et Les Nouvelles (2005-2006). À dire vrai, ma contribution aux Nouvelles, à cette époque, n’était qu’un complément à une émission culturelle diffusée du lundi au vendredi par la radio Alliance 92. « Un quart culture » (parce que cela durait un quart d’heure) se nourrissait, pour l’essentiel, d’entretiens avec des artistes qui ont défilé devant mon micro pendant un an (d’autres, parfois les mêmes, l’avaient fait en 2000-2001 dans une émission hebdomadaire dont j’ai oublié le titre mais pas la durée – une heure et demie – sur les ondes de RLI). La récolte fut abondante, elle aurait peut-être mérité d’être exhumée. Mais il aurait fallu retrouver les enregistrements des émissions et les transcrire, ce qui semble pour l’instant impossible.
On se limitera donc à découper en dix chapitres, des arts plastiques au théâtre, une compilation d’articles qui ne prétend pas être le reflet global d’une décennie de vie culturelle et se contente d’en fournir un écho assourdi. Pertinent ou pas, chacun en jugera. Avec bienveillance, si possible, pour les ruptures de ton qui interviennent dans certains sujets littéraires : des forums animés au Centre Culturel Albert Camus d’Antananarivo (actuellement Institut Français de Madagascar) étaient précédés d’un vague portrait de l’écrivain invité, dans un style plus parlé qu’écrit.
Pierre Maury.
ISBN 978-2-37363-077-0 (2,99 € ou 9.000 ariary)

September 1, 2010

La culture... du jeu vidéo

J'aime bien les bonnes nouvelles. Désolé, celle-ci n'en est pas une.
Je lis dans le Courrier de Madagascar un article dont l'auteur, Rindra R., donne son point de vue dès le titre: Scandaleux! L'Espace Rado devient une salle de jeux vidéo. Si l'information est exacte, et je n'ai aucune raison de penser qu'elle ne l'est pas, c'est en effet un scandale.
A priori, je n'ai rien contre les jeux vidéo. Encore que... Quand je tombe par hasard sur une séquence télévisée qui présente les nouveautés du genre, j'hésite le plus souvent entre m'enfuir en courant et exploser la télé. (Vous me direz que, raisonnablement, je peux aussi changer de chaîne, mais comment être raisonnable dans ces moments-là?) C'est généralement si bête, si violent, si mal foutu...
Les jeunes Tananariviens manqueraient-ils de salles de jeux vidéo? Il en fleurit à tous les coins de rue dans chaque quartier.
Alors, installer cette horreur dans l'Espace Rado du Ministère de la Culture, oui, du Ministère de la Culture, et dans l'Espace Rado, Rado comme Rado, le poète... Vous vous rendez compte?
Scandaleux, c'est le moins qu'on puisse dire.

March 22, 2010

La culture française dans le monde: un enjeu commercial?

Dans un pays comme Madagascar - ce n'est pas le seul -, les centres culturels et les bibliothèques manquent cruellement, malgré les efforts louables menés pour des implantations locales et, dirais-je, malgacho-malgaches. A défaut d'un réseau dense et structuré, les possibilités d'enrichissement personnel sont évidemment réduites. Et il n'est pas rare que des localités n'aient que des concerts pour seules activités culturelles. Je n'ai rien contre la musique (je dois l'avoir déjà répété souvent), mais j'ai tendance à croire que la culture ne s'y résume pas.
Pour emplir un peu le vide, il faut bien se tourner vers d'autres choses qui existent. Là où une Alliance franco-malgache est présente - et il y en a une trentaine à Madagascar -, le désert culturel recule un peu. Ce qu'accomplit, à Antananarivo, le Centre culturel Albert Camus, personne d'autre ne le fait - ni ne possède les moyens de le faire, malgré l'excellent travail en profondeur réalisé par le Cercle germano-malgache, par exemple.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit: je ne pense pas que Madagascar ait particulièrement besoin d'être abreuvé de culture française. En tout cas, pas plus que d'une autre. Mais voyez à quel point les artistes malgaches ont besoin de ces structures pour monter une tournée à l'étranger ou même une production locale. Et expliquez-moi comment ils feront si cela disparaît.
On n'en est pas là. Mais la pente suivie ces derniers temps est inquiétante. Elle consiste à considérer la culture comme un produit, à entrer dans une compétition commerciale, à oublier ce qui a fait la beauté (et la faiblesse) de l'exception culturelle française. Les projets de restructuration du secteur ne vont certainement pas dans le sens d'une amélioration de la situation.
Devant les menaces, j'ai copié une séquence d'Esprit critique, émission de France Inter, pour en faire ce matin un "Zapculture" spécial - Zapculture étant le nom dont j'ai baptisé une séquence hebdomadaire d'une dizaine de minutes, qu'on trouve chaque lundi sur mon autre blog. Il y est question de littérature, de musique, de cinéma, de théâtre...
Le péril devant lequel se trouve la "maison" Culture France, et dont les retombées risquent de nous atteindre, valait bien cet arrêt audio.
Vous y accédez en cliquant sur le casque d'écoute posé au début de cette note de blog, puis en téléchargeant la séquence.

October 19, 2008

Madagascar en beaux livres

Dans l'édition française, la fin de l'année civile est le moment où les beaux livres, souvent coûteux, s'accumulent sur les tables des libraires. Je me souviens de la folie d'achats qui précédait les derniers jours avant Noël et le Nouvel an dans la librairie où je travaillais autrefois. Un livre reste en effet un cadeau apprécié.
Et pourquoi pas un livre sur Madagascar? Trois nouveautés sont à l'affiche.

Je commence par Cacao Vanille, l'or noir de Madagascar, par François Pralus et Laurence Caillier, avec des textes d'Ingrid Astier et des photographies d'Hervé Nègre et Thierry Beguin. En voici ce qu'on appelle l'argumentaire:
Présentation de la culture, la récolte, l'affinage, les crus, les rencontres et les accords de ces deux produits exotiques et pourtant quotidiens que sont le cacao et la vanille.
L'occasion également d'une découverte de l'île de Madagascar à la rencontre de sa population et des relations qu'elle entretient avec ces produits.
Avec 40 recettes salées et sucrées en fin d'ouvrage.
Editions Agnès Viénot, 192 pages, 29,90 €, sortie le 23 octobre.
Un autre ouvrage qui n'est pas seulement sur Madagascar, mais dont le titre fait rêver: Tour du monde des bouts du monde, par Véronique Durruty et Patrick Guedj.
Les bouts du monde sont des promesses de temps suspendu, d’espaces en dehors du monde et ouverts sur le monde, ces lieux magiques où l’on peut se perdre et se retrouver, écouter battre le bruit de son cœur, goûter le vent et regarder l’herbe boire.
• Ils peuvent être tout proche ou à l’autre bout du monde
• Ils nous donnent envie de sourire, de nous asseoir.
• Ce sont des lieux où rêver en descendant du petit avion à hélice qui nous laisse sur l’aéroport de l’île de Sainte-Marie à Madagascar (ainsi nommée car bénie des dieux), en suspendant notre hamac sur le Rio Negro en Amazonie, en marchant sur les chemins de la Chalosse, en descendant, l’estomac un peu chaviré, du bateau qui nous laisse sur l’île de Samalona, au large de Sulawesi, dans un petit havre de paix du Larzac…
Stop ! Nous sommes arrivés là où l’on n’a pas envie d’aller plus loin.
• Avec plus de 200 photographies du monde entier.
• Des informations pratiques et insolites : Carte avec emplacement, nombre d’habitants, nombre de kilomètres depuis le pôle Nord / Paris et New York, comment y aller ? , où dormir ?, que faire ?
Editions Aubanel, 384 pages, 32 €, à paraître le 23 octobre.
Enfin, Didier Mauro, qui a déjà beaucoup écrit sur la Grande Ile, donne, dans la nouvelle collection Guide culturel du monde un nouveau Madagascar.
Il nous semble connaître les pays étrangers.
De leur histoire, nous déduisons leur situation actuelle, les livres de photos nous montrent leurs paysages, leurs villes, leurs monuments, nous pouvons lire leurs auteurs et les médias nous donnent régulièrement de leurs nouvelles.
Mais pourquoi nous sentons-nous perdus quand nous visitons ces pays que nous croyons connaître, quand nous essayons de comprendre leurs habitants, quand nous voulons améliorer nos connaissances ou nous faire des amis ?
Les Guides Culturels du Monde veulent être une aide pour ceux qui désirent mieux connaître une autre culture. Quand nous sommes brutalement plongés dans un autre monde, il faut adopter d'autres règles, accepter d'autres valeurs. Quelle est la place de l'homme dans la société ? Comment vivent ensemble les hommes et les femmes ? Comment se comporter en public et en privé ? Quel est le rôle de la religion ? Quelles sont les superstitions ? Où s'amusent les hommes et où travaillent-ils ? Comment font-ils la fête ? Comment accueillent-ils l'étranger et qu'attendent-ils de lui ? Comment doit se comporter le visiteur ?
Les cultures étrangères ne sont pas si éloignées de nous que nous le pensons. Les Guides Culturels du Monde retracent l'histoire et le développement des sociétés afin que nous comprenions leurs modes de vie et de pensée, que nous en sachions plus sur leur vie quotidienne. Il s'agit d'éviter qu'un choc culturel vienne dresser entre les peuples un mur d'incompréhension. Car plus on connaît les autres et mieux on les comprend.
Editions Pages du monde, 224 pages, 21 €, en librairie.

November 4, 2006

Nuit giratoire

Il s'en passe de belles dans les nuits malgaches. Valérie Berger, danseuse et chorégraphe qui est installée à La Réunion mais fréquente assidûment Madagascar, proposait hier soir, au Centre culturel français - le CCAC pour "Centre culturel Albert Camus" -, la deuxième version de ses "Nuits giratoires", spectacle pour adultes selon le programme.
Trois danseuses interprètent donc la nuit et les travailleuses du sexe qui hantent certains quartiers dans toutes les grandes villes (du monde, ou presque). Pièce chorégraphique provocante mais pas trop, un peu vaine dans la répétition de clichés bien entretenus. J'ai l'impression que j'en aurai tout oublié en moins de vingt-quatre heures.
Je me souviens bien, en revanche, de la première version, dont j'avais vu une représentation dans un cadre mieux approprié que la salle du CCAC. C'était au cabaret du Glacier, l'an dernier. Les danseuses étaient au milieu d'un public particulièrement concerné: belles de nuit en quête de vola d'une part, d'autre part vazaha faisant leur marché de chair fraîche. La représentation était beaucoup plus troublante.
Hier soir, rien que la disposition des lieux rendait le spectacle asptisé. Après tout, la Compagnie Tetra Danse n'y était peut-être pour rien.