April 10, 2015

Il y a 100 ans : Cour criminelle de Tamatave (1)

Président : M. Jodia.
Assesseurs : MM. Covain, Raymond Négro et Jullien.
Lundi dernier, 15 février, avait lieu l’audience où se jugeait le crime d’homicide commis par l’indigène Belalahy sur la personne du Chinois Tang-Ti.
Voici les faits. Belalahy était le domestique de Tang-Ti qui lui-même était l’employé de Tang-Sen lequel a servi de témoin. De plus, la mère de ce Belalahy (âgé de 19 ans) est la ramatoa de Tang-Ti. Au mois d’octobre dernier, Tang-Ti avait été envoyé par son patron de Tamatave à un village situé à plusieurs journées, pour une affaire quelconque. À cet effet, Tang-Sen lui remit une somme de 75 francs plus les bagages que devait porter Belalahy, et cela en présence de ce dernier. Tang-Ti aurait voulu voyager en pirogue, mais Belalahy s’y opposa. Force lui fut d’aller à pied.
Ils se mirent en route et, quand la nuit fut venue, ils couchèrent dans un village. Le lendemain, ils repartirent à la pointe du jour et vers 10 heures ils arrivèrent dans une forêt voisine de la mer où le bruit des vagues se faisait entendre tout particulièrement. Là, Belalahy, fatigué, ralentit le pas. Le Chinois dut l’invectiver pour le faire aller plus vite, puis se mit à le houspiller avec son bâton. L’indigène exaspéré se retourna et une dispute s’ensuivit. Le Chinois lui porta à la tête deux coups de couteau qui furent sans danger. L’indigène en fit autant, mais le Chinois tomba évanoui sur le chemin. Effrayé, Belalahy transporta le corps de son maître dans un fossé, alla cacher les bagages à une centaine de mètres plus loin, et se rendit à un village voisin. Le chef, le voyant arriver tout sanglant, le pressa de questions, et Belalahy déclara qu’accablé par le poids des bagages, il était tombé sur des morceaux de bois aigus qui l’avaient mis dans cet état. Devant l’invraisemblance de cette déclaration, les habitants le ramenèrent dans la forêt d’où ils l’avaient vu arriver. Ils cherchèrent partout, et trouvèrent dans le dit fossé le Chinois étendu sur le dos, couvert de sang, les bras en croix, ayant sur sa poitrine son chapeau, son bâton et son parapluie.
(À suivre.)

Le Tamatave

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