October 1, 2016

Il y a 100 ans : Des bateaux, des capitaux, des colons (1)

Ce ne sera pas un des moindres services rendus par la presse au cours de cette guerre que d’avoir inlassablement lancé, sous des formes variées, d’heureux cris d’appel qui auront probablement ému l’opinion et obtenu, grâce à la pression de celle-ci sur les pouvoirs publics, un effort de plus en plus puissant, sans lequel la victoire nous aurait échappé.
« Des canons ! Des munitions ! » s’écrie tous les jours Charles Humbert dans le Journal.
« Des carottes ! Des épinards ! » supplie Laforest dans le Matin.
« Des aéros ! Des avions ! » conjure un troisième confrère.
Et canons et munitions, carottes et épinards, aéros et avions, sortent de terre à ce pressant appel que toute la presse reprend quotidiennement, si bien que les esprits les plus imbus des vieilles routines doivent, bon gré mal gré, emboîter le pas.
La presse coloniale n’a malheureusement pas pareille influence sur les hommes dont dépend la reprise de notre activité coloniale. Tous les jours, elle réclame : « Des bateaux ! Des bateaux ! » sans pouvoir faire appareiller ces bateaux aussi vite qu’entrent en ligne les nouveaux canons, que poussent les carottes et les épinards, que s’élancent dans les airs les nouveaux aéros et avions.
C’est une besogne bien ingrate que celle qui incombera au journaliste colonial jusqu’au jour où il sera parvenu, comme son confrère métropolitain, à imposer ses desiderata à l’attention de ceux qui président aux destinées de nos territoires d’outre-mer. Espérons qu’il ne prêchera pas toujours dans le désert et qu’à force de crier : « Des capitaux !… Des colons !… De la main-d’œuvre !… » il verra enfin l’argent affluer dans nos possessions, les colons venir en grand nombre les mettre en valeur, les indigènes se décider à travailler raisonnablement. Car c’est bien de l’insuffisance de ces trois éléments de prospérité que souffrent la plupart de nos colonies.
Prenons Madagascar, par exemple : voilà une île qui a atteint un certain degré de prospérité et qui voit d’autant mieux ce qui lui manque pour poursuivre son ascension, c’est-à-dire des capitaux, des colons, de la main-d’œuvre, enfin des bateaux pour enlever ses produits.
(À suivre.)
F. Mury

Le Courrier colonial

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