October 3, 2016

Il y a 100 ans : Des bateaux, des capitaux, des colons (3)

(Suite.)
Eux aussi, les Anglais nous donnent une leçon à cet égard. Que font, en effet, nos alliés pour mener à bien l’organisation d’une colonie ? Ils y posent le rail, y édifient un temple et y créent une banque.
Mais entendons-nous : pour qu’une banque ait toute son utilité et puisse favoriser l’expansion économique d’un pays, il faut que le pays puisse à son tour l’alimenter largement. Or, Madagascar n’est pas encore suffisamment riche en colons. Une des provinces les plus favorisées sous ce rapport, celle de Vatomandry, ne compte pas plus de deux colons pour mille indigènes. La proportion est tout à fait insuffisante. Malgré cela, Vatomandry est la plus belle « colonie » de la Grande Île : on y trouve de vastes concessions, riches, bien plantées ; quelques-unes sont en plein rapport. Que serait-ce si le colon y était moins rare !
Vous allez dire : « Et les indigènes ? » Mais les coloniaux avertis savent bien que, quelles que soient les qualités de l’indigène, celui-ci ne saurait être qu’un collaborateur qui a besoin d’un initiateur, lequel ne peut être que le colon, et non le fonctionnaire, quoi qu’en pense ce dernier.
Jamais l’administration n’a pu assurer avec le seul concours de nos sujets la mise en valeur d’une colonie ; seul le colon peut remplir ce rôle, en dirigeant le travail indigène, en éduquant nos sujets parmi lesquels il a décidé de vivre.
Et en même temps qu’il leur inculque le goût du travail, si toutefois l’administration le lui permet, il les guide fatalement sur la route de la civilisation.
Et si Madagascar avait assez de colons, la civilisation aurait fait des progrès beaucoup plus sensibles et l’on n’aurait pas vu les illuminés de la V. V. S., par exemple, prendre tant d’importance et organiser des complots.
Malheureusement, notre humanitarisme mal compris a laissé l’indigène malgache évoluer tout seul, confondre liberté avec licence, méconnaître la supériorité morale du blanc et refuser peu à peu tout effort.
D’ailleurs, si les colons français avaient été plus nombreux à Madagascar, les Allemands n’auraient pu prendre une place aussi importante dans une colonie qui était nôtre.
(À suivre.)
F. Mury

Le Courrier colonial

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 50 titres parus à ce jour.

No comments:

Post a Comment