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January 12, 2010

Esther Duflo : Lutter contre la pauvreté

Il y a un an, presque jour pour jour, je vous parlais d'Esther Duflo et de son parcours qui l'avait menée (en simplifiant un peu) de Madagascar au Collège de France. Aujourd'hui, elle publie dans Le Monde un long article intitulé: Microcrédit, miracle ou désastre? Surtout, les textes des quatre leçons qu'elle a données en janvier 2009 viennent de paraître. Cela nous concerne.

Dans Le développement humain. Lutter contre la pauvreté (I), il est d'ailleurs directement question de Madagascar. Elle utilise deux expériences qui y ont été conduites récemment.
L'une concernait des classes d'écoles primaires rurales où différents moyens ont été utilisés pour améliorer la perception de l'enseignement par les parents des élèves. Le résultat a été, dans tous les cas, une augmentation de l'assiduité des élèves, mais dans des proportions diverses selon le type des rencontres qui avaient été organisées.
L'autre expérience consistait à comparer, par des tableaux de bord, une école avec d'autres, en misant probablement sur une émulation entre différents établissements. Résultat nul, contrairement à d'autres écoles où une ONG a utilisé ces tableaux, avec les parents, pour envisager des améliorations.
Ces deux exemples sont caractéristiques de la démarche d'Esther Duflo: elle se base sur un travail de terrain afin d'en évaluer la pertinence. Au contraire de bien des intervenants dans les secteurs abordés par ce premier volume: "aujourd'hui, les systèmes officiels d'éducation et de santé sont, dans une large mesure, le produit de l'imagination de bureaucrates et d'experts qui n'ont de rapports directs ni avec les besoins des personnes, ni avec les réalités du terrain."

Dans l'autre volume, La politique de l'autonomie. Lutter contre la pauvreté (II), il n'est pas directement question de Madagascar (sauf distraction de ma part). Mais il y est en revanche question de microfinance et de corruption, deux sujets sur lesquels les réflexions d'Esther Duflo peuvent éclairer la réalité malgache.
A propos du microcrédit, elle s'interroge: "aide-t-il vraiment les pauvres?" Si l'on ne creuse pas la question, elle semble absurde. La spécialiste en économie du développement nous persuade cependant du contraire.
Sur la corruption, au lieu d'envisager les comptes en banque bien fournis des dictateurs africains, elle s'intéresse au phénomène quotidien: "c'est le policier qui n'enregistre pas votre plainte si vous ne lui glissez pas un billet, ou bien le maire qui demande un bakchich pour délivrer la carte d'alimentation à laquelle vous avez droit."
Où l'on voit que l'Inde ou le Brésil ne sont pas sans rapports avec Madagascar...

November 21, 2009

En librairie : le développement durable et une vie abrégée

Deux nouveaux ouvrages en rapport avec Madagascar sont disponibles depuis peu. (En réalité, il y en a un troisième mais, comme je viens de le recevoir, je vais le lire avant de vous le présenter.)


Géraldine Froger, Vincent Geronimi, Philippe Meral et Patrick Schembri ont écrit Diversité des politiques de développement durable. Temporalités et durabilités en conflit à Madagascar, au Mali et au Mexique.
Pourquoi les pays en développement n'adoptent-ils pas le même type de politiques et de projets de développement durable? Quelles sont les contradictions entre l'horizon temporel des bailleurs et des acteurs nationaux ou locaux? Quelles sont les modalités d'appropriation locale des projets et politiques de développement durable? Quelle est l'efficacité des processus participatifs?
Pour répondre à ces questions, cet ouvrage allie études régionales, nationales et globales pour analyser, dans une perspective critique, différentes expériences en matière de politiques de "développement durable". Pour ce faire, il met l'accent sur les politiques, programmes, projets de conservation et de lutte contre la déforestation dans trois pays: Madagascar, Mali et Mexique.
Les coordinateurs scientifiques de cet ouvrage sont membres du comité de direction et/ou du conseil d'administration du GEMDEV (Groupement d'intérêt scientifique pour l'étude de la mondialisation et du développement).


Dominique Torrès, grand reporter à France Télévisions et réalisatrice de documentaires, a créé en 1994 le Comité contre l’esclavage moderne et a consacré quatre films à ce sujet. Jean-Marie Pontaut, rédacteur en chef à L’Express, spécialiste de l’investigation policière et judicaire, est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages. Ensemble, ils se sont penchés sur le cas de Lila. Etre esclave en France et en mourir.
Lila arrive en France à 14 ans pour servir de bonne à tout faire. Elle est corvéable à merci, ni payée ni scolarisée. Quatre ans plus tard, cette jeune fille joyeuse et douce est renvoyée in extremis à Madagascar, son pays natal, pour y mourir quelques jours après. Sa famille constate son extrême maigreur et de nombreuses traces de coups sur son corps.
Cette mort suspecte provoque l’ouverture d’une enquête en France et, en 2005, ses «employeurs» sont mis en examen pour, notamment, «viol et non-assistance à personne en danger».
Depuis, la justice s’est enlisée dans ses lourdeurs et ses lenteurs et a finalement décidé de classer l’affaire. Pis: elle a refusé d’entendre les témoignages essentiels recueillis par les auteurs de ce livre, à Tananarive et dans la banlieue parisienne.
Ce récit s’attache à faire revivre la petite bonne malgache, sa jeunesse, ses rêves, son long calvaire et sa mort tragique.
Le destin de Lila illustre le drame de l’esclavage moderne en France et l’indifférence devant des victimes trop souvent ignorées de tous.
Un témoignage poignant de vérité.

J'ajoute à ce texte de l'éditeur une information donnée hier par l'AFP, au sujet d'un rapport du Comité contre l'esclavage moderne (CCEM). Les personnes exploitées en France sont à 96% des femmes dont le plus grand nombre sont réduites en esclavage dans le domaine de la domesticité. En moyenne, elles sont recrutées à l'âge de 14 ans (mais dès 9 ans parfois) et sont exploitées pendant six ans, pour moitié par des membres de leur famille. Leur pays d'origine est, pour 3% d'entre elles, Madagascar.
Je rappelle que ceci concerne la France et non le Liban...