June 16, 2011

Fianarantsoa - Côte Est : 75 ans


On célèbre cette année le 75e anniversaire de la mise en service de la ligne de chemin de fer reliant Fianarantsoa à Manakara, le F.-C.E. cher aux touristes et à toute une population éparpillée entre les deux villes.
L'occasion de se souvenir, grâce à un texte d'époque, de ce que fut l'inauguration de cette voie de pénétration vitale pour la région. Robert Boudry a publié en juillet 1936, dans La Revue de Madagascar, un long texte relatant l'événement. Il est possible de le trouver sur Internet, mais sur le site du Fonds Grandidier, page par page. Ce n'est pas très pratique. La Bibliothèque malgache ne reculant devant aucun effort pour vous rendre service, je mets les pages de cet article à la disposition de celles et ceux que cela intéresse. Fianarantsoa - Côte Est est donc téléchargeable (peut-être provisoirement, ne traînez pas). Soixante-six pages de texte et d'illustrations, d'où j'extrais les deux photographies illustrant cette note.


Pour une vision des chemins de fer malgaches mieux adaptée à notre vision contemporaine de l'Histoire, on lira avec profit l'article de Jean Frémigacci publié en 2006 dans Afrique & Histoire, Les chemins de fer de Madagascar (1901-1936): une modernisation manquée.

June 1, 2011

Flore de Madagascar et des Comores

Je suis davantage attiré par les textes littéraires, historiques ou sociologiques, mémoires et romans en tous genres que par les ouvrages scientifiques. Mais l'alerte liée aux numérisations atterrissant dans le catalogue d'Internet Archive (elle se trouve dans la colonne de droite) m'a conduit à me pencher sur la Flore de Madagascar et des Comores: plantes vasculaires, publiée sous les auspices du Gouvernement général de Madagascar et sous la direction de Jean-Henri Humbert à partir de 1936.
En voyant apparaître une longue succession de ses fascicules, je suis retourné à la source, vers la Biodiversity Heritage Library où j'avais déjà déniché, entre autres choses difficiles à trouver sur Internet, le Bulletin de l'Académie malgache de 1902 à 1925.
C'est là que se trouvent en effet les fascicules décrivant les 189 familles de ces plantes - certaines familles occupent plusieurs fascicules.
Je souhaite donc bien du plaisir à tous les lecteurs intéressés par la flore malgache...
D'autant que, dans le même registre, la Biodiversity Heritage Library propose aussi l'Histoire naturelle des plantes, de H. Baillon qui constitue les volumes 30 à 36 de l'Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar. Le volume 39, par F. Renauld et J. Cardot, est consacré à l'Histoire naturelle des plantes mousses et le volume 20, par Henri de Saussure, à l'Histoire naturelle des hyménoptères.
Quelques autres volumes (16, 23, 25 et 27) apparaissent également, en ordre dispersés, sur cette page.
Toutes ces références, et beaucoup d'autres, se trouvent (ou se trouveront, pour celles qui n'y sont pas encore) dans le 54e numéro de la Bibliothèque malgache électronique ou, en attendant la prochaine édition, dans le supplément permanent.

April 7, 2011

Johary Ravaloson, récompensé et démultiplié

Deux éditeurs pour un premier roman, Géotropiques, et maintenant un prix littéraire, celui de La Réunion des Livres, catégorie roman.
Johary Ravaloson a peut-être mis du temps avant de trouver une place visible en librairie. Il y a combien d'années, déjà, cette conversation chez Jean-Luc Raharimanana, en banlieue parisienne, où nous parlions précisément de la manière dont cela arriverait? Jean-Luc et moi, Johary non plus probablement, n'envisagions que ce serait si long.
Mais l'écrivain s'est accroché et il est maintenant bien présent dans le paysage éditorial, à travers ses publications chez Dodo vole mais aussi ailleurs.

C'est chez Publie.net, coopérative d'auteurs pour la littérature numérique, que sort (sous forme de livre électronique, donc) Antananarivo, ainsi les jours, recueil de six textes que l'on peut appeler, au choix, chroniques ou nouvelles, ancrés dans le quotidien d'une capitale dont les habitants sont soumis à rude épreuve depuis plus de deux ans. (Ne parlons que d'une époque récente.)
Parues pour la plupart ici ou là, dans des ouvrages collectifs ou des revues, ces pages écrites à vif font entendre des voix souvent peu audibles, précieux éclats arrachés au jour ou à la nuit, moments situés avec précision dans le calendrier d'une crise ou posés à n'importe quel endroit de l'écoulement du temps.
Une ville vit et meurt à chaque instant, prise au piège de ses contradictions et des jeux de pouvoir qui en ponctuent l'histoire...

Détaché de ce recueil, remis en page et complété, à l'usage des adolescents, de références haïtiennes, D'Antananarivo à Fierté Haïti fait le pont entre deux îles. Ce pont a été et est encore une source d'enrichissement pour Johary qui m'expliquait, il y a quelques jours (et devant un fond de calvados, on est multiculturel ou on ne l'est pas) combien la littérature haïtienne l'avait porté au-delà des rivages dont Andrianampoinimerina avait fait les frontières de son royaume. Ce qui correspondait à une extension autant qu'à une fermeture.
Nous sommes au contraire ici, avec ce bref récit, dans l'ouverture. Audace (?) bienvenue pour faire savoir au monde qui sont aujourd'hui les Malgaches, et aux Malgaches ce qu'est le monde...

March 24, 2011

La Bibliothèque malgache chez Gallica

Un peu d'étonnement, hier, en constatant que l'alerte permanente sur les nouveaux titres disponibles chez Gallica à propos de Madagascar me signalait quantité d'ouvrages que je connais bien pour les avoir intégrés à la Bibliothèque malgache électronique.
Et pour cause: il s'agit des textes édités par mes soins pour la Bibliothèque malgache, et repris dans les collections d'Ebooks libres & gratuits.
Essayez : ouvrez Gallica et faites une recherche simple sur le mot "BME". Les 41 premiers résultats sont, précisément, des titres de la Bibliothèque malgache électronique.
Très bien, excellent, super! me dis-je donc dans un élan d'enthousiasme que les problèmes actuels d'Internet à Madagascar m'ont empêché de partager tout de suite avec vous.
Tant mieux, car j'ai entre-temps examiné cela de plus près. Franchement, mon enthousiasme s'en est trouvé quelque peu modéré.
Prenons un exemple concret, le premier ouvrage de la collection, dont je vous montre la couverture. Gallica propose d'y accéder par Izibook. Pourquoi pas?
Je clique, une autre page s'ouvre, qui propose de feuilleter le livre. Allons-y, on avance...
Cette fois, je suis sur un site marchand, pour ce qui est devenu un "produit" au prix, certes, modéré (0,00€).
Ensuite, pour l'obtenir, il faut suivre toute une procédure de commande et d'inscription (pas besoin cependant d'entrer un numéro de carte bleue, par exemple). A la fin, il est permis de charger (et non de feuilleter) La race inconnue, mais dans un seul format, celui du Sony Reader. Tant pis pour celles et ceux qui ne possèdent pas cet appareil (j'en suis).
Donc, la BME chez Gallica, c'est bien mais cela pourrait être beaucoup mieux.
J'ai donc proposé à Gallica de proposer à ses usagers des liens vers le site de la Bibliothèque malgache, sans passer par ces intermédiaires. J'attends la réponse...

March 22, 2011

100 briques pour Madagascar

Une belle idée de Charles Gassot, qui est à l'origine d'Écoles du monde - Madagascar et est toujours président de cette ONG. Si je résume bien sa pensée, telle que je la trouve exprimée sur une page du site et dans un article du Monde daté d'aujourd'hui: les briques étant le matériau de base avec lesquelles se construisent les écoles à Madagascar, transformons-les en œuvres d'art pour leur donner une plus grande valeur, et vendons-les au profit de l'ONG.
Au-delà des deux exemples qui illustrent cette note, l'ensemble du projet est présenté ainsi:

100 artistes de Soulages à Sempé, de Monory à Bilal, de Garouste à Moebius en passant par Bettina Rheims, Bernar Venet, Yann Kersalé… ont tous répondu à l'appel de Charles Gassot et de François Tajan. Ils n'ont pas simplement décroché un tableau de leur mur, ils ont chacun créé une œuvre à partir d'un support similaire: une brique en terre ocre de 30 x 15 cm pesant 5 kg.
Chaque brique révèle l'écriture personnelle de l'artiste et leur confrontation montre la richesse de la création contemporaine, mais toutes sont estimées au même prix de départ de 500€.
Comme on assemble des briques pour construire une maison, cette action rassemble des hommes et des femmes de tous horizons: les presses-à-brique sont réalisées par les détenus de la prison de Liancourt et envoyées à Madagascar où sont fabriquées les briques. Servant de support aux plus grands artistes contemporains, leur vente permettra de construire des écoles dans la brousse malgache où le manque de scolarisation est un frein constant au développement et à la sauvegarde des richesses naturelles du pays.
Avant la vente, une exposition des 100 briques pour Madagascar aura lieu pendant le week-end au Marteau , les 26 et 27 mars, chez Artcurial (Briest - Poulain - F.Tajan).

On peut voir l'ensemble du catalogue sur un site dédié. Et la vente, pour ceux que cela intéresse, se déroulera le lundi 28 mars à 20h30 à l'Hôtel Dassault (7, Rond-Point des Champs-Élysées, 75008 Paris).

March 20, 2011

Paris Match et ses approximations


J'avais lu, en différents endroits, que Paris Match venait de consacrer un reportage à l'exploitation du bois de rose malgache. J'étais, évidemment, curieux de voir ça. Sans être le National Geographic, l'hebdomadaire français cultive le goût de l'image. Les six pages d'illustrations réalisées par Pascal Maître sont à la hauteur de l'attente.
Malheureusement, elles sont suivies d'un article de deux pages signé par Pierre Delannoy où, à côté du choc des photos, le poids des mots semble avoir été apprécié avec une certaine légèreté, voire une légèreté certaine. Il n'y a plus de correcteurs à la rédaction de Paris Match?
Comment expliquer qu'on laisse paraître un texte dans lequel la "densité extraordinaire" du bois de rose est estimée "jusqu'à 1,4 kilo par mètre cube"? Je suppose que le journaliste voulait dire 1,4 tonne par mètre cube. Ce qui n'est, bien sûr, pas tout à fait la même chose.
Un peu plus loin, il fait, avec patience mais sans rigueur, la répartition des sommes générées par la vente en Chine d'un meuble fabriqué en bois de rose. Coût à l'achat: 20.000 euros, sur lesquels 19.200 reviennent à la chaîne chinoise (importation, transformation, distribution). Restent, le calcul n'est pas trop compliqué, 800 euros pour la partie malgache. Dont - accrochez-vous - "666 constituent le bénéfice de l'exportateur, 131 vont dans les caisses de l'État, 55 aux coupeurs et aux équipes qui ont sorti le bois de la forêt, 6 aux camionneurs, 2 aux dockers du port."
Ce qui fait, là ça se complique, 666 + 131 + 55 + 6 + 2 = (calculette à la main) 860 euros et non 800.
Ce n'est pas très grave, en soi. Sinon que, outre l'inquiétude légitime suscitée chez les lecteurs fidèles de Paris Match (comment, non seulement ils n'ont pas de correcteurs, mais ils n'ont même pas de calculette?), des erreurs aussi grossières font naître une sorte d'incrédulité par rapport à tout ce qui est dit dans ces pages.
Le sujet ne méritait vraiment pas un traitement aussi approximatif...

February 16, 2011

Un supplément bibliographique de plus en plus riche



Si la Bibliothèque malgache électronique est en mode pause - mais cela ne durera pas toujours, rassurez-vous -, je continue à veiller sur les ressources disponibles un peu partout. Des compléments bibliographiques arrivent donc régulièrement sur cette page.
Parmi les derniers ouvrages signalés, un ensemble de huit photographies qui accompagnent l'Arrêté donnant au parc d'Ambohijatovo, à Tananarive, le nom de Square Poincaré en 1913, trouvé sur le site Gallica.

January 16, 2011

Rabearivelo : une journée d'études à Paris

Il fallait s'y attendre, et c'est heureux: la parution du premier volume des Œuvres complètes de Jean Joseph Rabearivelo provoque une curiosité nouvelle. D'autant plus justifiée que la masse d'inédits présente dans ce tome 1 a de quoi susciter l'excitation des chercheurs et des simples curieux.
Le lundi 24 janvier se tiendra donc, à l'initiative de l'Agence universitaire de la Francophonie (ENS Ulm, salle Dussane, 45 rue d'Ulm, 75005, Paris), une journée d'études consacrée à l'écrivain malgache.

Programme
10h00 – 12h30 : Sauvegarder
10h00 – 10h45 : Bernard Cerquiglini, Pierre-Marc de Biasi, Marc Cheymol, Introduction
10h45 – 11h45 : Laurence Ink, Traitement d'un fonds d'archives familiales : préservation, numérisation, et communication aux chercheurs (illustré de deux courts documentaires réalisés par l'unité multimédia de l'université d'Antananarivo)
11h45 – 12h30 : Almut Seiler-Dietrich, Un amour germano-malgache. Préserver les Calepins Bleus. Historique d'un projet.
12h30 – 14h00 : Déjeuner libre
14h00 – 17h30 : Éditer
14h00 – 14h45 : Liliane Ramarosoa, Les nouvelles frontières de «Planète Libre», à travers le cas Rabearivelo. Le montage institutionnel du projet d'édition.
14h45 – 15h30 : Claire Riffard, Construire un protocole éditorial. Principes scientifiques d'édition
15h30 – 16h00 : Discussions
16h00 – 16h45 : Serge Meitinger, L'Amour la poétique. Genèse de «Lignes», poème liminaire de Sylves (1927)
16h45 – 17h00 : Intervention d'un traducteur de Rabearivelo en français
17h00 – 17h30 : Un mot des co-éditeurs de l'ouvrage
17h30 – 19h00 : Rencontre de presse - Coquetèle

January 13, 2011

Trois questions à Johary Ravaloson

Depuis le mois de novembre qu'il est paru, ou plutôt depuis le mois de décembre où je l'ai lu, je me promets de parler en détail du premier roman de Johary Ravaloson, Géotropiques. J'aurais voulu expliquer en détail ce qui m'y attache et les faiblesses que j'y trouve. Mais le temps me manque et, plutôt que d'attendre de le trouver, je publie les réponses que Johary a faites aux trois questions que j'avais posées à plusieurs écrivains de la rentrée littéraire (pour Le journal d'un lecteur).
Je signale aussi que l'édition dont je montre la couverture n'est pas disponible à Madagascar, où Dodo vole a publié le même livre dans une autre présentation, et où on le trouve donc en librairie.

Vous publiez, dans cette rentrée littéraire, Géotropiques. En même temps que 700 autres romans. Cette abondance ne vous effraie-t-elle pas?

Ces 700 ne sont rien au regard des rayons des bibliothèques que je fréquente. Ce qui m'effraie parfois c'est ma prétention à me faire une place dans cet univers en perpétuelle extension (sûrement fourmillant de tombes et d'autres rebuts).
Il y a quelques années quand j'ai annoncé à mon directeur de thèse que je ne ferais pas long feu dans la recherche et l'enseignement pour me consacrer à l'écriture, elle – c'est une grande dame du droit international, rigoureuse et généreuse à souhait - m'a demandé si j'estimais réellement avoir quelque chose à dire au monde. Je n'avais jamais réfléchi sérieusement à la question de la littérature sous cet angle. J'ai toujours aimé lire et, tout jeune, vers neuf/dix ans, je me disais que j'allais écrire aussi mes livres. C'était en même temps des copies, les 4 amis au lieu des Club des 5, des aventures avec des Dahalo, voleurs de zébus, au lieu des contrebandiers dans la Méditerranée, cependant le sentiment que mes histoires n'avaient jamais été écrites m'animait déjà. Par la suite, c'était devenu une conviction. J'écris à la marge de la périphérie. Et c'est peut-être ma chance! Quand j'ai connu la littérature des fils d'Afrique, de Harlem, de Haïti ou d'autres banlieues de la terre (Sony Labou Tansi, Kourouma, Chester Himes, J.E. Wideman, Glissant, Chamoiseau, Marie Vieux-Chauvet, Dany Laferrière, Marie N'Diaye, Rushdie, Naipaul, Kureishi, etc., il y en a plus de 700), la question du comment m'absorbait déjà davantage. Car il me semble finalement que c'est toujours la même histoire: moi et «la» femme, moi et mon rapport au monde!
Quant au pourquoi, c'est le plaisir pour dire vite. L'acceptation de soi que permet l'écriture. Puis ma culture malgache m'a aidé à répondre au reste. Je veux devenir ancêtre, l'ancienne solution d'être au monde, m'accrocher à la paroi pour ne pas disparaître trop vite. Parfois, comme dans Géotropiques, je réponds (j'espère correspondre) à certains auteurs que j'aime bien, une sorte de reconnaissance de dettes puisque c'est la lecture qui m'a amené à l'écriture. Et là, ce n'est plus une prétention mais un sentiment d'appartenance à une grande famille, même si je me perçois comme le vilain petit canard.

Quel a été le point de départ de votre roman? Une idée, une phrase, une image, que sais-je...?

Géotropiques est mon premier roman publié. J'en ai écrit auparavant deux autres avec des thèmes bien précis, des trames romanesques très élaborées - j'apprenais à écrire -, ils n'ont pas été publiés! Pour celui-ci, je ne voulais d'aucune règle - j'aspirais à devenir écrivain dégagé - et ne désirais parler que de ce qui m'intéressait (ce que j'aime et ce qui me fait peur).
Du surf, du sexe et de la mort. Rien que ça. A la fin de la première journée d’écriture, dans le premier chapitre initial (devenu premier chapitre de la deuxième partie), les personnages ont fait l’amour trois fois et assisté à un meurtre d'une violence préhistorique, j’étais très content de moi. Pour corser, j'ai ajouté un troisième personnage. Un autre homme derrière la femme. Puis des vagues. Quelques jours plus tard, un ami a trouvé la mort au Pic du Diable, un spot du sud de La Réunion que je fréquentais également tous les jours. Le requin-marteau qui a emporté le bras de Sébastien aurait pu emporter le mien, l'océan Indien en quelques minutes aurait absorbé tout mon sang. C’était la fermeture du Pic (titre initial). Alors un premier pourquoi a entraîné d'autres questions: qu'est-ce que je fais là à lambiner sur une planche? Le sens de tout ce cirque qu'est la vie, le bonheur, la recherche du bonheur si loin de chez soi pour un immigré comme moi, l'identité et le rapport à l'autre, la raison des attractions, du déplacement, le géotropisme!
Le sexe était devenu accessoire. Je parle, bien sûr, pour le livre. Demeurent néanmoins les questions. Par ailleurs, la façon dont Djian louange Bret Easton Ellis (très moderne, certes) ou Houellebecq, des auteurs qui jouent beaucoup sur le sexe, m’horripilait. Je voulais réagir. Tout le texte en effet on peut le voir comme une réaction (un tropisme). Sans vergogne.

Avez-vous été, dans votre travail, influencé par d'autres écrivains? Ou par d'autres artistes?

Bien sûr! Même si je ne peux pas rendre compte de tout ce qui a nourri mon écriture. Au départ, je me suis mis à l’ombre de Brautigan et me suis mis à parler fort sans que je m’en rende compte. D'autres auteurs que j'aime bien surgissent également dans le texte. Je peux citer au moins Laferrière pour la liberté de ton. Je dois évoquer également l'école de peinture impressionniste pour la façon dont j'ai livré Géotropiques. Je voulais éviter la chronologie et la description psychologique (évidemment, on ne peut pas s'en dégager tout à fait): j'avançais touche par touche pour dépeindre la vie et les rencontres des personnages, et vague par vague, mes idées - des vagues métaphoriques, le surf demeurant finalement la figure, le trope du roman. Géotropiques évoque en effet les attractions autrefois improbables ou réprouvées, devenues nécessaires sinon obligatoires à notre époque caractérisée par l'intégration globale, la vitesse et l'individuation... un monde de surfeurs.

January 11, 2011

Nivoelisoa Galibert n'est plus

Quelques secondes, mon cœur s'est arrêté de battre, quand je suis arrivé à la page nécrologie des Nouvelles de ce matin. D'abord, le refus d'y croire. C'est pourtant là, devant les yeux: les membres de la famille de Nivoelisoa Galibert font part de son décès survenu le 7 janvier 2011 à Bordeaux à l'âge de 57 ans...
Dur à avaler.
La veille de sa mort, elle intervenait encore dans le groupe Facebook Boky, lieu d'échanges d'informations sur les livres à propos de Madagascar. Nivo était un puits de science, elle partageait tout ce qu'elle savait, photographiait ses livres pour en donner les références, avec la précision d'universitaire qui était la sienne.
Ses publications, articles innombrables et quelques ouvrages, resteront des pistes de travail pour bien des chercheurs. En particulier son indispensable Chronobibliographie analytique de la littérature de voyage imprimée en français sur l'Océan Indien (Madagascar, Réunion, Maurice) des origines à 1896.
Je l'avais rencontrée pour la première fois en 1997, lors d'un colloque à l'Université de Tana. Son enthousiasme et ses connaissances m'avaient autant impressionné que sa gentillesse et sa disponibilité. Depuis, le contact ne s'était jamais rompu. Il a fallu que Nivo disparaisse pour prendre conscience de la place immense qu'elle occupait...


January 8, 2011

Une collection de photographies anciennes


C'est chez Gallica, dont on connaît les ressources nombreuses en documents sur Madagascar. Et, comme je ne référence que les livres, je signale ici une belle collection de presque cent photographies de vues du pays et de personnages malgaches ou hovas (sic).
Outre l'exemple que je vous montre, les autres sont à voir ici.

January 2, 2011

Mes voeux les plus sincères...

Toutes les traditions ne sont pas à jeter, n'est-ce pas? Puisque nous avons mis le pied en 2011, malgré nous mais avec les meilleures intentions du monde, je vous souhaite le meilleur pour les douze mois à venir - et la suite aussi, bien sûr, pourquoi se limiter à douze mois.
Si j'ai la chance d'avoir une petite place dans vos pensées, souhaitez-moi une connexion Internet plus fiable, je galère depuis des semaines et la période des fêtes n'est pas la plus propice à la mobilisation des compétences requises pour arranger cela.
La Bibliothèque malgache devrait quand même vous proposer quelques nouveautés dans les jours qui viennent...

December 14, 2010

Lémuriens, + 1


Et celui-là, vous le connaissiez? C'est le petit dernier de la famille - ou plutôt, le plus récemment découvert par Russ Mittermeier, spécialiste des primates et président de Conservation International. Il y a quinze ans déjà, se promenant dans les bois - on sait qu'un scientifique ne se promène pas comme vous et moi, il a l'œil à l'affût et ressemble plutôt à un enquêteur sur une scène de crime -, il avait aperçu cette bestiole inconnue au bataillon. Mais il n'avait pas le temps de s'en occuper. Avec de la suite dans les idées, il est revenu cette année dans la forêt de Daraina (du côté de Vohemar), a retrouvé le petit lémurien, l'a endormi, décrit, filmé, lui a ponctionné un peu de sang et attend les résultats définitifs des analyses pour le baptiser. Il faut être certain qu'il s'agit d'une nouvelle espèce. Russ Mittermeier en a l'intime conviction et prépare un nom de baptême décliné d'une organisation qui travaille à la préservation de la forêt de Daraina: Fanamby.
Pour en savoir plus, c'est aujourd'hui à la télévision (BBC2, 20 heures - heure britannique).

December 9, 2010

Visiter Tana sans être touriste, avec Dany Be


Sur cette capture d'écran, les mains de Dany Be sont floues. Forcément: il n'arrête pas de les bouger quand il parle. Parce que tout ce qu'il dit est vécu de l'intérieur, et sort accompagné par le corps. Un emmerdeur, Dany Be, disent certains - le genre d'emmerdeur dont la race, je l'espère, n'est pas en voie de disparition. Cette qualité (car c'en est une) n'est pas la seule: l'homme de 77 ans et le reporter photographe qu'il est depuis 1959 (si je ne me trompe pas), cette unique personne est aussi une personne unique capable de nous conduire dans les rues de Tana comme aucun touriste n'aura jamais l'occasion de les voir.
C'est donc une excellente idée qu'a eue une équipe de télévision de filmer, pour Arte, une balade en compagnie de Dany Be. Chez lui, où il conserve des trésors en images, dans un combat de coqs, à un match de rugby, avec des briquetiers, chez le dessinateur Doda, dans un "looks" (une gargote), ou même aux urgences. La vraie vie, en somme.
Bien sûr, quand on termine au Café de la Gare pour s'entendre dire (par le patron?) que c'est un endroit populaire, il faut conclure que nous ne donnons pas tous le même sens au mot "populaire" - quelqu'un d'autre corrigera, involontairement sans doute, en affirmant qu'on n'y croise que des VIP. Le monde est bien fait...
Tout à la fin, Dany Be va dormir. Moi aussi.
Non sans avoir donné le lien où l'on peut voir ce film. Il est aussi possible de le podcaster à partir de cette page.

November 28, 2010

Pour saluer Elie Rajaonarison

Ceux qui me connaissent savent que je sors peu et que, par conséquent, le cercle de mes relations n'est pas très large - ou, plus exactement, que je vois assez rarement les personnes qui continuent à appartenir à ce cercle. Elie Rajaonarison, dont nous avons appris la mort hier, était de ces hommes avec qui j'aimais discuter longuement, sans être du même avis que lui sur tout, d'où l'intérêt de ces conversations. J'aurais aimé, il le savait, qu'il s'engage davantage dans l'écriture, terrain sur lequel, me semble-t-il, il n'a pas donné sa pleine mesure - quelle était cette mesure? nous l'ignorerons toujours. J'ai gardé l'impression (peut-être fausse) qu'il était l'homme d'un seul livre, Ranitra. Mais mon incapacité à lire le malgache m'a probablement tenu éloigné d'autres textes.
Il est vrai qu'il a traduit, avec Ranöe, Prévert en malgache - et ce n'est pas rien. Je me souviens d'ailleurs d'une séance de lectures, à la Tranompokonolona d'Analakely, d'extraits du recueil Anjambolana, reçus avec ferveur par un public très réceptif.
La présence d'Elie dans Sandratra, association de poètes de langue malgache, a dû aider à la naissance de nombreuses vocations. J'ai présenté un jour au CCAC cette association, dont le refuge naturel est le Cercle germano-malgache. Là aussi, c'était impressionnant. La salle était trop petite pour accueillir tous les amateurs de poésie.
Je me souviens aussi du livre qu'il a écrit avec Agnès Joignerez, Voyage en terre malgache. Le cœur de l'Imerina, de toutes les informations qu'il contient et de toutes les balades qu'il propose - dont je m'étais promis de faire l'une ou l'autre, vœu pieux... En revanche, nous nous sommes promenés un peu sur les hauteurs de Tana - ou plutôt de bas en haut. C'était aussi fatigant qu'instructif.
La dernière fois que nous avons eu une de ces conversations que j'aimais, il y a quelques années déjà, il venait d'embrasser un nouveau métier, le journalisme, et son enthousiasme faisait plaisir à voir. En fait, ce ne devait pas être la dernière fois, puisqu'il a encore, un peu plus tard, proposé de me donner une préface à des rééditions de Jean-Joseph Rabearivelo pour la Bibliothèque malgache électronique. Il n'écrira jamais cette préface. Il nous manquera, lui que l'on reconnaissait tout de suite, même de dos, grâce à la touche personnelle de sa coiffure, petite coquetterie qu'il appelait sa "queue de rat".
En 2002, il avait séjourné quelques mois aux Etats-Unis et je m'étais entretenu avec lui par email, pour la Lettre d'information culturelle malgache que je tenais alors. Je vous redonne ce dialogue, qui était aussi paru dans L'Express de Madagascar. Et j'y joins une photo d'Elie Rajaonarison en compagnie de Samoëla (photo de Boné Masikita publiée sur le site tanalife.com).


Elie Rajaonarison, vous séjournez actuellement aux Etats-Unis. Dans quel cadre et dans quel but?

L'University of Iowa organise pour la 35ème année consécutive une rencontre d'écrivains du monde entier intitulée International Writing Program (IWP) dans cette charmante petite ville universitaire qu'est Iowa City. Créé en 1967 par l'écrivain Paul Engle, l'IWP vise a encourager la créativité des écrivains et la traduction de leurs œuvres par un environnement privilégiant la rencontre et l'enrichissement mutuel des cultures. Durant trois mois, des lectures poétiques, des ateliers de traduction, des conférences-débats sur les arts et les lettres, des discussions impromptues sur tel livre ou tel auteur, des rencontres et des visites, un cadre de vie convivial, tout est fait pour que l'écrivain crée et écrive! Cette fois-ci, nous sommes 36 poètes, romanciers, dramaturges et nouvellistes de 30 pays des 5 continents. Madagascar y participe pour la première fois en étant le 118ème pays à y envoyer un représentant. Je suis heureux d'être le premier écrivain poète malagasy a être invité au IWP, et peut-être aussi le premier à être spécialement invité aux Etats-unis en tant que poète. J'ai noté que l'IWP donne la priorité à ceux qui écrivent dans leur langue maternelle. Nous restons à Iowa City du 26 août au 4 novembre, avec des virées à Chicago et à Des Moines. Puis voyage personnel de 10 jours du 4 au 13 novembre. Pour ma part, j'irai à Memphis, la ville natale du blues de B.B King et du rock 'n'roll d'Elvis Presley, sur les rives du Mississipi de Mark Twain… Puis Washington DC pour la dernière semaine, du 14 au 20 novembre. Avec l'aide d'une Irlandaise étudiante en traduction, j'ai commencé la traduction en anglais de certains de mes poèmes, et la traduction en malagasy de certains poèmes en anglais. La traduction de Prévert m'a donné un avant-goût, ce séjour-ci m'a fait mieux apprécier encore et la traduction et sa nécessité, surtout dans notre contexte.

Qu'entendez-vous exactement par: "la traduction et sa nécessité, surtout dans notre contexte"?

Dans la préface que j'ai écrite pour Anjambolana (Ed. Tsipika, 2001), notre traduction des poèmes de Jacques Prévert, je dis: "Puisse cette première tentative en entraîner d'autres afin d'ouvrir Madagascar à la culture universelle, aussi bien par la traduction des littératures étrangères en langue malgache que par la traduction des créations littéraires malgaches en langue étrangère. C'est là une manière de participer positivement a la mondialisation tout en encourageant les auteurs à écrire dans leur langue nationale." Je crois que mes convictions se trouvent confortées quand je constate en étant ici combien des pays comme nos voisins la Zambie et le Zimbabwe sont mieux connus que nous parce qu'ils écrivent et/ou sont traduits dans la langue prédominante du centre qu'est l'anglais. La plupart des pays présents ici font l'effort de traduire leurs œuvres, de les intégrer aux mainstreams culturels de notre temps. Notre contexte insulaire ne doit pas être perçu comme négatif. Au contraire. Nous avons la chance d'avoir le sens de l'enracinement en même temps que du voyage comme tous les insulaires. Le questionnement identitaire est déjà bien engagé, il doit continuer de nous interpeller. Il est temps maintenant de "voyager". Le temps est venu d'aller voir ailleurs et de nous faire voir ailleurs (sans jeu de mot malvenu), en deux mots: d'exister! Figurer en bonne place sur la carte littéraire mondiale. Nous avons tous les atouts pour réussir ce pari: une littérature en langue nationale bien établie et qui ne cesse de se développer, la maîtrise de la langue française que l'intelligentsia s'est appropriée, le penchant "naturel" des Malgaches à apprendre les langues étrangères et notamment l'anglais, le développement des Ntic dont la jeunesse urbaine branchée est friande mais qui va s'étendre à toutes les couches sociales et dans toutes les régions. Autant d'atouts, autant d'essais qu'il s'agit maintenant de transformer par la traduction de nos œuvres en langues étrangères car le Monde nous attend et il a besoin de nous pour exister, lui aussi.

Quels sont les poèmes que vous traduisez en malgache? Un ou des auteurs de prédilection depuis longtemps, ou des découvertes récentes?

Bien sûr, il est dans mes projets de traduire des poètes américains que j'apprécie comme Robert Frost, E.E Cummings ou d'autres encore. Mais en arrivant ici, j'ai découvert d'autres talents comme celui de Christopher Merrill, le poète universitaire en charge de l'IWP, qui est un homme d'une grande sensibilité. J'ai fini de traduire un de ses poèmes qui commence comme ceci : "Satria natopan'ny Ranomasina Maty imorona izay nateliny / mitsiro sira sy fanody ary lay... " Poème tout en ellipse et musical comme je les aime. Je suis en train d'étudier un poème de Sunny Ayewanu, beaucoup plus prosaïque mais proche des poèmes dits "engagés" de chez nous. Sunny est un jeune poète du Nigeria. Certains poèmes du poète irlandais Seamus Heaney aussi m'inspirent, nous verrons bien. Chaque fois que j'entre dans une bibliothèque ou une librairie, j'en découvre de nouveaux…

Côté "tourisme", si j'ose dire, vos choix en rapport avec Elvis Presley et Mark Twain sont-ils liés à votre histoire personnelle?

Pourquoi Memphis, alors qu'il y a de nombreux endroits beaucoup plus attirants? Peut-être, mais moi j'aime les lieux riches de leur histoire et j'aime aussi le blues, le country et le rock 'n'roll. Il se trouve que le Tennessee est, avec Nashville et Memphis, la terre natale de ces genres musicaux. Ma jeunesse s'est abreuvée à l'écoute de ces musiques. Je pense que mes écrits sont aussi imprégnés de leurs mots et de leurs senteurs. Il est donc normal que, durant un séjour américain consacré à la littérature, je sacrifie à une visite au berceau de l'une de mes sources d'inspiration: le blues, le country et le rock. J'irai donc à Memphis et je passerai à Nashville. De même, originaire du Lac Alaotra, les fleuves et les rivières m'ont toujours enchanté. Le poème n'est-il pas comparable à un fleuve de mots, de musique et d'images où souffle l'esprit? J'irai donc à Memphis pour vivre le Mississipi, un des plus grands fleuves du monde, où Tom Sawyer et Huckleberry Finn ont vécu leurs belles aventures.

Avez-vous le sentiment qu'à votre retour à Madagascar, quelque chose aura été modifié dans votre perception du monde et/ou de la littérature?

Il est difficile de sortir indemne d'une aventure, quelle que soit son envergure. Une entreprise, une démarche culturelle est et doit être vécue comme une "aventure" au sens d'aller à la rencontre de l'inconnu. Non pas un voyage vers l'inconnu mais un "vrai voyage": aller à la découverte de ce qu'on n'a pas encore vécu ni connu, oser se mettre en danger et se remettre en question pour mieux approcher et vivre sa Vérité. Comme j'aime à le dire souvent: "Se perdre, mais vraiment se perdre pour mieux se retrouver." Ma venue aux Etats-unis s'inscrit dans une démarche culturelle mûrement réfléchie et passionnément vécue. Comme à chaque fois dans de telles circonstances, j'assume que quelque chose aura évolué dans ma perception du monde, de la littérature ainsi que dans ma poésie. Mais à dire vrai, je n'y pense même pas car c'est devenu pour moi un mode de vie: chaque pas, chaque regard, chaque rencontre, chaque lecture, chaque désir n'est-il pas un voyage, le début ou la suite d'une aventure… culturelle?

November 26, 2010

Pov à l'honneur

Pov a changé d'île, passant de Madagascar à Maurice. Il n'a rien perdu du talent qu'on lui a connu dans Midi Madagasikara en travaillant pour L'Express et L'Express dimanche. La preuve: il avait obtenu le prix francophone de la liberté de la presse en 2003, dans la catégorie dessin de presse, avec ce "strip" paru dans Midi.

Il vient d'obtenir le même prix, sept ans plus tard, pour cet autre dessin paru dans L'Express dimanche.

Félicitations, Pov! (Ou William Rasoanaivo, si l'on préfère son véritable nom au pseudonyme qui l'a rendu célèbre.)
Il ne s'arrêtera pas là, puisqu'il fait des projets:
"Je vais encore essayer de participer à des concours. Il y a la rencontre du dessin de presse à Nantes où j’irai en janvier. Depuis quelque temps, j’ai commencé à mettre mes pattes dans la bande dessinée. C’est une autre discipline tout aussi intéressante. Dans une semaine je vais sortir un petit essai avec l’Harmattan. C’est une BD de 12 pages sur le reportage d’Albert Londres «Congo-Océan». Je vais continuer sur cette lancée à faire de la BD, c’est dur mais ça vaut le coup."

November 12, 2010

Connaissez-vous le code de la route?

Protégeons nos routes: "La pression exercée sur le sol par un véhicule ne doit, à aucun moment, pouvoir excéder 150 kilogrammes par centimètre de largeur du bandage".
Permettons aux passants de nous voir: "Aucun véhicule marchant isolément ne peut circuler, pendant la nuit dès la tombée du jour, sans être signalé vers l'avant par au moins un feu blanc."
N'attendons pas pour prendre la route: "Tout indigène conducteur d'une voiture attelée doit être âgé d'au moins seize ans".
N'oublions pas le contrôle technique: "Aucun véhicule à traction animale servant au transport des marchandises ne peut être mis en circulation sans une autorisation délivrée par le chef de circonscription administrative, après avis favorable de la commission d'examen".
Soyons respectueux des oreilles des autres: "L'automobile doit être muni [sic] d'un dispositif d'échappement silencieux. L'emploi de l'échappement libre est interdit."
Soyons prudents: "La vitesse maxima des véhicules de toute catégorie ne devra pas dépasser 15 kilomètres à l'heure dans la traversée des agglomérations".
Obtenons le permis dans les règles: "Les candidats au permis de conduire subissent, devant un expert faisant partie de l'administration, une ou plusieurs épreuves directes, permettant d'apprécier leur aptitude à conduite et à manœuvrer les véhicules auxquels s'appliquera le permis."
Prenons nos aises dans les transports publics: "Les compartiments des voitures publiques seront disposés de manière à satisfaire aux conditions suivantes: Largeur moyenne des places: 0m. 48 centimètres. Largeur des banquettes: 0m. 45 centimètres."
Etc.
C'est le Code de la route publié par la Direction des Travaux Publics de Madagascar et Dépendances en... 1926.
Et l'un des nouveaux documents, parmi d'autres, disponibles sur Internet (celui-ci chez Gallica) - tous répertoriés dans le Supplément permanent à la bibliographie Madagascar sur Internet.
On y trouve par exemple aussi, bien de saison en cette proximité de célébration du 11 novembre, une Circulaire au sujet des militaires indigènes rapatriés et libérés.

November 11, 2010

Séance de rattrapage en librairie

La saison des prix littéraires français est, en ce qui concerne mon emploi du temps, une véritable horreur. (C'est bien amusant aussi, par ailleurs.) Les journées sont trop courtes. Alors, je note sur des petits papiers qui parsèment l'espace entre le clavier et l'écran de mon PC, au fur et à mesure que je les rencontre, des références de livres concernant Madagascar. Je vais vous les donner aujourd'hui sans autres informations que celles des éditeurs, je reviendrai sur certains ouvrages quand je les aurai lus. (Et j'espère que cela ne tardera pas.)

Je commence par un rappel, puisque j'ai déjà signalé l'existence de cet ouvrage très important que j'ai à peine commencé à explorer: le premier volume des Oeuvres complètes de Jean-Joseph Rabearivelo.
A ce propos, un rendez-vous est fixé le samedi 20 novembre à 10h30 au CCAC pour un forum littéraire. D'ici là, je vous en aurai dit davantage sur le livre, présenté ainsi par la quatrième de couverture:
Imaginez en ce début du XXe siècle un jeune "indigène" d'une île soumise à la prestigieuse culture française et se découvrant le don d'écrire. Jean-Joseph Rabearivelo (1903-1937) se veut le "contemporain capital" de sa nation. Déclinée en formes multiples, son œuvre s'inscrit dans la confluence périlleuse des sources natales et du médium étranger choisi. La lecture de son journal, les Calepins bleus, de sa correspondance et d'autres textes autobiographiques révèle l'âpre et parfois capiteuse nudité de cette quête, vécue jusqu'au suicide, dans le flux des jours écrits avec la constante exigence de l'artiste.
On reste en littérature avec le premier roman de Johary Ravaloson, Géotropiques. Lui aussi sera l'invité d'un forum littéraire au CCAC, le samedi 18 décembre à 10h30 - mais avec Sophie Bazin, et à propos d'un autre ouvrage que je vous ai déjà présenté, Zahay Zafimaniry.
Géotropiques, dont vous avez ci-contre la couverture de l'édition française, est aussi édité à Madagascarn dans une autre présentation, chez Dodo vole. Aujourd'hui, la présentation de l'éditeur français:
«Je», surfeur devant l’Éternel et dans l’océan Indien, Malgache vivant à La Réunion, avec son grand amour, B. L’histoire commence légère, facile, comme une vague, sous le soleil et le vent docile. Mais la rugosité de la vie s’en mêle. « Je » lit les carnets laissés par Andy. Carnets qui racontent l’histoire d’amour entre B., la Française, et Andy, le Malgache, sur fond de manifestations d’étudiants à Paris, puis d’un retour à Madagascar. Des sensibilités se heurtent, des individualités se découvrent…
Un premier roman publié d’un auteur malgache, loin de tous clichés concernant cette grande île si méconnue. Dans un style enlevé, rapide, comme le mouvement d’une vague, le ressac de la mer, Johary Ravaloson raconte une histoire d’amour et de mort, met en scène une génération portée par l’espoir et nourrie par les désillusions.
Littérature encore, mais du côté de la poésie, avec un duo d'auteurs belges, Ben Arès et Antoine Wauters pour Ali si on veut.
À la recherche de tout ce lait perdu, le ventre
battu par les sentiers, au cuir la terre brûlée, aux
lézards, makis entre les lunes, à celle qui porte, se
décarcasse, aux progénitures dévouée, secrets
qu’on n’ébruite pas, à l’aplomb, fêlures gardées,
Ali si on veut.
*
Sensible aux pouls, aux chocs, ressorts des
salives. Et ses mains, ses longs doigts fouisseurs,
et sa chemise à pans pour taillader la terre,
pleurer des pourpres et de petites lamelles de
chaux. Et ses yeux, des insectes, deux jeunes
taons de voltige, deux mouches pour perdre pied.
Ben Arès est né à Liège en 1970. Responsable de la revue Matières à poésie et du projet de lectures publiques du même nom. Depuis 2008, coéditeur de la revue Langue vive, avec Antoine Wauters notamment. A publié une dizaine de livres, dont Ne pas digérer, roman, et Cœur à rebours, poésie, (La Différence, 2008 et 2009).
Antoine Wauters est né à Liège en 1981. A publié quatre livres, dont Debout sur la langue (Maëlstrom, 2008) qui lui a valu le prix Polak de l’Académie belge en 2008.
Ali si on veut est le premier livre que les deux auteurs publient à Cheyne.
Du père Pedro, Journal de combat. Missionnaire à Madagascar est réédité au format de poche.
40 ans d'action au service des pauvres: un missionnaire à Madagascar...
À Madagascar, le Père Pedro et sa communauté Akamasoa ont sauvé des dizaines de milliers d'enfants et de familles pauvres, en tentant par tous les moyens de les réinsérer dans la vraie vie. Mais la misère peut resurgir devant chaque porte...
Dans son Journal de combat, le Père Pedro raconte avec une extrême précision comment chaque matin il trouve la force de se battre contre des ennemis jamais terrassés: la faim, la maladie, l'égoïsme, le découragement, la démission des parents... Et il faut croire en l'homme en toutes circonstances pour l'aider à retrouver sa dignité.
Un témoignage humain d'une grande force, une aventure pleine d'espoir qui nous incite à penser qu'un monde plus juste et fraternel demeure possible.
Victor Augagneur, qui fut gouverneur de Madagascar de 1905 à 1910 (il succédait à Gallieni), a écrit Erreurs et brutalités coloniales, réédité dans un volume qui rassemble d'autres textes.
Les textes reproduits dans ce recueil sont tous favorables au colonialisme qu’ils veulent civilisateur et, à terme, émancipateur. Le premier, qui donne son titre au volume, narre la répression inintelligente d’une révolte en 1904 à Madagascar, avant que son auteur, jusque-là maire radical de Lyon, ne prenne le gouvernement de l’île.
Le français tel que le parlent nos tirailleurs sénégalais (1917 & 1918) délivre aux cadres blancs de l’armée une savoureuse méthode d’enseignement du «petit-nègre», fondé en fait sur la syntaxe du bambara et le lexique du français.
Le Manuel élémentaire à l’usage des officiers… (1923) propose une typologie racialiste des peuples de l’Afrique occidentale, entrevus en fonction de leurs capacités respectives à fournir des soldats à l’armée française, que ce soit pour servir de chair à canon dans les tranchées ou pour réprimer les révoltes, en Afrique ou ailleurs.
A leur manière, et sans toujours s’en rendre bien compte, ces monographies, instructives par ailleurs, livrent un témoignage aussi précieux qu’irréfutable sur les méthodes du colonialisme français.
La nature malgache n'ayant pas fini de susciter des ouvrages, voici Lémuriens, seigneurs, savants fous et rois aux sagaies. Petite histoire de Berenty à l'extrême sud de Madagascar, par Alison Jolly, traduit par Emmanuelle Grundmann.
Il était une fois un bout du monde: l'extrême sud de la grande île rouge, Madagascar. Ici, personnages humains et animaux entremêlent leurs histoires dans la réserve naturelle de Berenty. Ce récit est le témoignage d'un passé tumultueux depuis l'esclavage précolonial jusqu'au néocolonialisme de la Banque mondiale. Mais la vraie histoire de Berenty est celle des naissances, mariages et empoisonnements au goût amer. Ici, il y a des combats de sagaies, des batailles puantes et des tombes tandroy décorées de crânes de bétail sacrifié. On y rencontre "On ne peut mettre à terre", "N'a jamais tété", Robin le jeune esclave anglais, Alisson l'Américaine ou encore Hanta la diplômée de Moscou. Et bien sûr, il ne faut pas oublier les lémuriens "Frightful Fan" et "Chou à la crème".
Par-dessus tout, vous allez rencontrer une famille obstinée et entêtée, tant dans les moments de faste luxueux que dans le désarroi: les seigneurs du heaume qui, malgré la mondialisation galopante, tentent de préserver intact leur pacte avec les Tandroy.
Alison Jolly débuta ses études sur les lémuriens sauvages en 1963. Elle poursuivit ses recherches à la réserve naturelle de Berenty durant quatre décennies avec ses collègues et étudiants. Auteur de douze livres sur l'évolution du comportement animal et sur la conservation, elle conte ici ses propres aventures et celles de ses amis de l'extrême sud de Madagascar.
Après avoir étudié les orangs-outans à Bornéo, Emmanuelle Grundmann s'est tournée vers l'écriture et le journalisme et a écrit plusieurs livres sur la déforestation, les primates et la biodiversité. La traduction du livre d'Alison Jolly lui a permis de retrouver les lémuriens et Madagascar qui l'ont toujours fascinée.
Pour Vanille. La route Bourbon, Philippe Aimar, photojournaliste, a requis les connaissances de Jean Mèze, ingénieur en agronomie tropicale et a complété sa propre démarche par celle Reno Marca et Mariana Bonet, auteurs d'un carnet de voyage.
Au début du 16e siècle, la vanille donna la fièvre à tous les souverains d'Europe. Aussi lorsque Cortez eut l'occasion de déguster son fameux «chocolat vanille», on imagine avec quel empressement il pensa à un juteux commerce. Son premier objectif fut donc d'envoyer au plus tôt un chargement de gousses en Espagne. Charles Quint fut certainement le premier souverain d'Occident à goûter la vanille. La route de la vanille venait d'être ouverte...
Aventurier, photographe et journaliste, Philippe Aimar inscrit son travail dans la lignée des grands écrivains voyageurs. Depuis plus de 20 ans, Il parcourt la planète à la rencontre de peuples, de cultures et de saveurs pittoresques. Véritable magicien des mots et des images, il fige à travers son objectif des instants qu'il transforme, tout au long des pages de ses livres, en moment d'éternité. Ce qui le caractérise, c'est qu'il veut tout voir et tout savoir pour fixer au mieux les événements dont il est le témoin privilégié. Chacune de ses aventures se transforme ainsi en carnet de voyage insolite, en témoignage unique. Avec un tel parcours, rien d'étonnant à ce que cet infatigable baroudeur ait consacré une grande partie de son travail à l île de Madagascar et à l'un de ses joyaux: la vanille. La culture de cette épice aromatique qui suscite plaisir et convoitises nécessite en effet des soins longs et attentifs. Il fallait donc un artisan du journalisme et de la photographie pour expliquer son histoire et comprendre pourquoi elle fascine à ce point les hommes.
Pour changer un peu, une bande dessinée de Denis Vierge, Vazahabe! (tout le monde aura compris). Présentation à l'italienne, comme on dit dans le langage de la mise en page, pour faire penser à un carnet de voyage...
Guy Camier, la soixantaine bedonnante, débarque à Madagascar à la recherche de sa femme, une Malgache épousée par l’intermédiaire d’une agence matrimoniale. Retournée pour un temps dans sa famille, elle a disparu. Accident, enlèvement, fuite?
Devant le mépris des services diplomatiques, il se fera aider d’un expatrié français, et d’un chauffeur malgache pour essayer de la retrouver…
C’est une histoire de vengeance, de revanche sociale et affective… Mais aussi la découverte d’un pays et d’une culture. Et l’affirmation que le voyage ne permet de découvrir que soi-même. Au mieux.
Beaucoup plus sérieux - mais le droit n'est peut-être pas absent de la bande dessinée ci-dessus, le professeur Alisaona Raharinarivonirina se voit offrir des mélanges, genre prisé dans les milieux universitaires: Regards sur le droit malgache. J'aurais voulu vous en donner le texte de quatrième de couverture, mais la définition de l'image est si mauvaise que je me contente de quelques lignes pêchées sur le site de l'éditeur. (Je tiens à mes yeux, ils peuvent encore servir.)
Tel est le but de cet ouvrage: rendre hommage à celui qui a été l'un des bâtisseurs et pionniers du droit au sein des universités de Madagascar, au sortir des années 60, quand le temps était alors à l'incertitude et aux tâtonnements. L'entreprise ainsi menée se veut le symbole d'une saine transmission des valeurs et des connaissances à travers des générations de juristes qui ont contribué et qui participent encore au développement de la faculté de droit de l'Université d'Antananarivo.
Enfin, j'allais oublier un recueil collectif de nouvelles qui rassemble des textes de Raharimanana, Jean-Pierre Haga, Alexandra Malala, Johary Ravaloson, Esther Randriamamonjy et Magali Nirina Marson, Nouvelles de Madagascar.
Pour qui a arpenté les hauts plateaux de l’Imérina, sillonné ce pays de rizières, de forêts peuplées d’une faune fabuleuse, pour qui a côtoyé jour après jour les Malgaches des villes (Antananarivo, Mahajanga, Antsirabe, Antsiranana [Diego Suarez], Tamatave, Tulear, etc.) et ceux des campagnes, l’énigme de cette île enchanteresse est encore plus grande. La littérature malgache d’aujourd’hui s’écrit en malagasy, ou, vestige de l’histoire coloniale, en français. Elle demeure aussi souvent orale, c’est la littérature dite des Anciens par laquelle se perpétuent les traditions.
Ce recueil, avec des nouvelles inédites d’auteurs vivant à Madagascar ou en Europe, tous hantés par leur île, ses sortilèges, son histoire ancienne et tous soucieux de son devenir, est une photographie de l’île aujourd’hui. La pauvreté, celle des campagnes et celle des villes, l’exode, le tourisme et ses terribles conséquences, la corruption, l’instabilité politique, mais aussi le passé prestigieux, Antananarivo la grouillante «Ville des Mille»: tels sont les sujets de ces textes qui permettent d’aborder la réalité malgache; ou plutôt quelques-unes des multiples facettes de la réalité de l’immense Île rouge.

October 22, 2010

Danse l'Afrique danse ! Une forte délégation malgache à Bamako

Les nostalgiques de Sanga, c'est-à-dire des trois éditions malgaches des Biennales africaines de danse contemporaine (j'en suis, de ces nostalgiques) peuvent mettre le cap sur Bamako, au Mali, pour en retrouver l'ambiance dans une huitième édition intitulée Danse l’Afrique danse! Du 29 octobre au 5 novembre, ils ne devraient pas être trop dépaysés: la présence de Madagascar est importante, nous l'allons montrer tout de suite.
Puisque Bamako, c'est un peu loin, je pioche dans le programme illustrations et textes à propos des danseuses et danseurs malgaches.

Julie Iarisoa - Cie Anjorombala
Sang couleur
(Concours - pièces collectives)


«Mon sang n’a pas de couleur, mais il a du goût», dit en exergue Julie Iarisoa, chorégraphe de ce quatuor pour danseurs portant jupes et perruques blanches, «qui évoque le respect réciproque en acceptant les différences». Un travestissement qui s’insinue dans leur manière de se mouvoir, poupées aux gestes un peu raides, bondissant sur leurs fesses pour traverser le plateau. Les mains claquent, les pieds frappent le sol et les danseurs se divisent par couples, échafaudant l’art de la chute sur des portés audacieux. Vissés au sol, les corps font les toupies et donnent à voir une break dance au rythme ralenti qui en accentue la fluidité. Souvent de dos, les quatre s’amusent de leurs tenues, se retrouvent en jupon et plongent leurs mains dans des pots de peinture pour recouvrir un tableau noir, puis leur peau, de coulées blanches et crayeuses. De l’action painting dansé bien dans le ton de la gestuelle, à la fois expressionniste et abstraite.

Harimalala Angela Rakotoarisoa - Cie Soranihafa
Sora
(Concours - pièces collectives)


«Toute chose a son origine. L’homme, la nature et l’être vivant. Sora le souffle de vie, mais Sacrifice pour l’homme qui est prêt à chercher son origine afin de protéger ce qui a déjà existé», dit en exergue la chorégraphe Angela Rakotoarisoa. Le décor est posé, baigné d’une lumière rose comme l’aurore: un long tube de tissu qui traverse verticalement le plateau, un lit suspendu et le reflet mat d’un rond de métal posé sur un socle, écran aveugle d’une danse offrande, avant d’être saisi et secoué par les danseurs, zébrant l’air de ses vibrations sourdes. L’homme et la femme occupent des espaces distincts. A lui, le sol d’où il surgit, s’extrayant du tube de tissu pour nous convier à la naissance du geste. A elle, le lit suspendu qui bouge au rythme de ses gestes. Tous deux, corps chrysalides, soumis à la métamorphose par la grâce du mouvement, d’une parade amoureuse à la vigueur acrobatique à un pas de deux où se dépose l’instant de la rencontre.

Junior Zafialison
Ail ? Aïe ! Aïe !
(Concours - solos)


Un titre programmatique qui fait référence aux vertus médicales de l’ail sans négliger ses désagréments pour dire ce qu’il en est de la dualité intrinsèque de l’homme. Assis sur un plateau nu, Junior Zafialison pile l’ail dans un mortier et de ce coup frappé, répétitif, s’élance le premier geste. Lent, délié et souple, le bras se soulève et entraîne le corps dans une lutte où les bras se resserrent sur la gorge. La danse, traversée de multiples influences, du port des bras classique à l’accent mis sur l’arrondi d’une épaule ou la qualité des sauts et le travail au sol, explore aussi toutes les dimensions de l’espace. Alors, le mur du plateau où il se plaque, dos au public, devient comme la page blanche où le danseur écrit sa danse et l’espace d’un changement de perspective.

Ariry Andriamoratsiresy & Gaby Saranouffi - Cies Rary et Vahinala
Fangalapiery
(Hors concours)


Contraste entre modernité et tradition, entre le rouleau de plastique rouge déroulé sur le sol pour dessiner une trajectoire ou servant de costume à Gaby Saranouffi qui s’y enroule lentement et le chant de Sana, musicienne du Sud de Madagascar, réputée pour son rôle de gardienne des coutumes ancestrales. Contraste entre la danse aux ressorts dynamiques d’ Ariry Andriamoratsiresy et la forme sculpturale et contemplative de celle de Gaby Saranouffi qui finit par retirer son enveloppe plastique, plaquée au mur, gestes secs et danse exacerbée par l’urgence. Un va et vient permanent entre deux extrêmes : «Un monde très coloré et artificiel illustré par la scénographie et le son vibrant et poignant offert par Sana qui rappellent l’omniprésence des attaches de chacun.»

October 19, 2010

Jean Joseph Rabearivelo : Œuvres complètes, tome 1

L'événement est de taille - et j'y reviendrai quand j'aurai pris connaissance du volume: le premier tome d'une édition critique des Œuvres complètes de Jean Joseph Rabearivelo est (si j'ai bien compris quelques articles sur une conférence de presse qui s'est déroulée hier et à laquelle je n'étais pas présent) sur le point de paraître. La date officielle de sortie en France est le 28 de ce mois, et le mois prochain à Madagascar.
Il s'agit d'un épais volume - 1280 pages - coordonné par Serge Meitinger, Liliane Ramarosoa et Claire Riffard, qui reprend les textes du diariste (les mythiques Calepins bleus), de l'épistolier et du moraliste. C'est-à-dire la part de son œuvre la plus mal connue, au contraire des poèmes qui l'ont rendu célèbre dans le monde entier.
Je vous le disais, j'y reviendrai.