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December 9, 2010

Visiter Tana sans être touriste, avec Dany Be


Sur cette capture d'écran, les mains de Dany Be sont floues. Forcément: il n'arrête pas de les bouger quand il parle. Parce que tout ce qu'il dit est vécu de l'intérieur, et sort accompagné par le corps. Un emmerdeur, Dany Be, disent certains - le genre d'emmerdeur dont la race, je l'espère, n'est pas en voie de disparition. Cette qualité (car c'en est une) n'est pas la seule: l'homme de 77 ans et le reporter photographe qu'il est depuis 1959 (si je ne me trompe pas), cette unique personne est aussi une personne unique capable de nous conduire dans les rues de Tana comme aucun touriste n'aura jamais l'occasion de les voir.
C'est donc une excellente idée qu'a eue une équipe de télévision de filmer, pour Arte, une balade en compagnie de Dany Be. Chez lui, où il conserve des trésors en images, dans un combat de coqs, à un match de rugby, avec des briquetiers, chez le dessinateur Doda, dans un "looks" (une gargote), ou même aux urgences. La vraie vie, en somme.
Bien sûr, quand on termine au Café de la Gare pour s'entendre dire (par le patron?) que c'est un endroit populaire, il faut conclure que nous ne donnons pas tous le même sens au mot "populaire" - quelqu'un d'autre corrigera, involontairement sans doute, en affirmant qu'on n'y croise que des VIP. Le monde est bien fait...
Tout à la fin, Dany Be va dormir. Moi aussi.
Non sans avoir donné le lien où l'on peut voir ce film. Il est aussi possible de le podcaster à partir de cette page.

January 27, 2009

Quelques nouvelles fraîches et peu rassurantes

Ce que j'ai vu et entendu, d'abord.
Ce matin, vers 6h15, avenue de l'Indépendance, l'étage au-dessus de Samckova brûlait, dans l'indifférence générale.
Vers 10 heures (bruit venant du téléphone d'un copain qui s'y trouvait, et explication donnée par lui), on brise tout au rez-de-chaussée à Tsaralanana, du côté de l'hôtel Mellis. Puis on tire en l'air pour disperser les casseurs. (Je ne parviens plus, même en y mettant beaucoup de bonne volonté, à les appeler des manifestants.)
Vers 14 heures, nombreux tirs et rafales entendus de chez moi, vers l'est, pendant au moins un quart d'heure. J'ai l'impression que cela vient du côté de Betongolo, mais un voisin qui rentre à ce moment me dit qu'il s'agit du nouveau Shoprite à Ankoroahatra, ou dans les environs (le dessin de ce quartier n'a jamais été très clair à mes yeux).

Et puis, le reste, avec une seule certitude: le mouvement se répand dans le pays comme un feu de brousse, et fait des dégâts du même genre.
Les coups de chaleurs atteindraient ainsi Mahajanga, Toliara, Sambava, Toamasina, Ambositra, Antsirabe, j'en oublie peut-être tant la liste des villes touchées s'allonge d'heure en heure. (Informations non recoupées et à prendre avec prudence.)
Selon plusieurs sources, après le refus de la rencontre entre le maire et le président, suite aux conditions posées par le premier et apparemment non acceptées par le second, celui-ci serait actuellement à Morondava...

Les appels au calme se multiplient de la part de toutes les autorités. Mais il semble ne plus guère y avoir d'autorités, et celles-ci se manifestent de toute manière un peu tard.

Le scénario catastrophe d'un mauvais film, écrit par des scénaristes médiocres, semble en place.

Madagascar : faits et rumeurs

Vous le savez, bien sûr, puisque vous vous intéressez à Madagascar (sinon, que faites-vous ici?): la journée d'hier est la pire qu'Antananarivo ait connue depuis très longtemps.

Depuis le matin, les signes avant-coureurs ne trompaient pas. Il y avait de la tension dans l'air.
Vers 6 heures, alors qu'un barrage de bacs poubelles avait été installé entre Ambanidia et la Haute Ville, il a été forcé par deux véhicules de l'armée, dont un blindé, que j'ai regardé passer avec un petit frisson désagréable - je buvais mon café, comme tous les jours, au marché d'Anjohy.
Une demi-heure plus tard, soit trois heures et demie avant le moment du rassemblement prévu par le maire de Tana place du 13 mai, un petit groupe d'une cinquantaine de jeunes se dirigeaient déjà, avec force cris et sifflets, vers le centre-ville...

C'est tout ce que j'ai vu, puisque je suis resté chez moi le reste de la journée, à travailler sur des choses sans aucun rapport avec les événements.
Le reste, je vous le fournis par recoupements entre diverses sources puisées sur Internet et dans la presse de ce matin (celle qui est déjà accessible... sur Internet).

Place du 13 mai, la manifestation s'est déroulée dans le calme. Mais le calme n'a pas duré longtemps. Les premiers actes violents se sont produits du côté de RNM, où pillage et incendie ont marqué le début d'une journée de folie furieuse et, comme on dit, de débordements incontrôlables.
Après la radio nationale, ce fut au tour de MBS, puis de différents magasins et stocks Magro, de l'auditorium d'Ankorondrana...
Et puis, et puis, l'appétit venant en mangeant, une partie de la population de Tana a continué à se servir sur les rayons d'autres grandes surfaces. La liste semble longue, des magasins et boutiques qui sont aujourd'hui rayés de la carte du circuit commercial tananarivien.
Cela n'avait plus rien à voir avec une manifestation politique, bien entendu. Casser et piller sont des tentations tellement naturelles quand le désordre est complet. Le jour va se lever dans une petite heure sur un spectacle désolant. Et qui place, une fois encore, les Malgaches dans une situation plus précaire qu'avant.
Personne n'aura gagné. Et tout le monde, perdu.

Les rumeurs les plus délirantes ont couru depuis le début de l'après-midi hier. Le président malgache aurait quitté la capitale, le pays. Le maire de Tana aurait été tué. On peut probablement, avec toutes les réserves d'usage, démentir: les deux hommes sont censés se retrouver aujourd'hui autour d'une table.
Quant au nombre de morts, il se situerait entre un et treize, je suis incapable d'en dire plus.
Une autre rumeur, elle, semble devoir se confirmer: la prison d'Antanimoro serait totalement vide, détenus et gardiens ayant déserté les lieux. Si c'est vrai, le climat d'insécurité, dont on parlait déjà beaucoup, n'a pas fini de peser sur nos épaules, bien davantage que le réchauffement de la planète...

Bref, c'est la pagaille, entretenue par la quasi absence de radios et de télévisions, les unes et les autres ayant successivement cessé d'émettre à l'exception, semble-t-il, de Radio Don Bosco, Radio Antsiva et RLI.
Les dernières rumeurs font état d'émeutes et de pillages à 67 Ha ainsi que de la tentation, côté militaire, de prendre les choses en mains...
Je précise: rumeurs...

Je ne sais pas si je vais continuer à vous tenir informés de l'évolution de la situation. Hier, j'étais même persuadé que je n'en parlerais pas du tout, parce que ce n'est vraiment pas le propos de ce blog. L'ampleur des dégâts m'a fait changer d'avis.
Pour la suite, on verra...

June 16, 2008

Elle n'est pas belle, la province?


Je rentre d'Antsirabe, et je découvre ce matin dans la presse malgache le compte-rendu des "derniers" concerts de la tournée de Rossy. Je devrais dire: la presse tananarivienne. Car celle-ci semble ignorer (les journaux que j'ai lus, du moins), qu'il y aura encore un concert le 22 juin, dans quelques jours, annoncé un peu partout dans la ville d'eaux par des grandes banderoles.
Les quotidiens arrivent à Antsirabe à partir de la fin de la matinée. Ceux qui les liront là, à trois heures de route de la capitale, se sentiront frustrés d'être ainsi ignorés. Et ils auront raison de l'être. Un fait divers sanglant trouve sa place dans les pages. Mais que la tournée de Rossy ait un prolongement après les ultimes prestations tananariviennes, on s'en moque.
Dommage.
Pour ma part, je ne regrette pas les conversations culturelles que j'ai eues là-bas.
Avec Ben Arès, écrivain belge en séjour à Madagascar pour s'imprégner d'une atmosphère qu'il compte restituer dans son prochain roman. Le premier, Ne pas digérer, est paru au début de cette année et m'a fait une forte impression.
Avec Bekoto, de retour d'une tournée internationale en compagnie des autres membres de Mahaleo, nous avons surtout parlé de littérature. Et en particulier de Raharimanana, dont il a ramené Za dans ses bagages.
Avec Vahömbey, enfin, il a été question de musique et de sa volonté de s'y impliquer complètement après un an et demi de travail.
C'est cela aussi, Antsirabe: des rencontres comme on peut en faire en province.
Dans la province française, à Montpellier pour l'instant, le Printemps des Comédiens accueille aussi des artistes malgaches. Doly Odeamson a lu des poèmes avec Clarisse et... l'ancien premier ministre français, Dominique de Villepin. Dans Les précieuses ridicules, de Molière, Fela Karlynah Razafiarison et Haingo Ratsimbazafy jouent, Haingo Ratsimbazafy est à la mise en scène tandis que Hanitraviro Rasoanaivo-Anderson chante. Pour lire un compte-rendu du spectacle, voir ici.
Alors, elle n'est pas belle, la province?
Bien sûr qu'il se passe aussi des choses à Antananarivo et à Paris. Mais ne nous limitons pas aux capitales, de grâce!

Et puis, pour ceux qui préfèrent parler aux arbres et aux plantes, voici un bel outil: l'atlas des Plantes de Madagascar, par Lucile Allorge qui n'en est pas à son coup d'essai sur ce terrain. Aux 850 photos annoncées sur la couverture s'en ajoutent 2500 autres sur un CD-rom. Avis aux amateurs...