October 10, 2014

Il y a 100 ans : Les crocodiles malgaches (12)

(Suite et fin.)
D’ailleurs, qu’il soit dieu ou simple mangeur d’homme ou de chien, le caïman tient une grande place dans la sorcellerie et le folklore malgache. Beaucoup de sorciers, mâles et femelles, sont vadim-boay, c’est-à-dire époux de caïman, et ils ont alors de bien curieuses relations avec leur compagnon à cuirasse. Ils lui apportent des friandises, dansent devant lui, lui tiennent de longs discours et, bref, font tant et si bien que ces deux êtres si disparates semblent finir par se connaître, ce dont le sorcier ou la sorcière ne manque pas de tirer une grande considération. D’après ces sorciers, certains de ces caïmans porteraient souvent, comme les grands serpents de nos légendes, une chose de grande valeur enchâssée sur la tête. Mais cette chose, ici, n’est plus un diamant : c’est une pépite, car nous sommes en plein pays de l’or, ou une simple perle de verre (peratra qui, jadis, pour les ancêtres malgaches, avait plus de valeur que l’or même).
En résumé, le crocodile malgache est un être peu gracieux, qui dépare les rivières de l’île de coups de gueule aussi intempestifs que mal séants. C’est, certes !  la tare la plus volumineuse de cette terre malgache si paisible et ses manières sournoises, sa férocité, les nombreuses victimes qu’il fait tous les ans commandent impérieusement de le détruire par tous les moyens possibles. Mais ceci accordé, on me permettra d’ajouter que cet animal est, par contre, intéressant à plus d’un titre. Il fait partie intégrante du paysage malgache et, quand il aura disparu, l’île aura perdu un des derniers cachets d’exotisme tropical qui lui restent encore. Sa disparition privera les grandes rivières boueuses, les lacs et les étangs d’un de leurs grands charmes : le mystère, et l’on ne pourra plus évoquer sur leurs bords, en surveillant les gestes de ces brutes puissantes, ces scènes, des époques passées où tons les êtres, comme aujourd’hui hélas ! mais avec plus de beauté, vivaient en paix les uns des autres !
Perrier de la Bathie.

Bulletin de l’Académie malgache


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