August 24, 2015

Il y a 100 ans : Mise au point

Le Tamatave, dans un article intitulé « Fausses nouvelles » paru le 19 juin, semble prendre à partie les créoles et fait allusion à une lettre vraie ou fausse d’un soldat qui se plaindrait de la nourriture qui leur serait donnée, prétendant qu’on leur fait manger du beefsteak de cheval saignant et du pain de seigle.
Est-ce vrai ? Il faudrait le voir pour le croire, étant donnés les sentiments profondément créolophobes si connus du Tamatave qui, à plusieurs reprises, ne s’est pas gêné pour les étaler dans ses colonnes. Messieurs les abonnés créoles ont pu en prendre pour leur rhume.
Nous ne savons pas ce que mange l’auteur de l’article intitulé « Fausses nouvelles », si c’est de la poularde et du pain blanc, mais je suis certain que les créoles voudraient bien en faire autant si la nature n’avait fait pousser chez eux du riz au lieu de blé et si le climat débilitant et souvent fiévreux des pays chauds n’exigeait pour réveiller leur appétit endormi par les chaleurs et les malaises dus à l’ambiance dans laquelle ils vivent, des mets épicés indispensables pour appeler la faim.
L’habitude une fois prise, il n’y a rien d’étonnant à ce que le créole préfère le riz et le rougail au pain et au beefsteak saignant.
Est-ce un crime pour le chanter à cor et à cri dans un journal surtout colonial ?
Les peuples ne peuvent être que divers et diverses sont leurs coutumes. La nature dans son œuvre gigantesque n’a pas fait qu’un seul modèle et un seul climat.
En somme, si nous relevons les propos perfides de cet article, c’est que son auteur n’a pas seulement envisagé la question nourriture, mais bien une occasion de chercher à rabaisser les créoles.
Qu’a-t-il donc à leur reprocher, surtout en ce moment où sur leur demande ils sont, non comme on a voulu l’insinuer, chargés simplement de la garde des prisonniers, mais sur le front en France et aux Dardanelles à faire bravement leur devoir tout comme les métropolitains.
C’est petit et mesquin de la part d’un journaliste d’attaquer des Français, qu’ils soient créoles de la Réunion ou d’ailleurs, lorsqu’ils paient sans sourciller l’impôt du sang, surtout sans avoir couru après des sursis comme beaucoup, hélas !!!
S’il y a des critiques à faire, elles doivent être dirigées contre les « embusqués » et les quémandeurs de sursis.
Un Créole « même ».

La Dépêche malgache

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