November 16, 2015

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

Il ne pouvait pas se faire que les tribunaux n’eussent à s’occuper du mot « boche » et notamment pour décider s’il constitue une injure au sens ordinaire du Code.
À la vérité, la chose n’était, en France, pas douteuse – et la jurisprudence est désormais fixée : oui, le mot boche est une injure, et celui qui vous qualifiera ainsi publiquement pourra être condamné envers vous à de sérieux et compensatoires dommages-intérêts…
Mais la question est infiniment plus délicate pour un tribunal allemand ! « Boche » doit-il être considéré comme injurieux en territoire impérial ? Ia, disaient les uns en assurant leurs lunettes sur leur nez ; car une signification grossière et dérisoire est généralement attachée à ce mot qu’on emploie par mépris chez les alliés. Nein, déclaraient les autres, car ce mot n’a pas d’autre sens que celui « d’Allemand » et on ne conçoit, dès lors, rien de plus honorable, ni de plus flatteur ?
Les deux opinions se peuvent également soutenir, et c’est là matière à merveilleuses controverses.
Au reste, la question est si épineuse que le Tribunal de Dessau, qui en était saisi, vient, paraît-il, de surseoir à statuer, attendant pour ce faire d’être plus congrûment renseigné sur l’exacte et philologique signification du terme !
La jeune fille, inculpée de l’avoir prononcé au mépris de la loi et de la bienséance, a prétendu pour sa défense qu’il s’applique indifféremment à toutes personnes parlant allemand, y compris les Suisses et les Luxembourgeois. C’est fort douteux – et je sais notamment des Suisses « allemands » qui vous casseraient la figure le plus joliment du monde si vous vous avisiez de vous en servir à leur endroit.
La question est donc d’importance. Quand le Tribunal de Dessau aura statué, il est probable que la Cour d’Appel devra dire son mot. Et ce ne serait certes pas chose banale que de voir finalement la Cour Suprême de l’Empire appelée à discuter gravement du sens et de la portée du mot boche pour rendre ensuite son arrêt solennel sous le buste en plâtre de Guillaume II.

La Dépêche malgache

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