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August 22, 2019

Une révolution manquée à Madagascar, par Aurélie Champagne

Après avoir tracé une longue diagonale du sud-ouest au nord-est de Madagascar, je m’étais posé quelques jours, au début du mois d’août, dans une ville côtière plus célèbre pour la vanille qui s’y produit que pour sa participation aux événements de 1947. La vision quotidienne, près du port, d’une stèle en hommage aux martyrs de cette révolte, me renvoyait sans cesse au premier roman d’Aurélie Champagne, Zébu Boy, ancré dans un moment d’Histoire dont les protagonistes n’ont pas gardé le même souvenir.
A Madagascar, le 29 mars, date en 1947 des premiers affrontements contre les colons et, dans la foulée, du début d’une sévère répression, est aujourd’hui encore un jour férié pendant lequel la vente d’alcool, comme lors des élections, est interdite et l’occasion de cérémonies commémoratives dont le centre est plus souvent à Moramanga, dans l’est, qu’à Antananarivo, la capitale où l’on ne manque cependant jamais de se souvenir.
En France, rien ne signale dans le calendrier ce qui semble avoir été un lointain soubresaut de l’épopée coloniale au moment où le prestige de celle-ci vacillait. Jacques Chirac, lors d’une visite officielle à Madagascar en 2005, avait néanmoins évoqué cette page sombre dans les relations entre les deux pays et dénoncé, sans s’attarder sur les détails, « caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial ». L’acte de contrition avait été fait, cependant, en d’étranges circonstances. Le lieu, d’abord, s’y prêtait mal, d’une part parce que Mahajanga, sur la côte ouest, se situe bien loin des régions où les combats avaient eu lieu, d’autre part parce que cette même ville avait été, en 1895, le théâtre du débarquement des troupes françaises qui entamaient la « conquête » de l’île. Ensuite, le président malgache Marc Ravalomanana avait évacué la question en rappelant qu’il n’était pas né en 1947…
Des historiens malgaches et français ont néanmoins, et très rapidement après les événements, abordé le sujet – qui reste d’ailleurs polémique. Si des écrivains malgaches, au premier rang desquels Raharimanana, en faisaient un des moments fondateurs de leur imaginaire, la littérature française y a peu puisé. En 1995, Patrick Cauvin avait publié Villa Vanille, un roman pétri de bonnes intentions mais qui passait à côté du sujet. Plus récemment, en 2012, Pierre d’Ovidio avait envoyé, pour la deuxième enquête d’une série de « grand détective », l’inspecteur Maurice Clavault à Madagascar au moment où éclataient les troubles de 1947. Ce n’était guère plus convaincant.
Aurélie Champagne, dans son premier roman, choisit un Malgache comme personnage central. Ambila a été rapatrié après avoir combattu dans la Meuse et avoir été capturé par les Allemands. Depuis six mois qu’il est rentré, il ne supporte plus d’être redevenu « le pauvre indigène qu’il était avant guerre ». Il n’est même plus vraiment le Zébu Boy dont la réputation s’était construite sur son habileté à renverser les bœufs lors des savika, les combats traditionnels. Il est prêt à sauter sur la première occasion d’occuper la place qu’il mérite dans la société. Et, précisément, sa route l’entraîne vers Moramanga au moment où éclate la rébellion.
La biographie fournie par votre éditeur signale un séjour de six mois à Madagascar en 1998. Etait-ce la toute première fois ? Et y partiez-vous dans un but précis ?
A 20 ans, après deux intenses années de classe préparatoire, j’ai eu envie de prendre le large et de sortir de mes livres. J’ai économisé et me suis offert un aller-retour à Madagascar. A l’époque, il n’y avait pour moi aucune autre terre à fouler. Je porte un double nom : Champagne-Razafindrakoto et je n’avais jusque-là aucune image, ni aucun vécu à mettre derrière ce nom malgache, hormis de vagues histoires d’orphelinat, de Reine et de privation. La mythologie familiale, chez moi, racontait en outre que ce nom de « Razafindrakoto » signifiait « Fils de Prince » et laissait entendre que nous avions peut-être des ascendants royaux. Autant dire que la première personne à Madagascar à qui j’ai raconté cette histoire a éclaté de rire. D’une certaine manière, ma quête des origines s’est arrêtée net ce jour-là, en apprenant que le nom que je portais équivalait plutôt à « Dupont » ou « Durand ». Ca a laissé de la place pour le reste, et alors c’est le pays, dans toute sa splendeur qui m’a saisie.
A quel moment avez-vous commencé à vous intéresser à l’insurrection de 1947 ? L’idée d’un roman dans ce contexte a-t-elle germé rapidement ? Ces événements avaient-ils une raison particulière de vous toucher ?
Je gardais un souvenir refroidi de l’insurrection de 1947. A peine une ligne dans un manuel d’histoire de classe de terminale. Or, à Madagascar, j’ai eu la chance de faire un petit bout de chemin avec un universitaire qui m’a raconté les Tabataba. Nous étions en 1998, au lendemain du cinquantenaire. J’ai découvert à quel point cette mémoire était vivante. A quel point elle battait encore au sein de certaines familles.
Le livre repose sur des documents écrits, et vous fournissez d’ailleurs un  embryon de bibliographie. Avez-vous utilisé aussi des témoignages oraux ?
Zébu Boy s’appuie sur un travail de documentation mais il est avant tout un roman avec un héros fictionnel. Ce n’est pas un livre d’histoire. Seulement, pour raconter la destinée romanesque d’un ancien des combats de France, rentré au pays et presque aussitôt happé par les événements, j’avais besoin de documenter le contexte historique. J’ai donc lu au fil des années toutes sortes de documents, sans vraiment me préoccuper de méthodologie. Je lisais tout ce que je trouvais : thèse, actes de colloques, témoignages, notes issues des Archives nationales d’Outre-mer à Aix, et autres sources primaires, documentaires, fictions, journaux de missionnaires ou de colons issus de l’administration… Le plus souvent, une lecture soulevait plusieurs questions, pour lesquelles j’allais chercher des réponses dans d’autres lectures. D’autres avant moi ont eu à cœur de collecter des témoignages oraux et l’ont fait merveilleusement : de l’auteur Jean-Luc Raharimanana à la documentariste Marie-Clémence Paes avec son récent Fahavalo, en passant évidemment par les historiens Faranirina Rajaonah ou Jean Fremigacci, pour ne citer qu’eux. Ces deux derniers m’ont d’ailleurs fait l’amitié de relire le roman, et de formuler des observations qui, recoupées avec celles de Françoise Raison, Martin Mourre et Jean-Noël Gueunier, ont été très précieuses pour le texte.
Si l’on comprend bien, Zébu Boy est la troisième version de ce livre. N’avez-vous pas eu envie de passer à autre chose ou bien le thème vous habitait-il au point qu’il était nécessaire de mener ce projet à son terme, c’est-à-dire jusqu’à la publication ?
Disons qu’il m’a fallu écrire plusieurs histoires pour trouver celle que j’avais réellement envie de raconter. L’intrigue s’est d’abord formulée le temps d’une nouvelle, inspirée d’une anecdote trouvée dans la thèse de Jacques Tronchon. Puis la narration s’est déployée sur quatre générations, de l’immédiat après-guerre au tournant des années 2000. Avant de se recentrer à nouveau sur 1947. Au fil des allers et retours, je me suis découragée plusieurs fois et j’ai eu effectivement envie de passer à autre chose. C’est même ce que j’ai fait : mon activité de scénariste notamment m’a donné à plusieurs reprises l’occasion d’aller me dégourdir les méninges dans d’autres univers. Mais je suis toujours revenue à 1947.
Votre personnage principal s’appelle Razafindrakoto. On suppose que ce n’est pas par hasard…
Effectivement. Razafindrakoto est en effet un clin d’œil à ma grand-mère malgache. Mais il suffit de consulter des archives du ministère de l’armée et sa base « mémoire des hommes » par exemple, pour croiser des dizaines de Razafindrakoto morts au combat ou des suites de maladie, pendant la seconde guerre mondiale.
Au fond, il n’est pas très sympathique. Pilleur de cadavres, avec toujours en tête un mauvais coup à jouer à son compagnon d’aventures, c’est un opportuniste embarqué dans l’action un peu par hasard. Ou bien on se trompe ?
Zébu Boy est un combattant hors pair, que la vie  a exposé à toutes sortes d’épreuves. Il les a toutes surmontées. Quand l’histoire commence, le héros continue à faire ce qu’il sait faire : survivre. Il épouse effectivement l’insurrection par opportunisme, plus que par idéologie et, chemin faisant, découvre ou croit découvrir sa véritable vocation.
Une anecdote en dit long sur les raisons (multiples) que peuvent avoir les Malgaches, en rentrant de la Seconde Guerre mondiale, d’en vouloir à leurs colonisateurs : ceux-ci reprennent leurs chaussures au retour. Elle est authentique ?
L’anecdote est authentique, oui. En juillet 1946, l’armée française a démobilisé 6000 Malgaches et Réunionnais. La guerre était finie depuis plus d’un an. Ces soldats comptaient parmi les derniers à rentrer. Beaucoup étaient restés dans des camps de transition, où les conditions de vie étaient déplorables, attendant pendant des mois un bateau pour les transporter. Quand ils sont enfin arrivés à Toamasina en août 1946, l’intendance militaire leur a retiré leurs chaussures pour reconstituer les réserves. Ce geste a été vécu comme une véritable humiliation.
Aviez-vous une intention particulière en parlant de cette époque, et de cette manière ?
Je crois qu’on parle souvent des révolutions avec un grand R : elles deviennent presque des abstractions, des concepts. Ce qui m’a d’abord fasciné a été la mécanique historique des événements de 1947. Mais au fil des années, le vécu des anciens combattants de métropole s’est éclairé. De même, la découverte de leur parcours au sein des frontstalags et leur retour dans l’île a contribué à ramener l’insurrection au sol. J’ai eu envie d’essayer de raconter les événements à hauteur d’homme, dans leur incarnation la plus prosaïque.

August 19, 2010

Patrick Cauvin, auteur de "Villa Vanille", est mort

L'écrivain Claude Klotz, mieux connu sous son pseudonyme Patrick Cauvin, est mort la semaine dernière à l'âge de 77 ans. Un de ses romans n'est pas passé inaperçu à Madagascar. Villa Vanille, en effet, évoquait les événements de 1947. Le livre était paru en 1995 et, à l'époque, Patrick Cauvin n'avait jamais mis les pieds à Madagascar. Quand il y est venu présenter son livre, les choses se sont, semble-t-il, mal passées. Dans la notice que lui consacre Wikipédia, on trouve d'ailleurs une allusion à son passage dans la capitale: "Le séjour s’avère être cauchemardesque pour l’écrivain. Il découvre, une fois sur place, que la presse locale est unanimement négative à son égard et passe, de peur d’être la cible de bandits de grands chemins, ses journées confiné dans sa chambre d’hôtel."
Je n'étais pas, à cette époque, installé à Madagascar - et rien ne me laissait supposer que cela arriverait un jour. J'avais donc rencontré Patrick Cauvin pour le faire parler de Villa Vanille sans connaissance particulière du sujet qu'il y abordait.
Je vous restitue l'article que j'avais publié le 14 avril 1995 suite à cette rencontre.

Villa Vanille, le nouveau roman de Patrick Cauvin
Madagascar, 1947: la fiction pour restituer la réalité. Patrick Cauvin réécrit et fait découvrir un épisode peu connu de l'histoire coloniale française.
Les pays occidentaux ont tendance, souvent, à minimiser voire à évacuer complètement les pages de leur histoire qui ne les montrent pas sous leur meilleur jour. Pour peu qu'il soit possible d'oublier sans culpabilité, voilà tout un passé jeté à la trappe! Il en va ainsi de la sanglante répression que les colonisateurs français imposèrent à Madagascar en 1947: qui a été marqué par ce que n'en disent pas les ouvrages de référence, dans leur très grande majorité? Cent mille morts, compte Patrick Cauvin, qui n'a pas pu résister à l'envie de raconter cela. Il a découvert son sujet en le confrontant à sa propre expérience:
En 1960, je sortais de la guerre d'Algérie et je suis devenu professeur dans un CET de banlieue. Là, j'ai rencontré un autre professeur, d'origine malgache, qui, au bout d'un mois, m'a dit: Tu ne parles jamais de l'Algérie... Lui ne parlait jamais de Madagascar, mais il a fini par me raconter la répression de 1947. J'y pense depuis trente ans... J'ai été très impressionné par ce sujet, et j'avais envie de faire un roman à l'intérieur de ce cadre.
C'est Villa Vanille, un gros livre qui ne ressemble pas trop à la production habituelle de Patrick Cauvin chez qui on a coutume de trouver des histoires tendres, de l'amour servi en grandes quantités, mais guère de réflexions sur la manière dont tourne le monde. Notre métier, c'est de surprendre, dit-il. Sans doute, ce livre-ci va-t-il troubler le lecteur de Cauvin. Mais je ne sais pas si c'est un tournant pour moi, je ne crois pas aux tournants. Cela dit, il y a quand même une histoire d'amour. Cauvin oblige!
Les colons tentent, dans Villa Vanille, de préserver leur pouvoir et leurs privilèges, dont la plupart d'entre eux ne comprendraient pas la disparition. Ils ne craignent pas d'utiliser pour cela les moyens les plus violents, d'enrôler des milices qui effectuent le sale travail. C'est vrai qu'il y a aussi de l'amour dans ce roman. Mais on mentirait en essayant de faire croire que c'est le thème le plus présent à l'esprit du lecteur. Et ce qui est le plus personnel à l'auteur est aussi le plus fort. Si je n'avais pas fait l'Algérie, je n'aurais pas écrit ce livre. J'ai connu des colons, j'ai senti chez eux cette impression d'un paradis perdu. Mais il y avait différentes espèces de colons...
Au fond, on pourrait se demander pourquoi ce n'est quand même pas l'Algérie qui a été le cadre historique choisi par Cauvin, pourquoi il est allé chercher si loin, dans un pays où il n'a jamais mis les pieds (Je me suis privé des paysages, dit-il), un sujet qu'il aurait pu rapprocher de ce qu'il connaissait mieux.
Quand un moment comme celui-là est ainsi occulté, c'est le rêve pour le romancier. Il est très libre, ce qui n'aurait pas été le cas face au mythe colonial indochinois ou algérien. L'équivalent n'existe pas à Madagascar, pour des raisons économiques. Madagascar, c'était la vanille... Alors, les journaux de l'époque en parlaient très peu, ça n'intéressait personne.
Il y a du souffle dans cette grande aventure terrible, vécue sous plusieurs angles à la fois par les différents personnages. Ils se déchirent, se rapprochent, rencontrent l'horreur qui les marquera pour toujours. Sous la forme d'un roman populaire qui se lit à toute allure, Patrick Cauvin fait ici ce qu'on peut appeler une œuvre de salubrité publique. Il faut lui en savoir gré.

Trois ans plus tard, quand l'adaptation télévisée du roman est sortie, j'étais ici, et donc mieux placé pour comprendre l'accueil plutôt glacial réservé au livre. Paradoxe: le téléfilm a été diffusé peu de temps après à la télévision malgache (sur TVM, si je me souviens bien). J'ai donc écrit un autre article, paru le 6 juillet 1998, que voici.

Cinquante ans après, un souvenir toujours douloureux à Madagascar
Les îles de l'océan Indien se trouvent actuellement placées dans une grande période de commémorations. Cette année, comme dans d'autres parties du monde, on y célèbre le cent cinquantième anniversaire de l'abolition de l'esclavage. L'an dernier, à Madagascar, on se souvenait des tragiques événements de 1947, peu présents dans les manuels d'histoire de France, mais très marquants en revanche dans le chemin vers une indépendance enfin acquise en 1960. C'est dans ce cadre que se situe Villa Vanille qui, avant d'être un téléfilm, fut un roman de Patrick Cauvin.
Les troubles de 1947, le colonisateur les appelle une révolte. Les Malgaches récusent le mot et lui préfèrent celui d'insurrection. Les points de vue, à l'époque, étaient tellement peu conciliables qu'ils ont provoqué des combats violents, une répression d'une brutalité insensée et ont débouché sur la mort de 90.000 à 100.000 personnes, selon les chiffres les plus fiables. On comprend que cela puisse laisser des traces. Et que la démarche de Patrick Cauvin ait été accueillie, à Madagascar, avec circonspection.
Mettant en scène des personnages essentiellement français, Patrick Cauvin a, aux yeux des Malgaches, perpétué un mensonge historique. Cela dit, une universitaire malgache, Nivoelisoa D. Galibert, auteur d'un savant ouvrage consacré à la littérature qui s'est écrite à propos de son pays, faisait récemment remarquer que, sur le sujet, les écrivains nationaux avaient de leur côté gardé le silence. Celui-ci vient certes d'être brisé par Raharimanana dont le nouveau recueil de nouvelles, Rêves sous le linceul (Le serpent à plumes), évoque la répression de 1947. Il le fait, bien entendu, en termes beaucoup plus durs que Patrick Cauvin.
Celui-ci, pourtant, était convaincu de rendre justice à un peuple alors opprimé. Mais comment restituer une telle violence inscrite, à l'époque, dans la logique de la colonisation?
Il convient donc de savoir que, pour être pétri de bonnes intentions, Villa Vanille passe à côté de son sujet. A moins que celui-ci soit l'histoire de ces hommes auxquels les Malgaches reprochent leur attitude...

March 29, 2010

Jacques Rabemananjara pour le 29 mars

Pâques 48
(extrait)
Ici la complainte des murs
sur le thème de la mort
La blancheur sourde de la chaux
dit le mystère des ténèbres.

Sur le suaire du silence
passe comme sur la tombe
le frisson impur de la haine.

Les mains froides de l'Étrangleur
fouillent la gorge et les viscères
du firmament immaculé.

Mais toute l'angoisse des fleurs
un songe unique :
le baiser mâle du soleil
sous le vertige de l'azur

Prison militaire du Fort Voyron, Tananarive,
28 mars 1948.
Jacques Rabemananjara, Antidote,
cité par Alain Mabanckou dans: Anthologie. Six poètes d'Afrique francophone.

July 7, 2009

Raharimanana à Avignon et dans la presse

Ce sera un des événements du Festival d'Avignon, s'il faut en croire les articles qui précèdent le calendrier: Raharimanana sera présent à plusieurs titres dans ces grandes rencontres du théâtre français et international. Sur ce théâtre-monde, vous avez déjà pu lire, si vous avez l'habitude de fréquenter ce blog, les réponses que l'écrivain a faites aux quelques questions que je lui ai posées. C'était en avril.
Aujourd'hui, je vous propose de découvrir deux nouvelles présentations.
L'une paraît sur le site des Inrocks. L'article met l'accent sur les guerres qui seront portées à la scène. Thierry Bedard y parle de 47.
“Cette guerre coloniale oubliée a laissé quelque 60.000 morts en terre malgache et a été définitivement rayée de notre mémoire, précise Bedard. Il est fondamental de se demander comment cette insurrection est née et pourquoi elle a été réprimée dans un bain de sang, car une génération entière de l’élite malgache de cette époque a pratiquement été éliminée."
On doit l'autre article au Monde, dans un rapprochement entre Madagascar et le Congo. Raharimanana y parle notamment de son travail sur la langue:
"Je viens d'un espace qui a beaucoup à dire, observe Jean-Luc Raharimanana. Dans ma langue, je mêle des éléments très divers, en écho au désordre du monde actuel. Si je mettais ces éléments dans une narration classique, ce serait terriblement démonstratif. Et je ne pourrais pas travailler la langue de la même manière, alors même que dans notre monde, c'est justement la langue qui est devenue le nouveau lieu du combat : les mots - celui de libéralisme, par exemple - ont perdu leur sens étymologique pour en acquérir un nouveau, totalement idéologique."
Deux textes à lire en attendant le spectacle...


May 12, 2009

Correctif à une brève de L'Express de Madagascar

Dans le quotidien malgache de ce jour, je lis:
La Bibliothèque malgache réédite « La colline aux croix d'osier». A l'occasion du 8 mai qui rend annuellement hommage aux troupes coloniales françaises, la Bibliothèque malgache réédite « La colline aux croix d'osier ». Écrit par René Petit, l'ouvrage raconte l'aventure d'Elisé, un soldat malgache qui a intégré la troupe française durant la Seconde guerre mondiale.
Il s'agit de l'interprétation hâtive d'une note publiée il y a quelques jours: Pour mémoire: La colline aux croix d'osier. J'y rappelais, à l'occasion du 8 mai en effet, l'existence de ce roman. Qui semble toujours disponible, au moins chez le libraire en ligne où je puise les références bibliographiques des livres cités dans ce blog. Voir ici.
Ceci dit, je suis flatté qu'on accorde à la Bibliothèque malgache davantage de moyens que ceux dont elle dispose. Pour une fois, le proverbe "on ne prête qu'aux riches" n'est pas d'application...

May 9, 2009

Pour mémoire : La colline aux croix d'osier

Puisque les célébrations du 8 mai ont remis à l'honneur, par l'intermédiaire de Nicolas Sarkozy, les "troupes coloniales", je voudrais revenir sur un livre paru il y a quelques années déjà. La colline aux croix d'osier raconte, précisément, l'aventure d'un soldat malgache dans la Seconde Guerre Mondiale.
Inspiré par des faits authentiques, La colline aux croix d'osier nous plonge dans le passé pas si lointain de la Seconde Guerre Mondiale et du début des années cinquante. Le héros principal, Elisé, jeune sous-officier malgache et descendant de souche royale, vous entraînera dans une aventure guerrière hors du commun. Partis en 1940, défendre la mère patrie des livres d'école, Elisé et ses compagnons vivront, au gré et en marge du conflit, des péripéties encore mal connues à ce jour. Ce récit aborde aussi la fourberie d'autorités militaires et de classes dirigeantes qui privilégient l'endoctrinement au détriment de la vérité. Et il met en lumière une guerre coloniale longtemps passée sous silence, celle de 1947, dans l'est de Madagascar...

René Petit a grandi en Dauphiné, dans la ferme familiale, au milieu des chevaux. Rugbyman dans les rangs du C.S Vienne de la belle époque, son cheminement professionnel l’a conduit à devenir moniteur de sport, éducateur, commercial, puis chef d’entreprise à Madagascar. C’est dans la Grande Île de l’Océan Indien, où il a longtemps vécu, qu’il s’est décidé à écrire et partager ses temps de loisirs avec sa passion ovalienne, à la tête du staff d’une célèbre formation d’Antananarivo. Aujourd’hui parisien, il conserve intact son double engouement envers l’écriture populaire et l’éducation sportive.
Sur le même sujet, on lira avec intérêt un article du blog Zanatany 47: 8 mai 1945, ne les oublions pas...