Du 20 au 25 juillet, la nouvelle pièce de Jean-Luc Raharimanana, mise en scène par Thierry Bedard, Les cauchemars du gecko, est programmée au Festival d'Avignon.
Personne ne pouvant en parler mieux que l'auteur lui-même, je lui ai posé trois questions...
Après les tribulations de 47, la programmation des Cauchemars du gecko à Avignon constitue-t-elle une sorte de revanche ?
Une revanche ? Non... Mais un joli pied de nez oui. De plus 47 est programmé aussi dans le festival Contre-courant (le 17 juillet, Festival dans le festival d'Avignon). Disons que dès les premières tribulations, nous avons essayé, Thierry Bedard et moi, de voir plus loin et de toujours revenir à l'essentiel, c'est à dire l'objet-théâtre et la question de l'insurrection. La censure de fait exercée par le ministère français des affaires étrangères n'était qu'un épiphénomène. Avec le recul, cela nous a même mis en pleine lumière (voilà pourquoi les censures sont souvent idiotes, elles font connaître ce qu'elles sont censées voiler). Bref, nous avons continué à travailler. La piste Avignon existait avant toutes ces agitations, elle s'est concrétisée, c'est tout.
Mais ce qui me plaît le plus dans la programmation des Cauchemars du gecko à Avignon, c'est de me retrouver à ma vraie place, en collaboration avec des théâtres, avec des artistes, des comédiens, des musiciens, en somme avec la Scène nationale de Bonlieu à Annecy d'abord, au festival d'Avignon ensuite. Ces derniers temps, je me trouvais à des places et postures que je n'ai pas réellement choisies : défendre la mémoire malgache contre les négations de toutes sortes, répondre à des questions qu'on pose normalement à des historiens, des politiques, des économistes.. la pauvreté, la violence, ces événements absurdes qui arrivent au pays. Comme le gecko donc, retomber sur mes pattes et m'accrocher à mes parois...
A lire les extraits du travail en cours publiés dans Langue vive, Le cauchemar du gecko semble une sorte de prolongement de Za. Est-ce le cas ?
Je ne sais pas. Un moyen d'en sortir je dirais ? L'écriture de Za m'a amené à des endroits que je ne voulais/pouvais pas trop quitter. je ne savais pas comment continuer à écrire après. Je ne voulais pas non plus produire un Za 2. En tout cas, la question de la voix reste toujours primordiale. Comment une écriture peut physiquement nous atteindre. Une expérimentation qu'il m'est difficile de théoriser. Et face à la déréliction du monde, à la colonisation de la langue par cette pensée relativisante (où tout est faussement libre, impertinent, etc), comment se frayer un corps à travers tous ces bruits et langages nous chosifiant...
Le théâtre, c’est l’oralité directe, de la scène au public. Est-ce plus facile, plus efficace, sous cette forme que dans un roman où le lecteur se trouve seul face à un texte muet dont le chant ne peut naître que dans sa tête ?
Un chant intérieur, c'est tout aussi beau... Dans un roman, on a le choix du chant, on peut revenir en arrière, on peut laisser, on peut sauter une page, on peut réinventer. Au théâtre, le public n'a pas vraiment le choix, il écoute un chant, le chant du comédien, du metteur en scène. Le plus difficile, c'est de multiplier ce chant, d'emporter le public à un autre endroit qui le surprenne, quitte même à un autre endroit qu'il ne veut pas et de l'y confronter à d'autres possibilités du dire. Je ne sais pas quel est le plus efficace. Et efficace en quoi ? Je n'ai plus de pouvoir à partir du moment où je pose ma plume. C'est au metteur en scène de bâtir ce qu'il veut. Et moi-même, auteur, je deviens public, un peu particulier mais public néanmoins. Pour répondre réellement à ta question, il faut que je me fasse Artaud et me confronter directement au public, sans passer par les comédiens... Ca viendra peut-être.
Personne ne pouvant en parler mieux que l'auteur lui-même, je lui ai posé trois questions...
Après les tribulations de 47, la programmation des Cauchemars du gecko à Avignon constitue-t-elle une sorte de revanche ?
Une revanche ? Non... Mais un joli pied de nez oui. De plus 47 est programmé aussi dans le festival Contre-courant (le 17 juillet, Festival dans le festival d'Avignon). Disons que dès les premières tribulations, nous avons essayé, Thierry Bedard et moi, de voir plus loin et de toujours revenir à l'essentiel, c'est à dire l'objet-théâtre et la question de l'insurrection. La censure de fait exercée par le ministère français des affaires étrangères n'était qu'un épiphénomène. Avec le recul, cela nous a même mis en pleine lumière (voilà pourquoi les censures sont souvent idiotes, elles font connaître ce qu'elles sont censées voiler). Bref, nous avons continué à travailler. La piste Avignon existait avant toutes ces agitations, elle s'est concrétisée, c'est tout.
Mais ce qui me plaît le plus dans la programmation des Cauchemars du gecko à Avignon, c'est de me retrouver à ma vraie place, en collaboration avec des théâtres, avec des artistes, des comédiens, des musiciens, en somme avec la Scène nationale de Bonlieu à Annecy d'abord, au festival d'Avignon ensuite. Ces derniers temps, je me trouvais à des places et postures que je n'ai pas réellement choisies : défendre la mémoire malgache contre les négations de toutes sortes, répondre à des questions qu'on pose normalement à des historiens, des politiques, des économistes.. la pauvreté, la violence, ces événements absurdes qui arrivent au pays. Comme le gecko donc, retomber sur mes pattes et m'accrocher à mes parois...
A lire les extraits du travail en cours publiés dans Langue vive, Le cauchemar du gecko semble une sorte de prolongement de Za. Est-ce le cas ?
Je ne sais pas. Un moyen d'en sortir je dirais ? L'écriture de Za m'a amené à des endroits que je ne voulais/pouvais pas trop quitter. je ne savais pas comment continuer à écrire après. Je ne voulais pas non plus produire un Za 2. En tout cas, la question de la voix reste toujours primordiale. Comment une écriture peut physiquement nous atteindre. Une expérimentation qu'il m'est difficile de théoriser. Et face à la déréliction du monde, à la colonisation de la langue par cette pensée relativisante (où tout est faussement libre, impertinent, etc), comment se frayer un corps à travers tous ces bruits et langages nous chosifiant...
Le théâtre, c’est l’oralité directe, de la scène au public. Est-ce plus facile, plus efficace, sous cette forme que dans un roman où le lecteur se trouve seul face à un texte muet dont le chant ne peut naître que dans sa tête ?
Un chant intérieur, c'est tout aussi beau... Dans un roman, on a le choix du chant, on peut revenir en arrière, on peut laisser, on peut sauter une page, on peut réinventer. Au théâtre, le public n'a pas vraiment le choix, il écoute un chant, le chant du comédien, du metteur en scène. Le plus difficile, c'est de multiplier ce chant, d'emporter le public à un autre endroit qui le surprenne, quitte même à un autre endroit qu'il ne veut pas et de l'y confronter à d'autres possibilités du dire. Je ne sais pas quel est le plus efficace. Et efficace en quoi ? Je n'ai plus de pouvoir à partir du moment où je pose ma plume. C'est au metteur en scène de bâtir ce qu'il veut. Et moi-même, auteur, je deviens public, un peu particulier mais public néanmoins. Pour répondre réellement à ta question, il faut que je me fasse Artaud et me confronter directement au public, sans passer par les comédiens... Ca viendra peut-être.
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