31 octobre 2017

Il y a 100 ans : Joyeusetés coloniales (1)

Dans une compagnie d’infanterie coloniale servaient côte à côte un frêle Annamite et un grand diable de Malgache. Le hasard a de ces ironies !
Ils ne cessaient de se quereller et leurs camarades devaient souvent intervenir pour les empêcher d’en venir aux mains.
Le Malgache était le plus enragé. Un jour où il avait failli étouffer son minuscule adversaire en le serrant trop fort dans ses bras musculeux, il récolta de ce chef huit jours de prison, et, sa punition terminée, le capitaine le fit comparaître devant lui.
— Tu vas me dire pourquoi tu maltraites ainsi ton camarade.
Notre Malgache, un Sakalave à l’esprit assez borné, s’expliqua tant bien que mal, plutôt mal que bien, mais il réussit cependant à se faire comprendre de l’officier. Pour plus de clarté, je traduirai en français ses naïfs griefs contre l’Annamite.
— Ma capitaine, je suis bien content, comme tous mes camarades, de servir la France et de tuer beaucoup de Boches. Mais, vraiment, moi qui suis noir, je cours beaucoup plus de danger que ce jaune, et ça n’est pas juste.
— Es-tu fou ? Ne reçoit-il pas les obus, les balles et les coups d’épée, tout comme toi ?
— Non, ma capitaine, parce que lui est tout petit et que moi je suis trop grand. Ainsi, il faut qu’il se dresse pour mettre un œil au créneau du parapet. Ma tête, au contraire, dépasse et, tout le temps, j’entends les balles siffler autour de mon crâne. Dans les tranchées peu profondes, même en me courbant, je vois les Boches et eux aussi me voient. Aussitôt ils me tirent dessus. Le jeune, lui, haut comme ma cuisse, circule tout à son aise. Jamais une balle !
Dans les boyaux, je me cogne la tête contre tous les ponts en rondins ou en rails de chemin de fer. Mon nez s’empêtre dans les fils téléphoniques ! Bref, je dois ramper dans la vase si je veux éviter toutes les causes d’accidents dont le jaune se rit.
Un jour, nous transportions tous les deux des caisses de grenades. Naturellement, les miennes dominaient les siennes de 35 centimètres puisque j’ai 35 centimètres de plus que lui. Un artilleur boche m’aperçoit et se dépêche de m’envoyer un obus qui tombe tout près de moi.
(À suivre.)

Le Courrier colonial

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 67 titres parus à ce jour.

30 octobre 2017

Il y a 100 ans : Le cheval malgache

On sait que, depuis quelque temps, certains éleveurs de la Grande Île ont tenté – et réussi – l’élevage du cheval et que, de ce fait, notre belle colonie de l’Océan Indien peut exporter des chevaux, notamment sur Maurice.
Disons tout d’abord que le cheval malgache ne constitue pas une race proprement dite, car ce mot comprend tous les chevaux nés ou élevés dans l’Île ; leur nombre est d’ailleurs très restreint, mais il dépasse néanmoins les besoins de la remonte, son ancien et presque unique débouché jusqu’à ces derniers temps. On peut dès aujourd’hui, dans la colonie, se procurer, à des prix modérés et qui iront toujours en diminuant, des animaux aptes à remplir les services qu’on peut en attendre.
D’après le dernier recensement, la population chevaline de la Grande Île peut être évaluée à 3 000 individus dont la plupart consistent en poulinières que l’éleveur ne cède qu’à des prix excessifs.
Actuellement, on peut trouver à Madagascar des chevaux de toute taille, depuis le poney (1 m. 32) jusqu’au grand type (1 m. 63), la taille moyenne semble pouvoir être fixée à 1 m. 48.
Bien entendu, le sang est très mélangé, vu les nombreuses races qui ont été introduites dans la colonie depuis l’occupation ; ces races se sont croisées entre elles ; les chevaux autochtones proviennent eux-mêmes de métissages (poney de l’Inde, chevaux de l’Est africain, chevaux arabes et chevaux d’origine australienne).
Cependant, les importations plus fréquentes de certaines races ont fini par imposer leur cachet et l’on peut, aujourd’hui, classer les chevaux malgaches en trois types bien distincts : le cheval abyssin, le cheval barbe et le cheval anglo-arabe.

La conversion d’un prince hova

Le prince Ramahatra, ancien généralissime de l’armée hova, a projeté la construction, dans le quartier militaire de Tananarive, d’une grande église dédiée à Jeanne d’Arc.
Déjà, il n’y a pas longtemps, le prince Ramahatra avait reçu le baptême en même temps que la bénédiction nuptiale avec sa femme la princesse Razafinandriana, dans l’église Saint-Joseph de Tananarive, et les Missions catholiques donnaient un aperçu détaillé de l’existence mouvementée du nouveau chrétien ainsi que l’histoire de sa conversion.

Le Courrier colonial

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28 octobre 2017

Il y a 100 ans : Les vols de denrées à la campagne

On nous écrit :
La situation des colons à la campagne devient de plus en plus difficile et irritante. Non seulement la main-d’œuvre se fait aussi rare qu’elle devient exigeante, mais encore presque chaque nuit, et même quelquefois en plein jour, nous sommes victimes de vols de denrées, telles que manioc, maïs, etc., dans les champs.
Sans doute ce ne sont que de petits larcins, mais à force de se répéter ils finissent par être importants. Des perquisitions chez les auteurs présumés de ces vols ne peuvent donner aucun résultat, car n’ayant été pris que ce qui peut constituer un repas, celui-ci terminé, il ne reste plus aucune trace du larcin.
Ces vols s’expliquent. Dans chaque village circulent des groupes d’indigènes, solides gaillards, à qui on ne connaît d’autre occupation que celle de donner des concerts aux dames de l’endroit. Parmi celles-ci, il s’en trouve qui touchent des allocations, en raison de la mobilisation de leur mari. Mais ces allocations sont loin de suffire à nourrir tous ces parasites, d’où pour eux l’obligation de voler, car du travail, ils n’en veulent à aucun prix, et vous rient insolemment au nez quand vous leur proposez de vous donner un coup de main, quel que soit le salaire que vous leur offrez. C’est intolérable.
Voilà des gaillards qui auraient fait de solides soldats. Mais les recruteurs, chargés de la mobilisation, se sont bien gardés de les prendre ; ils ont préféré dépeupler les chantiers des bons ouvriers qui s’y trouvaient. Quel motif les a fait agir ainsi ?… on ne le devine que trop.
Bien à vous.
G. P.
Le Tamatave

Le voanjobory à la rescousse

Un de nos lecteurs nous fait remarquer que, puisqu’on ne peut pas faire venir d’arachides de Sénégal, il conviendrait peut-être de faire venir des voanjobory (Voandzeia subteranea) de Madagascar.
La graine de cette légumineuse ne contient évidemment pas autant d’huile que l’arachide, mais elle n’en constituerait pas moins un excellent aliment pour l’homme.
D’ailleurs, il y a eu déjà quelques demandes d’Europe.
On pourrait toujours essayer.
Nous devons tout tenter pour remédier à notre pénurie d’huiles comestibles.

Le Courrier colonial

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27 octobre 2017

Il y a 100 ans : Comice agricole (8 et fin)

(Suite et fin.)
Des mesures coercitives sont demandées contre les délinquants, mais le Comice agricole estime, d’accord en cela avec tous ceux qui se sont occupés de cette question, que la prison simple est loin de constituer pour les Malgaches une peine ; bien s’en faut.
À la prison, l’indigène est logé, nourri, habillé, soigné, infiniment mieux qu’il ne l’est chez lui, et c’est avec regret que, le plus souvent, il quitte cette maison où il reçoit une aussi agréable hospitalité. Être condamné pour quelque motif que ce soit, et détenu pour cela dans une maison d’arrêt, ne constitue pour lui nulle honte, nulle cause d’infamie. Au contraire, il n’en jouit que mieux de l’estime et de la considération de ses congénères.
Lorsque, comme détenu, il est soumis à un travail, celui-ci est si bénin qu’il est pour lui une distraction plutôt qu’une peine.
Il faudra donc organiser des chantiers où le condamné sera astreint à un travail réel et rémunérateur, c’est encore là un vœu exprimé, depuis toujours, par le Comice agricole.
En dernier lieu est venue la question du riz.
Le comice est d’avis, puisque l’exportation en est autorisée, que cette denrée est loin de faire défaut dans la colonie. Ce sont donc des spéculateurs qui la détiennent et maintiennent son prix de vente à un chiffre inabordable pour les petites bourses.
Le comice estime que l’administration devrait prendre des mesures radicales pour faire cesser un état de choses aussi désastreux, car les travailleurs de toute nature, colons et indigènes, en souffrent également, et sa répercussion se fait sentir sur toute la vie économique de l’île.
Le Tamatave

Billets spéciaux pour Antsirabe

Afin de faciliter l’accès d’Antsirabe aux habitants de Bourbon et de Maurice, on avait émis des billets spéciaux. Aujourd’hui, des billets semblables, valables pendant six mois pour l’aller et le retour, sont émis – avec d’importantes réductions – entre les divers ports et la station thermale.

Le Courrier colonial

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26 octobre 2017

Il y a 100 ans : Comice agricole (7)

(Suite.)
Couché, le ventre au soleil, sur un monticule voisin, il regarde le feu accomplir son œuvre ; puis, toujours étendu, il regarde ses femmes et ses enfants jeter le riz en terre, sans autre travail de préparation. Cela fait, il dort sur les deux oreilles jusqu’à l’époque où le grain commence à se former. C’est le moment le plus intéressant pour lui, car alors commencent les fêtes et la bombance qui ne durant, hélas ! que quelques semaines à peine, le temps de manger le riz récolté, car il est excessivement rare que la récolte provenant des « tavy » puisse assurer la provision de l’année, d’autant plus que l’indigène ne cultive jamais qu’une infime partie de l’étendue brûlée par lui.
Après quoi, tenaillé par la faim et débilité par les privations, il essaie quelquefois de revenir sur le chantier qu’il a quitté au grand préjudice de son employeur, et où il est toujours bien accueilli.
Mais, le plus souvent, n’ayant pas payé ses impôts pendant tout le temps qu’a duré le « tavy », et craignant d’être poursuivi pour ce retard, il gagne la brousse, et voilà un homme perdu pour lui et la société ; c’est le plus clair résultat des « tavy ». C’est ce que le Comice agricole rappelle à l’unanimité.
À noter qu’il n’existe pas de région où ne se trouvent des terres à riz, c’est-à-dire pouvant s’irriguer comme dans les Hauts Plateaux pour donner une récolte intense. Mais ces terres demandent à être travaillées soit à la bêche, soit à la charrue, après que l’épaisse végétation qui les recouvre a été soigneusement extirpée. Et c’est là un travail auquel l’indigène ne veut s’assujettir à aucun prix, malgré tous les encouragements et tous les conseils que l’administration peut lui donner, car il y a des fonctionnaires – rari nantes – qui s’occupent, sérieusement et avec intelligence, des progrès et du bien-être des indigènes.
Voilà les diverses raisons pour lesquelles les « tavy » avaient été interdits, et voilà pourquoi aussi cette interdiction doit être rigoureusement maintenue. Sans doute les « tavy » sont une vieille coutume ancestrale qu’il est, pour cela, difficile de faire perdre. Mais, dans l’intérêt tant de la colonie que de l’indigène lui-même, on doit y arriver.
(À suivre.)

Le Tamatave

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25 octobre 2017

Il y a 100 ans : Comice agricole (6)

(Suite.)
Quelqu’un ayant proposé d’exempter d’impôts l’indigène travaillant chez le colon, le Comice a repoussé cette mesure d’abord comme pouvant donner lieu à de graves abus, ensuite comme pouvant diminuer considérablement les ressources de la colonie, alors surtout qu’elle en a le plus besoin.
À propos de l’impôt indigène, une modification paraît devoir s’imposer. À l’heure présente, cet impôt est le même pour tous, riches ou pauvres. C’est pour eux le lit de Procuste. Ne serait-il pas plus équitable de le graduer suivant les ressources de chacun d’eux et de le proportionner aux moyens d’existence dont chacun dispose ? Le budget de la Colonie ne pourrait qu’y gagner, tout en accomplissant une œuvre de justice.
La question mérite d’être posée.

Comme se liant aux questions ci-dessus, celle des « tavy » ou feux de brousse a été remise sur le tapis.
Après une campagne menée avec la plus grande énergie et pendant de longues années par l’unanimité des colons et des corps constitués de notre Colonie, l’administration supérieure avait fini par prendre des mesures pour interdire les « tavy », pour protéger bien que tardivement nos forêts d’une destruction certaine. Car ce qu’on appelle la « brousse », ce ne sont en général que des forêts où les jeunes plants repoussent péniblement.
Or des décisions publiées tout récemment dans le Journal officiel de la Colonie autorisent de nouveau ces « tavy » dans certaines régions. Malgré les restrictions énumérées dans ces autorisations, il est absolument certain que les indigènes ne s’y conformeront pas, et il est absolument certain également qu’ils ne seront nullement punis par M. Lebureau indigénophile, qui a provoqué ces autorisations, et à qui sa « ramatoa » a fait accroire que, faute de riz de montagne, les indigènes mourraient de fin.
Pour cultiver le riz de montagne, l’indigène quitte le chantier sur lequel il gagne largement sa vie et celle de sa famille et, sans autre travail, met le feu à la brousse, c’est-à-dire à la forêt.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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24 octobre 2017

Il y a 100 ans : Comice agricole (5)

(Suite.)
Une sanction pénale, autre que la prison simple, pourrait être donnée à celui qui aurait passé un temps déterminé sans travailler. Cette peine pourrait être effectuée sur des chantiers organisés pour des travaux d’utilité publique.
Des humanitaristes bêlants, par surcroît coloniaux en chambre, crieront à la tyrannie, à l’esclavage ! Ils réclameront à cor et à cri que l’indigène soit traité sur le pied de l’égalité la plus absolue avec les citoyens français, etc., etc.
Nous sommes absolument d’accord.
Si retiré que soit le coin de terre où il voit le jour, le Français doit être inscrit sur les registres de l’État civil, et les vingt ans révolus il devra payer l’impôt du sang, le plus terrible de tous les impôts.
L’indigène, lui, naît et évolue comme il lui plaît sans qu’il soit tenu d’en rendre compte et surtout sans qu’il ait à payer l’impôt du sang, que d’ailleurs nous ne lui réclamons pas. D’où liberté plus grande que la nôtre.
Le Français est tenu d’avoir un domicile fixe, des moyens d’existence ou, à défaut, d’exercer un métier ou une profession lui permettant de gagner sa vie, et ce, sous menace de se voir appliquer les peines édictées contre le vagabondage. D’où, pour lui, l’obligation du travail.
Qui osera trouver exorbitant, tyrannique, que pareille obligation soit imposée à l’indigène ? Alors surtout qu’il doit en résulter, pour lui-même, hygiène et bien-être inconnus par lui à ce jour.
Voulez-vous qu’il soit libre de travailler ou de ne rien faire ? Mais alors soyez logiques, et laissez vos enfants libres d’aller ou non à l’école, de travailler ou de vivre dans l’oisiveté, le vagabondage et le vice. Or l’indigène est encore à l’état d’enfance, et, par atavisme, encore moins capable de raisonner et de comprendre son intérêt que votre jeune enfant lui-même.
En prenant possession du pays, nous avons assumé l’obligation de l’éduquer et de le civiliser. Le premier moyen pour cela est de lui apprendre le travail, et par conséquent de l’y obliger, car sans cela il ne peut y avoir pour lui ni progrès, ni bien-être.
(À suivre.)

Le Tamatave

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20 octobre 2017

Il y a 100 ans : Comice agricole (4)

(Suite.)
Les membres du Comice déclarent que cette question, vitale pour la colonie, est sur le tapis depuis longtemps, – depuis toujours, peut-on dire, – sans qu’elle ait jamais été résolue.
Le Général Galliéni, colonial pratique avant tout, avait dispensé de l’impôt de capitation les indigènes travaillant pour le compte de colons. Mais, faute de dispositions pénales pour réprimer les fraudes provenant tant des indigènes que des colons eux-mêmes, cette mesure ne tarda pas à engendrer les plus graves abus et on dut l’abandonner.
Le successeur du Général Galliéni, en proclamant pour les indigènes le droit à la paresse, est venu aggraver la situation, au point qu’aujourd’hui, de l’avis unanime de tous les colons, l’avenir même de la colonie s’en trouve gravement menacé.
La paresse proverbiale des indigènes !… Cette question a été si longtemps ressassée qu’il devient fastidieux de la discuter encore. Une solution aussi radicale, aussi énergique et aussi rapide que possible s’impose, d’autant plus que la crise est arrivée à un point extrême d’acuité, par le fait qu’aujourd’hui nombreux sont les indigènes de 18 à 30 ans qui, tout en vivant à leurs crochets, passent leur temps à faire la cour aux femmes des mobilisés bénéficiant d’allocations.
Le Comice agricole à l’unanimité, ainsi qu’il l’a toujours exprimé, estime qu’il y a extrême urgence à ce que cet état désastreux cesse au plus tôt, et que les indigènes soient astreints à un travail régulier. Il est superflu de faire remarquer le développement considérable que cette mesure provoquerait dans la colonie. La race indigène elle-même, qui s’use et dépérit dans la débauche, s’en trouverait revivifiée. C’est donc là, avant tout, une question d’humanité.
Le Comice estime qu’une des mesures à prendre pour atteindre ce but serait d’imposer un livret individuel à tout indigène en état de travailler.
Ce livret, en outre des indications générales, nécessaires pour établir l’identité de son détenteur, mentionnerait la date de l’entrée et de la sortie de ce dernier dans les chantiers où il aurait été employé, mentionnant si oui ou non son travail a donné satisfaction.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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19 octobre 2017

Il y a 100 ans : Comice agricole (3)

(Suite.)
Après avoir pris connaissance des documents établissant, d’une façon péremptoire, les faits énoncés ci-dessus, le Comice agricole de Tamatave, à l’unanimité, a joint sa protestation indignée à celle des colons et des corps constitués de Mananjary, regrettant que des sanctions plus efficaces et plus sévères ne fussent pas appliquées aux auteurs de ces abus.
Car en somme, quel que soit le dommage qu’en éprouvent les colons et la colonie, les auteurs de ces abus, tenus pour irresponsables, jouissent de l’immunité la plus absolue.
De plus, dans la circonstance, pour que les colons voisins se soient émus, pour que les corps constitués se soient indignés et protestent, il a fallu que la victime des abus dénoncés fût une riche et puissante compagnie telle que la Lyonnaise.
Car ils sont légion, les modestes et malheureux colons victimes d’abus de toute nature, pour qui les voisins n’osent prendre parti, dans la crainte de se voir eux-mêmes englobés dans l’animosité des auteurs de ces abus.
Et quelles sanctions ont jamais été prises contre ces derniers, bien que leurs exploits (?…) puissent remplir des volumes ?
Pour ne citer qu’un exemple pris dans la Province même de Tamatave, l’administrateur Lagriffoul, ayant ruiné un colon, s’est vu condamné – par les tribunaux civils – à dix mille francs de dommages-intérêts. Quelle sanction a été prise contre lui par l’administration ?… On le donnerait en mille qu’on ne devinerait pas.
La colonie a payé les 10 000 francs et Lagriffoul a été gratifié de la croix de la Légion d’Honneur, et d’un poste d’avancement dans une colonie d’Afrique. Après cela, il n’y a plus qu’à tirer le rideau ! Et ainsi de même pour les autres.
L’occasion se présentera, sans doute plus tard, de relater d’autres abus, dont le récit ne peut trouver place dans ce compte rendu déjà trop long.
La discussion sur les incidents de Mananjary a amené sur le tapis la question de la main-d’œuvre, et autres questions qui s’y rapportent.
(À suivre.)

Le Tamatave

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18 octobre 2017

Il y a 100 ans : Comice agricole (2)

(Suite.)
Même les 250 femmes employées à la cueillette du café ont refusé de travailler, craignant tous de voir d’un moment à l’autre se renouveler de pareils faits. D’où il résulte un dommage considérable pour la Cie Lyonnaise.
Il convient d’ajouter qu’en envoyant des miliciens perquisitionner sur le domaine de cette Compagnie, l’administrateur Talvas est sorti de ses attributions, car ce domaine faisait partie d’un district ayant à sa tête un Administrateur chargé, lui, de la perception des impôts dans son district.
Les colons voisins, de même que la Chambre consultative et le Comice agricole de la Province, alarmés par de pareils agissements, ont protesté en termes très modérés auprès de l’administration supérieure, et demandé qu’une sanction prompte et efficace intervînt, non seulement pour que de pareils faits ne se renouvelassent pas, mais aussi pour rassurer les populations ouvrières qui, deux mois après, étaient encore sous l’impression de la panique de la première heure. Ils ont demandé que, d’abord, fussent éloignés de la Province les auteurs de ces faits. D’autant plus que, quelques jours avant l’attentat du 26 mai, l’administrateur Talvas avait tenu un « Kabary » aux indigènes voisins du domaine de la Cie Lyonnaise leur disant qu’il ne comprenait pas comment ils pouvaient aller travailler pour le compte de cette compagnie.
Tardivement, le caporal qui avait dirigé les perquisitions s’est vu infliger un mois de prison – qu’il n’a point fait. C’est un ancien ouvrier de la Compagnie, renvoyé pour indélicatesse.
L’administrateur Talvas, lui, l’auteur principal, pour toute sanction, a été envoyé, sur sa demande, à Nosy-Bé, comme Administrateur-Maire, en remplacement de l’administrateur Sylvie, un autre phénomène.
Quels crimes ont donc commis les Nosy-Béens pour qu’ils soient successivement gratifiés de pareils administrateurs ?
Sur sa demande !… quel délicieux euphémisme, et comme on sent là les trésors d’indulgence que réserve l’administration aux enfants terribles – j’allais dire tarés – qu’elle abrite dans son sein !…
 (À suivre.)

Le Tamatave

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17 octobre 2017

Le livre sur la peste à Madagascar (1898-1931) est arrivé


Sa mission à Madagascar est davantage politique que scientifique et Yersin n’est pas dupe. C’est la grande histoire de la colonisation. C’est l’image de la France qu’on l’envoie répandre, comme on enverra Lyautey la répandre au Maroc. Dans les gardes à vue au commissariat, se succèdent le dur et le gentil. Si la présence de Yersin ne suffit pas à convaincre les Malgaches on enverra Gallieni.
Et comme le Malgache fait sa mauvaise tête on envoie Gallieni.
Patrick Deville, Peste & choléra.
 
« Rien de plus désolant que l’histoire de la peste à Madagascar ! » L’expression ouvre un article de L’Aurore malgache en… 1931. Son auteur néglige pourtant de faire remonter la présence de la maladie à ses débuts, en 1898, et se limite à commenter dix années pendant lesquelles l’administration coloniale n’a pas réussi à éradiquer le mal.
On lit ce dossier en 2017, à un moment où la peste frappe une nouvelle fois Madagascar et où des communiqués quotidiens font le compte des décès, des cas avérés ou douteux, des guérisons. Venue du fond des temps (une manière bien peu scientifique de s’exprimer, certes), la peste est aujourd’hui encore une grande peur de l’humanité. Alexandre Yersin avait isolé le bacille de la peste en 1894, prolongeant immédiatement ses recherches par la mise au point d’un vaccin et d’un sérum. L’année suivante, il est envoyé à Madagascar pour y étudier des cas de fièvre bilieuse. Il ne croisera pas la peste sur la Grande Île, le bacille qui portera son nom attend qu’il n’y soit plus pour débarquer…
La chronologie est implacable.
Pendant trois années consécutives, la peste s’installe à Toamasina, ou Tamatave comme se nommait la ville côtière et portuaire pendant la colonisation : 206 décès en 1898, une quarantaine l’année suivante, huit seulement en 1900. La ville s’assainit, on brûle les maisons contaminées, il est possible d’espérer la fin de l’épidémie. Mais, surveillée à l’est, elle surgit à l’ouest en 1902 : 141 morts à Mahajanga (Majunga). Le Supplément commercial (Tamatave et Côte Est) du Journal officiel de Madagascar et dépendances et La Revue de Madagascar nous racontent les premiers épisodes, le Docteur Fontoynont, qui avait lui-même séjourné au lazaret d’Ivondro en 1899, donne un aperçu général des quatre contaminations presque consécutives.
En 1907, un hebdomadaire de Mahajanga, L’Action à Madagascar, est en première ligne pour décrire la nouvelle épidémie qui frappe la ville. Ses lecteurs ne doivent d’abord pas s’inquiéter outre mesure : « La population européenne et bourbonnaise n’a pas été atteinte jusqu’à ce jour : le fléau choisit ses victimes dans les quartiers où la malpropreté règne en souveraine maîtresse. » Mais les répits sont brefs et les craintes seront longues.
La prudence s’installe ensuite, la présence de la peste à Maurice crée une proximité désagréable qui annonce peut-être le pire. Mais, bon, le pire viendra de la grippe espagnole en 1919, c’est une tout autre histoire.
L’histoire de la peste recommence à Toamasina en 1921. L’épidémie est bubonique. Quand elle atteindra Antananarivo (Tananarive), elle se transformera en peste pulmonaire. Le journal Le Tamatave relate les événements, les Docteurs Goyon et Gouzien les analyseront avec le recul scientifique dans le Bulletin de la Société de Pathologie exotique.
En 1930, lors d’une nouvelle poussée de la maladie, un nouveau titre de presse est né, d’où venait la première phrase de cette présentation. Il s’appelle donc L’Aurore malgache, il est farouchement anticolonialiste et met en évidence les différences de traitement subies par les Malgaches non naturalisés français : elles s’apparentent à des brimades, les exemples abondent.
Ce dossier, qu’il fallait bien clore, ne nous conduira pas au-delà de 1931 avec, en guise de conclusion, des communications faites à la deuxième Conférence internationale et congrès colonial du rat et de la peste. L’histoire ne s’arrête pas pour autant, on le sait.
L’affaire est sérieuse, toutes les sources l’attestent. Le passé fournit-il des leçons pour notre temps ? Ce n’est pas certain : la science a évolué, heureusement. Mais la mémoire de la peste est inscrite aussi profondément dans les esprits que le « fléau » lui-même dans les organismes. En voici quelques témoignages.
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16 octobre 2017

J-1 : La peste à Madagascar. 1898-1931

C'est demain que sort cet ouvrage numérique, et que je vous en donnerai la présentation complète ici. La fiche du livre est désormais sur le site de la Bibliothèque malgache.


La liste des libraires qui prennent les précommandes s'est un peu allongée (et il y en a probablement d'autres):
L'extrait du jour, publié par le quotidien Les Nouvelles, se trouve ici: La peste à Madagascar (1900). (D'autres sur cette page.)

Il y a 100 ans : Comice agricole (1)

Samedi dernier, 18 courant, le Comice agricole de Tamatave a tenu séance pour discuter diverses questions importantes qui lui avaient été soumises.
En premier lieu, il a été appelé à donner son avis sur les incidents si profondément regrettables qui se sont déroulés sur les chantiers de la Cie Lyonnaise à Mananjary, et que tous ici connaissent, mais que nos lecteurs d’Europe auront bien de la peine à croire véridiques.
Dans la nuit du 26 au 27 mai dernier, des miliciens en armes, sous les ordres d’un caporal, ont fait irruption dans les habitations des indigènes travaillant sur les plantations de cette Cie, et ont forcé ces derniers à sortir d’une façon si brutale qu’un enfant en bas âge a été écrasé et est mort. Cette opération a duré toute la nuit et ne s’est terminée qu’à l’heure où les ouvriers commençaient à se rendre au travail.
Le prétexte de cette inqualifiable agression a été de rechercher des « sans carte », c’est-à-dire des ouvriers en retard dans le paiement de leur impôt de capitation.
Or, sur 553 ouvriers, il n’en a été trouvé que 11 réellement en retard, arrivés depuis peu sur les chantiers pour y gagner l’argent nécessaire à payer leur impôt. Les autres étaient en règle avec le fisc, et beaucoup étaient même en avance dans le paiement de leur capitation.
Le motif réel n’a été autre que l’animosité que professait l’Administrateur Talvas, chef de la Province, contre M. Hardelet, directeur des plantations de la Cie Lyonnaise à Ampangarinamaro, où les faits se sont produits.
La cause première de cette animosité ?…
L’enquête officielle à laquelle il a été procédé par M. Vally, administrateur en chef, assisté d’un colon, M. Paris, n’a pu arriver à l’établir. Il semble que la tête de M. Hardelet ne plaisait pas à l’administrateur Talvas, et c’est tout, car à l’origine ils étaient en excellents termes.
Les suites de cette odieuse agression se sont immédiatement fait sentir. Les 553 ouvriers pris de panique se sont enfuis immédiatement dans la brousse ou pays voisins, et seulement 127 ont accepté de reprendre le travail ; les autres, à aucun prix, n’ont voulu y consentir.
(À suivre.)

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 66 titres parus à ce jour.

15 octobre 2017

J-2 : La peste à Madagascar. 1898-1931


Certains libraires l'annoncent déjà, disponible en précommande deux jours avant la date de mise en vente:


En revanche, je n'ai pas encore mis à jour le site de la Bibliothèque malgache, où la fiche de l'ouvrage sera bientôt en ligne (à J-1, je suppose)...

14 octobre 2017

Il y a 100 ans : L’industrie du graphite à Madagascar

D’après les conclusions de M. Bourdariat, présidant une séance de la Chambre des mines de la Grande Île, la production du graphite a suivi une marche ascendante malgré les difficultés dues aux circonstances actuelles : pénurie de main-d’œuvre que le recrutement intensif des indigènes a encore augmenté, nombreux vides laissés par la mobilisation dans le personnel des exploitations minières, manque de bateaux pour l’exportation des produits.
Les difficultés de transport coïncidant avec l’intensification générale des exploitations, provoquée par un pressant appel du gouvernement, pouvaient faire craindre, soit un accroissement dangereux des stocks existants déjà considérables, soit des arrivages très importants et saccadés sur les marchés de la métropole, d’où méventes. Grâce aux démarches pressantes et répétées de la Chambre des mines auprès des pouvoirs publics et du ministère des Colonies, cette crise a pu être écartée et la réduction du nombre des navires desservant Madagascar annoncée par le ministère des Colonies n’a pas atteint la proportion d’abord indiquée.
La Chambre des mines a pu également obtenir l’abrogation de l’interdiction d’exporter le graphite en Amérique. Aussi, l’exportation directe de cette substance minérale sur les États-Unis a-t-elle pu être reprise depuis septembre dernier, ce qui a eu pour résultat de régulariser les cours.
Le Courrier colonial

Les Dames de France à Tamatave

On nous écrit :
L’autre mardi, je me trouvais à la gare, au train du soir, au moment où se sont embarqués pour Tananarive des militaires venant du front.
« De fortes têtes ! » me dit à l’oreille un voisin se disant bien renseigné. Possible, mais français avant tout, ayant fait leur devoir sur le front, comme le témoignaient les nombreuses brisques et crois de guerre épinglées sur leurs vêtements. Et comme pour corroborer mon opinion, au moment où le train s’ébranlait, ils se mirent à crier : Vive la France !
Eh bien ! vous ne me croirez pas ; mais à ces soldats français, dont beaucoup paraissaient dans le plus grand dénuement, il n’a pas été offert le moindre subside, pas même une cigarette !…
Que font donc les Dames de France de Tamatave ? ou bien n’existent-elles plus par suite de la sacrée union qui règne par chez nous ?

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 66 titres parus à ce jour.

13 octobre 2017

Il y a 100 ans : Madagascar demande un service vétérinaire

On nous écrit de Tananarive :
Parmi les journaux de France, nous avons reçu un N° de la Presse coloniale du 25 avril dernier, contenant un article – d’ailleurs fort bien fait – signé de M. Carougeau, chef du service vétérinaire à Madagascar.
Nous ne vous cacherons pas que cette signature nous a fait plaisir. Nous nous sommes dit que puisqu’il y avait un chef de service vétérinaire, c’est que ce service existait. Ce qui nous a moins satisfait, c’est que la Presse coloniale a omis de nous dire où se trouvaient les bureaux dudit service. À Madagascar, on nous tient dans l’ignorance la plus complète sur ces organes si indispensables cependant à la vie de la Grande Île, et nous avons grand peur que, puisque l’article a été écrit à Paris, le service ne s’y trouve aussi.
Quand nous disons article, nous nous trompons ; c’est plutôt un exposé, un rappel du projet élaboré en 1910 dont nous n’avons plus entendu parler depuis.
Cependant, Madagascar produit et exporte aujourd’hui des chevaux que les Anglais savent apprécier, puisqu’ils nous les achètent. Nous n’en demandons pas tant à la France. Qu’elle nous dote seulement d’un service vétérinaire qui se manifeste à nous autrement que par un article dans un journal métropolitain.
Est-ce trop demander ?

La Banque d’émission de Madagascar

La Chambre consultative et le Comice agricole de Tuléar, réunis en assemblée commune pour discuter la question de la création d’une banque d’émission à Madagascar, ont déterminé les conditions que devrait remplir le nouvel établissement.
L’utilité à Madagascar d’une banque d’émission et les avantages qu’elle pourrait offrir ne peuvent être envisagés et discutés que si ladite banque accepte de rembourser au pair à Paris ses billets émis dans la colonie.

Peut-on dire ?

Peut-on dire que le poste de T. S. F. qui fonctionne au-dessus du palais de Manjakamiadana à Tananarive, et qui rend d’ailleurs des services, n’est qu’un poste intermédiaire, puisqu’il était primitivement destiné à Morondava ?
Peut-on dire que le poste à rayonnement étendu (de 12 à 15 kilow.) qui était promis à Tananarive fut retenu, en France même ?
Après tout, Madagascar n’a peut-être pas besoin de communiquer avec l’extérieur !

Le Courrier colonial

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12 octobre 2017

Il y a 100 ans : Pourquoi pas ?…

En présence du manque de bras qui sévit de plus en plus dans la Grande Île, notre confrère, la Tribune de Madagascar, émet une idée qu’il serait fâcheux de rejeter sans l’examiner attentivement… et la réaliser.
Notre confrère demande qu’en cette époque de restrictions et de privations, tous les citoyens aillent à pied à leurs affaires ou à leurs amusements et délaissent jusqu’à nouvel ordre tout mode de transport, sauf bien entendu les gens impotents ou réellement fatigués. Notre confrère a supputé que cette restriction rendrait disponible, rien qu’à Tananarive, un contingent de 1 500 à 2 000 bourjanes, tireurs de pousse-pousse ou porteurs de filanzana, tant officiels que privés, que l’Administration pourrait récupérer aussitôt pour les besoins de cette surproduction si indispensable à la Métropole et que M. Maginot réclamait dernièrement à la Conférence coloniale.
Un autre contingent pourrait être levé rien qu’en réquisitionnant les innombrables lazzaroni qui encombrent les trottoirs de la ville et dont la plus dure occupation est de s’allonger par terre, au soleil, pour chercher leurs « totos ».
Toutefois, après avoir émis cette idée, notre confrère ajouter qu’il faudrait apporter dans cette mesure la « manière », afin de ne pas passer d’un extrême à l’autre et de ne pas abrutir l’indigène par une trop grande sévérité après l’avoir laissé complètement croupir si longtemps dans sa paresse.

Curieuse opinion malgache

Notre confrère, le Bulletin de Renseignements coloniaux, nous fait connaître une curieuse opinion malgache.
Madagascar est fière des grands Français qu’elle a connus et qui se sont distingués dans la grande guerre. Les anciens Malgaches s’expriment ainsi dans leur langage imagé :
« Le Maréchal Joffre a pilé le riz, le général Gallieni l’a bien cuit ; les deux généraux Roques et Lyautey se sont distingués entre tous les autres généraux. Tous ont contribué à rendre les forces françaises irrésistibles sur terre et invincibles sur mer. »

Le Courrier colonial

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11 octobre 2017

Il y a 100 ans : Les colons malgaches se plaignent des Betsimisaraka

En dépit de ses grandes qualités d’administrateur, M. Garbit n’a pas encore obtenu de la Grande Île tout le rendement attendu ; il y a encore beaucoup à faire, et les colons espèrent que M. Merlin saura parfaire l’œuvre que M. Garbit laisse inachevée.
Le premier desideratum des Français de la Grande Île concerne la main-d’œuvre qui n’a pas « rendu » comme elle l’aurait pu et surtout comme elle l’aurait dû. On s’est beaucoup plaint de la paresse native des populations de l’Imerina et l’on a eu raison ; mais sur la Côte Est, il existe une région très fertile, où vit une population encore plus indolente et dont le farniente n’a guère paru, jusqu’à présent, inquiéter l’administration, malgré la crise toujours croissante de la main-d’œuvre. Cette portion de la colonie est la plus riche, la plus susceptible de rendement et c’est elle qui a répondu le moins aux espérances par le fait de la paresse des Betsimisaraka qui l’habitent.
Ils croupissent dans l’indolence la plus insigne, avec d’autant plus de sécurité que l’administration ne les a jamais réprimandés, aussi le découragement des colons sévit là plus que tout ailleurs ; des concessions qui paraissent magnifiques dans un avenir prochain ont dû être abandonnées, les travaux de la première heure, les dépenses qu’ils ont entraînées, les espérances qu’ils avaient fait naître, tout a été perdu. Les Betsimisaraka n’ont pas évolué malgré la conquête ; ils sont restés ce qu’ils étaient : fourbes, voleurs, menteurs et fainéants. Nos colons en ont fait la dure expérience et voilà pourquoi ils espèrent beaucoup en M. Merlin qui va, pensent-ils, rénover l’administration par trop paternelle vis-à-vis de certaines tribus.

M. Garbit

M. Garbit, gouverneur général de Madagascar et ancien lieutenant-colonel d’artillerie, rentré – comme on le sait – en France, rejoint, cette semaine, le front pour y exercer un commandement.

Le Courrier colonial

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