26 septembre 2008

Parution: Aina, Lalatiana et Alisoa vivent à Madagascar, de Dorine Leleu

Je vais essayer, le plus souvent possible, de signaler ici les nouveaux ouvrages ayant un rapport avec Madagascar.
La parution de la semaine est un roman pour enfants (à partir de 9 ans), que l'on doit à Dorine Leleu, présente dans la Grande Ile il y a quelque temps - elle avait notamment, dans Les Nouvelles, publié des textes sur des photos de Pierrot Men.
Voici la présentation de ce livre:
Madagascar, quatrième plus grande île du monde, est exceptionnelle par sa faune, sa flore et la richesse de ses habitants. Elle compte une multitude d'espèces végétales et animales présentes nulle part ailleurs, comme les forêts de baobabs ou les fameux lémuriens. Une mosaïque colorée de dix-huit ethnies peuple ce pays, à mi-chemin entre l'Afrique et le monde indien. Aina vit à Vohipeno, un village situé sur la côte Est de l'île. Il grandit au milieu des rizières, que son père cultive, et des girofliers. Lalatiana vit à Antananarivo, la capitale. C'est une Merina, l'ethnie des nobles. Elle est une privilégiée, mais elle connaît aussi la situation de nombreux Malgaches, qui sont très pauvres. Alisoa vit à Ilakaka, un village aux allures de western. Les parents d'Alisoa s'y sont installés avec l'espoir d'y faire fortune. Il paraît que le sous-sol regorge de pierres précieuses : des saphirs ! Dorine Leleu nous parle avec passion de l'" île Rouge ", où elle a vécu plusieurs années.
Aina, Lalatiana et Alisoa vivent à Madagascar vient de paraître aux Editions de La Martinière (47 pages, 12 €).

20 septembre 2008

Madagascar, l'empire des sens


Non, non, ce n'est pas un titre accrocheur faisant référence à un célèbre film japonais.
C'est la thématique principale d'un article paru aujourd'hui dans Libération (dans l'édition papier) et hier sur le site du même journal.
Je l'attendais depuis un moment, cet article qui avait été signalé parmi les finalistes d'un concours de reportages, Jeunesse autour du monde, réservé à des jeunes de moins de 26 ans.
Marine Courtemanche, 21 ans, a reçu le deuxième prix pour Madagascar: les sens dessus dessous, sous-titré Itinéraire sensible d'un vazaha à Madagascar.
Le regard est aigu, l'écriture vive et les sens en alerte, bien sûr. Mais je laisse de côté les commentaires que je pourrais faire, jugez vous-même, par un extrait, d'abord, qui, je l'espère, vous donnera envie d'y aller voir de plus près:
Le nez occidental connaît toutes ces odeurs : gaz de pots d’échappement, poubelles, eaux insalubres, poussière…Par contre il est agressé quand elles se manifestent toutes dans un même espace temps.
De la pollution aux senteurs poussiéreuses, des bennes à ordures gigantesques mêlées aux égouts vomissants : le nez blanc se sent mal car il les sent trop bien. Manque d’habitude.
Pensée polluée et question naïve : pourquoi Antananarivo (Tana) la capitale obtient la deuxième place du palmarès planétaire des villes où la pollution de l’air est reine ? Voyons voir. Deux simples constats : les 4x4 démesurés, ou 4L et mini-bus déglingués (« taxi be ») constituent l’essentiel du parc automobile à Mada, et tout ce petit monde est en constante augmentation. Implacable.
On n'oublie pas non plus la belle soirée annoncée aujourd'hui avec Jaojoby à l'Olympia.
Notre ami ambassadeur de la musique malgache (il n'est pas le seul, mais il est bien présent) a été reçu dans l'émission Couleurs tropicales que l'on peut écouter en suivant le lien.
Un article dans la partie musicale du site Internet de RFI complétera l'information: Jaojoby à l'Olympia. Un maître à danser à Paris. Il se termine ainsi:
Son passage à l’Olympia, "salle prestigieuse s’il en est", Jaojoby sait que cela restera un souvenir fort dans sa mémoire, aussi intense que celui de cette chaîne de solidarité qui s’est constituée en 2006 pour qu’il puise aller se faire soigner à la Réunion, après un accident grave de la circulation sur une route de Madagascar, qui aurait pu lui être fatal. "Je suis un miraculé", lance Jaojoby, jubilant à l’idée de faire trembler les murs de l’Olympia.

18 septembre 2008

Bref hommage à Rado

J'ai trop peu lu les textes de Rado pour en dire quelque chose. (La faute à mon incapacité à lire le malgache.)
La mort de ce poète qui aurait mérité le titre de "poète national", comme il en existe dans certains pays, ailleurs qu'à Madagascar, me touche néanmoins comme elle touche n'importe quelle personne accordant un minimum d'importance à la culture d'ici.
Je l'avais rencontré plusieurs fois, dans des circonstances prévisibles - forum littéraire, atelier d'écriture, vernissage, etc. - ou moins prévisibles. Chaque fois, l'impression de côtoyer un homme d'exception, habité par une noblesse naturelle qui l'auréolait d'un je ne sais quoi, indéfinissable mais puissant.
Le souvenir le plus vif est celui d'un jour où nous nous étions croisés sur le trottoir, à Analakely. J'allais monter dans un taxi-be, il passait par là. Nous avons bavardé cinq ou dix minutes, de l'importance de la littérature dans la vie de tous les jours. Il possédait une force de conviction qui a dû en convertir plus d'un.
L'image que je garde de lui est celle d'un homme grand - plus grand probablement dans ma mémoire que dans la réalité, parce qu'il était un grand homme. Et le restera à travers son œuvre.
Qui reste en vente, je l'espère, dans les librairies malgaches et, pour ceux qui vivent à l'étranger, dans la boutique de Laterit.

11 septembre 2008

Le deuxième roman de Jean-Claude Mouyon

Après la trilogie de Roman Vrac, meilleure vente de tous les ouvrages publiés sur Madagascar chez Lulu.com (en vente aussi dans les principales librairies de Tana et de Toliara), Jean-Claude Mouyon revient en force avec une deuxième fiction profondément enracinée dans son Sud.
Beko ou La nuit du grand homme est un roman encore plus malgache que le précédent. Et personne ne pourrait en parler mieux que Jean-Claude Mouyon lui-même:
Pratiqué dans les régions Sud de Madagascar, le beko est un chant polyphonique a capella généralement interprété par un groupe d’hommes, nommés sahiry, composé d’un récitant et de choristes.
Perpétué depuis la nuit des temps par les ethnies du Grand Sud, le beko fait résonner sa litanie répétitive et gutturale durant les nuits où amis et famille du défunt sont réunis devant des feux et des bassines de rhum pour accompagner l’esprit du mort dans sa marche vers l’Est, là où vivent les ancêtres.
Beko, le roman, n’est en rien une explication ethnologique du culte des ancêtres mais l’appropriation d’un fait social et culturel qui m’a permis de bâtir une fiction à partir de la structure rythmique et narrative d’une cérémonie revisitée en présence de ses acteurs : Grand Homme, le défunt ; les sahiry ; les vivants.
Sur le thème d’une histoire policière inspirée d’un fait divers réel, Beko ou La nuit du Grand Homme se veut aussi un chant, une musique à la fois tendre et violente dédiée à l’extrême Sud de Madagascar et aux hommes libres qui y vivent, ceux qui souffrent mais ne pleurent jamais.
Ce livre n'est pas encore édité à Madagascar. Il faut donc actuellement le commander sur Internet, par l'intermédiaire de Lulu.com (114 pages, 12,38 € + frais de port).
Je rappelle au passage que le catalogue complet des ouvrages disponibles chez Lulu.com se trouve à cette adresse et que l'ensemble de tous les catalogues, électronique et papier, est regroupé sur le site de la Bibliothèque malgache.

Bonne lecture.

9 septembre 2008

Un feuilleton de la Bibliothèque malgache dans Les Nouvelles

Le quotidien malgache de langue française Les Nouvelles a commencé aujourd'hui la publication d'un roman réédité par la Bibliothèque malgache: Voyage et aventures d'un aérostat à travers Madagascar insurgée.

Edouard Deburaux (1864-1904) a signé Léo Dex de nombreux ouvrages écrits en collaboration avec Maurice Dibos (1855-1931) et consacrés aux voyages en ballon. Ce roman prend prétexte de troubles à Madagascar pour une traversée aérienne de la Grande Île. Les faits, imaginaires, ne sont pas précisément datés. Mais on peut les situer, par recoupement, vers 1893 ou 1894. Il s’agit d’un grand roman d’aventures, dans l’esprit où Jules Verne a pu écrire Cinq semaines en ballon. Madagascar n’est ici qu’un décor. Décrit cependant avec précision grâce à la présence, parmi les aéronautes, d’un explorateur qui a beaucoup voyagé dans l’île.

Pour ceux qui n'ont pas la patience d'attendre les quelques mois pendant lesquels paraîtra ce texte, il est possible de le télécharger sur le site de la Bibliothèque malgache au format DOC ou PDF. D'autres liens de téléchargement sont disponibles sur cette page qui reprend tout le catalogue des livres électroniques gratuits.

Pour ceux qui ne supportent que de lire sur papier, il faut encore passer par l'édition réalisée chez Lulu.com, posséder une carte bleue, etc. Et débourser 12,16 € augmentés des frais de port.

A propos de ce livre, je compte bientôt en donner une édition complétée des gravures réalisées à l'époque. Je ne les possédais pas au moment où j'ai travaillé sur le texte. Et je les ai trouvées chez un ami qui mérite bien que je lui fasse un peu de publicité gratuite puisque Alain est le patron de l'hôtel qui porte son nom, Chez Alain, à Toliara.

8 septembre 2008

La quinzaine Raharimanana au CCAC

Ce doit être ce qu'on appelle un hasard objectif. J'étais occupé à rechercher l'image ci-contre, que j'avais déjà publiée en mai, pour la réutiliser ici.
A ce moment, le téléphone sonne dans la pièce d'à côté.
Encore un importun, me dis-je en courant...
Erreur.
C'était Raharimanana, que j'ai entendu sourire (si, si) quand je lui ai raconté ce que j'étais en train de faire.
(Tu vas le raconter dans ton blog? me demande-t-il? Voilà, la réponse est oui.)
Je reviens quand même, après cette introduction à laquelle je ne pouvais pas m'attendre, au véritable sujet de cette note - puisqu'il ne s'agit pas, vous l'aurez compris, de me mettre en scène dans mon appartement, de vous dire comment je suis habillé ni ce que je suis en train de boire...

Une vraie quinzaine Raharimanana s'est ouverte au CCAC à Antananarivo, depuis ce matin. La littérature de Madagascar sera donc en fête.

Actuellement, et jusqu'à vendredi, l'écrivain anime un atelier d'écriture dans un esprit que je lui laisse le soin de dévoiler:
Un atelier d’écriture autour de la mémoire, passée et présente. Autour de mes deux livres Madagascar, 1947 et Za. Quels sont les liens entre l’histoire, la voix, le corps ? Si la pièce 47 est une exploration de la mémoire, le corps demeure un enjeu de domination.
Parcourir la mémoire ou la traversée des vies, d’un lieu à un autre, d’un parcours individuel à la destinée d’un groupe, les visages disparus dans le temps, des réapparitions souvent singulières, inexplicables, parfois brutales, presque violentes. Des voix et des visages couverts par les pans de l’histoire, des voix et des visages déformés par les clichés, racontés par d’autres.
Za quant à lui, tisse un lien très fort encore la voix et le corps, sa voix éraillée, zézayante, et son corps meurtri, le corps de son fils disparu, le corps des ancêtres tombé en poussière mais censé demeurer parmi les vivants.
L’atelier explorera ainsi les notions de mémoire et la charge des voix et la présence du corps dans l’écriture.
Je crois qu'ils ont bien de la chance, celles et ceux qui y participent!

Samedi à 10h30, toujours au CCAC, j'aurai le périlleux honneur de présenter Raharimanana dans un forum littéraire. Nous reparlerons de Za, bien entendu. Et aussi, j'imagine, d'un tas d'autres choses. Venez nombreux, c'est gratuit. Et il s'agit d'un grand, d'un très grand écrivain malgache.

La quinzaine se terminera, comme il se doit, à la fin de la semaine prochaine, avec une double représentation de 47, une pièce interprétée par Romain Lagarde et Sylvain Tilahimena.
Des rires sur l’absurdité de ces lignes cherchant à comprendre pourquoi je devrais me justifier pour revendiquer ma mémoire. (…) De quoi parlons-nous en fait ? De 1947, mars 1947 et de tout ce qui s’ensuivit. Insurrection contre la colonisation française. L’oppression pendant près de deux ans. Je parlais comme d’une évidence : le chiffre même de 47 sonne douloureux sur la Grande Île, la fin d’un monde, la perte et la défaite, le silence lourd d’une période qui n’en finit pas de nous ronger, de nous hanter…
Raharimanana dans un court texte incisif revient sur une période de l’Histoire, entre Madagascar et la France. C’est une œuvre qui nous interroge sur les rapports entre colonisés et colonisateur, entre pouvoir actuel et passé, sur le silence de part et d’autre, sur l’écriture de l’histoire par le Nord et la nécessité d’interroger cette histoire par le Sud.
Notez donc ces rendez-vous: le vendredi 19 et le samedi 20, chaque fois à 19 heures.

6 septembre 2008

En vrac...

... Mais il ne s'agit pas, cette fois, de Roman Vrac, la trilogie romanesque de Jean-Claude Mouyon.
Plutôt d'infos cueillies ici ou là, au hasard de mes butinages sur Internet.

Tout de suite, parce que c'est aujourd'hui à Bruxelles, je signale un Festival malgache, Un baobab au bois de la Cambre, deuxième édition. L'affiche est sympa, graphiquement (donc, je vous la montre), et aussi au sens du programme attendu:
Cette nouvelle édition de notre festival malgache ouvrira ses portes avec la présentation de Contes Musicaux Malagasy destinés à tous, enfants et parents, et accueillera, le soir, le retour du groupe Njava au complet sur scène avec en introduction et en exclusivité un film tourné à Madagascar sur leur famille.
Et tout au long de la soirée : Repas, boissons, animations, artisanat, photos... de Madagascar.
Tous les bénéfices de l'événement sont destinés à des projets de développement à Madagascar.
Aujourd'hui aussi, Le Figaro Magazine publie un petit article (presque publicitaire, il faut bien le dire...) de Bénédicte Menu: Votre île à Madagascar. Il y est question du Tsara Komba Lodge, sur l'île de Nosy Komba, près de Nosy Be. Un havre de paix, bien sûr. Malheureusement, les prix sont illisibles, il faudra acheter le magazine papier pour celles et ceux que cela intéresse.

Dans un tout autre registre, Linda Caille est allée sur la côte est se pencher sur le cas des Jumeaux maudits de Mananjary. C'est à lire dans Le Monde daté d'aujourd'hui. Je cite l'accroche, accrocheuse comme il se doit:
Dina et Diari, 5 mois, entrelacent leurs doigts délicats. Allongés sur le dos, côte à côte, au centre d'un vieux lit à barreaux à la peinture écaillée, ces deux frères jumeaux fixent les visiteurs de leurs grands yeux noirs et brillants. Ils ont été recueillis par le Centre d'accueil et de transit des jumeaux abandonnés (Catja), à Mananjary, ville froide et humide de la côte sud-est de Madagascar, à 450 kilomètres de la capitale, Antananarivo. Il y a un siècle, leur crâne aurait été fracassé sous les sabots des zébus. Aujourd'hui encore, Dina et Diari sont jumeaux, donc maudits.

C'est dans Le Soir (oui, oui, l'excellent journal belge pour lequel je travaille) que je suis tombé sur une information discrète et à côté de laquelle je serais passé si je ne nourrissait pas depuis longtemps une grande admiration pour Peter Gabriel. C'est d'ailleurs très discrètement, en plein été, sans aucune promotion (je cite mon ami Thierry Coljon) qu'il vient de sortir un nouveau disque, Big Blue Ball. Les enregistrements datent du début des années 90 et rassemblent un certain nombre de complices habituels, notamment dans cette période, du musicien.
Parmi eux, Sinead O’Connor, Natacha Atlas, Joseph Arthur, Hukwe Zawose, les Holmes
Brothers, Vernon Reid, Hossam Ramzy, Tim Finn, Francis Bebey, Andy White, Tchad Blake, Jah Wobble, Manu Katché, PapaWemba, Deep Forest, Guo Yue et... notre Rossy.

Enfin (pour aujourd'hui), on annonce pour bientôt le lancement de Noot TV, une nouvelle chaîne télé à la Reunion, censée programmer des créations de tout l'Océan Indien. Nous verrons bien. En attendant, voici la démo.