29 décembre 2016

Il y a 100 ans : Les tavy (1)

Cette chronique était la millième à paraître dans Les Nouvelles.
Cette vieille question revient encore sur le tapis et plus que jamais elle est d’actualité.
Les instructions données pour mettre fin à ce fléau – car c’en est un – ont beau être aussi nombreuses que formelles, rien n’y fait. Ces instructions sont lettre morte pour certains chefs de districts. Non seulement ils n’en tiennent aucun compte mais encore – selon l’expression pittoresque de l’un d’eux, chef d’un grand district – ils s’asseyent dessus.
Lorsqu’une nouvelle circulaire leur parvient, dès qu’ils en ont constaté l’objet, sans même la lire, ils la déposent dans un carton à ce destiné, où reposent celles qui l’ont précédée, et avec un geste ironiquement cérémonieux ils ajoutent : « Une de plus aux oubliettes » (authentique).
Le préjudice énorme, autant qu’irréparable, que les « tavy » causent à la richesse forestière de la colonie ?… Qu’est-ce que cela peut bien leur faire ?… Les protestations des corps constitués, comices agricoles, chambre des mines, etc. ? Ils s’en moquent !
Les instructions formelles qu’ils reçoivent à ce sujet ?
Comme nous venons de le dire, ils s’asseyent dessus !
Rien ne vaut pour eux la douce satisfaction d’être agréables aux noires Dulcinées qui leur prodiguent leurs faveurs enveloppantes. Pourraient-ils refuser quelque chose à leurs enivrantes supplications ? Un petit « tavy » pour leur papa, leur frère, leur cousin, leur oncle, leur neveu, et aussi leur amant de cœur car il est notoire qu’un seul ne réussit jamais à les satisfaire et que chez elles… les collatéraux abondent. On ne peut leur refuser une aussi mince faveur !
Donc, ce ne sont pas les indigènes, auteurs directs des « tavy », qui devraient être châtiés. Après tout ils sont en règle puisqu’ils y ont été autorisés. Mais on devrait tomber sérieusement sur ceux qui donnent de telles autorisations. À noter qu’il y a des districts où aucun « tavy » n’est pratiqué, par la raison bien simple que le chef ne les a pas autorisés.
Qu’on ne vienne pas nous rabâcher que, s’il ne peut pas faire de « tavy », l’indigène mourra de faim. Cela est complètement faux ! Il y a partout des plaines immenses et marécageuses, où le riz – certaines qualités – pousserait admirablement avec un rendement bien supérieur à celui du « tavy ».
(À suivre.)

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 57 titres parus à ce jour.

28 décembre 2016

Il y a 100 ans : Les Messageries Maritimes, relation avec Madagascar (6)

(Suite et fin.)
175 fr. les 1 000 kilos : arachides décortiquées, bois, graines de coton, de baobab, de ricin, haricots, maïs, paddy, pois du Cap, noix de coco, os, pignons d’Inde, vieux métaux, tapioca.
225 fr. les 1 000 kilos : manioc, saindoux, suif, griffes de girofle, écorce de palétuviers.
250 fr. les 1 000 kilos : arachides en coques, cacao, café, cire, coprah, gommes, tavoles, burgaus.
400 fr. les 1 000 kilos : peaux.
Au départ des ports indirects, le frais appliqué sera celui qui vient d’être indiqué au départ des ports directs, majoré du fret local et des frais de transbordement.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur général, l’assurance de notre considération la plus distinguée.
Le Directeur par intérim,
P. de Saboulin

Exportation minière

Pendant le 1er semestre 1916 : or, 719 kg. 518 gr. 15 ; pierres précieuses, 83 kg. 027 gr. : cristal de roche, 1 761 kg. ; corindon, 758 t. 667 kg. ; graphite, 10 573 t. 265 kg. ; quartz coloré, 56 kg. ; mica, 2 322 kg. ; urane, 380 kg.

Hospitalisé

Un indigène du nom de Philippe, paraissant atteint de la lèpre, trouvé au marché couvert, a été envoyé à l’hôpital indigène.

Au tribunal

Dans son audience de flagrant délit en date du 14 courant, le Tribunal correctionnel de Tamatave a condamné le nommé Lemahay à six mois de prison pour vol au préjudice de L. X.
La Dépêche malgache

La monnaie de nickel

On annonce la reprise de la fabrication des monnaies de nickel. À partir du 16 septembre prochain, un minimum de 5 000 kilos de flans de nickel seront fournis à l’administration, chaque semaine, par les industriels adjudicataires pour les trois coupures de 25, 10 et 5 centimes.
On utilisera jusqu’à nouvel ordre les deux types de coins (pièces perforées et pièces non perforées) précédemment mis en circulation.
Si nous portons la nouvelle ci-dessus à la connaissance de nos lecteurs, c’est parce qu’il serait question, paraît-il, de remettre à Madagascar un stock de cette monnaie, afin de mettre fin à la crise qui sévit en ce moment.
Pourvu, toutefois, que cette nouvelle monnaie ne prenne pas le chemin de l’autre… via Berlin !!!

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 57 titres parus à ce jour.

27 décembre 2016

Il y a 100 ans : Les Messageries Maritimes, relation avec Madagascar (5)

(Suite.)
Mais, ces principes posés et étant bien entendu que nous ne pouvons pas ne pas en maintenir l’application, nous ne demandons pas mieux, puisque cela paraît devoir être agréable aux maisons intéressées, que de prendre nos dispositions pour que « les indications de taux de fret » qui sont, dans les autres directions, fournies aux intéressés par les agents des compagnies dans les ports de charge, puissent, en ce qui concerne Madagascar, leur être données par nos maisons de Paris, le Havre et Marseille, auxquelles ils pourront s’adresser pour les recevoir et qui seront en mesure de les leur donner dans un délai précédant le départ de Madagascar du navire pour lesquelles elles seront valables, qui sera, à quarante-huit heures près (le temps de recevoir nous-mêmes le télégramme de notre agent), celui indiqué plus haut.
Nous irons même plus loin, et nos chargeurs nous trouveront disposés, chaque fois que les circonstances nous permettront d’assigner à tel taux de fret une durée d’application qui englobe plusieurs départs, à leur fournir cette indication et à étendre à une série de navires les prix que notre compagnie aurait, en principe, cotés pour chargement sur le premier d’entre eux.
C’est ainsi que, animés de ces dispositions, nous avons notamment le plaisir de vous faire savoir que nous appliquerons à la sortie de Madagascar, à dater du voyage de retour du Calédonien et pour les autres navires expédiés de France ultérieurement, mais qui chargeront à Madagascar avant le 1er octobre de cette année, les frets indiqués ci-après, qui s’entendent au départ des ports directs ou grands ports.
Prix au départ de Tamatave, Diégo-Suarez, Nossi-Bé, Majunga
125 fr. par mètre cube : coton, crin végétal, laine, nattes, orseille, feuilles de palmier, rabannes, rafia, fibres, boyaux, conserves, chapeaux de paille, feuilles de citronnelle, cornes en sac, huiles de girofle, peaux de chèvres, sous-produits des conserves, soies de porc, caoutchouc, tabac en rouleaux et clous de girofle.
125 fr. les 100 kilos : corindon, graphite, quartz, terres et minerais divers.
 (À suivre.)
Le Directeur par intérim,
P. de Saboulin
La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 57 titres parus à ce jour.

26 décembre 2016

Quelques autres photos anciennes

La récolte de documents chez Gallica se poursuit, voici trois nouvelles références fournies il y a quelques jours par le site des numérisations de la Bibliothèque nationale de France.
On commence par trois photos de Madagascar d'Irribe, données par Le Myre de Vilers en 1887. Dont cette "femme en deuil avec son enfant".


Changement de photographe - il s'agit maintenant de Huré pour une série de 29 photographies dont la plupart sont groupées à deux par planche. Voici par exemple la route muletière de Tananarive à Mahatsara (pont en bois sur la rivière Béheno, près d'Ampasipotsy) et le photographe en filanzane, sur la route d'Andevorante à Tamatave.


Troisième série, troisième auteurs des photos, avec Ed. Macquet et 6 photographies, de Tananarive pour l'essentiel, dont le palais de l'ex-ministre des affaires étrangères condamné à l'exil le 7 septembre 1887.


22 décembre 2016

Dix ans de Bibliothèque malgache

Au début, ce n'était pas grand-chose, même si ce n'était pas rien. Des rééditions, au format PDF, de livres anciens consacrés à Madagascar.
Puis sont venus quelques livres papier, grâce à la rencontre avec Jean-Claude Mouyon. On était toujours à Madagascar.
L'année dernière, je me suis lancé vers d'autres horizons, sans oublier l'ancrage local (collections littéraire, belge, 1914-1918 et marcheuse). Avec aussi, je crois, un plus grand soin apporté à la fabrication de livres numériques distribués dans les librairies par l'intermédiaire d'Immatériel.
La Bibliothèque malgache est, d'une certaine manière, un organisme vivant. Qui a tendance à croître (puis à se rabougrir et à disparaître, je sais, mais on n'en est pas là). Le site internet, bricolé avec les moyens du bord, se contentait d'empiler nouveautés sur nouveautés. Quand il y en a 57, dont les premières ne sont plus des nouveautés mais étaient toujours présentes sur la page d'accueil, cela commence à faire beaucoup et on est au bord de l'illisibilité (de l'invisibilité aussi, peut-être?).
J'ai donc, avant-hier et hier, repris mes outils de petit bricoleur de pages web (et c'est ainsi que j'ai constaté que dix ans avaient passé depuis octobre 2006 - je ne suis pas très sensible aux anniversaires, la refonte du site n'y correspond que par accident mais je ne vais pas m'en plaindre).
La page d'accueil est désormais plus légère, ceux qui fréquentaient l'ancienne version pourront en juger.


Seules les nouveautés (et peut-être les parutions à venir quand je serai mieux organisé) sont affichées, et seulement avec leurs couvertures. Il n'est probablement pas besoin de grandes explications pour comprendre qu'en cliquant sur la couverture, on arrive à une fiche individuelle ressemblant à celle-ci.


Quant à naviguer entre les collections, les boutons du menu sont là pour ça, aisément identifiables grâce aux teintes qui caractérisent, depuis le début (tandis que la typographie s'est modifiée en cours de route et retrouvera un jour son unité), chaque collection. On y ajoute un bouton pour revenir à l'accueil, d'autres pour la page Facebook, le fil Twitter (où il n'est pas question que de la Bibliothèque malgache), la version antique du site (et c'est là qu'il faut aller pour les PDF gratuits) ainsi que pour l'adresse de courriel.
Voici, par exemple, la page qui regroupe les titres de la collection Bibliothèque malgache - là aussi, seulement les couvertures, un clic et vous êtes sur la fiche du livre.


Quelques libraires ont trouvé leur place en bas de page. Vous ne me l'avez pas demandé mais je vous répond quand même: non, ils n'ont pas payé pour ça. Attention: les liens vers les sites des librairies ne sont pas personnalisés au point de renvoyer vers le livre que vous cherchez (pas le temps). C'est, à chaque fois, l'ensemble des publications de la Bibliothèque malgache, dans l'ordre chronologique décroissant si possible (ce ne l'est pas toujours).
Toutes les remarques seront évidemment bienvenues. Même et surtout critiques, de préférence quand même exprimées avec amabilité - je viens quand même de construire 63 pages du site...

20 décembre 2016

Il y a 100 ans : Les Messageries Maritimes, relation avec Madagascar (4)

(Suite.)
Partant de cette donnée inexacte, certains commerçants traitent et concluent des marchés sur la base des taux de fret publiés, sans s’inquiéter de savoir s’ils auront des navires pour charger, et quand, pour des motifs toujours indépendants de sa volonté, la Compagnie de Navigation ne peut prendre leurs marchandises, les intéressés se trouvent devenir les victimes de l’erreur qu’ils ont commise, mais dont, certainement, du reste faute d’avoir saisi l’importance de ce que nous venons d’indiquer, ils sont naturellement portés à rechercher le transporteur comme responsable.
Eh bien, nous ne saurions trop, dans l’intérêt même des chargeurs, les mettre en garde contre cette conception erronée des choses, si elle était la leur, qui revient à confondre l’engagement de tarif et l’engagement d’embarquement. Il y a là deux actes absolument distincts et qu’il n’est absolument pas possible – pas plus que cela ne serait équitable – d’assimiler.
Nous vous confirmons, à ce sujet, ce que vous a formellement déclaré notre représentant ; un commerçant ne peut pas, surtout dans les circonstances actuelles, traiter les marchés c. a. f. pour de longues périodes sans s’exposer à toutes les conséquences d’une variation des taux du fret.
C’est précisément à cette conception des affaires, contraire, nous ne le rappellerons jamais assez, à ce qui se pratique partout, qu’est opposé le nouveau régime institué à partir du 1er juillet : la fidélité, nous ne la demandons plus ; de tarif, nous n’en publions plus ; des engagements de prix, nous n’en prenons plus, que « pour des navires déterminés et à la condition expresse » qu’ils se combinent « avec des engagements de chargement » liant réciproquement expéditeur et armateur.
Cela constitue des principes sur lesquels il ne nous paraît absolument pas possible de revenir, de même, la chose doit être bien entendue, que nous ne voyons pas la possibilité de ne pas laisser « à nos seuls agents, dans les ports de chargement », le soin, pour chaque navire, de fixer les taux de fret et de répartir le tonnage.
(À suivre.)
Le Directeur par intérim,
P. de Saboulin

La Dépêche malgache

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18 décembre 2016

Il y a 100 ans : Les Messageries Maritimes, relation avec Madagascar (3)

(Suite.)
Étant donné ce que nous vous exposons plus haut, vous pouvez vous rendre compte que, dès le surlendemain du départ de Marseille d’un navire, notre agent général à Madagascar peut renseigner ses chargeurs. Cela fait donc un préavis qui atteint de trente-huit à quarante-sept jours pour Tamatave, suivant qu’il s’agit d’un paquebot ou d’un cargo boat, et qui va jusqu’à quarante-cinq et cinquante-cinq jours pour Majunga, suivant la vitesse du navire envisagé.
Ainsi que n’a pas manqué de l’indiquer notre représentant au cours de la dernière réunion de la section, les négociants résidant en France peuvent se faire télégraphier les prix demandés par nos agents, « comme cela se pratique partout ailleurs ». Nous ajoutons que, dans les circonstances présentes et en envisageant les choses sous leur vrai jour, nous ne nous expliquerions pas que le délai ci-dessus de trente-huit à cinquante jours soit insuffisant, alors qu’en Chine et en Indochine, les chargeurs s’en contentent.
Aussi bien, permettez-nous de préciser – car nous avons le désir, nous le répétons, d’éviter le retour de tous ces malentendus et pour cela le mieux nous paraît être d’apporter à l’examen de ces questions toute la clarté nécessaire – permettez-nous de préciser que, dans notre pensée, ce n’est pas dans cette façon tout à fait logique et que nous venons d’exposer, de concevoir la situation, qu’il faut chercher la cause de la réclamation que nous examinons dans ce paragraphe. Nous craignons que le grief dont il s’agit ne soit tout simplement le résultat d’une confusion que nous estimons devoir être dissipée, ce qui va nous amener à l’examen du troisième reproche qui nous a été adressé.

III. Faute d’un tarif connu, il ne serait plus possible de traiter des marchés sur une période un peu longue

Il semble bien que, trop souvent, les exportateurs soient enclins à penser que, parce qu’une compagnie publie un tarif, le fait de cette publication engage cette compagnie, non seulement à pratiquer les prix qu’elle annonce, mais encore à charger les marchandises traitées par eux à ce prix.
 (À suivre.)
Le Directeur par intérim,
P. de Saboulin

La Dépêche malgache

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16 décembre 2016

De nouvelles photos anciennes de Madagascar

La surveillance des nouvelles numérisations mises en ligne par Gallica provoque parfois de beaux moments. Hier, le surgissement de documents photographiques, sans qu'on sache très bien s'ils n'étaient pas déjà disponibles depuis un certain temps, arrêté l'attention sur ces clichés anciens.
Voici Gallieni à Madagascar, en compagnie de Lyautey, Roques et Martin.


Ou François Paul Louis Pollen et D.C. van Dam eux aussi à Madagascar en 1863-1866.


Ainsi que 87 photographies de Madagascar entre 1898 et 1930, collection Guillaume Grandidier, certaines photographies de lui, d'autres par G. Darcis en 1930 et Jean-Baptiste Razafy, photographe à Tananarive, ainsi que par Louis Ranaivo, photographe à Antsirabe - je ne vous montre qu'un exemple.


Et, enfin, la série la plus ancienne, 26 photographies de paysages, monuments et types ethniques de Madagascar, dont photo du tombeau du comte de Louvière, envoyé extraordinaire de France à Madagascar, décédé à Ambohipo, le 1er janvier 1867. Photographies par Julien Laferrière, don Le Myre de Vilers en 1887. Voici, par exemple, le village d'Ambohidratimo, "à deux heures de Tananarive" (et on se plaint des embouteillages?).


15 décembre 2016

Il y a 100 ans : Les Messageries Maritimes, relation avec Madagascar (2)

(Suite.)
À ce sujet, le mieux nous paraît être de reprendre, ci-après, pour y répondre, les reproches qui ont été faits à nos compagnies.
Ces reproches se ramènent aux trois points suivants :
1° Le fret serait mis « aux enchères », ce qui, entre parenthèses, avantagerait les grosses maisons au détriment des petites.
2° Les établissements principaux des maisons exportatrices de Madagascar, lesquels sont en France, ne peuvent pas connaître à l’avance le prix qui sera appliqué à une époque donnée à la sortie de Madagascar.
3° Les négociants ne peuvent, faute de tarif, traiter sur une période un peu longue.
I. Le fret n’est pas vendu aux enchères
Voici en résumé comment nous avons décidé de procéder.
Le lendemain du départ de Marseille d’un navire de la ligne de l’Océan Indien, notre direction de Marseille câble à notre agent à Madagascar le nom du navire.
Aussitôt en possession de ce télégramme, notre agent général doit effectuer la répartition du volume du navire entre les différentes escales qu’il desservira au retour et fixer des taux de fret pour chaque produit pour embarquement sur ce navire. C’est ce prix et « celui-là seul » que lui-même ou les autres agents de Madagascar (informés par lui et par télégramme) doit offrir aux négociants, au départ des ports directs, suivant leur rang d’ancienneté d’inscription. C’est l’acceptation ou le refus de ces négociants qui constitue le seul jeu de la loi de l’offre et de la demande. Il ne doit pas y avoir de surenchère ; nous avons même pris soin de le préciser dans des instructions « formelles » et qui ne peuvent, à ce point de vue, prêter à aucun doute quant à leur application.
En somme, il y a donc un tarif par bateau, un tarif qui n’est pas publié, mais qui n’en existe pas moins et qui est fixe, quel que soit le chargeur.
II. Il est également inexact de dire que les établissements en France des maisons exportatrices de Madagascar ne peuvent pas connaître à l’avance le prix qui sera appliqué à une époque donnée
Le tout est de s’entendre sur le sens des mots « d’avance » et « époque donnée ».
(À suivre.)
Le Directeur par intérim,
P. de Saboulin

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14 décembre 2016

Il y a 100 ans : Les Messageries Maritimes, relation avec Madagascar (1)

L’Union Coloniale a reçu de la Compagnie des Messageries Maritimes la lettre suivante, qui intéresse d’une façon toute particulière nos relations avec la Métropole :
Paris, le 17 juillet 1916.
M. le directeur général de l’Union Coloniale, Paris.
Monsieur,
Au cours de la dernière réunion tenue par la Section de Madagascar, les représentants des principales maisons intéressées au commerce d’exportation de notre grande colonie ont exprimé à notre représentant le désir de pouvoir connaître en France et un certain temps à l’avance les taux de fret pratiqués à Madagascar par notre Compagnie et la Compagnie Havraise Péninsulaire.
Comme notre représentant l’a fait remarquer à nos collègues, dans toutes les autres directions, les chargeurs qui désirent obtenir un taux de fret pour une marchandise destinée à être importée d’un point donné sur France s’adressent aux représentants, sur ce point, des Compagnies de navigation pour obtenir le renseignement en question.
Bien que nous ne nous expliquions que par leur attachement à des errements anciens, propre à la seule direction qui nous occupe, les objections que les négociants de Madagascar font à l’extension à la zone de trafic les intéressant d’un mode de procéder généralement admis en matière de transports maritimes et qui trouve sa justification dans les nécessités concernant ce genre d’opérations, nous avons, ainsi que vous l’avait promis notre représentant et comme, du reste, nous le faisons toujours, examiné, avec le plus grand désir d’être agréables à notre clientèle, la demande de la Section de Madagascar, et nous nous plaisons à espérer que la solution portée à votre connaissance par la présente lettre vous donnera satisfaction.
Toutefois, nous croyons nécessaire de revenir sur les explications que vous a fournies l’autre jour notre représentant, tout d’abord pour justifier nos compagnies de certaines critiques qui ont été faites, ensuite pour qu’il ne puisse subsister sur cette question aucun de ces malentendus que, dans l’intérêt même de relations auxquelles nous attachons, veuillez bien le croire, un prix tout particulier – nous ne pouvons que déplorer chaque fois qu’ils se produisent.
(À suivre.)
Le Directeur par intérim,
P. de Saboulin

La Dépêche malgache

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13 décembre 2016

Il y a 100 ans : La situation sanitaire de Majunga

Nous recevons de Majunga la lettre suivante :
Le Courrier Colonial a donné récemment, au sujet de la situation sanitaire de Majunga, quelques considérations qui demandent à être rectifiées.
L’usine frigorifique de Boinamary et les odeurs un peu trop fortes qu’elle exhalerait ont été, semble-t-il, incriminées un peu vite.
En effet, la commission d’hygiène a visité Boinamary et sa conclusion a été que, au fond de tout cela, il y avait de l’exagération.
En réalité, il y avait surtout une petite question de boutique.
La véritable cause de l’épidémie qui a sévi à Majunga se trouve à Majunga même. Dans toute maison occupée par des Hindous, en plein cœur de la ville, il y a agglomération de toutes espèces de marchandises : cuirs, raphia et autres, dégageant de nauséabondes odeurs, rien de plus, rien de moins.

Les transports maritimes à Madagascar

De notre correspondant de Majunga :
Tout le monde est heureux ici de voir que le gouverneur général a résolu, momentanément, une grosse question, celle des transports, par un accord intervenu avec le Mozambique. Nous allons donc avoir deux bateaux ayant appartenu aux Boches, bateaux retapés et mis en service. L’un sera ici le 15 août et chargera sur la côte Ouest, l’autre arrivera en septembre et chargera à Diégo-Suarez et à Tamatave, à moins que ces deux ports ne soient entre-temps avantageusement desservis par les Messageries Maritimes ou la Compagnie Havraise péninsulaire.
L’un de ces navires peut enlever 14 000 tonnes ; il chargera probablement du manioc, des palétuviers, en tout cas des conserves, des suifs, etc.
Le Courrier colonial

Morts au champ d’honneur

Hervé (Gaston), chef d’escadron au 1er régiment d’artillerie coloniale, chevalier de la Légion d’honneur et décoré de la Croix de guerre. Tué à l’ennemi dans la Somme.
Le commandant Hervé était le frère de M. Hervé (Gustave), directeur et rédacteur en chef de La Victoire ; il avait servi à Madagascar de 1902 à 1906 à Diego-Suarez et au Sakaramy.
Wacquez, lieutenant-colonel d’infanterie coloniale, tombé pendant la bataille de Verdun, près de Thiaumont, en donnant l’assaut à la tête de son régiment.
Le lieutenant-colonel Wacquez avait été chef du service géographique de l’état-major à Tananarive de 1905 à 1911.

Journal officiel de Madagascar et dépendances

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12 décembre 2016

Il y a 100 ans : Amusez-vous jeunes gens!

On lit dans La Tribune du 1er septembre :
« Depuis quelque temps on voit des jeunes gens des Écoles – européens et indigènes – se mêler à des jeux en plein air (football, etc.) sur la vaste pelouse de Mahamasina. Excellente pratique que nous voudrions voir se généraliser et surtout durer. Il ne saurait être question d’abolir les démarcations nécessaires ; mais il est bon que ces adolescents apprennent à se connaître, s’habituent à se rencontrer ; sans compter l’effet salutaire de ces exercices, sous tous les rapports.
« Quelques Européens adultes – trop rares – se dévouent, de temps en temps, à y aller pour diriger les jeux selon les règles, maintenir les bonnes traditions. Nous souhaitons les y voir plus nombreux.
« Allons tous à Mahamasina (ou ailleurs). Quel meilleur emploi que nos loisirs, de cinq à sept ? »
La Tribune ne nous croira peut-être pas tout d’abord tant la chose est monstrueusement odieuse, mais elle n’a qu’à lire, dans le Journal de Madagascar du dimanche 27 août dernier, l’article ayant pour titre : « La S. P. M. des E. C. » et elle se convaincra que nous n’inventons rien.
Donc, tout comme à Tananarive et à son exemple sans doute, il s’était formé à Tamatave une société sportive de même nature, ayant le même but, composée d’éléments pareils. Eh bien ! Il s’est trouvé dans notre bonne ville un… personnage qui, abrité prudemment sous l’anonymat le plus absolu, s’est donné le plaisir, dans un style grotesque, de jeter le ridicule sur ladite société, et le comble, c’est qu’il s’est trouvé un journal pour offrir ses colonnes à cette malpropre élucubration.
Ah ! l’Union, en temps de guerre, cette union si prônée, est une bien belle chose à Tamatave !! Que sera-t-elle la guerre terminée ?
Le Tamatave

Extrait du courrier

Nous sommes quatre prêtres mobilisés à l’ambulance de Majunga et nous devons partir sous peu pour accompagner des bataillons malgaches et créoles dirigés vraisemblablement sur le front d’Orient. Déjà plusieurs de nos confrères sont partis dans les mêmes conditions, et nous avons fait l’impossible pour leur procurer les objets indispensables pour la célébration du Saint Sacrifice, mais nous sommes à bout de nos ressources, et nous avons pensé que peut-être vous ne refuseriez pas de nous aider par l’envoi d’un autel portatif.
A. S.

La Croix

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11 décembre 2016

Il y a 100 ans : Chronique fantaisiste de partout

Août est passé, septembre est né. N’en causons pas, le mois est toujours haïssable.
Parlons plutôt des nombreuses crises que nous traversons en ce moment.
La plus sérieuse, certes, pour nous journalistes, c’est celle du papier qui nous oblige chaque jour à réduire notre format.
Depuis belle lurette le T. C. E. a eu la sage précaution de supprimer le papier hygiénique de ses W. C. Les voyageurs n’ont même pas réclamé la simple feuille de ravinala.
Certains marchands n’enveloppent plus les paquets qu’ils remettent à leurs clients parce que le contenant coûte plus cher que le contenu.
Le prix du papier est tel qu’il reviendra bientôt meilleur marché de payer comptant que d’envoyer des bons à ses fournisseurs. C’est sans doute pour ce motif que nos cafetiers ont augmenté le prix des consommations, afin de compenser ce qu’ils perdent en fournissant des bons à leurs clients.
En France, les fabricants achètent à prix d’or tous les vieux imprimés, donnant ainsi aux chiffons de papier une valeur qui ferait verdir de rage Bethmann-Hollweg.
Bien des gens ont fait fortune, depuis la guerre, en revendant au seul poids du papier des créances impayées.
On nous assure qu’un monsieur très bien de notre ville cherche actuellement des capitaux pour former une société pour l’exploitation des gens ayant une mine de papier mâché ! Avis à ceux qui ont des capitaux à placer.
En attendant, ne nous emballons pas, on ne trouve d’ailleurs plus de papier d’emballage.

À la douane

Depuis hier, nos douaniers ont arboré la tenue officielle, l’Administration locale s’étant enfin décidée à appliquer l’arrêté du premier juillet.

Courrier de France

Le Louqsor, venant de France, est attendu demain à la première heure.

Exportation minière

Il a été exporté pendant le mois d’août par notre port : graphite, 4 094 t. ; corindons, 336 t. ; cristal de roche, 1 230 kilos ; poudre d’or, 70 k. 796 gr. ; pierres précieuses, 12 k. 100 grammes.

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 57 titres parus à ce jour.

10 décembre 2016

Roland Vilella revisite l’île-bagne de Nosy Lava

La collection « Terre humaine », aux Editions Plon, est un mythe. Créée par Jean Malaurie en 1954 avec son premier livre sur les Inuits, dirigée aujourd’hui par Jean-Christophe Rufin, elle a accueilli des ouvrages de Claude Lévi-Strauss, Victor Segalen, Wilfred Thesiger, Pierre Jakez Hélias, Eduardo Galeano. Un catalogue prestigieux.
C’est dans ce catalogue que s’inscrit aujourd’hui La sentinelle de fer, de Roland Vilella, avec un sous-titre plus explicite : Mémoires du bagne de Nosy Lava (Madagascar). La sentinelle du titre est le phare de l’île, qui prend sous les yeux de l’auteur des connotations négatives, comme dans ce passage situé assez loin dans l’ouvrage, après que l’impression a été répétée à plusieurs reprises : « la silhouette noire du phare émerge dans les éclats du soleil à son coucher, détachée sur le profil de l’île. Je frissonnais toujours à sa vue. L’obscurité finissait par la dissimuler à mes regards, mais je ressentais se présence hostile. »
A dire vrai, ce sentiment de malaise ne trouve jamais d’explication rationnelle. Mais on le comprend néanmoins à la lecture du livre : un phare a normalement pour fonction de sauver des vies, celles des navigateurs pour qui il constitue un point de repère permettant d’éviter les dangers ; celui-ci, en revanche, est assimilé à un des gardiens qui ont longtemps sévi, avec une cruauté sans limites, au bagne de Nosy Lava.
Les scènes les plus fortes du récit sont d’ailleurs celles de tortures poussées, s’il en plaît ainsi aux bourreaux, au-delà de la résistance humaine. Bien des prisonniers subissent ainsi une exécution qui ne porte pas son nom, mais au cours de laquelle le penchant de l’homme à la violence s’exerce avec une impunité acceptée par les victimes – et ceux qui, à côté, savent qu’il leur est interdit de voir ce qui se passe, même devant eux. Les criminels sont des deux côtés, seul le pouvoir place une frontière entre eux. Encore tous les prisonniers ne sont-ils pas des criminels endurcis et quelques gardiens peuvent-ils faire preuve d’un minimum d’humanité.
Pages 62 à 67, des documents historiques surgissent de la poussière où ils étaient oubliés de tous. Roland Vilella les a exhumés avec la complicité d’Albert Abolaza, meurtrier qui purge une peine sans fin – les travaux forcés à perpétuité – et qui, véritable mémoire du bagne, développe une relation presque amicale avec l’auteur. Ces documents concernent des prisonniers condamnés après l’insurrection de 1947, copies d’actes judiciaires qui éclairent l’époque d’un jour inédit.
Albert Abolaza mérite la place particulière qu’il occupe dans l’ouvrage. Il n’est pas exonéré de ses crimes, mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a largement payés. Non seulement par sa longue détention, mais aussi par des séances de torture auxquelles seule sa volonté lui a permis de survivre. Par ailleurs, il lit – et a demandé au navigateur qu’est Roland Vilella s’il n’avait pas un exemplaire, même ancien, du quotidien Le Monde à lui donner. Il a aussi été le complice d’une évasion en pirogue, quand il a accompagné un autre prisonnier jusqu’à la Grande Terre… avant de se rendre, car sa mère, confirmant à sa manière le verdict du tribunal, lui avait demandé de ne pas s’enfuir.
Tout cela et bien d’autres choses encore fourniraient la matière d’un livre remarquable si certaines pages ne péchaient par leur imprécision, sinon par les erreurs qu’elles contiennent. Passons, en la rangeant dans la catégorie des fautes d’inattention, sur la coquille, non répétée, qui transforme le nom du premier président malgache en Antsiranana. Il est plus difficile de digérer l’information historique selon laquelle l’armée de conquête française aurait débarqué à Tamatave avant de se diriger vers le Palais de la reine Ranavalona III… puisque le débarquement s’était fait à Mahajanga ! Des événements plus récents sont aussi résumés de manière confuse et quelques rumeurs, certes persistantes, sont prises pour des faits. Péchés véniels, certes, mais qui empêchent d’accorder à La sentinelle de fer tout le crédit qu’on aurait voulu lui donner.

9 décembre 2016

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

Tamatave ne se contente pas d’être un repaire d’embusqués, c’est en même temps le paradis des cinémas. Les mystères, qu’ils soient de Paris ou de New York, attirent la foule, et le public profite largement de la concurrence implacable que se font depuis quelque temps nos montreurs de lanternes magiques. À cette allure, il faut craindre que les dévideurs de films attrapent des crampes et ne puissent tenir jusqu’au bout ; j’ai pensé qu’il était indispensable de leur venir en aide.
Le maniement du cinéma est plus compliqué que ne le pense le vulgaire public ; il consiste à braquer des rayons lumineux sur un point déterminé tout en tournant une manivelle. Or, au front dans les tranchées, nous possédons un appareil à peu près identique, c’est la mitrailleuse, là aussi il y a une manivelle à tourner et quelque chose à braquer, il est même assez dangereux de faire, en la circonstance, office d’écran. Eh bien, nous pouvons obtenir un entraînement intensif des embusqués en leur faisant tourner à tour de rôle la manivelle de nos cinémas ; nuit et jour, cela fonctionnerait et, avant la fin de la guerre, nous posséderions une pléiade de mitrailleurs, dont nous pourrions être fiers. Les plus méritants seraient du reste récompensés par la croix des embusqués créée par mon cher confrère G. Coute.
Voilà mon idée, je la crois bonne, à nos impresarios d’en profiter.
Sarah B.

L’industrie du palétuvier

Poursuivie méthodiquement depuis quelque temps dans la Grande Île, l’exportation des écorces de palétuvier que, jusqu’à la guerre, les Boches avaient monopolisée à Madagascar, comme tant d’autres produits, à croire que la colonie leur appartenait, est en fort bonne voie, on enregistre même de très fortes commandes pour les pays alliés.
Dès que la grave question du fret sera enfin résolue, les côtes nord-ouest de Madagascar et notamment le Mangrove vont connaître l’activité intensive et la richesse, des zones considérées jusqu’ici comme improductives vont être transformées et « l’arbre de la fièvre » va devenir l’arbre d’or, comme le pin qui a fait, malgré eux, la richesse des paysans landais, lesquels voulaient cependant s’opposer à son acclimatement et à sa plantation.

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 57 titres parus à ce jour.

8 décembre 2016

Il y a 100 ans : C’en est trop !

Il a été annoncé par nous hier la nouvelle d’un accident mortel survenu sur une exploitation de graphite.
L’information vaut, à plus d’un titre, d’être mise au point.
Il est mort, sur un toby sis à quelques mètres à peine du chef-lieu d’Andévorante, deux indigènes écrasés par un éboulement de stérile. Deux autres auraient été retirés de la masse de terres les recouvrant en un piteux état. D’aucuns disent qu’ils iront rejoindre dans la tombe leurs deux malheureux camarades qui ne les y auraient devancés que de quelques jours.
Il en est un, du reste, qui les précède tous les quatre, mort écrasé lui aussi sous deux mètres cubes de stérile, il peut y avoir de cela quatre mois environ.
La question se pose pour tous de savoir :
1° Si l’Administration intéressée a été régulièrement prévenue, en son temps, de ce premier accident, et si, après une enquête qui s’imposait alors, elle a pris toutes les mesures nécessaires à en prévenir ou éviter le retour.
2° Et d’une façon générale, si, sur des chantiers où de pareils événements se reproduisent ainsi, à trois ou quatre mois d’intervalle, les règlements édictés par la loi minière en ce qui touche le creusement des tranchées sont observés ou non.
Un fait certain est que, dans le cas actuel, les victimes sont tous de jeunes gens, des enfants presque, exécutant la prestation obligatoire ordonnée par le Chef de la Colonie.
De tels événements sont faits, on peut le croire, pour impressionner beaucoup plus fortement qu’on ne le croit, la population indigène de la région.
On parle trop, depuis quelque temps, de deux ou trois exploitations de notre connaissance.
Nous y reviendrons l’heure venue. En résumé, pour être des indigènes, les malheureuses victimes de ces sortes d’accidents sont des hommes, et la vie humaine est au moins aussi précieuse que celle du premier quart de sang venu, ce dernier portât-il de son vivant le nom connu du Commandeur des croyants. Quand une magnéto claque, on en est quitte pour s’en offrir une autre. Tandis que le pauvre gasy, comme nous du reste, quand il est mort, c’est pour longtemps.
Nous savons bien qu’il n’est pas de réparation civile en matière indigène ; mais il ne faudrait tout de même pas abuser de cette disposition légale.
Et l’Administration est là pour y tenir la main.
E. V.

La Dépêche malgache

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