26 mars 2009

Combien ça coûte, un oeuf d'Aepyornis ?

Franchement, je n'en avais aucune idée. Mais s'il est bien une bestiole qui appartient au patrimoine malgache disparu, l'aepyornis est celle-là. Un peu comme le dodo chez nos voisins, mais en plus spectaculaire. Plus costaud, en tout cas. Plus beau, ça dépend des goûts, et je ne me prononcerai pas. L'aepyornis a en outre un avantage incontestable sur le dodo: on trouve encore des œufs - plus ou moins entiers.
Ces œufs ne peuvent plus sortir de Madagascar, ce qui semble tout à fait naturel. Mais cela n'a pas toujours été le cas et il s'en balade donc un peu partout dans le monde, dans des musées, chez des collectionneurs, et parfois même encore chez des marchands.
Le site Internet de la BBC raconte qu'un de ces œufs est mis en vente à la Foire des Antiquaires de Chelsea, à Londres. Il appartient à l'antiquaire John Shepherd, d'Ashford (Kent), qui avait acheté l'œuf l'année dernière après avoir appris que David Attenborough en avait découvert un en filmant à Madagascar.

(Ici, j'ouvre une parenthèse: c'est quoi, ce film de David Attenborough?
Un instant, je cherche.
Et je trouve.
Je vais même, du coup, vous offrir une photo prise à Madagascar lors du tournage de Life in Cold Blood (Vivre de sang-froid), une série en cinq épisodes où apparaît ce caméleon.
Fin de la parenthèse.)

Et je reviens à mon œuf d'aepyornis - enfin, quand je dis le mien, c'est une manière de parler, vous l'aurez compris.
D'ailleurs, puisque la question posée dans le titre de cette note était le prix de l'oeuf en question, je préfère vous prévenir: cela n'entre pas dans mon budget.
En effet, le prix de départ est fixé à 5.000 livres sterling, soit environ 1.400.000 ariary, ou 7 millions de francs malgaches, pour ceux qui, comme moi, comptent encore ainsi...

24 mars 2009

Trois nouveautés en librairie

Belle moisson, après une semaine pendant laquelle je n'avais pas eu l'occasion de faire ma récolte...

Je commence avec la littérature, vous connaissez mes goûts.
Dominique Ranaivoson édite, trois ans après les Chroniques de Madagascar, où douze auteurs étaient présents avec chacun une nouvelle, un nouvel ouvrage dans la même veine: Nouvelles chroniques de Madagascar ne rassemble cette fois que quatre écrivains,mais leur laisse davantage d'espace.
Au sommaire:
Hery Mahavanona. Au nom du père
Johary Ravaloson. Antananarivo, ainsi pendant les jours pluvieux. Chroniques de vies ordinaire
Désiré Razafinjato. Tahiry. De Madagascar au djebel algérien, l'amère-patrie
Cyprienne Toazara. Doublement un
Et voici la présentation de l'éditeur:
À la suite des 12 nouvelles des "Chroniques de Madagascar", ces quatre récits sont à mi-chemin entre le roman, le conte et la nouvelle. Dans la ville d’Antananarivo, les villages tsimihety de l’Ouest et en Algérie, ils mettent en scène des personnages à la vie à la fois ordinaire et fascinante. Le lecteur accompagnera paysans, citadins et soldats dans leurs dilemmes et leurs découvertes grâce à des écritures qui mêlent habilement le rêve et la réalité. Loin des caricatures exotiques, ces textes malgaches attestent du dynamisme d’une langue française résonnant de multiples échos.

Dans un autre registre qui m'est cher, celui des textes anciens sur Madagascar (même s'il s'agit plutôt ici de l'Océan Indien), voici les recherches historiques du Dr Honoré Lacaze sur L'Ile Bourbon. L'Ile de France et Madagascar. L'auteur ne vous est pas inconnu si vous suivez les productions de la Bibliothèque malgache puisque j'ai déjà réédité, sous forme de livre électronique gratuit, ses Souvenirs de Madagascar, publiés en 1881, soit un an après cet ouvrage.
L'éditeur moderne le présente ainsi:
La collection «Introuvables de l’Océan Indien» se propose de restituer, sous une forme commentée, des ouvrages qui n’ont jamais été réédités, de grand intérêt historique ou littéraire.
Ce livre est à la fois un recueil de documents, et un document en lui-même.
En l’écrivant, son auteur, le Dr Lacaze, père du futur amiral, a d’abord voulu faire le point sur ce qu’on savait de l’histoire de La Réunion, à son époque: il déroule le récit et l’émaille de nombreuses citations d’auteurs anciens, ce qui en fait une précieuse compilation sur La Réunion, au début de sa colonisation, et sur sa colonie-mère, Madagascar.
Puis Lacaze arrive à la période dans laquelle il vivait, et l’ouvrage historique se transforme en document économique, social, voire politique. En effet, dans les années 1880, La Réunion est plongée dans une crise dont on ne sait pas à quel point elle sera longue et terrible. Misère, famine, maladies se conjuguent pour écraser la population. Lacaze observe, analyse, commente, avec un regard certes un peu conservateur, mais avant tout profondément scientifique.
Autant d’éléments qui font de cet ouvrage, jamais réédité, un atout précieux dans la connaissance de La Réunion.
L’auteur, né à Saint-Pierre, médecin, avait 64 ans quand il a publié cet ouvrage. Il est par la suite parti gérer une léproserie aux Antilles, où il serait mort, à une date inconnue, après avoir signé différents autres livres à caractère documentaire ou scientifique.
Cette réédition est précédée d’une présentation de l’auteur, de son œuvre et du contexte historique de celle-ci, et accompagnée de nombreuses notes.
Directeur de collection, auteur de la préface : Daniel Vaxelaire.

Enfin, troisième ouvrage pour aujourd'hui, Les cinémas de Madagascar (1937-2007), de Karine Blanchon.
Karine Blanchon est docteur en Lettres, diplômée de l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) à Paris. Elle travaille sur les cinémas de l'océan Indien occidental.

Ce livre dresse un panorama inédit de la richesse et de la diversité de la céation cinématographique et audiovisuelle à Madagascar. Dans un contexte de production souvent difficile, ces films relaient les espoirs et les doutes d'une société tiraillée entre son attachement profond à l'héritage traditionnel et sa volonté de s'intégrer à la mondialisation. La mise en lumière de ce patrimoine méconnu pose aussi la question de la représentation de soi et de l'autre et propose une réflexion sur l'importance de l'image dans l'expression de la culture malgache contemporaine.

14 mars 2009

En librairie : Maé, l'enfant rouge

Et encore un livre - mais pas un guide de voyage, cette fois, bien qu'il soit question de voyage. Vous me suivez? Vous me suivrez peut-être mieux quand je vous aurai livré le résumé que fait l'éditeur de Maé, l'enfant rouge.
Anna ne rêve que d’une chose: avoir un bébé. Mais après des mois d’essais et de traitements sans succès, elle comprend qu’elle n’y arrivera pas. Elle décide alors de ne pas renoncer et se lance à corps perdu dans un nouveau combat: l’adoption. Une aventure qui fera remonter à la surface de vieux secrets de famille, et risquera de déstabiliser son couple.
Après des mois d’attente et d’espoir, elle s’envole pour l’Île Rouge, Madagascar, et rencontre enfin Maé. Elle pense toucher au but, mais pour arriver à ramener l’enfant en France, la jeune femme n’est pas au bout de ses surprises…
Anna va vivre un véritable parcours initiatique qui bouleversera sa vie à jamais. Saura-t-elle faire face aux ennuis qui l’attendent ? Une quête semée d’embûches, de la Bretagne à l’océan Indien, qui lui permettra peut-être avant tout… de se trouver elle-même. Un écrit captivant où l’émotion des mots ne peut que nous toucher!
Je ne connaissais pas Gwénaëlle Moullec-Le Therisien, une brève présentation s'impose donc, trouvée aussi sur le site de l'éditeur:
À 26 ans, journaliste de formation, l’auteur a d’abord travaillé au Midi Libre et collaboré à différents magazines. Ayant fait une pause professionnelle pour s’occuper de ses deux enfants, elle en a profité pour se consacrer à l’écriture, sa passion depuis l’enfance.
Elle remporta à l’âge de douze ans le concours «Je Bouquine» avec l’écrivain Jeanne Bourin. Dans cet ouvrage, elle traite d’un thème de société actuel: la souffrance de la stérilité et le combat de l’adoption, une épreuve toujours aussi longue et éprouvante. Madagascar et ses contrées mystérieuses offrent une dimension supplémentaire au récit, et vous plongent au cœur du monde tribal du grand Sud malgache.
Sur son blog, elle a deux petites phrases qui expliquent mieux ses intentions:
J'ai commencé à écrire ce livre en 2003, quand j'ai commencé à avoir un désir d'enfant. 5 ans plus tard, Azelys et Soen sont là, et je finis enfin ce livre...
P.S. Vous l'avez peut-être remarqué, je ne fournis plus, pour les livres dont je parle, d'informations bibliographiques. Elles sont accessibles en un clic sur la couverture ou le titre de l'ouvrage.

13 mars 2009

Le temps des touristes, c'est pour quand ?

Il faut du temps pour préparer un livre. Même la réédition d'un livre. Mars, c'est en principe (ce serait en principe, si ce qui arrive à Madagascar n'était pas en train d'arriver), le bon moment pour lancer les versions mises à jour des guides destinés à accompagner les touristes dans leur découverte de la Grande Ile.

Certains éditeurs spécialisés dans le tourisme s'y prennent même avant d'autres, et je crois avoir déjà signalé, il y a quelque temps, la nouvelle version du Guide du routard Madagascar, disponible depuis janvier et réalisée sous la houlette de Philippe Gloaguen, comme tous les ouvrages de la collection.
Une valeur sûre, en tout cas, même si l'on peut reprocher aux auteurs de suivre une ligne un peu trop stricte qui les amène notamment à exagérer les conseils de prudence, comme si Madagascar était, une sorte de jungle de laquelle il convient de se méfier.
J'ai parfois entendu des restaurateurs ou des hôteliers, ici ou là, se plaindre de la légèreté avec laquelle les enquêteurs venaient vérifier les données de l'année précédente. Je ne donne pas nécessairement tort aux restaurateurs ou aux hôteliers. Mais je comprends que le passage annuel, destiné à infléchir légèrement les avis et à vérifier les prix, généralement en hausse, se fasse un peu plus rapidement que la première visite. Du moins les rédacteurs du Guide du routard prennent-ils la peine de revenir sur les lieux où ils sont déjà allés, et on ne peut pas en dire autant de tous les guides.

Dans la même maison, mais dans un esprit différent, voici aussi, à paraître à la fin du mois prochain, un Guide évasion dans lequel la priorité n'est pas d'indiquer les bonnes adresses et de fixer les budgets repas.
Je ne peux mieux faire que de vous indiquer les grandes lignes sur lesquelles ce livre est construit:
Nos auteurs vous emmènent à Madagascar :
- un avant-goût pour construire votre voyage : les sites essentiels (les îles de Saintes-Marie et Nosy Be, le parc de l’Isalo, l’allée des baobas, les tsingy…), des visites thématiques (les paysages spectaculaires, les marchés et l’artisanat…), et des programmes selon la durée de votre séjour.
- des articles pour sentir l’« île rouge » aujourd’hui : les merveilles naturelles, l’identité malgache...
- des itinéraires pour visiter ce qui compte : Tananarive, les Hautes Terres, le Grand Sud, les côtes Ouest et Est, le nord du pays…
- des conseils pour découvrir les parcs naturels, des adresses de charme…
- des repères pour comprendre l’histoire du pays, une bibliographie détaillée.
- 25 itinéraires, plus de 350 adresses.
Enfin, et à paraître dans quelques jours, un nouvel ouvrage de Didier Mauro, Madagascar, sur lequel je reconnais avoir peu de détails, sinon ces quelques lignes qui semblent concerner toute une collection:
Un guide pour apprendre à mieux connaître une autre culture et adopter des règles de vie spécifiques au pays visité.
J'y reviendrai si l'occasion se présente.

12 mars 2009

A venir dans la bibliothèque malgache : un inédit en français

Je m'avance peut-être, mais admettons que c'est pour me placer le dos au mur, et m'obliger à faire ce que j'annonce.
Je travaille, pour la première fois, sur un texte inédit en français à paraître dans la Bibliothèque malgache: Through Western Madagascar: In quest of the golden bean, un titre qui s'inscrirait presque dans la série des Aventuriers de l'Arche perdue.
Le haricot d'or, quelqu'un a déjà entendu parler de ça? J'avoue que je suis resté interloqué, avant de comprendre que Walter D. Marcuse parlait, dans ce livre paru à Londres en 1914, du pois du Cap, source potentielle, d'après lui, de l'enrichissement potentiel de la région de Madagascar où il a voyagé.
Je suis donc occupé à traduire ce livre en français. Et je vais de surprise en surprise puisque, après le titre imagé, je découvre de page en page un voyageur qui est aussi un écrivain. Il me semble, bien que je ne sois pas encore très loin dans la traduction, que nous tenons là un beau livre méconnu sur Madagascar et les Malgaches. (Je dis "nous", puisque je traduis et que vous allez lire).
Je ne sais pas dans combien de temps ce sera prêt, j'avance doucement parce que je me suis remis récemment à l'exercice de la transposition en français d'un texte anglais, mais deux expériences récentes m'ont convaincu de ce que j'étais capable de le faire (et de ce que, donc, je devais le faire): deux entretiens par mail avec des écrivains, l'un anglais, l'autre indien, que j'ai dû traduire en français. Le premier auteur, qui lit et parle notre langue, n'a pas changé un mot quand il a relu mon texte. Le traducteur du second, vers qui je me suis tourné pour vérifier ma traduction, ne m'a suggéré que deux modifications qui allégeaient la version finale.
Je vous montre ici une illustration de ce livre sur lequel je travaille. Il n'est pas certain que je pourrai reprendre toutes les photographies, mais j'essaierai aussi, c'est promis...

7 mars 2009

Bekoto s'occupe des paysans malgaches

Outre le fait d'appartenir à l'inoxydable groupe Mahaleo, Bekoto, lui-même imputrescible, est sociologue - beaucoup d'entre vous le savent, bien entendu.
Cet aspect de sa personnalité et de ses compétences est utilisé dans un nouveau blog. (Presque nouveau: il a été ouvert le 23 février mais je viens seulement de le voir - OH! BEKOTO! TU AURAIS PU ME PREVENIR!)
Cela s'appelle joliment, polysémiquement et en deux langues, Madagascar, terre(s) de culture(s) - Tany, Tanindrazana, Tany Fambolena.
Je le laisse présenter lui-même la raison d'être de ce blog:
Je m'appelle Bekoto et je travaille en tant que Sociologue avec le Comité pour le Droit des Paysans à Madagascar. Le Comité a été crée en 1996 à la demande des paysans Migrants de la région du Vakinankaratra. Le Comité va étendre ses actions dans d'autres régions rurales et se restructure en changeant aussi sa dénomination : Comité Libertés pour les paysans. La raison du Blog est de partager d'abord, en temps réel, les réalités sur la petite paysannerie Malgache et ensuite, de mettre en lumière les activités et le vécu de ces paysans.
Un lieu créé par un praticien, pour rappeler des préoccupations et des problèmes si éloignés de ceux qui agitent actuellement nos villes qu'on aurait trop facilement tendance à les oublier...

Bibliothèque malgache / 53 : Bulletin du Comité de Madagascar

La publication du Bulletin du Comité de Madagascar se poursuit, puisque cette revue reste une source majeure de renseignements sur la manière dont s'organise la colonie.
Au sommaire de ce numéro, quelques nouvelles du comité de Madagascar, où entre notamment, comme membre sociétaire, Etienne Grosclaude, dont la BME a publié le récit de voyage Un Parisien à Madagascar. Un témoignage d'un colon "éclairé" expliquant comment peut réussir une installation dans la Grande Île. L'idée de colonisation fait son chemin en France. Et quelques autres broutilles.
Mais on sent surtout la forte empreinte de Gallieni sur la vie malgache. Il crée des jardins d'essai destinés à améliorer l'agriculture dans le pays. Il réorganise l'armée et l'administration. Et s'offre une circumnavigation autour de l'île, félicitant ici, affirmant son autorité là-bas, histoire d'asseoir la présence française sur l'ensemble du territoire.
Ce volume est téléchargeable à partir du catalogue complet de la Bibliothèque malgache électronique.

5 mars 2009

Bibliothèque malgache / 52 : Le roi de Foule-Pointe, de Jacques Cazotte

Je vous signale la parution d'un nouveau volume de la Bibliothèque malgache électronique gratuite, le cinquante-deuxième.

Jacques Cazotte (1719-1792) est surtout connu pour un roman, Le diable amoureux. Mais son oeuvre est vaste - et peu lue hors du cercle des spécialistes.
Parmi les nombreux textes appartenant à ses Oeuvres badines et morales, historiques et philosophiques, on trouve ce curieux Roi de Foule-Pointe, en vers.
C'est le récit fantaisiste d'une rencontre entre un lieutenant français dont le navire mouille à Foulpointe, sur la côte Est de Madagascar, et un ancien marin devenu, un peu malgré lui, potentat local.
Les contraintes liées aux usages de son peuple lui pèsent. Mais serait-il prêt à abandonner sa couronne pour rentrer en Bretagne, sa région d'origine? C'est toute la question que pose ce dialogue, inspiré d'idées reçues sur Madagascar et, de manière générale, sur la plupart des régions que l'on pouvait appeler, à l'époque, non civilisées.

Pour télécharger ce petit ouvrage, rendez-vous au bas de la page du catalogue de la BME .

3 mars 2009

Citation : Emmanuelle Urien

Dans Tu devrais voir quelqu'un, Emmanuelle Urien (dont c'est, je crois, le premier roman) imagine une jeune femme qui se referme progressivement sur elle-même. Sarah, c'est le nom de cette femme, veut même, un temps, faire croire qu'elle est partie loin pour des vacances.
Et où part-on quand on veut, de Toulouse, aller loin?
Je vous le donne en mille...
« Elle est où, Sarah ?
— Elle a pris deux semaines de congé et elle s’est envolée pour Madagascar, sans me prévenir, cette chipie... elle a toujours de ces coups de tête, cette fois-ci c’est du gros, Madagascar, tu te rends compte ? Elle m’a envoyé un mail de là-bas, avec une photo de lémurien, tu sais, les gris, avec une longue queue rayée ?...
— Les makis. Amuse-toi bien, ma chérie. »