30 septembre 2015

Il y a 100 ans : La tournée de M. le Gouverneur Général sur l’Ivondro (1)

Toujours soucieux d’étudier les besoins de la colonie et de mieux la connaître, M. Garbit, mercredi dernier, est allé faire une tournée dans la vallée de l’Ivondro pour visiter les colons et voir par lui-même leurs plantations.
Une foule nombreuse d’indigènes, vêtus de leurs habits de fête aux vives couleurs, attendait à la gare de Mahatsara pour saluer le chef de la colonie.
Après quoi, celui-ci, sans retard, a pris place dans le canot automobile de M. Borgeaud, avec quelques-unes des personnes qui l’accompagnaient. Les autres sont montées dans le canot de M. Grenard, et les voilà remontant le fleuve à toute vitesse jusqu’à la propriété de M. Borgeaud.
Là, bon nombre de colons de l’Ivondro et de Fanandrana, invités par le Président du Comice agricole, attendaient M. le Gouverneur Général.
Les présentations terminées, M. Garbit rappelle que l’objet de sa visite est de voir les plantations et qu’il est peut-être prudent de faire, avant le déjeuner, cette opération qui servirait d’apéritif. Il était en effet 11 h. et demie. Quelques-uns, des plus intrépides, se déterminent à le suivre, car on n’oublie pas que M. Garbit est un rude marcheur. Du nombre se trouve Madame Sisteron ; elle s’intéresse vivement aux questions coloniales qui d’ailleurs lui sont familières.
Et voilà le petit groupe se lançant à la suite de M. Garbit, sur une allée interminable qui traverse en ligne droite les plantations de cacaotiers. De temps en temps on s’arrête pour admirer un plant qui surpasse en beauté ses voisins.
Tous, d’ailleurs, sont en plein développement en en plein rapport, étant plantés depuis quinze ou vingt ans. Leurs hautes branches se touchent et forment un dôme qui laisse difficilement passer les rayons du soleil, bien qu’à cette heure il fût perpendiculairement sur la tête.
Après les cacaotiers, voici les plantations de vanille. Mais il va être une heure. Les estomacs sont creux ; cette… promenade y a largement contribué et on se demande avec anxiété si M. Garbit va faire le tour de la propriété. Il ne faut pas oublier que celle-ci mesure plus de cinq cents hectares, et bien qu’elle ne soit pas entièrement plantée, il reste à visiter bien des plantations et notamment les caféiers.
(À suivre.)

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 30 titres parus à ce jour, 4 nouveautés à paraître le 1er octobre.

29 septembre 2015

Il y a 100 ans : Contre l’alcoolisme

La nécessité qui s’impose de lutter contre l’alcoolisme qui a des tendances à se propager dans la colonie a conduit l’administration locale de Madagascar à abroger le décret du 9 octobre 1913 qui réglait la matière jusqu’ici et à le remplacer par un nouveau texte que le ministre des colonies approuve par décret.
Les principales modifications apportées à la réglementation en vigueur sont les suivantes :
Il est créé deux classes de licence de détail de boissons alcooliques pour traiter différemment les débitants qui ne vendent qu’à emporter et ceux qui vendent à consommer sur place. Pour ces derniers, dont il y a un intérêt majeur à ne pas faciliter l’établissement, les droits perçus actuellement sont majorés d’une façon appréciable.
Il est créé également deux classes de débitants au détail de boissons hygiéniques en observant la même distinction. Le commerce de ces boissons bénéficie de droits très modérés.
Les dispositions restrictives du libre exercice du commerce des boissons, notamment sur la limitation des débits, qui font encore actuellement l’objet d’un arrêté local, ont été incorporées dans le décret et acquerront ainsi plus de fixité.
Le nouveau décret ordonne les mesures propres à développer de la manière la plus large la consommation des boissons hygiéniques métropolitaines et fournit en même temps au gouvernement de la colonie les moyens de lutter efficacement contre les progrès de l’alcoolisme.
Le Temps

La « Loire »

Ce vapeur parti enfin de Tamatave où, avec de nombreuses marchandises, il a pris un contingent militaire venu de Tananarive, s’est rendu à Sainte-Marie pour faire son plein de charbon. Ce combustible se trouve déposé là depuis la conquête, destiné à l’approvisionnement des navires de guerre croisant devant l’Île.
La Loire se rendra ensuite à Diégo, chargera une cinquantaine de bœufs que la colonie offre à la France comme échantillon et prendra une quantité de militaires à destination d’Europe.
Disons en passant que les bœufs que la Loire devait embarquer ont été revendus sans perte pour la colonie, et que ce vapeur emporte un chargement de produits du pays, représentant un fret de 300 000 à 400 000 fr., le couvrant presque des frais antérieurs.

Le Tamatave

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28 septembre 2015

Il y a 100 ans : Le péril jaune (3)

(Suite et fin.)
Si vous, Européen, avez un article à vendre en fraude, portez-le chez un Chinois ; vous êtes absolument sûr que, s’il est pris, il se laissera couper le cou plutôt que de vous dénoncer.
Cette mainmise, cette protection qui s’étend à tous les Chinois sans exception aucune, explique comment des magasins ou épiceries chinoises, même dans la brousse, réussissent, alors que des Européens ne pourraient y vivre.
Vous voyez les magasins en ville changer de propriétaires. Ou bien c’est à la suite d’une condamnation de leur tribunal que cela s’est opéré, ou bien à la suite d’une perte au jeu car, joueurs forcenés, ils jouent jusqu’à leur propre magasin.
Mais qu’un Chinois meure : jamais le curateur aux successions vacantes n’aura à intervenir, car il y aura toujours un propriétaire. Le défunt n’aura été que son employé.
Avec une pareille organisation, autrement dangereuse que celle des Boches avant la guerre, la confrérie chinoise forme un corps irréductible, un véritable État dans l’État.
Qu’on y réfléchisse.
F.

Départ pour le front

Nous apprenons que le sergent Mialou et les soldats Iribe et Actif, tous du 2me Malgaches, embarqueront sur la Loire à destination du front.
Madame Iribe accompagne en France son mari, le distingué et sympathique conducteur des Travaux Publics.
Le Tamatave leur souhaite un heureux voyage et un prompt retour.

Les tabacs malgaches

À la suite d’un envoi de cigares aux soldats sur le front, le Gouverneur Général a reçu la lettre suivante :
En campagne, le 20 juin 1915.
N° 514.
Le Lieutenant Colonel James Martin, Commandant le 412e Régiment d’Infanterie, à Monsieur le Résident Général de la Colonie de Madagascar, Tananarive.
Monsieur le Résident Général,
Le Service des subsistances militaires a remis à mon Régiment 700 cigares provenant de votre Colonie et généreusement offerts par elle à nos armées.
Je viens vous remercier d’avoir bien voulu penser à nos soldats qui ont été très sensibles à cette distribution.
Veuillez agréer, Monsieur le Résident Général, l’assurance de ma haute considération.
Signé : James Martin.
412e Régiment d’Infanterie,
Secteur n° 174.

Le Tamatave

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26 septembre 2015

Il y a 100 ans : Le péril jaune (2)

(Suite.)
1° La « cadouille ». Le condamné à la bastonnade est appelé au club, sans que jamais il puisse se refuser à comparaître, sous peine de mort, et le torse nu, les mains liées, il reçoit d’un compère qui, lui non plus, ne peut se soustraire à cette besogne, le nombre de coups de rotin indiqué par la condamnation.
Et là, pas de tricherie ou de compassion de la part du bourreau improvisé. Il se mettrait dans le cas d’être exécuté lui-même.
2° L’expulsion. Quand un Chinois a mérité cette peine, suivant les juges qui la lui ont infligée, il reçoit un pécule raisonnable pour payer son voyage et s’installer ailleurs, mais il ne peut revenir au point d’où il a été expulsé, sous peine de mort. Le cas s’est vu à la Réunion il y a quelques années.
3° La peine de mort. Quand elle est prononcée, le condamné, – je ne dis pas le coupable, – est invité à s’exécuter lui-même, en s’ouvrant le ventre ou en se tranchant les veines du cou. S’il s’y refuse, ce qui arrive quelquefois, un ou plusieurs compères sont chargés par le tribunal de cette exécution, besogne à laquelle eux-mêmes ne peuvent se soustraire. Et jamais la justice française n’arrive à découvrir quoi que ce soit dans ce genre d’exécution, comme cela s’est vu il y a peu de temps à l’occasion du meurtre d’un commerçant chinois à l’angle des rues Sylvain Roux et de l’Hôpital Militaire ici même à Tamatave.
J’abrège : jamais un Chinois ne travaillera dans un magasin qui n’appartiendra pas à un Chinois, ni jamais il ne prendra un employé qui ne soit pas chinois, à moins que ce ne soit quelques heures le soir pour tenir à jour sa comptabilité et sa correspondance en français.
Jamais un Chinois ne portera plainte contre un Chinois devant la justice française, ni ne le poursuivra pour dettes devant cette justice.
Le club chinois est une Bourse qui détermine le prix auquel les denrées seront vendues. Il achète en gros toutes les marchandises pour les céder à petit bénéfice à divers magasins chinois. Il discute les trucs à employer et les moyens de fraude et de recel qu’ils exécutent avec une adresse tout à fait… chinoise.
F.
(À suivre.)

Le Tamatave

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25 septembre 2015

Il y a 100 ans : Le péril jaune (1)

Nous recevons la lettre suivante dont nous recommandons tout spécialement la lecture.
Monsieur le Rédacteur du Tamatave,
Dans un de vos précédents numéros, vous avez publié des observations sur les Chinois et leur « nuisance » au milieu de notre population. Vous n’avez fait qu’entrevoir la vérité, mais de loin, car vous ne la connaissez pas en entier.
Vieux colon qui depuis mon enfance fréquente les Chinois, qui ai vu arriver dans le pays les premiers d’entre eux, et même dans ma jeunesse leur ai servi de teneur de livres et de secrétaire, je me permets de venir vous mieux renseigner.
Le Chinois est une race à part qui jamais ne s’assimilera à la nôtre et n’aura jamais notre mentalité. Depuis la République, il s’habille comme nous et se donne un vernis de notre civilisation. Mais tout cela est tout à fait superficiel et de pure convenance. Grattez ce vernis et suivez le Chinois chez lui ou à son club, et vous retrouverez le Chinois pur, tel qu’il est, tel qu’il a été jusqu’ici et tel qu’il sera toujours, sans se fondre jamais avec une autre race. En quelque partie du monde qu’il aille s’établir, il apporte avec lui ses mœurs, sa mentalité, ses coutumes, ses lois.
Dans un club qui lui servira de temps et de lieu de réunion, – car un Chinois, bien qu’arrivé seul dans un pays, est bientôt suivi de nombreux congénères, – dans ce club, dis-je, il installera un tribunal composé de notables, qui le jugeront, le cas échéant, suivant les lois et coutumes chinoises, sans appel, sans que jamais il puisse éluder l’exécution des sentences prononcées contre lui, et surtout sans que jamais, au grand jamais, la justice du pays dans lequel il se trouve arrive à découvrir les auteurs de la sentence ou même celui ou ceux qui l’ont exécutée, quand c’est la peine de mort qui a été prononcée.
Laissant de côté les condamnations que j’appellerai civiles, le tribunal chinois peut prononcer les peines criminelles suivantes : 1° la « cadouille » ou bastonnade ; 2° l’expulsion ; 3° la peine de mort.
F.
(À suivre.)

Le Tamatave

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19 septembre 2015

Il y a 100 ans : Séance du Comice agricole au Gouvernement Général (5)

(Suite et fin.)
Son représentant sur les lieux, M. Royet, qui dirige les travaux d’installation de cette usine, est appelé sur l’heure pour donner quelques explications.
Il fait connaître que, pour remplacer la turbine qui n’a pu être expédiée, il a imaginé une roue hydraulique dont il a établi les plans, et il a remis ces plans aux ateliers de construction de M. Éline avec lequel il s’est entendu pour que cette roue hydraulique fût exécutée avant le mois de septembre prochain. Si cela se réalise, le Gouverneur Général fait observer que l’inauguration de cette usine pourrait avoir lieu en même temps que la pose de la première pierre des travaux du port.
Quelques membres se montrent sceptiques et disent qu’ils s’estimeront satisfaits si cette usine est terminée pour le mois de janvier prochain.
Plus heureux, les colons de l’Ivondro, sans avoir appelé l’Administration à leur aide, et surtout sans avoir grevé d’un centime le budget de la colonie, se trouvent pouvoir disposer d’une usine due à l’initiative privée, et par là même construite avec toute l’économie possible, en même temps qu’avec tous les perfectionnements connus.
9° La cochenille, fléau des caféiers. Plusieurs membres font observer que la production du café, qui prend un si grand développement dans notre colonie, se trouve menacée sérieusement par une invasion de cochenilles qui détruisent les caféiers.
M. le Gouverneur dit qu’il a spécialement recommandé au service compétent de rechercher les moyens d’enrayer ce fléau et de faire connaître, quand il l’aurait trouvé, le remède efficace en même temps qu’économique.
Il est question d’introduire dans la colonie une variété spéciale de coccinelles qui détruisent les cochenilles. Mais en attendant il convient de trouver un moyen de détruire directement cet insecte.
Un membre indique que quelques États de l’Amérique du Nord ayant été ruinés par des fléaux de cette nature, le gouvernement fit rechercher des moyens de les combattre. Un procédé ayant été trouvé et reconnu le plus efficace, en même temps que le plus économique, une loi de l’État en a imposé l’usage à tous les planteurs.
 Le Tamatave

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18 septembre 2015

Il y a 100 ans : Séance du Comice agricole au Gouvernement Général (4)

(Suite.)
Quel est le colon qui, employant des Malgaches, n’a pas à se plaindre presque journellement de leur manque de parole ou de quelque indélicatesse de leur part ? Et, pour le prémunir contre tout cela, quelles armes lui a données l’administration chargée de le protéger ? Le conseil d’arbitrage !!! Quelle amère dérision !!!
En résumé, cette institution qui théoriquement paraît excellente s’est montrée, dans la pratique, aussi vexatoire que possible pour le colon, pour qui, au lieu de quelque utilité, elle est au contraire une sorte de « diminutio capitis », le mettant à la merci des indigènes, sans réciprocité possible. Pour rendre son application équitable, il faudrait changer, du tout au tout, la mentalité, les mœurs, l’état civil, etc., des indigènes. Plusieurs générations sont nécessaires pour cela, et un décret ne saurait suffire. En attendant… pauvres colons !!
Il n’est pas possible, disent MM. les avocats, d’infliger une amende à l’indigène qui porte une plainte sciemment fausse contre son employeur.
Est-ce que, dans notre législation française, la loi ne prononce pas une amende contre le plaideur obstiné qui fait appel contre une sentence que la cour reconnaît bien fondée ?
Et ce qui existe pour les citoyens français ne pourrait pas être appliqué aux Malgaches ?
Ce que je disais plus haut est donc la vérité. La possibilité d’une punition éloignerait bien des plaideurs de mauvaise foi, la crainte étant le commencement de la sagesse. Dès lors, le nombre des clients diminuerait.
8° Usine au Jardin d’essai de l’Ivoloina. Un membre fait observer que l’achèvement de cette usine, destinée à la préparation des produits de la région, avait été promis pour le mois de décembre de l’année dernière. Plusieurs mois se sont écoulés depuis cette date et non seulement l’usine n’est pas terminée, mais encore les travaux ont l’air d’être arrêtés complètement.
Le chef de la Colonie répond que c’est encore là un des méfaits de la guerre. C’est une force motrice hydraulique qui doit faire fonctionner cette usine. Or c’est par suite de la guerre que l’entrepreneur n’a pu recevoir la turbine qu’il avait commandée à cet effet.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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15 septembre 2015

Il y a 100 ans : Séance du Comice agricole au Gouvernement Général (3)

(Suite.)
Il demande la construction d’un escalier de petites dimensions, sur l’un des côtés du débarcadère, latéral au fleuve, et en permettant l’accès quel que soit le niveau des eaux.
M. Bournel, chef du service régional en l’absence de M. Bernard, est appelé et, après explications, il reçoit un crédit demandé de 200 fr. et des instructions pour que, dès le lendemain, le hangar soit édifié et l’escalier construit.
(Ajoutons en passant que ce débarcadère monumental, mais inaccessible, eût suffi aux besoins du transit avec le tiers de ses dimensions.)
7° Conseil d’arbitrage. Monsieur le Président du Comice agricole fait observer que de nombreux indigènes abusent des facilités que leur offrent les conseils d’arbitrage pour faire comparaître devant eux des colons qu’ils veulent em… nuyer, en les obligeant à de coûteux déplacements et une sensible perte de temps. Il demande s’il ne serait pas possible de punir leur mauvaise foi, chaque fois que celle-ci serait établie.
M. le Gouverneur partageait tout d’abord cette manière de voir ; mais, ayant consulté à ce sujet les maîtres du barreau qui se trouvaient parmi les membres du Comice agricole, ceux-ci ont opiné qu’aucune sanction légale n’était possible en la circonstance, car l’indigène menacé d’être l’objet d’une poursuite, dans le cas où sa demande serait rejetée, hésiterait à se pourvoir devant le conseil d’arbitrage, alors même qu’il se croirait en droit de le faire. Cette opinion se conçoit de la part de ces MM. qui verraient déserter de leurs cabinets tous ceux dont les droits ne seraient pas bien établis.
Quelques membres ayant signalé les anomalies que présente l’institution du conseil d’arbitrage, M. le Gouverneur Général promet de les mettre à l’étude.
Telle qu’elle est, cette institution de profite, en effet, qu’aux indigènes qui en usent et en abusent. Que ces derniers soient pour les avocats de bons clients, c’est possible. Mais combien décevante pour le colon se présente cette institution. Lui, le colon, il a un nom connu et un domicile fixe. L’indigène, par contre, n’a pas de domicile connu, et encore moins de nom fixe. Botohava ou Botokel chez vous, il sera Rakotomanga ailleurs et par suite insaisissable.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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14 septembre 2015

Il y a 100 ans : Séance du Comice agricole au Gouvernement Général (2)

(Suite.)
Ce travail sera d’autant plus facile à exécuter que non seulement les études en ont été consciencieusement faites depuis déjà bien longtemps, mais qu’il a déjà été exécuté en partie, commencé par un chef de service, naturellement interrompu par son successeur, puis repris et abandonné suivant le caprice du moment, offrant ainsi à l’admiration de nos sujets malgaches un parfait échantillon de notre gâchis administratif dans la région de Tamatave.
3° Assainissement de la plaine de Tamatave. Cet assainissement est en voie d’exécution au moyen de la main-d’œuvre pénale, et se continuera jusqu’à complet achèvement. Nous n’avons qu’à attendre.
Il n’a pas été question du reboisement de la plaine. À ce sujet nous avons reçu d’un de nos lecteurs une lettre que nous publierons prochainement.
4° Le port. Si les travaux n’en ont pas encore été commencés, la faute en est uniquement à la situation actuelle, grâce à laquelle les matériaux nécessaires n’ont pas pu être expédiés à temps.
Ces matériaux ont pu enfin être embarqués il y a peu de jours et seront rendus à Tamatave dans la deuxième quinzaine d’août.
Par suite, la pose de la première pierre à laquelle M. le Gouverneur Général viendra procéder pourra avoir lieu dans les commencements du mois de septembre.
5° Le canal d’Ivondro à Tamatave. Dès que les formalités d’enquête commodo et incommodo, ainsi que les expropriations nécessaires, seront terminées, et qu’en outre les murs des quais du port seront à hauteur suffisante pour retenir les remblais, de façon qu’ils ne soient pas emportés par les eaux, commencera le percement de ce canal, dont les terres, comme chacun sait, doivent servir à former le terre-plein du port.
Là aussi, il n’y a plus qu’à attendre.
6° Le débarcadère sur l’Ivondro, à la gare de Mahatsara. Ce débarcadère, aux dires des T. P., serait terminé et il ne manque plus que d’édifier le hangar qui doit l’abriter et dont les matériaux sont sur place.
Monsieur le Président du Comice agricole fait remarquer que la première marche de ce débarcadère est à une telle élévation au-dessus des eaux ordinaires qu’on ne peut l’aborder qu’aux très grosses eaux, ce qui ne se présente qu’accidentellement.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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12 septembre 2015

Il y a 100 ans : Séance du Comice agricole au Gouvernement Général (1)

Mercredi dernier à 15 heures, les membres du Comice agricole de Tamatave, spécialement convoqués par M. Garbit, se sont réunis sous sa présidence au Gouvernement Général.
En les remerciant d’avoir répondu à son appel, le Chef de la Colonie leur a dit combien il était heureux de se trouver au milieu d’eux pour pouvoir discuter contradictoirement les questions intéressant la région de Tamatave.
Il a été répondu que c’étaient au contraire les membres du Comice qui étaient heureux du vif intérêt que le Chef de la Colonie apportait aux questions auxquelles était lié l’avenir de la région.
Les questions traitées sont les suivantes que nous résumons le plus possible.
1° Route de Tamatave à Melville, en quatre lots, dont la construction des deux premiers a été adjugée à M. Poggioli. Celui-ci explique le retard apporté dans cette construction par le manque de main-d’œuvre.
La construction du 3e lot est en cours, ayant été confiée à de petits tâcherons.
Le 4e lot devait être adjugé le lendemain jeudi, et il l’a été à M. Charles, l’entrepreneur bien connu. Melville étant encore loin du Fanandrana, par la vallée duquel cette route doit remonter vers le centre de l’île, des études ultérieures feront connaître si c’est par la rive droite ou la rive gauche qu’elle doit remonter le cours de l’Ivondro.
Il restera deux ponts importants à installer. Il sera appelé plus tard à leur adjudication.
Au sujet de voies de communication, M. Garbit fait observer que, lorsque le pays s’y prête, les voies les plus économiques sont les voies fluviales, coûtant très peu à établir et surtout à entretenir, alors que les routes, dans un pays tourmenté comme Madagascar, coûtent très cher et exigent un entretien hors de proportion avec les services qu’elles rendent. Seules les voies ferrées ne grèvent pas le budget par leur entretien, et donnent au contraire des bénéfices.
2° Canal au nord de Tamatave. C’est en vertu de ce principe que le canal dit des Pangalanes, venant du Sud à Tamatave, sera continué de cette dernière ville vers le Nord, permettant un débouché aux riches vallées qu’il doit traverser.
(À suivre.)

Le Tamatave

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10 septembre 2015

Il y a 100 ans : Monsieur le Gouverneur Général à Vatomandry (5 et fin)

(Suite et fin.)
« Messieurs, je lève mon verre à la santé de Monsieur le Gouverneur Général Garbit, à celle de ses dévoués et fidèles collaborateurs, à celle de notre distingué chef de province ; je bois au succès final de nos vaillantes et héroïques armées, à la victoire, au triomphe de la civilisation sur la barbarie.
« Messieurs, Vive la France et la République. »
Monsieur Guenot, au nom de la Colonie britannique, en quelques paroles senties, se mit à l’unisson, son discours fut souligné par de nombreux applaudissements.
Monsieur le Gouverneur Général, qui pendant le cours des discours donna à plusieurs reprises le signal des applaudissements, remercia éloquemment l’assistance de la brillante et chaleureuse réception qui lui était faite par la population, se disant particulièrement touché des sentiments patriotiques exprimés et qu’il était heureux de voir la Colonie britannique se joindre, en cette circonstance, à ses compatriotes.
Il expose les grandes lignes de son programme administratif, faisant ressortir qu’il s’attachait tout spécialement à prendre des mesures non seulement pour empêcher l’arrêt de la vie économique, mais encore faisant tout le nécessaire pour en augmenter l’essor.
Avant de se retirer, Monsieur Garbit d’entretint longuement avec toutes les personnes présentes ; il manifesta sa satisfaction de voir une union si parfaite en regrettant que son temps limité ne lui permette pas de visiter les nombreuses exploitations de la province.
Le soir, dîner officiel où il avait convié les représentants de la population.
Le lendemain, malgré l’heure matinale (5 heures et demie) de son départ, la population européenne se trouvait réunie à l’appontement pour le remercier de sa visite et lui souhaiter un prochain retour.
Monsieur le Gouverneur Général Garbit a produit sur la population de Vatomandry une profonde et sympathique impression, impression qui ne fera certainement qu’aller en augmentant par la réalisation des promesses qu’il a faite.
Nous résumons en quelques mots : brillante et enthousiaste journée où, c’est le cas de le dire, tout fut pour le mieux dans le meilleur des mondes.
P. Gamonet, Directeur des plantations Maurice Robin, Vatomandry.
Le Tamatave

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9 septembre 2015

Il y a 100 ans : Monsieur le Gouverneur Général à Vatomandry (4)

(Suite.)
« Depuis plus de onze mois, nos affaires sont entravées, la vie économique est paralysée ; mais qu’est-ce que cette gêne, cette entrave, auprès des souffrances, des angoisses, des crimes que supportent héroïquement huit de nos départements et des meilleurs, qui sont encore foulés par les Teutons qui brûlent, assassinent, violant, dévastant et anéantissant tout sur leur passage.
« La France, sans provocation, attaquée traîtreusement par un ennemi qui se prépare depuis quarante-quatre ans à l’anéantir, ne veut pas mourir. Luttant pour la justice et le droit, la France républicaine, le pays de la révolution, des idées généreuses, le foyer du progrès, de la civilisation et de la science, ne peut être vaincue.
« Nos amis, nos parents, nos frères et tous les êtres qui nous sont chers luttent héroïquement aux frontières, faisant noblement le sacrifice de leur vie pour la défense du patrimoine national et pour nous conserver, nous les coloniaux, à la mère-Patrie.
« Bientôt l’heure va sonner où, sous le haut commandement du vainqueur de la Marne, notre Joffre, avec les Sarail, les Galliéni, les Dubait, les Pau, les Maunoury, les Castelnau, les Foch, etc., les armées forgées par la République rejetteront dans leur Germanie diminuée les hordes teutonnes qui souillent notre sol, dans cette Allemagne militarisée, soumise et humble au pied de son maître le Kaiser, dans ce territoire de sauvages, où les armées des peuples civilisés et affranchis écraseront à tout jamais le militarisme prussien pour le triomphe de l’humanité, de la justice, du droit, et l’établissement solide et définitif de la paix universelle. Aussi, nous sommes fiers de voir deux de nos anciens Gouverneurs Généraux à l’avant-garde de la défense nationale, l’un, M. Victor Augagneur, à la tête du ministère de la Marine, l’autre, le général Galliéni, au Gouvernement militaire de Paris.
« Je croirais faillir à la mission qui m’a été confiée si, avant de terminer, je n’adressais au nom de la population un salut cordial aux colons de Vatomandry partis ou qui luttent vaillamment sur le front, je salue respectueusement en son nom et m’incline profondément devant ceux tombés en héros au champ d’honneur.
 (À suivre.)

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 30 titres parus à ce jour.

8 septembre 2015

Il y a 100 ans : Monsieur le Gouverneur Général à Vatomandry (3)

(Suite.)
« Nous sommes profondément touchés du haut témoignage de sympathie que vous avez bien voulu nous donner en acceptant, malgré la nécessité de votre présence à Tananarive, notre invitation ; ce témoignage, joint à la sollicitude bienveillante et éclairée dont vous n’avez jamais cessé d’entourer tout ce qui a trait au développement économique de la colonie, nous sont de sûrs garants que vous accueillerez favorablement les desiderata qui vous ont été exposés par nos corps constitués et que je résume en quelques mots :
« Construction d’un pavillon destiné à recevoir à l’hôpital les Européens, – meilleur approvisionnement en médicaments des postes médicaux, – lutte énergique contre l’avarie des indigènes, grande cause de dépopulation, – solution définitive de la question de la nouvelle ville, – construction d’une école européenne et des bâtiments de la douane, – feu du port, – établissement de gués aux passages des ruisseaux, – ouverture du bureau de poste à l’Ilaka aux mandats, – son rattachement par fil à la ligne de Vatomandry-Mehenoro, – répression du vagabondage, – cession de main-d’œuvre pénale aux agriculteurs, – création d’une justice de paix à compétence étendue, – crédit agricole, – recherche méthodique des moyens pratiques et efficaces pour lutter contre les cochenilles et le noircissement des cabosses de cacao, – interdiction absolue comme produit alimentaire de la vanilline dite végétale, en exigeant que le fabricant employant ce produit le fasse connaître au consommateur par des étiquettes portant la mention Parfumé à la vanilline artificielle et non la simple mention de Vanilline.
« La réalisation de ces desiderata permettra à notre chère et belle province de Vatomandry de prendre un essor nouveau et d’occuper dans la vie économique de Madagascar la place qu’elle mérite par la richesse de ses produits naturels agricoles et miniers.
« Aussi, Monsieur le Gouverneur Général, nous augurons beaucoup de votre passage parmi nous.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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7 septembre 2015

Il y a 100 ans : Monsieur le Gouverneur Général à Vatomandry (2)

(Suite.)
À 4 heures et demie, il se rendit au vin d’honneur que lui offrait la population, réunion pendant laquelle la plus franche cordialité n’a cessé de régner et, aux applaudissements unanimes des assistants, M. Agron prononça le discours suivant :
« Monsieur le Gouverneur Général,
« C’est pour moi aujourd’hui un réel plaisir que d’avoir, au nom de la population tout entière de Vatomandry, à vous remercier de l’honneur que vous avez bien voulu nous faire en venant visiter notre province.
« Nous sommes d’autant plus flattés de la bienveillante marque de sollicitude que vous venez de nous donner que, dans les graves circonstances actuelles, vos instants n’ont jamais été aussi précieux.
« Si l’union, si désirable à la marche du progrès, a parfois fait défaut aux colons de Vatomandry, comment aurions-nous pu rester indifférents au grandiose exemple d’union sacrée que nous donne en ce moment notre chère et noble France où, sans distinction d’opinions politiques ou religieuses, tous les partis marchent avec un ensemble parfait qui en impose à l’univers entier, la main dans la main pour la défense de la Patrie et font bloc derrière notre Gouvernement.
« Aussi, Monsieur le Gouverneur Général, voyez-vous réunie autour de vous une assistance aussi nombreuse que brillante ; les absents sont sous les drapeaux.
« Nous aurions été on ne peut plus heureux si votre temps vous eût permis de visiter nos exploitations, de vous rendre compte par vous-même de l’effort fait par nos colons et de vous convaincre que notre province est digne de la sollicitude des pouvoirs publics. Commerçants, prospecteurs ou planteurs, dans des sphères différentes, tous, nous contribuons au développement économique du pays, en travaillant à sa mise en valeur.
« Aussi, je n’hésite pas à dire sans crainte d’être taxé de vaine jactance, que l’on jette un coup d’œil sur l’œuvre accomplie depuis l’occupation, on constate avec plaisir, avec joie, que la France a le droit d’être fière de ses enfants, véritables pionniers de la colonisation.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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6 septembre 2015

Il y a 100 ans : Monsieur le Gouverneur Général à Vatomandry (1)

On nous écrit de cette ville :
Le 17, vers 6 heures du soir, Monsieur le Gouverneur Général Garbit, accompagné de M. Girod, Directeur des Travaux Publics, de M. Grandjean, son secrétaire particulier, et de M. Grise, chef de la province, aux acclamations de la population tout entière, débarquait à l’appontement de Vatomandry. Après avoir serré la main aux personnes présentes, il s’entretint cordialement avec chacune d’elles et gagna les appartements de la Résidence.
Journée du 18. – À neuf heures du matin, réception des notables et fonctionnaires indigènes qui causèrent longuement avec Monsieur le Gouverneur Général. Réception de la colonie européenne ; le cordial contact de la veille ne fit qu’aller en s’augmentant et la sympathie manifestée au chef de la Colonie fut on ne peut plus franche et sincère.
Réception des corps constitués à laquelle assistait toute la Colonie européenne. Le discours de bienvenue fut prononcé par M. Dauvergne, président de la Chambre consultative ; en un magnifique exposé, il mit Monsieur le Gouverneur Général au courant des travaux tant miniers qu’agricoles qui furent faits dans la province et de la marche ascendante de la prospérité de Vatomandry.
En quelques mots, Monsieur le Gouverneur Général remercia M. Dauvergne au nom de la population.
Ensuite, les présidents de la Chambre consultative et du Comice agricole lui exposèrent les desiderata de la province que Monsieur Garbit écouta avec la plus grande bienveillance et il solutionna sur le champ plusieurs questions telles que : construction d’un pavillon pour recevoir à l’hôpital les Européens, création d’un bureau de poste, bâtiments de la douane, etc., etc.
L’après-midi, le Gouverneur Général, accompagné de toute la population, fit la visite de la ville, trancha pendant cette tournée quelques questions concernant l’affectation de certains bâtiments des services administratifs. Il visita l’école indigène où un jeune élève lui adressa, sans la moindre gêne, un compliment plein d’à-propos et des mieux tourné. Discrètement, Monsieur le Gouverneur Général lui remit une gratification. La presse, qui a des yeux partout, cette bavarde, qui sait tout, espère que Monsieur le Gouverneur Général voudra bien l’excuser si elle froisse sa modestie.
(À suivre.)

Le Tamatave

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4 septembre 2015

Madagascar dans la rentrée littéraire (3) Michaël Ferrier

Photo C. Hélie Gallimard

Y a-t-il longtemps que Madagascar compte dans votre vie ?
C’est à Madagascar que j’ai appris à lire, à écrire, à compter. J’ai passé une grande partie de mon enfance à Antananarivo, à Mahajanga, à Nosy Be aussi. Mon père est né à Madagascar, toute ma famille du côté de mon père et, ensuite, j’y suis retourné très souvent. Aujourd’hui, j’ai encore de la famille à Madagascar, mais plus éloignée. Mes oncles et mes tantes sont partis soit vers la France, soit vers la Réunion ou d’autres pays. Mais j’y ai passé beaucoup de temps.
Vous vivez depuis une vingtaine d’années au Japon, une grande île, comme Madagascar. Y a-t-il des rapprochements à faire entre les deux pays ?
Je pense qu’il y a un lien quelque part. Il y a le lien de la langue puisque, selon les spécialistes, la langue malgache et la langue japonaise font partie d’un même groupe linguistique. Par ailleurs, j’invite souvent des écrivains créoles à l’université, des écrivains de l’océan Indien mais pas seulement. Et on découvre avec étonnement qu’il y a des affinités électives entre la Réunion, Madagascar et l’archipel japonais. C’est un gigantesque chantier, seulement esquissé depuis une quinzaine d’années, qui est la question de la créolisation au sens où l’entend Edouard Glissant.
Saviez-vous depuis toujours que vous alliez écrire sur Madagascar ?
Oui, c’était évident. Parce que ça vient de l’enfance, de très loin. C’est très profond et, plus c’est profond, plus ça remonte fort au bout d’un moment.
Cependant, cela a mis du temps. Pourquoi maintenant ?
C’est une question difficile. Il y a longtemps, plus de dix ans, que le roman est en gestation. Pourquoi maintenant ? Peut-être parce que j’arrive à la cinquantaine. Ecrire sur sa famille, ce n’est jamais facile, parler de gens qui ont été vivants et qui le sont toujours pour certains, ce n’est jamais évident. Même lorsque l’on en dit du bien, il y a toujours une part de violence parce que l’image qu’on se fait de soi-même n’est jamais celle qu’on retrouve dans un livre. Donc, il y fallait un peu de maturation, peut-être de maturité même si je ne pense pas être arrivé à un grand degré de maturité. Mais, en tout cas, ça fait longtemps que ça travaille et ça surgit au moment où ça doit surgir, sans doute.
Vous ouvrez Mémoires d’outre-mer par l’image de trois tombes au cimetière de Mahajanga. Elles y sont vraiment ?
Oui, elles sont là. Elles ne sont pas toujours faciles à trouver, parce le cimetière est assez grand et il était, la dernière fois que je l’ai vu, il y a quelques années, assez mal entretenu. Une fois qu’on connaît l’emplacement des trois tombes, très blanches, elles prennent toute la place.
Ces trois tombes sont très importantes, elles vous permettent de décrire le décor, la lumière. Et il y, jusqu’à la fin du roman, une interrogation, sur l’une d’elles puisqu’on ne sait pas qui y est enterré.
Oui, c’est un peu une structure de roman policier, sans que ce soit une base trop importante. Il y avait d’autres choses à dire sur Madagascar et sur ces personnages. Mais, à la fin, la résolution de l’énigme est typique d’un roman policier, puisqu’elle ne résout rien.
Un des deux récits qui traversent le roman est l’enquête du narrateur sur son grand-père. Ce narrateur, c’est vous sans être vous ?
Oui, c’est un roman. Je ne voulais pas en faire une saga familiale ou un pèlerinage, même s’il y a cette dimension dans le livre. Je voulais donc briser la chronologie et montrer la complexité, la richesse de l’océan Indien qui est un espace multiple, un espace pluriel, d’une grande diversité. J’ai essayé de montrer cet espace d’échanges, de rencontres, avec des temporalités et des territoires qui s’enlacent, qui se superposent, qui s’opposent quelquefois. Le cirque et l’acrobate se prêtaient bien à cela puisque le narrateur jongle avec plusieurs histoires qui viennent s’intercaler de temps en temps.
Autour de Maxime Ferrier, le grand-père, il y a une foule de personnages. Son ami Arthur, bien sûr, dans la tombe d’à côté, et tout le reste du cirque. Avez-vous retrouvé leurs noms ?
J’ai changé quelques noms pour montrer quand même que c’était une fiction. Mais le nom de mon grand-père était bien Maxime Ferrier, y compris dans toutes ses déclinaisons. Ces gens n’ont pas laissé des traces institutionnelles très fortes, c’étaient des saltimbanques, et j’ai reconstitué beaucoup de choses.
La patronne du cirque est un personnage assez étonnant…
Oui, et très moderne. C’était une femme de tête qui menait son cirque à la baguette et qui, en même temps, l’a abandonné sans vergogne. Il y a des personnages assez hauts en couleurs, qui ont tous existé mais qui n’ont pas laissé beaucoup de traces. C’est un aspect qui m’intéresse, et que j’ai creusé dans un livre précédent, Sympathie pour le fantôme, à propos de personnages un peu oubliés de l’Histoire de France.
Les a-t-on oubliés parce qu’ils n’appartenaient pas à l’Hexagone et qu’on oublie souvent l’outre-mer ?
Nous vivons des temps où le repli sur soi est très important, où la peur et la frilosité semblent gagner toute l’Europe. Nous vivons des temps, aussi, où l’appartenance plurielle semble être un problème plus qu’un atout. C’est quand même tout à fait étonnant. Quand on appartient à plusieurs cultures, à plusieurs langues, quand on a grandi, vécu dans un espace pluriel, on est riche de cette diversité-là. Or il semble qu’aujourd’hui c’est l’inverse, on fait des regroupements par nation, par culture. Ces regroupements me semblent inopérants pour penser le monde dans lequel nous vivons. Et, là, nous avons quelque chose à apprendre de l’océan Indien.
A travers le roman, vous faites d’ailleurs passer quelques idées…
Oui, ce n’est pas un essai mais une des idées qui me tiennent à cœur c’est que l’océan Indien préfigure ce qu’on appelle aujourd’hui la mondialisation…
Un espace expérimental ?
Voilà : c’est un espace expérimental, qui tient une place si minorée non seulement dans la littérature française mais dans bien d’autres domaines, et qui a beaucoup de choses à nous apprendre. Il est porteur de propositions concrètes dont on ne tient pas assez compte à notre époque.
Madagascar colonie française, c’est-à-dire le régime qu’a connu Maxime pendant une longue période de sa vie, était aussi un pays où, écrivez-vous, les Malgaches n’avaient pas leur place.
Je me suis beaucoup documenté pour ce livre et, curieusement, il y a peu de choses qui ont été écrites sur le sujet. C’est la même chose pour le Projet Madagascar, évoqué souvent de manière partielle alors qu’il y a là quelque chose qui nourrit tout l’imaginaire du 20e siècle, du point de vue des races, de la spatialisation des problèmes.
Le Projet Madagascar, si on ne le sait pas, était le plan nazi de déportation des Juifs européens vers l’île de l’océan Indien, avant l’application de la Solution finale. Mais, quand les lois de la France sous Pétain s’appliquant aux Juifs de Madagascar, on en trouve vingt-six !
Oui, et cela n’empêche pas de les pourchasser. Cela nous en apprend beaucoup sur l’antisémitisme, qui est un délire. Un délirant n’a pas besoin d’avoir un objet très précis pour délirer. Ce qui est amusant, pour moi qui suis au Japon, c’est de découvrir que le Japon a développé aussi un antisémitisme pendant la Seconde Guerre mondiale alors qu’il y avait également très peu de Juifs.
Vous posez la question dans le livre : sait-on pourquoi les gens s’en vont ? Avez-vous répondu pour vous-même à cette question ?
Non, et je pense que, le jour où j’arriverai à y répondre, il sera peut-être temps de revenir. Il y a un mystère là-dedans : on part pour partir, finalement, c’est assez rimbaldien comme attitude. Ceux qui partent pour une raison précise, que ce soit pour faire de l’argent ou pour rejoindre quelqu’un, finissent par boucler la boucle. Mais il y a, et ce sont les gens que j’évoque, des aventuriers qui partent pour partir. C’est le mouvement même de la course qui les intéresse, plus que la destination. Je suis sensible à cette trajectoire : on part, et on ne sait pas quand on reviendra, si on revient jamais.
C’est la question annexe : sait-on pourquoi les gens restent, comme Maxime Ferrier est resté ?
Il y a quand même une réponse évidente, en tout cas pour moi au Japon : on reste parce qu’on est bien.
Vous décrivez, pendant la Seconde Guerre mondiale, Maxime Ferrier comme un possible, ou probable, résistant : des ponts qui sautent sur la Betsiboka, la radio… Cela m’intéresse, le moment où la petite histoire, l’histoire des gens, rencontre la grande Histoire – avec sa grande hache, comme disait Perec. La grande tragédie rencontre les drames individuels. Dans le cas de Maxime, c’est exactement ça, il est arrivé à un moment de sa trajectoire où tout va assez bien mais où il va éprouver le besoin de lutter contre cette ignominie pétainiste. Il lutte à sa manière et c’est ça qui précipite sa chute tout en faisant que sa trajectoire est belle. C’est l’acrobate : il va jusqu’au bout de la volte, et peu importe le prix à payer. Il est vertigineusement libre, cet homme, c’est ça qui m’a fasciné.