27 juin 2019

Il y a 100 ans : Il faut des ports et un réseau routier à Madagascar


Du cap d’Ambre au cap Sainte-Marie, nous ne trouvons que quatre ports actuellement accessibles aux paquebots : Nossi-Bé, Analalava, Majunga et Tuléar.
Les bateaux des Messageries Maritimes s’arrêtent quelquefois à Maintirano, Morondava et Ambohibé, mais il est à peine besoin de dire qu’ils mouillent au large, en rade foraine, et que les communications avec la terre, difficiles par beau temps, deviennent impossibles par mer houleuse.
Nossi-Bé est situé à plus de 36 kilomètres de la Grande Terre, c’est-à-dire que les produits d’exportation de ou pour Madagascar sont grevés de frais supplémentaires de transport et nécessitent une organisation spéciale et coûteuse pour les colons.
La question commerciale reste donc entière pour cette partie de Madagascar, puisqu’en dehors de la zone purement côtière, le commerce ne dispose d’aucun moyen pratique pour se créer des débouchés.
Il en est le même pour Analalava. Le port est suffisant, mais il n’existe aucune route de pénétration économique. Si nous longeons la côte entre Majunga et Tuléar, nous voyons qu’il n’existe pas de port digne de ce nom.
La province de Tuléar est plus avantagée ; en dehors de son port, qui peut être facilement amélioré, elle possède quelques voies de pénétration vers l’intérieur du pays.
À première vue, il peut apparaître que la Côte-Est est privilégiée au point de vue maritime.
Il faut cependant constater que, de Tamatave à Fort-Dauphin, les ports signalés sont beaucoup plus des rades foraines que des ports.
Toutes les opérations commerciales y sont difficiles, sinon impossibles, par gros temps. Mais la nature a corrigé par ailleurs ce qu’elle offrait là de défectueux. Il existe, en effet, disposés tout le long de la côte, une série de lagunes, de lacs intérieurs qui, reliés les uns aux autres, formeront une voie navigable parallèle à la mer.
La substitution de cette sorte de voie de communication fluviale à la voie maritime fera disparaître toutes les difficultés actuelles. Mais il faudrait, en même temps, constituer le réseau routier de pénétration, qui n’est encore qu’à l’état d’embryon, dans toute la région Est, en dehors de certaines grandes voies.
Le Tamatave



Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.

26 juin 2019

Il y a 100 ans : Casse-cou !


Sous ce titre alarmant, notre confrère madécasse, les Petites Affiches de Majunga, attire l’attention de ses lecteurs sur des faits vraiment bizarres, s’ils ne sont pas controuvés.
Ainsi, dans certains cercles et districts, les représentants du gouvernement général auraient tenu des kabary aux indigènes pour leur annoncer que, la guerre étant finie, la vie chère allait faire de même ; que tous les prix devant baisser, il était de leur intérêt de ne plus rien acheter pour le moment.
À ceux qui croient à cette ère nouvelle, que chacun désire évidemment, mais qui n’est malheureusement pas très proche, notre confrère croit devoir crier : casse-cou ! et nous ne pouvons que nous associer à cet avertissement. Car enfin, d’où qu’il vienne, le conseil de ne rien acheter, non seulement dupera les indigènes, mais encore paralysera le commerce de la Grande Île qui n’a pas besoin de ce nouveau coup d’assommoir.
L’intervention de l’administration dans cette affaire, si tant est qu’elle ait eu lieu, n’est rien moins qu’intempestive. Nous ne nous en étonnons d’ailleurs qu’à demi, car nous savons depuis longtemps, hélas ! que les quelques expériences tentées par l’État n’ont jamais eu que les pires résultats.
Affaire de compétence, sans doute.

L’administrateur-maire de Tananarive

L’administrateur-maire de Tananarive, M. du Chaxel, administrateur de 1re classe, remplira, à titre provisoire, les fonctions de chef de la province de Tananarive.

Vers à soie comestibles

De la Liberté :
Les bons citoyens s’ingénient à donner des solutions nouvelles pour l’alimentation des populations. M. Pierre Mille signale un plat excellent que les indigènes de Madagascar fabriquent avec des vers à soie. On fait beaucoup de vers à soie dans notre Midi, remarque notre confrère, ce serait une heureuse ressource pour notre alimentation. Oui, mais ce serait la ruine d’une grande industrie ! La consolation serait médiocre pour les femmes, surtout si, en dégustant un bon plat de chrysalides, elles savaient qu’elles dévorent leur propre robe ou leurs bas de soie…
Le Courrier colonial


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25 juin 2019

Il y a 100 ans : La Chambre consultative de Tananarive et la vie chère


Le dernier courrier de l’Océan Indien nous a apporté le compte rendu des travaux de la Chambre consultative de Tananarive : nous y voyons que le problème de la vie chère est à l’ordre du jour dans la Grande Île comme dans la métropole. La viande de boucherie et le riz, qui constituent la base de l’alimentation des habitants, sont à des prix presque inabordables.
On a monté une boucherie municipale à Tananarive, non sans difficultés, nos lecteurs s’en souviennent, mais elle est le plus souvent inopérante par suite du manque de personnel indigène suffisamment éduqué. En outre, comme cette boucherie ne livre aux acheteurs que de la viande de 1re qualité, les prix, augmentés des frais généraux, se trouvent supérieurs à ceux de la viande vendue par les bouchers indigènes.
Le riz brille d’autant plus par son absence que la consommation totale quotidienne, qui était de 10 tonnes, a passé à 60 tonnes sans qu’on puisse dire exactement pourquoi.
On ne peut donner plus de 1 kilo et demi de riz par jour et par ménage, quantité notoirement insuffisante si la famille est nombreuse ou si elle occupe un nombreux personnel. Enfin, les collecteurs de la province font concurrence aux collecteurs de la réquisition, ce qui raréfie encore plus le riz : comme ils ont l’emballage gratuit et peuvent revendre le riz qu’ils ont acheté, la réquisition ne donne plus aucun résultat.
Mais, en attendant, le coût de la vie augmente et la Chambre consultative de Tananarive serait heureuse que l’administration puisse apporter un remède efficace à cette situation.

Une conférence de M. Garbit

Nous apprenons avec plaisir que M. Garbit, gouverneur général de Madagascar et Dépendances, colonel d’artillerie coloniale, fera, le 16 courant à l’École Coloniale, sous la présidence de M. Paul Doumer, ancien gouverneur général de l’Indochine, sénateur de la Corse, une importante conférence.
Il sera traité de la participation de Madagascar à l’œuvre de défense nationale. Les auditeurs auront aussi la satisfaction d’entendre de précieux renseignements concernant l’avenir économique de la Grande Île.
Le Courrier colonial


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24 juin 2019

Il y a 100 ans : Chambre consultative de Mananjary à Madagascar


La Chambre consultative de commerce, d’industrie et d’agriculture de Mananjary, dans sa dernière réunion, sous la présidence de M. Venot, a approuvé le plan de campagne du fokonolona pour l’année 1919, mais a demandé que le tronçon de 4 km 500 de la route de Tsiatosika, dont les études sont faites, soit entrepris le premier. Ainsi, on aura une voie praticable et, en tout temps, accessible aux véhicules. Le tracé présente peu de difficultés et presque pas de travaux d’art ; la défense ne sera donc pas élevée.
Il y aura lieu de bien choisir les bois employés pour la construction des ponts et de se servir de préférence de la pierre qui se trouve généralement à pied d’œuvre. La dépense sera naturellement plus grande et nécessitera une augmentation de crédit, mais il y a tout avantage à construire des ponts de pierre qui dureront longtemps alors qu’avec les ponts de bois la circulation se trouve interrompue chaque année par suite de leur mauvais état. La main-d’œuvre prestataire serait plus utilement employée à la tâche, les journées de prestation étant toujours gaspillées, à telle enseigne que depuis vingt-trois ans, avec ce système, le service routier est dans un état déplorable.
Le Courrier colonial

Le lait

Ce n’est pas de la farine de manioc que certains laitiers peu consciencieux ajoutent au lait, mais bien du jus de manioc qui se mélange mieux et ne dépose pas au fond du récipient comme le ferait la farine.
Ce n’est qu’à la cuisson que le lait épaissit et trahit le mélange.
Ces laitiers n’ont pas à se gêner puisqu’il n’existe sur le lait aucun contrôle.

L’état sanitaire

Malgré l’extrême propreté qui règne en ville, l’état sanitaire est des plus mauvais. On constate de nombreux cas de fièvre dus sans doute à la chaleur intolérable qui sévit en ce moment à Tamatave.

Une agréable visite

On dit que le croiseur anglais Yacinthe viendra nous visiter vers la fin du mois d’avril. On croit qu’il restera dans les eaux de Tamatave 5 à 6 jours. Pour recevoir dignement nos fidèles alliés, des artistes amateurs de la ville ont bien voulu prêter leurs concours.
Il y aura bal, concert, etc.
Le Tamatave


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18 juin 2019

Il y a 100 ans : Joyeusetés coloniales (2)

(Suite et fin.)
Écœurés, ces honnêtes magistrats (il y en a encore) dévoilèrent la conspiration à M. Herriot qui démasque ses adversaires devant nos Pères conscrits et obtint, ce jour-là, un beau succès à la tribune du Sénat.
En même temps, les Lyonnais organisaient une grandiose manifestation en l’honneur de leur maire qui doit aux agissements de ses adversaires d’être plus populaire qu’il l’a jamais été dans sa ville.
C’est que les Lyonnais n’aiment guère que l’on touche à leur indépendance. Ils ne pardonneront pas à M. Augagneur d’avoir foncé sur leur maire avec la violence d’un zébu de Madagascar en fureur et ils se proposent bien de lui couper les cornes s’il ose de nouveau briguer leurs suffrages.
M. Augagneur était prévoyant quand il réclamait avec tant d’insistance une pension de retraite comme gouverneur général des colonies ; ce sera bientôt la seule consolation qui lui restera.
Chanteclair.
Le Courrier colonial

Exportations

Le paquebot Cordillère a embarqué dans notre port les marchandises suivantes pour Marseille : 6 792 kilos de mica, 582 kilos de vanille, 48 kilos de café en fèves, 16 kilos d’essence d’Ylang-Ylang, 5 361 kilos de pointes de cornes de bétail, 1 402 kilos de crin animal, 120 kilos de fécule d’arrow-root, 20 kilos d’essence vétiver, 166 kilos d’essence de géranium, 380 kilos d’essence de girofle, 740 kilos de rabanes, 1 166 kilos de farine de banane, 10 kilos de racines de sorindrano.
Par le vapeur Île de la Réunion du 24 février 1919.
1. Pour la Réunion : saindoux 2 262, salaison de porc 3 880, salaison de bœuf 495, café en fèves 692, raphia 574, rabanes 5 605, riz entier 778 274, maïs en grains 119 439, pois du cap 4 334, pistaches 693. Total 916 248 k.
2. Pour Marseille : billes d’ébène 75 000 k.

Le poisson

Les Malgaches marchands de poisson au Marché se refusent souvent à vendre le poisson au poids. Les acheteurs sont obligés pour obtenir satisfaction de les menacer de porter plainte à la police.
Le Tamatave


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13 juin 2019

Il y a 100 ans : Joyeusetés coloniales (1)


M. Augagneur, ex-gouverneur général de légendaire mémoire (ne mérite pas qui veut les surnoms de l’Homme au Canapé et de l’Invalide National), vient de jouer une partie qui lui coûtera son siège de député de Lyon. Aussi tourne-t-il déjà les veux vers les colonies dans l’espoir d’y découvrir une succession facile. En désespoir de cause, il demanderait que Madagascar, son ancien fief, soit représenté à la Chambre, persuadé que nos colons de la Grande Île l’éliraient à l’unanimité.
M. Augagneur a commis quelques gaffes dans sa vie ; inutile de les rappeler, nos lecteurs les connaissent toutes. Mais la dernière vaut d’être contée puisqu’elle risque de faire disparaître de la scène politique un homme qui joua longtemps les jeunes premiers et qui doit se résigner à ne plus être jeune sans avoir la consolation d’être premier, puisque notre Premier est M. Clemenceau et que M. Augagneur ne le remplacera jamais.
L’ex-gouverneur général de Madagascar a la phobie de ses prédécesseurs et de ses successeurs. Il fut le détracteur du général Gallieni et s’acharna après son successeur, M. Picquié, que cet acharnement maintint d’ailleurs à Tananarive beaucoup plus longtemps qu’il n’y serait resté sans les attaques du député de la Guillotière.
N’ayant plus rien à se mettre sous la dent, qu’il a de plus en plus mauvaise, M. Augagneur avait résolu de chercher noise à M. Herriot, son successeur à la mairie de Lyon ; il avait obtenu le concours du ministre du Travail, M. Colliard, comme lui député du Rhône. Tout un échafaudage de sournoises combinaisons fut édifié par les deux compères qui, pour mieux atteindre leur but, firent nommer à Lyon un préfet dont ils étaient sûrs.
Mais ce dernier alla un peu loin. Il promit de l’avancement à certains magistrats de Lyon s’ils consentaient à se faire les instruments du complot Augagneur-Colliard et à poursuivre le maire de Lyon, coupable d’avoir adouci pour ses administrés la rigueur des restrictions alimentaires, d’avoir enrayé la hausse des prix par des achats municipaux de bois, de riz, de légumes verts, en même temps qu’il faisait gagner aux budgets de la ville plusieurs millions dont bénéficiaient les œuvres de bienveillance.
(À suivre.)
Chanteclair.
Le Courrier colonial



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11 juin 2019

Il y a 100 ans : À la Poste de Tamatave


Si le service intérieur de la Poste est fait par le personnel européen d’une façon irréprochable, et mieux même que dans la capitale au dire de certains voyageurs, il n’en est pas de même du service extérieur fait par les facteurs indigènes. Soit qu’ils ne sachent pas suffisamment lire, soit qu’ils ne comprennent pas la signification des mots, ils se trompent souvent et portent lettres et journaux ailleurs que chez les destinataires.
Par exemple : Il y a quelque temps, le facteur de la rue du Commerce remit une lettre à un habitant de cette rue parce que ce dernier avait prénom Jacques, écrit sur l’adresse, comme celui à qui la lettre était destinée.
Une autre fois, il fut remis à un commerçant une lettre adressée à un consul parce que le mot commençait par un C. Enfin, les lettres et journaux arrivés par le dernier courrier de France, adressés à un habitant de la rue Amiral Pierre portant le même nom que celui de la rue Nationale, furent remis à ce dernier alors que l’adresse ne donnait lieu à aucune équivoque et mentionnait : rue Amiral Pierre.
On conçoit les ennuis et les soucis que causent de pareilles erreurs surtout lorsqu’il s’agit du courrier de France ou des lettres de soldats.
Ce n’est pas une raison, parce qu’on a eu affaire à des gens consciencieux qui ont remis lettres et journaux aux destinataires, pour ne pas attirer l’attention de la direction des Postes sur les facteurs malgaches qui ne connaissent pas leur métier.
Nous signalons ces faits à qui de droit, en espérant qu’il y sera mis bon ordre.

Le lavoir public

Un groupe de blanchisseuses nous fait observer que l’eau provenant du puits artésien dont il est question dans le projet d’adduction d’eau est saumâtre et par conséquent impropre à l’alimentation du lavoir public également projeté.
Nous faisons part de cette observation à qui de droit, en exprimant le vœu que des études soient faites immédiatement dans le but de savoir s’il est possible ou non d’amener par canalisation les eaux de source existantes dans le voisinage de Farafate.
Le Tamatave


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7 juin 2019

Il y a 100 ans : L’assiette de l’impôt à Madagascar


D’aucuns affirment, à tort ou à raison, que l’Administration, par sa façon de prélever l’impôt sur les Antaimoros, est la cause principale de l’instabilité de cette main-d’œuvre.
Nous avons déjà fait diverses fois allusion à cette situation.
Il existe cependant un remède simple et qui consiste dans l’unification de l’impôt perçu par les diverses provinces.
Ce moyen n’est pas nouveau et les colons ont réclamé à plusieurs reprises son application.
Pour ne pas payer 21 f. 50 à la Côte-Est, après un séjour d’un an, l’économe Antaimoro s’empresse de regagner sa province d’origine où il ne paye que 10 francs.
D’où, pour l’employeur, perte de plusieurs mois, en admettant même que l’Antaimoro prenne la peine de revenir !
Continuer, d’autre part, à faire payer 10 francs à l’un de ces travailleurs établis à la Côte-Est, quand tout le monde autour de lui payerait le double, constituerait une flagrante injustice.
Il n’y a donc bien qu’une solution : l’unification de l’impôt dans toutes les provinces.
On s’explique assez mal, d’ailleurs, que la taxe imposée à nos sujets dans les diverses parties de l’île soit aussi variable. Il y a, dans cette assiette tout à fait spéciale de l’impôt, quelque chose qui froisse le sentiment de l’équité si vif chez l’indigène.
Nous n’avons pas à chercher ici si la taxe personnelle des indigènes doit être augmentée ou diminuée. Chacune de ces mesures a de chauds partisans et d’irréductibles adversaires.
Nous demandons simplement l’égalité pour tous et ce que nous disons pour la taxe personnelle s’applique d’ailleurs aux prestations.
L’application de cette forme spéciale de l’impôt prestataire prête, à Madagascar, le flanc à toutes les critiques.
Le régime prestataire est mal conçu, souvent mal appliqué, presque toujours inégal. Il est le prétexte de toutes les concussions et de tous les abus des petits fonctionnaires indigènes.
C’est le triomphe des embusqués.
Il faut réviser complètement ce système de répartitions des charges auxquelles sont astreints les indigènes.
Le mauvais fonctionnement de l’impôt et des prestations n’est-il pas la principale cause de tous les malentendus politiques et de tous les malaises économiques ?
Le Tamatave



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5 juin 2019

Il y a 100 ans : Le graphite


M. le Gouverneur Général, qui sait affronter les initiatives et qui ne recule pas devant les responsabilités, vient de câbler de nouveau au département pour demander instamment que soit levée l’interdiction d’exporter du graphite de Madagascar en France.
Toutes nos félicitations.
D’autre part, nous pouvons affirmer que le câblogramme du ministre du 4 février 1919 annonçant le maintien de certaines restrictions sur les exportations du graphite aux États-Unis est certainement le résultat d’une erreur à moins qu’il ne soit le fait du nouveau Conseiller technique récemment attaché au Ministère !
L’exportation du graphite aux États-Unis est libre. La licence dont il est question n’a qu’un but de contrôle, mais est toujours accordée.
Mais il ne faudrait pas que M. Lebureau de Tananarive s’appuie sur le câblogramme ci-dessus, pour chercher des difficultés aux exportateurs munis d’une licence délivrée par le Gouvernement des États-Unis.

Citation

Eugène Boiron, sous-lieutenant 5e régiment d’infanterie coloniale : « Officier intrépide et plein d’allant. Au cours de l’attaque du 13 septembre, alors que la section était en soutien, le mouvement en avant de sa compagnie ayant été arrêté par des mitrailleuses, s’est porté spontanément en avant pour prendre à revers le nid de résistance, permettant ainsi à sa compagnie et à une unité voisine la reprise de la progression. »
Le sous-lieutenant E. Boiron est le frère de M. S. Boiron bien connu à Tamatave.

Nos tirailleurs à Coblence

Nos tirailleurs venus par bateau Bingen ont débarqué sur la rive gauche du Rhin. Ils ont passé le fleuve pour se rendre sur la rive droite, à Ems, occuper la tête du pont de Coblence.
Un jeune Allemand, sans doute officier prussien récemment démobilisé, affecte de dire en français à leur passage : « Ah ! voilà les sauvages avec lesquels les Français ont la prétention de vouloir imposer à leur culture à l’Allemagne. — Apprenez, lui répond aussitôt un Français, que ces soldats, qui se sont battus d’une façon admirable, sont plus civilisés que n’importe lesquels des premiers soldats de la garde qui, en Belgique comme en France, se sont conduits comme des bandits et des assassins. Saluez-les ! »
Le Tamatave


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4 juin 2019

Il y a 100 ans : Petites routes et main-d’œuvre


On a souvent reproché, non sans raison, aux Administrateurs le gaspillage de la main-d’œuvre prestataire du fokon’olona, prisonniers, etc.
Cette main-d’œuvre utilement employée et bien dirigée pourrait rendre de grands services en construisant des routes secondaires servant à relier divers centres où, faute de voies de communication, d’innombrables richesses attendent et périssent sur place.
Par le travail de cette main-d’œuvre, un grand nombre de rivières pourraient être rendues navigables et permettraient à de nombreux colons de transporter leurs produits, jusqu’aux centres dépositaires.
Pour donner une idée de ce que représente cette main-d’œuvre lorsque ceux qui l’ont sous leurs ordres veulent s’en donner la peine, nous citerons de nouveau le résultat qu’obtint le chef de district d’une province de la Côte : il s’est efforcé, bravant la colère hiérarchique, de rendre service à ses administrés. En moins de 3 ans, ce phénix administratif, utilisant les corvées réglementaires du fokon’olona, a construit 45 kilomètres de route carrossable et rendu la rivière navigable sur une longueur de 50 kilomètres !
C’est invraisemblable n’est-ce pas ? et cependant ce n’est pas tout : préoccupé d’améliorer le sort des indigènes, non pas en flattant leur paresse et leurs passions, mais en leur inculquant un amour relatif du travail et du bien-être qui en est le prix, il a obtenu d’eux la mise en culture de grandes rizières dont ils tirent le maximum de rendement. Par de sages mesures, des conseils patiemment renouvelés, des encouragements efficaces, il a opéré dans ce pays, autrefois si pauvre, une transformation des mœurs primitives qui tient du prodige.
Aujourd’hui la région est riche, la population heureuse, l’accord parfait règne entre tous.
Que voulez-vous de plus ? Le nom de cet adversaire de la routine administrative ?
Le lieu où se passent ces faits étranges ?
Vous ne les saurez pas. J’aurais trop peur, en effet, de porter préjudice à ce fonctionnaire unique en son genre, que ses confrères, après ce que je viens de révéler, traiteraient de fou et s’empressaient de faire enfermer.
Le Tamatave



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3 juin 2019

Il y a 100 ans : La crise économique et la victoire


En même temps que nous sont rendus les malheureux départements qui, si longtemps courbés sous le joug de l’ennemi, ont supporté sa rage et ses déprédations, nous reviennent des populations ruinées et manquant absolument de tout. Des centaines, des milliers, des millions d’hommes qui ont souffert pour nous tout ce qui peut être imaginé tombent à notre charge, et il faut avant toute chose, avant de penser aux loisirs de la paix, songer à les nourrir, à les vêtir, à les abriter, à leur procurer les instruments de travail, en un mot à leur fournir toutes choses nécessaires à l’existence.
On a offert aux plus malheureux des Concessions de terre dans nos colonies, notamment à Madagascar, mais presque tous ont refusé, voulant rester sur le sol qui les a vus naître et, comme disait l’un d’eux, cultiver le champ unique que son père lui avait légué.
Ces malheureux sont pleins de courage et disposés aux travaux les plus pénibles pour remettre en état ce qui a été détruit par les barbares. Il est donc de notre devoir de leur venir en aide et de partager avec eux le pain, la viande, le charbon, etc.
D’autres frères sont revenus d’Allemagne, ce sont autant de têtes à nourrir encore et qui diminueront la part de chacun d’entre nous. On serait tenté de s’alarmer de la charge considérable qui nous incombe de par la victoire même : heureusement le moment d’épreuve sera relativement court.
On compte beaucoup sur les colonies pour venir en aide à la Métropole, en blé, fruits, sucre, café, farines, etc. Bien que la crise des transports doive se prolonger encore, bien que les distances soient grandes à parcourir et les bateaux plus rares pour amener à pied d’œuvre tous les matériaux de reconstitution nécessaires, peu à peu les choses s’équilibreront.
Il faut en tout cas envisager sans sourciller les délicats problèmes qui se posent et ne pas s’imager trop promptement que vont revenir les années aux vaches grasses, afin de ne pas avoir de douloureuses surprises. Il faut nous attendre à souffrir encore malgré la victoire, à cause même de la victoire, et nul de nous ne se devra plaindre de porter ce dernier fardeau s’il pense à celui que nous aurions infailliblement porté si l’Allemagne nous avait vaincus.
Le Tamatave



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2 juin 2019

Il y a 100 ans : La paperasserie absorbe les médecins à Madagascar


De notre correspondant de Tamatave.
Il n’y a pas qu’à l’armée où l’on prend un artiste pour casser des cailloux et un terrassier pour faire la cuisine. Ces choses se voient aussi à Madagascar si nous en croyons la lettre d’un de nos correspondants qui se plaint de l’état sanitaire de quelques régions de la Grande Île, indique les causes de cette situation et les remèdes qu’on pourrait y apporter. Enfin, il nous fait part – et c’est le plus intéressant – de ce que lui a dit un médecin de la colonie relativement à cette situation.
Ainsi, à certains colons se plaignant de l’insouciance des médecins de la colonie, il faut faire observer que l’Administration ne facilite pas la tâche à ces derniers et cela notamment en ne les ravitaillant pas en médicaments indispensables qu’elle trouve sans doute plus avantageux de céder aux médecins particuliers. Nous en passons et des meilleures.
Mais il y a mieux.
Il existe dans chaque province un médecin européen, le médecin inspecteur de l’assistance médicale indigène, lequel, en bonne justice, devrait au moins inspecter les malades s’il ne les soigne pas. Mais comment voulez-vous que cet inspecteur inspecte ? Il est la plupart du temps, occupé – par ordre administratif – à d’autres fonctions ayant un très lointain rapport avec ses attributions.
On nous a cité le cas d’un de ces médecins-inspecteurs qui, avec la meilleure volonté, ne peut rien inspecter du tout, étant attaché par la paperasserie et la comptabilité. En bonne vérité, comment voulez-vous que ce médecin, transformé en fonctionnaire, puisse se rendre dans les postes et hôpitaux des régions excentriques de sa province ?
M. Merlin avait bien promis de remédier à une situation aussi anormale. Malheureusement, dans notre douce France, les gouverneurs passent… et M. Lebureau reste.
Le Courrier colonial

Exportations

Le vapeur Ville d’Arras a embarqué dans notre port les marchandises suivantes :
Pour Marseille : 590 956 kilos de viandes frigorifiés, 93 268 kilos de cuirs salés, 327 866 kilos de cuirs arséniqués.
Le Tamatave




Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.

1 juin 2019

Il y a 100 ans : Le bolchevisme dans la Grande Île (2)


(Suite et fin.)
Toutefois, nous ne pouvons faire connaître à nos lecteurs l’épilogue de l’affaire, car, après avoir foudroyé l’inculpé de tous les tonnerres de la justice et s’être fait engu… irlander par lui, ce qui n’était que juste, le tribunal s’est déclaré incompétent.
Le prochain courrier de l’océan Indien nous apprendra peut-être quel genre de purge la juridiction militaire a infligé à D…
Il n’y a pas autre châtiment possible puisqu’il s’agit, en l’espèce, de ricin.

Un vol au Trésor de Majunga

Une affaire de vol commis aux dépenses du Trésor de Majunga vient de se terminer après trois ans et demi d’enquêtes et de recherches par la condamnation des prévenus reconnus coupables.
Rasamoelina et Goulam sont condamnés à dix ans de réclusion et vingt ans d’interdiction de séjour ; Tombo Marozoco à dix ans de prison, 500 francs d’amende et cinq ans d’interdiction de séjour.
Tous sont solidairement responsables du remboursement à la colonie des 189 600 fr détournés.

Tragique arrestation d’un fraudeur à Madagascar

Une fabrique clandestine d’alcool ayant été signalée au service de la sûreté du district d’Aniverano, trois des meilleurs agents furent chargés de procéder à l’arrestation du délinquant. L’opération réussit à merveille : les agents revenaient avec le fraudeur, tout penaud de s’être laissé pincer, quand ils furent surpris en pleine forêt par un orage épouvantable. Une case qu’ils rencontrèrent leur donna l’hospitalité, mais à peine y étaient-ils réfugiés qu’un formidable coup de tonnerre ébranla la forêt. Dans la case, deux des agents furent atteints par le fluide. Un de ces malheureux portait des brûlures si graves qu’on dut l’évacuer sur un hôpital de Tananarive. Un des enfants de l’occupant du logis, grièvement brûlé au ventre, fut transporté à l’hôpital d’Arivonimamo.
Quant au fraudeur, cause involontaire de cette catastrophe, il s’en tirait sans une égratignure, naturellement. C’était la soixante-treizième arrestation pour fraude d’alcool opérée l’année dernière.
Elle restera dans la mémoire des agents de la sûreté.
Le Courrier colonial




Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.