30 novembre 2019

Il y a 100 ans : Bassin-abri et port (2)


(Suite et fin.)
Le dispositif de ce bassin-abri s’explique par la direction du courant qui suit le littoral, contourne la Pointe-Hastie, et passe devant les magasins de la Douane suivant la direction Sud-Est à Nord-Ouest.
Quand le bassin sera construit, ce courant se heurtera contre le côté du bassin limité par la jetée de 200 m et prendra une autre direction.
Pour s’abriter, les voiliers disposeront d’un espace allongé à peu près quadrangulaire d’une longueur de 5 ou 600 mètres, limité à l’ouest par la portion de bord de mer qui va des ateliers de marine jusqu’en face de la douane, et à l’est par la bande de terre-plein qui ira jusqu’à la tête Amiot. Le terre-plein embrassera donc la portion de littoral allant des ateliers de marine à la jetée de 200 m.
Ce bassin-abri serait une « amorce » du futur port si celui-ci devait être construit à la Pointe-Hastie. En effet, une fois le bassin achevé, il serait possible en comblant jusqu’au récif l’espace qui se trouvera devant la ligne allant de la tête Amiot à la jetée devant la gare. C’est-à-dire en agrandissant vers le Nord-Est le terre-plein du futur bassin-abri lorsque celui-ci serait achevé.
On veut réduire le personnel des fonctionnaires. Dans le service des Travaux Publics, pareille mesure sera impossible à réaliser vu que le personnel actuel, qui ne manque pas de compétence, est déjà insuffisant à mener de front les multiples travaux qui doivent être exécutés le plus rapidement possible, si on ne veut pas que notre région et notre ville puissent mériter le qualificatif d’arriérées.

Décentralisation

La Commission de décentralisation a tenu une séance plénière le 24 à Tananarive. On y a décidé que la Colonie serait divisée en 10 régions subdivisées en 74 districts. Le service judiciaire sera organisé sur de nouvelles bases et les attributions judiciaires des administrateurs seront diminuées. On y a étudié aussi les rapports que devaient avoir les services administratifs avec les autres services. Enfin la commission s’est entendue avec le Général Commandant supérieur en vue de répartir les forces militaires en s’adaptant à la nouvelle organisation territoriale.
Le Tamatave


Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 83 titres parus à ce jour.

28 novembre 2019

Il y a 100 ans : Bassin-abri et port (1)


Nous avons vu des armateurs et des commerçants qui faisaient la grimace ; que leur était-il donc arrivé ? Une déception tout simplement. Ils avaient tout d’abord appris avec joie d’après les délibérations des corps constitués qu’on construirait sans tarder un bassin-abri pour leurs voiliers, mais ils trouvent à présent que ce bassin-abri est long à venir. On leur avait dit qu’il serait bientôt fini, mais il paraît qu’il n’est même pas encore commencé. Ils voient arriver avec effroi la saison des cyclones et des raz de marée, et se demandent comment ils protégeront leurs voiliers.
Naturellement on en rend responsable le Service Régional que l’on a pris à partie en lui demandant ce que signifiait cette fumisterie. Il lui est aisé de répondre que, pour avoir la fin, il faut au moins disposer des moyens. Or ce qui empêche les Travaux Publics d’exécuter ce travail, c’est tout simplement le manque d’un raccord de voie.
En effet, ce bassin-abri consistera en un vaste terre-plein qu’on obtiendra en entassant des pierres depuis la jetée de 200 mètres qui existe déjà, jusqu’à la tête Amiot où on remarque une balise. L’énorme quantité de pierres nécessaires pour remplir cet espace long de 800 mètres environ sera amenée de la carrière de Farafate au moyen de wagons sur rails de chemin de fer. Il y a bien des wagons de Farafate à Tamatave, et les wagons pourraient accéder à l’endroit où se construira le bassin-abri en utilisant la voie du boulevard Galliéni. Mais cette voie où circulent continuellement des wagons, en particulier le tramway militaire de l’Intendance, est trop encombrée pour que son utilisation soit pratique.
Il faudra donc, pour arriver au chantier du bassin-abri, utiliser la voie du T. C. E. qui suit le boulevard d’Ivondro, et installer une voie supplémentaire qui passera par le boulevard Joffre. Mais, pour mettre en communication la voie de Farafate avec celle du T. C. E., un raccord est indispensable, raccord qu’il est impossible de trouver sur place. Voilà pourquoi le bassin-abri n’est pas encore commencé.
(À suivre.)
Le Tamatave



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24 novembre 2019

Il y a 100 ans : Madagascar et la guerre (2)


(Suite et fin.)
D’abord, il importe de mentionner qu’une colonne expéditionnaire, personnel et matériel, fut entièrement organisée à Madagascar en vue d’opérations dans l’est africain allemand. Ce corps fut finalement maintenu à Madagascar. Il n’en représenta pas moins à la fois une réserve éventuelle et un concours moral pour nos alliés anglais. En abandonnant aux Anglais la totalité de l’Est africain allemand, la France s’apprête à faire preuve envers eux d’une générosité que certains seraient fondés à trouver excessive. N’oublions pas, d’ailleurs, que, de diverses façons, notamment par l’envoi de bœufs vivants et de conserves de viande, Madagascar coopéra au ravitaillement des colonnes d’opération anglaises et portugaises, en même temps que notre T. S. F., en interceptant des signaux et les communiquant aux Anglais, contribuait au blocus de la colonie allemande.
Madagascar envoya à la métropole tout le matériel de guerre dont elle pouvait disposer soit plus de 1 200 tonnes.
Mais que dire du concours en hommes qu’elle lui apporta ! Près de 5 000 Européens furent embarqués à destination des armées, chiffre considérable si on le compare à la totalité de la population de Madagascar. Ce prélèvement ne porta préjudice ni à la vie économique de l’île, dont le commerce général bondit de 94 millions en 1914 à 223 millions en 1917, à sa vie administrative puisque le budget de 1916 se clôtura par un excédent de rectales de plus de six millions de francs.
Quant à l’impôt du sang que payèrent les indigènes, en un pays qui n’était français que depuis moins de vingt ans quand éclatèrent les hostilités, leur concours, stimulé par la prime d’engagement, fut remarquable : 45 863 engagés, soit une proportion égale à celle des engagés fournis par l’Afrique Occidentale française. Bien plus, à partir de l’hiver 1917-1918, ces indigènes restèrent toute l’année aux armées, au lieu d’être renvoyés dans le Midi ou en Algérie pendant les froids, ce qui augmenta sensiblement leur rendement.
Henri Labroue,
Député de la Gironde.
Le Tamatave



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23 novembre 2019

Il y a 100 ans : Madagascar et la guerre (1)


Un important concours financier, économique et militaire a été fourni par notre grande colonie de Madagascar à la Métropole, pendant la guerre.
Concours financier. Il s’est traduit par des dons du budget local (deux millions de francs) et des contributions particulières : 5 248 000 francs, soit le chiffre énorme de 1 fr. 50 par habitant, à destination des ambulances coloniales, journées, œuvres diverses où Européens et Malgaches rivalisent de générosité.
Concours économique. En ce qui concerne les produits alimentaires, les exportations de viande frigorifiée passèrent de 4 150 tonnes en 1914 à 16 703 en 1917 ; celle des légumes secs, de 8 993 tonnes en 1914 à 14 346 en 1917 (non compris les pois, qui furent stupidement exclus de l’importation en France et obligés de prendre le chemin de l’Angleterre) ; celle du manioc, en ses diverses formes, de 17 000 tonnes en 1914 à 21 263 en 1917.
En ce qui concerne les produits nécessaires à l’industrie, il fallut la guerre pour que l’industrie française se pourvût de graphite de Madagascar, produit indispensable aux usines de la défense nationale, elle ne l’utilisait jusque-là qu’à la condition qu’il fût allé préalablement se faire baptiser graphite de Colombo en Angleterre. Son exportation passa de 7 000 tonnes en 1914 à 26 000 en 1917. L’exportation des cuirs s’éleva de 5 500 tonnes en 1914 à 8 500 en 1916, en dépit de la répugnance de la routine industrielle française à utiliser les peaux de zébus malgaches que leur bosse, paraît-il, dépréciait (!).
Il fallut aussi les impérieux besoins de la guerre pour que les écorces à tan de Madagascar, jusque-là utilisées par l’Allemagne, prissent enfin le chemin de France ! De même pour le raphia malgache, dont le principal débouché était l’Allemagne avant 1914 ! La guerre a fait découvrir à la France maints produits essentiels de Madagascar.
Concours militaire. Ce concours s’est traduit de divers en façons.
(À suivre.)
Henri Labroue,
Député de la Gironde.
Le Tamatave



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1 novembre 2019

Il y a 100 ans : Bassin-abri (2)


(Suite et fin.)
Il suffirait donc de la prolonger jusqu’à la tête Amiot, en contournant le récif. D’après certains ingénieurs, son coût n’atteindrait pas 300 000 frs, ce chiffre pourrait même être réduit de moitié de la façon suivante.
La Colonie étant propriétaire des carrières de pierre, le T. C. E. pourrait construire un embranchement rejoignant la plus rapprochée de la voie et les blocs de pierre seraient ainsi transportés sans transbordement de la carrière directement sur la jetée. L’économie serait considérable et cet embranchement viendrait à propos pour aider à la construction du port qui, chaque jour, s’impose davantage.
Si, à cette heure, les rails faisaient défaut pour la construction de cet embranchement, en attendant leur arrivée, la plate-forme à construire pourrait recevoir des rails Decauville. Sans doute, dans ce cas, un transbordement serait nécessaire ; mais il peut être facilité par une grue puissante.
La nécessité de la construction de ce bassin-abri s’impose avec plus d’urgence qu’en 1917 car rien ne nous fait prévoir que la mauvaise saison ne nous réserve pas une surprise aussi désagréable qu’à cette époque-là. Dans ce cas le désastre serait complet, c’en serait fait de la navigation côtière, car les voiliers qui restent viendraient à être détruits, et les paquebots ne pourraient assumer le même service ; il leur serait impossible de s’arrêter dans tous les ports de la côte, de plus ils ont le service des grandes lignes à assurer.
Heureusement que, dans la dernière séance des Corps constitués tenue à la Mairie sous la présidence de M. le Gouverneur Général, la construction immédiate de ce bassin a été décidée et l’exécution en sera confiée à M. Bénard, Ingénieur des Travaux publics dont la compétence en cette matière est bien connue.
Il était temps. Si, en effet, M. Lebureau avait attendu pour préparer cet abri que tous les voiliers eussent été détruits, il aurait ressemblé à l’Arabe qui, n’ayant plus de quoi nourrir son âne, le vendit pour acheter de l’avoine.
Le Tamatave



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