30 décembre 2015

Il y a 100 ans : Les tavy et le reboisement (2)

(Suite.)
L’électricité que la chaleur accumule dans l’atmosphère ne trouve plus à s’écouler dans le sol par l’intermédiaire des cimes des grands arbres. Elle s’accumule dans l’air et donne naissance à de violents orages qui jettent des trombes d’eau sur les montagnes et collines dénudées. Ces eaux ne trouvant rien pour les retenir, au lieu de s’infiltrer dans le sol pour alimenter les sources, se précipitent, entraînent la terre végétale qui recouvre le sol, laissant à nu les rochers ainsi que le sous-sol infertile, et vont inonder les plaines, en débordant de leur lit qu’elles obstruent des débris entraînés par elles. L’habitant des montagnes est ruiné parce qu’il ne lui reste plus rien pour alimenter ses troupeaux et s’alimenter lui-même, et l’habitant de la plaine est également ruiné, parce que l’inondation a enlevé son habitation, ses troupeaux et anéanti ses récoltes, quand lui-même n’y a pas trouvé la mort.
Qu’on ne s’imagine pas que c’est là un tableau dû à la seule imagination. L’Espagne ne doit pas à une autre cause sa dépopulation et la ruine de ses campagnes.
Certaines îles espagnoles du groupe des Canaries ont dû être complètement abandonnées par leurs habitants, parce que le déboisement total qui y avait été pratiqué avait fait tarir les sources, les pluies elles-mêmes avaient cessé, et la vie animale y était devenue tout aussi impossible que la vie végétale. Les Espagnols, et avec eux les Arabes, sont des dévastateurs de forêts par excellence.
La France elle-même a vu ce fléau sévir sur divers points, et notamment dans le Dauphiné dont certaines régions ont dû être abandonnées par leurs habitants à la suite d’un déboisement inconsidéré. Tout le monde sait ce qu’il en a coûté de travaux et d’argent pour arrêter le fléau et reboiser cette contrée.
Il n’est donc pas paradoxal l’aphorisme de Malthus : un homme pour un arbre, d’où il est permis de conclure que le déboisement est un crime commis contre la nature et par suite contre l’humanité.
Mais ce n’est pas l’Espagne et la France seules qui ont eu à souffrir du déboisement. Il n’est presque pas de pays qui n’ait été atteint par ce fléau, notamment l’Amérique du Nord.
 (À suivre.)

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveautés prêtes pour janvier 2016.

27 décembre 2015

Il y a 100 ans : Les tavy et le reboisement (1)

Madagascar avait autrefois la réputation de posséder de magnifiques forêts. Aujourd’hui, elles ont disparu en grande partie, bien que de ci, de là, il en reste encore de beaux vestiges.
Sous les rois qui gouvernaient le pays avant notre conquête, la destruction des forêts était un procédé de gouvernement, et la façon d’établir des « tavy » était venue ajouter son action puissante de destruction à celle gouvernementale.
Sous notre domination et bien que, depuis vingt ans déjà, nous occupions ce pays, cet usage si barbare et si préjudiciable des tavy s’est maintenu, à tel point qu’aujourd’hui encore la lutte contre ce fléau, – car c’en est un, – est dans toute son acuité.
Qui calculera jamais les immenses richesses forestières réduites ainsi en fumée chaque année ? Surtout qui pourra faire comprendre le tort, presque irréparable, causé à la colonisation sous toutes ses formes, même au point de vue du peuplement humain ? Un arbre fait pousser un homme, dit, en effet, le célèbre économiste Malthus.
Si on réfléchit un instant à l’action bienfaisante des forêts, on sera bien vite convaincu que cet aphorisme, – d’apparence paradoxale, – n’a, en effet, rien d’exagéré.
Les forêts, en dehors de leur valeur intrinsèque, ont pour principale fonction de maintenir l’égalité du climat, de l’atmosphère, de régulariser les pluies, d’empêcher, par les racines des arbres et les plantes de sous-bois, l’écoulement trop rapide des eaux de pluie et de permettre au contraire à celles-ci de s’infiltrer dans le sol et alimenter ainsi le débit des sources qui pourvoient la région d’eau potable.
En outre des revenus directs que donnent les forêts par des coupes réglées, celles-ci, par leur abri, favorisent la formation de pâturages très riches qui servent à l’alimentation et à l’élevage de troupeaux de divers animaux. Ceux-ci à leur tour fournissent leur viande, leur lait, leur beurre, leur fromage, leur toison, etc., aux populations environnantes, et leur apportent ainsi la vie et même l’aisance.
Supprimez les forêts, du même coup vous supprimez l’égalité dans le climat, la régularité dans les pluies, et les sources tarissent.
(À suivre.)

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveautés prêtes pour janvier 2016.

25 décembre 2015

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

À quoi reconnaît-on un Bochiman, m’écrit-on ? Je croyais avoir été suffisamment explicite. Il paraît que non. Eh bien, voici. Le Bochiman se reconnaît à peu près aux mêmes signes que le Boche et que le roquet. Tapez sur un Boche ou sur un roquet : il baisse la tête ou la queue, suivant l’espèce, et vous lèche les mains. Flattez-le : il devient arrogant, dresse tête ou queue, suivant l’espèce, et vous nargue ; puis, dès que vous avez tourné les talons, il vous plante poignard ou crocs dans le dos ou les mollets. Il n’accuse jamais en face ; il accuse par les caractères anonymes de sa machine à écrire, ou par l’écriture dénaturée de sa femme, s’il en a une ; ou d’un pauvre boto comme moi, qui n’y voit goutte et n’y comprend miette… Il forme un cercle intime où l’on distille le venin, où l’on empoisonne les flèches, où l’on combine les manœuvres louches. Sa femme sert d’appât où viennent mordre – stupidement – de jeunes papillons écervelés – car il leur faut de jeunes premiers, mais non les premiers venus – de jeunes premiers qui aient l’oreille d’un chef – et qui, avec un dévouement de zélateurs, ou d’adorateurs, ou d’arrivistes, se font les prolixes échos de ce qui est vrai ou faux, des bruits qui courent en ville ou n’y courent pas, enfin de toutes les sales élucubrations sorties des cerveaux bochimen et de leurs morbides imaginations, parce qu’il convient à l’intérêt de ces Messieurs que de telles puanteurs se fassent sentir.
Mais ils vont plus loin. Cette bile qu’ils vomissent sur leur prochain, toutes ces machinations écœurantes, ils les représentent comme l’expression exacte de l’opinion, de la rumeur publiques. Tartuffes, va ! Sévissons contre le bochisme ou le bochimanisme, comme vous voudrez. Officiellement, cela n’est guère possible : l’anonymat est si commode pour de tels courages. Mais nous qui savons, nous, qui, à l’œuvre, avons reconnu ces tristes sires, nous pouvons, nous devons sévir. Le mépris, le dégoût des honnêtes gens sont des armes qui ont leur valeur et leur efficacité, ici comme ailleurs.
Faisons œuvre saine et œuvre patriotique, tout à la fois ; car, je vous le répète, le Bochiman n’est qu’un sous-Boche.
Sarah B.

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveautés prêtes pour janvier 2016.

24 décembre 2015

Il y a 100 ans : Les tavy (2)

(Suite et fin.)
« 2° Le feu, destiné à débarrasser le terrain des abattis pratiqués à la hache, ne devra être allumé qu’après autorisation du chef de canton ou gouverneur madinika ;
« 3° Le fokonolona ou les habitants du village devront surveiller personnellement le feu et prendre toutes dispositions pour empêcher sa propagation au dehors du terrain à ensemencer.
« En définitive, cette tolérance exclusivement provisoire et exceptionnelle doit se manifester uniquement en faveur des très rares villages que les enquêtes sur place des chefs de district auront déterminés dans les conditions qui précèdent et pour les seules broussailles, à l’exclusion absolue de tout tavy en forêt proprement dite. Je vous prie de veiller personnellement à ce que pareille mesure qui, je le répète, doit avoir un caractère essentiellement provisoire et tout à fait exceptionnel n’ouvre la porte à aucun abus. »
Les indigènes doivent à notre avis s’estimer très heureux de la bienveillante sollicitude que vient encore de leur témoigner notre sympathique Gouverneur Général.
Espérons qu’ils prendront dès maintenant leurs dispositions pour s’aménager des rizières de marais.

« Ville d’Alger »

Ce steamer de la Cie Havraise arrivé hier matin de la Réunion doit relever dimanche soir pour Ankify (Nossi-Bé) où il doit embarquer 700 mètres cubes de manioc ; d’Ankify, il retournera ensuite sur Diégo pour prendre des troupes.
Ce vapeur charge à Tamatave pour l’Europe :
200 tonnes de viandes congelées.
100 tonnes de manioc en rondelles.
100 tonnes de farine de manioc.
140 tonnes (400 paquets) de peaux.
150 tonnes de graphite.
350 balles de rafia.
20 tonnes d’os, cornes, cire et rabanes.
La Dépêche malgache

Le mouvement du commerce

Le mouvement du commerce général de Madagascar, pendant la quatrième trimestre 1914, a atteint le total de 21 119 519 francs, dont 8 094 113 francs aux importations, et 13 025 506 francs aux exportations.
La part de la France a été de 13 millions 935 704 francs.
Importations : 5 047 369 francs.
Exportations : 8 888 335 francs.

Les Annales coloniales

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveautés prêtes pour janvier 2016.

23 décembre 2015

Il y a 100 ans : Les tavy (1)

Lors du vin d’honneur offert à M. le Gouverneur Général Garbit à Tamatave par les notables indigènes de notre ville et de la Province le 10 août dernier, M. Charles Heurtevent, colon indigène de l’Ivoloina, faisait remarquer respectueusement au Chef de la Colonie que, dans la province et en général sur la côte Est, la culture du riz ne se faisait presque exclusivement que par des « tavy », c’est-à-dire des rizières de montagne, à défaut de marais propices à cette culture.
Ce colon, se faisant l’écho de ses compatriotes, demanda, pour eux, un adoucissement à l’arrêté du 12 avril 1913, c’est-à-dire l’autorisation de continuer à faire des « tavy » non pas en forêt mais sur des terrains domaniaux, plaines, coteaux et vallées où ne poussent que des herbes et des arbustes sans valeur, en attendant que l’assèchement des marais susceptibles d’être convertis en rizières puisse se faire d’une manière rationnelle.
Sur le moment même, M. le Gouverneur Général n’a pas cru pouvoir adhérer à cette demande, mais depuis il a minutieusement examiné cette question et, dans une circulaire du 8 octobre, il vient d’accorder dans des conditions bien déterminées la confection des « tavy » aux alentours de certains villages où la culture du riz ne peut se faire que par ce procédé.
Voici quelques passages de cette circulaire très documentée.
« À titre tout à fait exceptionnel et individuel, pour certains villages à proximité desquels une reconnaissance sérieuse de terrains et du régime des eaux aura permis de constater l’impossibilité absolue de la création de rizières irriguées pour tous les habitants ; après enquête sur place par le chef de district, un statut spécial des cultures pourra être déterminé pour chacun de ces villages, par décision du chef de la province soumise à mon approbation avec croquis à l’appui.
« Ce statut comportera, dans des cas très limités, autorisation exceptionnelle pour le village de cultiver le riz de montagne sous les réserves suivantes :
« 1° Les défrichements ne seront autorisés que dans les broussailles sans aucune valeur forestière, situés à distance raisonnable de la forêt et dans la limite des nécessités imposées par les circonstances locales ;
(À suivre.)

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveautés prêtes pour janvier 2016.

22 décembre 2015

Il y a 100 ans : L’or à Madagascar

Depuis le 1er mai 1915, la sortie de l’or est prohibée dans les colonies et pays de protectorat autres que la Tunisie et le Maroc.
Dans un rapport, le ministre des Colonies dit qu’il a été constaté à Madagascar que certains étrangers asiatiques, éludant ces dispositions, pratiquaient des achats anormaux d’or en vue d’exportation frauduleuse sous forme de bijoux grossiers emportés sur eux à Bombay ou à Zanzibar. Malgré l’active surveillance douanière exercée sur les côtes, il est pratiquement impossible d’empêcher cette exportation clandestine, en raison des facilités de dissimulation.
Pour mettre un terme à cet état de choses, qui émeut à juste titre l’opinion publique, le gouvernement général de Madagascar pense que le seul moyen pratique serait d’empêcher les achats considérables d’or effectués sans raison par les étrangers asiatiques.
Le ministre vient, en conséquence, de faire signer un décret qui, sur ce point spécial, compléterait celui du 23 mai 1907, portant réglementation de la recherche et de l’exploitation de l’or, des métaux précieux et des pierres précieuses, et qui édicte à l’égard des contrevenants les peines rigoureuses prévues par ce dernier texte.
Le décret laisse toutefois au gouverneur général la faculté d’en fixer par arrêté les conditions d’application, et, tout en empêchant les manœuvres frauduleuses, permet de n’apporter aucune entrave au commerce honnête de l’or à l’intérieur de la colonie.
Le Temps

Un cadre d’agents indigènes des douanes

Par arrêté en date du 10 avril 1915, approuvé par dépêche ministérielle du 2 juillet 1915, et publié à l’Officiel de la colonie, il est créé un cadre d’agents indigènes des douanes de Madagascar et Dépendances, qui comprend :
1° Des agents du service sédentaire ;
2° Des agents du service actif.
Ces agents ne peuvent prétendre à leur admission dans les cadres de la métropole.
Les agents métropolitains ne peuvent, en aucun cas, être placés sous les ordres des agents du cadre local.
L’arrêté énumère tout ce qui concerne l’organisation de ce cadre.

Les Annales coloniales

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveautés prêtes pour janvier 2016.

21 décembre 2015

Il y a 100 ans : Les orphelins de la guerre à Madagascar

Des initiatives généreuses ayant pour objet d’adoucir les maux de la guerre sont relevées partout où il y a des Français dans le monde. Nos colonies ne sont pas les moins empressées à venir en aide à la métropole.
Madagascar ne fait pas exception à la règle. Son actif gouverneur, M. Garbit, a proposé au département des colonies d’adopter cent pupilles du sexe masculin âgés de huit à quinze ans, orphelins de militaires tués ou morts de leurs blessures et également orphelins de mère. Ces pupilles dont le choix serait fait par le ministre des colonies seraient en principe élevés à Tananarive, entretenus et instruits dans des établissements locaux, puis, s’il y a lieu, dans des écoles spéciales de la métropole pour être, suivant leurs aptitudes, dirigés sur des professions coloniales, agricoles, industrielles et exceptionnellement libérales ou administratives suivant leurs aptitudes et leur préparation antérieure.
Il y a là un projet très généreux mais qui ne va pas sans soulever de graves objections. À Madagascar même, la Tribune, journal favorable au projet, a fait remarquer qu’il conviendrait d’adopter non des enfants de 8 à 15 ans, mais de 12 à 15 ans. Quel que soit l’âge auquel on les fasse venir à Madagascar, ces enfants trouveront dans la colonie des conditions de vie et des dangers moraux auxquels, malgré tout son zèle et tout son dévouement, l’administration, leur protectrice, pourra difficilement parer. Madagascar est une colonie où l’on doit inciter à aller les hommes adultes et les ménages, mais où on ne doit pas transporter de jeunes enfants dont l’éducation est à faire.
Envoyer ces orphelins à Madagascar, c’est d’ailleurs déjà leur supprimer le choix d’une carrière, leur rendre impossible le mariage avec des Européennes, restreindre enfin nombre de ces libertés dont la sauvegarde a été l’une des grandes préoccupations de la métropole dans l’organisation des secours aux orphelins de la guerre.
La colonie pense consacrer 100 000 fr. à cette œuvre ; il semble qu’elle serait mieux inspirée en les versant aux œuvres qui, en France, s’occupent des orphelins, et en abandonnant un projet dont les résultats paraissent très aléatoires.

Journal des Débats politiques et littéraires

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveautés prêtes pour janvier 2016.

20 décembre 2015

Il y a 100 ans : Compliments peu flatteurs

Toute la presse de Madagascar se fait l’écho de l’impression pénible éprouvée par nos compatriotes de cette colonie devant le piteux résultat auquel a abouti la tentative d’importation de bœufs vivants de Madagascar sur le vapeur Loire.
Certes, les 50 bœufs embarqués sont arrivés à Marseille en bon état. Mais il en est resté 550 à terre qui ont dû se résigner à prendre le chemin de l’usine de Diégo-Suarez. Ils y sont entrés à pied, ils en sont sortis en boîtes… de conserves.
Cet insuccès, nos confrères locaux l’attribuent à qui de droit. Nous citons le passage suivant d’un article du Tamatave, du 18 août dernier, pour l’édification de nos lecteurs :
« Voilà le résultat auquel ont conduit l’incompétence et le concours des parlementaires qui veulent s’occuper des affaires qui ne les regardent pas et nous portent à Madagascar, par leur intervention qu’on ne leur a jamais demandée, un préjudice énorme.
« Il est à souhaiter qu’à l’avenir on écoute les personnes de bon conseil et non point un groupe de mouches du coche dont les algarades nous coûtent très cher. Qu’ils s’occupent donc de leurs circonscriptions et de leurs électeurs. Ou bien serait-ce pour avoir deux lièvres à courir pour le cas où celui déjà levé se déroberait, qu’ils se colleraient à nous ainsi à Madagascar où nous n’avons nul besoin d’eux ! »
Si les deux personnalités bourbonnaises visées ne sont pas contentes, elles seront bien difficiles !

Les Makoas de Madagascar

Les Makoas (Cafres) habitant Madagascar ont fait parvenir au commandant de la défense de Diégo-Suarez, sous la signature de leur représentant Masety, une adresse de loyalisme en demandant d’être envoyés au front.
M. Garbit a chargé Masety de remercier, en son nom, ses compatriotes, lui expliquant que la France avait pour l’instant assez de soldats, mais qu’il saurait se rappeler à l’occasion l’offre généreuse des Makoas.

Modifications territoriales à Madagascar

Par arrêté du 15 août, le canton d’Andramy est supprimé et son territoire rattaché à celui du canton de Sitampiky.
Le territoire du canton de Tsaratanana est subdivisé en deux cantons : celui de Tsaratanana et celui de Betsandraka.

Le Courrier colonial

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveautés prêtes pour janvier 2016.

19 décembre 2015

Il y a 100 ans : Le contingent malgache

Nos confrères de la Grande Île, et notamment de Tananarive, mènent campagne, en ce moment, pour que les tirailleurs malgaches obtiennent l’autorisation de partir pour France et de se rendre sur le front ; ils sont impatients d’aller rejoindre les coloniaux qui se battent.
Observons que, recrutés dans la classe la plus robuste de la population, ces indigènes sont des marcheurs infatigables, très capables de couvrir, des semaines durant, des étapes de 50 à 60 kilomètres. Au surplus, ils deviennent rapidement d’excellents tireurs qui se comporteront vaillamment lorsqu’ils seront encadrés par des sous-officiers de l’infanterie coloniale.
Mais il y a un envers de la médaille. Nos Malgaches résisteront-ils à la rigueur du climat ? Il ne faudrait pas renouveler l’expérience dont beaucoup de Sénégalais et de créoles ont souffert lors de la mobilisation.
En attendant une décision, M. Garbit en a mis une brigade entière à la disposition de la métropole.

Pour les tabacs de Madagascar

Notre confrère, la Presse de Madagascar, fait remarquer fort justement qu’après l’accueil chaleureux des divers commandants du front aux envois gracieux de tabacs et de cigarettes de production locale, les planteurs et exportateurs de Madagascar doivent, sans retard, se grouper pour entrer en relations avec la Régie française et créer ainsi un nouveau débouché aux ressources de la colonie.
Le Courrier colonial

Incidents dans l’Ouest ?

Certains incidents se seraient produits le mois dernier dans l’Ouest de la Grande Île, et d’aucuns auraient voulu y voir des signes d’effervescence chez les indigènes.
Tous renseignements pris – car M. Garbit envoya quelqu’un en mission sur place – il s’agit simplement de désaccords entre des indigènes et quelques colons qui les employaient, ceux-ci n’ayant pas observé exactement les clauses du contrat qu’ils avaient eux-mêmes signé. Ces procédés, heureusement peu fréquents, sont extrêmement regrettables, et il faut espérer que des dispositions administratives sont prises pour en empêcher le retour.
L’état d’esprit général des indigènes est excellent dans l’Ouest comme dans le reste de l’Île.

Les Annales coloniales

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveautés prêtes pour janvier 2016.

18 décembre 2015

Il y a 100 ans : L’exploitation forestière à Madagascar

Un de nos correspondants de Madagascar nous écrit au sujet de l’exploitation forestière de la colonie et nous prie de signaler le danger qu’elle présente actuellement, par la façon dont elle est comprise, au point de vue de la consommation des essences.
Tout d’abord, cette exploitation se ferait dans des conditions défectueuses ; au dire de notre correspondant, certains concessionnaires écrèment le bois qui leur échoit dans la répartition ; ils s’emparent des arbres qui leur semblent plus faciles à abattre et abandonnent le reste qui, bien entendu, n’est plus exploitable.
La faute en est, non pas tant aux exploiteurs eux-mêmes qu’à leur éducation qui, souvent, ne les a préparés en rien aux études forestières. Ce sont presque toujours des licenciés en droit, des employés de commerce, ou autres professions qui n’ont qu’un très lointain rapport avec l’exploitation des bois, de sorte qu’ils sont incapables de distinguer les nombreuses essences qui peuplent les forêts de Madagascar et d’en connaître l’utilisation pratique. Cette ignorance est telle que des capitalistes ont même fait venir – à grands frais – de merveilleuses machines qui débitent, au petit bonheur, des billes de tout genre sans que l’on se soucie de leur espèce ou de leur application.
Ailleurs, à l’encontre de ce qui se fait en France, on abat les arbres en toute saison. Il est évident que l’État ne peut pas surveiller tous ses concessionnaires, mais avec de telles méthodes, c’est l’épuisement d’une des principales richesses de l’île sans aucun profit pour personne, car beaucoup de ces arbres abattus sont inutilisables. Notre correspondant ne demande pas qu’on envoie dans la Grande Île des escouades de gardes, qui seraient de nouveaux fonctionnaires ; mais M. Garbit, qui a déjà tant fait pour la colonie, ne pourrait-il pas s’opposer à ce massacre d’innocents, et puisqu’il crée des écoles chaque fois qu’il le juge nécessaire, ne pourrait-il pas créer une école de forestiers qui sauverait ainsi l’avenir de la forêt malgache ?

Le Courrier colonial

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveautés prêtes pour janvier 2016.

17 décembre 2015

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

Il paraît que les Allemands et les Allemandes dégagent une odeur sui generis extra-forte et des plus désagréable. C’est un véritable poison et cette maladie, car c’en est une paraît-il, propre aux Boches est connue sous le nom scientifique de Bromidrose-Fétide.
C’est dans la Plus Grande France du 15 août 1915 que le docteur Bertillon publie un long article à vous faire dresser les cheveux sur la tête.
Citons quelques phrases prises au hasard.
« Les observateurs disent que l’odeur de l’Allemand est analogue à celle qui se dégage des clapiers de lapins. D’autres la comparent à un relent de ménagerie mal entretenue… »
« Plusieurs aviateurs ont affirmé que lorsqu’ils arrivent au-dessus d’agglomérations allemandes, ils en sont avertis par une odeur dont leurs narines sont affectées. »
« Plusieurs examinateurs ont assuré que pendant les chaleurs de l’été, sous l’influence de l’émotion, l’odeur des candidats revêtait une fétidité intolérable. »
« Il est fréquemment arrivé que de jeunes soldats allemands ont été suffoqués par l’odeur fétide qui se dégageait des pieds de leurs camarades. »
« Les femmes allemandes ne sont pas mieux partagées. Depuis longtemps, la transpiration fétide des pieds a été signalée comme le principal inconvénient résultant de l’emploi des bonnes allemandes. »
« Beaucoup de jeunes Alsaciens-Lorrains déclarent que, dans les casernes allemandes, leur odorat est continuellement soumis au plus douloureux des supplices. »
« En Alsace, c’est une habitude de dire que, lorsqu’un régiment allemand passe, l’odeur nauséabonde qu’il a dégagée ne met pas moins d’une demi-heure à se dissiper. »
« Plusieurs officiers français ont déclaré qu’ayant eu à accompagner les détachements de prisonniers allemands, ils étaient obligés de détourner la tête tant l’odeur nauséabonde qui se dégageait de ces hommes les incommodait. »
Si le fait est exact, il n’y a donc rien d’étonnant que nos soldats soient obligés de porter un masque contre pareils asphyxiants.
Sarah B.

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveautés prêtes pour janvier 2016.

16 décembre 2015

Il y a 100 ans : L’Agence Mouchard & Cie (2)

(Suite et fin.)
Il est heureux que le magistrat instructeur ait eu la précaution d’interroger ces indigènes avec bienveillance, comme il devait le faire d’ailleurs, et en les exhortant à dire la vérité sans crainte. Là, l’innocence des fonctionnaires accusés fut établie dans tout son éclat et tout l’échafaudage des gueux s’écroula comme un château de cartes !
On procéda en même temps à des vérifications minutieuses et à un contrôle soigné de l’inventaire. Non seulement les objets prétendus volés ont été retrouvés, mais encore des effets en plus qui provenaient d’un sac de linge sale négligé, vu son peu d’importance, et qui blanchi depuis est venu s’ajouter à l’inventaire.
Nous ne donnons pas de plus amples détails, puisque aujourd’hui la justice est éclairée et que les mouchards en sont pour leurs frais, mais nous y reviendrons, s’il le faut.
Seulement, cela ne suffit pas et comme plainte a été portée contre inconnu pour dénonciations calomnieuses, il faut qu’en haut lieu on recherche les coupables et qu’on prenne des sanctions urgentes et sévères à leur égard afin de purger Tamatave de cette sale engeance.

Les loteries chinoises

Mardi dernier, grande agitation dans un certain quartier de la ville. La police donnait la chasse à un tireur de loteries chinoises qui, poursuivi, harcelé, n’en pouvant mais… cherchant cependant à éluder les nombreux agents qui le guettaient, sautant d’emplacement en emplacement, de dépendances en dépendances, fut enfin appréhendé dans une retraite de la mère Loca.
Ces Chinois sont vraiment incorrigibles et cependant la justice ne les rate pas et les répressions les plus sévères les frappent ou du moins frappent ceux qui ont la malchance de se faire prendre.
Si les complices de ces tireurs de loteries, c’est-à-dire les personnes complaisantes ou intéressées qui leur donnent l’hospitalité dans leurs appartements ou dépendances étaient punies des mêmes peines que les auteurs eux-mêmes, ces derniers ne sachant où s’abriter pour tenir leurs jeux et leurs bureaux de racolage, on arriverait peut-être à un résultat efficace…

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveautés prêtes pour janvier 2016.

15 décembre 2015

Il y a 100 ans : L’Agence Mouchard & Cie (1)

Calomniez ! calomniez ! il en restera toujours quelque chose, telle est la devise des membres de cette honorable société qui, sous un soi-disant noble prétexte et sous forme de servir la justice, commettent des actes inqualifiables de mouchardise, pour satisfaire leurs rancunes personnelles, ne craignant pas de recourir à l’arme si vile et si lâche qu’est la lettre anonyme pour assouvir leur haine.
Ne pensez-vous pas que ces désœuvrés, ces envieux, ces mouchards seraient mieux dans les tranchées à tirer sur les Boches que de s’assembler, de se concerter et de fabriquer des lettres anonymes pour tuer la réputation d’honnêtes gens.
Si l’esprit de délation les hante, qu’ils se fichent donc dans le service de l’espionnage, ils pourront alors donner libre cours à leurs instincts et montrer leurs aptitudes spéciales.
Voici en quelques lignes un de leurs derniers exploits.
Il y a quelque temps, des lettres anonymes habilement cuisinées étaient adressées à Tananarive. Des fonctionnaires chargés d’intérêts spéciaux étaient formellement accusés d’avoir enlevé ou, si vous aimez mieux, volé des objets de literie, des effets usagés, des vins, liqueurs et autres boissons.
Ces dénonciations calomnieuses et anonymes si bien manigancées ont eu pour résultat d’obliger le Parquet à ordonner une enquête : des fonctionnaires d’une correction absolue et d’une honorabilité bien connue de tous et visés dans ces lettres anonymes ont été interrogés et par le fait suspectés.
Des constatations ont été faites et somme toute, après de minutieuses vérifications, la Justice a dû s’incliner devant l’innocence de ceux qui avaient été si lâchement accusés.
Notez que, pour cette enquête, on a dérangé un magistrat et un greffier de Tananarive. Et l’on a bien fait, la suite le prouvera ; en effet, on n’avait pas craint ici de faire pression sur de malheureux indigènes en les menaçant pour les obliger à faire des dépositions mensongères et à accuser injustement les fonctionnaires désignés dans les lettres anonymes et objets de l’enquête.
C’est une honte et un crime en même temps.
(À suivre.)

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour, 4 nouveauté prêtes pour janvier 2016.

14 décembre 2015

Il y a 100 ans : À propos du vol aux colis postaux

On nous écrit :
Dans votre avant-dernier numéro, tout en rendant compte d’un vol de montres commis dans un colis postal, vous recommandez aux commerçants, – dont je suis, – de bien examiner les colis postaux qui viennent à leur adresse et d’en vérifier le contenu, avant que d’en prendre livraison. Cette manière de procéder paraît en effet logique. Mais… On voit bien que vous n’avez jamais éprouvé de difficultés à ce sujet. Car voici comment cela se pratique généralement.
Avisé qu’un colis contre remboursement est arrivé à votre destination, vous devez en verser le montant et signer l’avis de réception avant que ce colis ne soit dédouané et remis entre vos mains. À ce moment, et par le fait de votre signature, le service des colis postaux se trouve dégagé de toute responsabilité. Si des articles contenus dans votre colis postal ont été volés, comme dans le cas présent, tant pis pour vous.
Vous êtes dans la vérité en disant que l’auteur du vol que vous avez dénoncé n’est pas un voleur de profession qui, lui, aurait tout pris, sans s’inquiéter des ennuis qui en auraient résulté pour l’administration.
Car la disparition d’un colis entier n’aurait pas manqué d’être signalée, soit au départ de Marseille lorsque les M. M. en ont pris charge, soit à Tamatave au moment où celle-ci les remet à l’administration des postes, soit au moment où cette dernière aurait voulu le remettre au destinataire. Bien au courant de toutes ces particularités, le voleur s’est contenté de quelques articles, en prenant toutes les précautions voulues de façon qu’aucune de ces administrations ne puisse être inquiétée de ce fait. Il est donc de la boîte.
Il y a là quelques mesures à prendre, tant dans l’intérêt des justiciables que pour la bonne renommée de ces administrations.
J’entends quelqu’un me dire que l’expéditeur lui-même peut avoir simulé un vol, pour frauder le destinataire… Il y a des problèmes qu’on ne résout que par l’absurde. Celui-ci est du nombre. La maison assez dénuée de bon sens pour faire cela perdrait sans retour sa clientèle et, de gaieté de cœur, causerait elle-même sa ruine.
Une opération à laquelle on ne songe peut-être pas assez, à la livraison des colis, est celle de peser ces derniers, pour s’assurer si leur poids est exactement le même que celui reconnu au départ.

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour.

13 décembre 2015

Il y a 100 ans : La viande frigorifiée, un trust à l’horizon

Une longue communication du Temps vient à l’appui de ce que nous avons dit, ceci au sujet de l’importation du bétail vivant et de viandes frigorifiées.
Le transport la Loire est en route pour la France, venant de Madagascar avec 50 bœufs. Il est question de prendre à notre colonie de 10 000 à 15 000 têtes de bétail. Et les colons s’émeuvent, non parce que le cheptel de Madagascar n’est pas capable de supporter ce prélèvement, mais parce que celui-ci se fait sous la forme de bétail vivant. Ils craignent les mécomptes que nous avons annoncés, dont le principal sera le mauvais état du bétail en arrivant en France et surtout le discrédit dans lequel tomberont de ce fait les bœufs de Madagascar.
Ils ajoutent que cette colonie possède déjà plusieurs usines frigorifiques qui ont rendu de grands services et qu’il n’y a qu’à continuer dans cette voie.
D’autre part, nous relevons dans le cours des viandes du 14 août à la criée municipale de Nancy les prix suivants :
Viande frigorifiée :
Collet et plate-côte : fr. 0,80 le kilo
Côte : fr. 1,20 le kilo.
Derrière : fr. 1,30 le kilo.
Filet : fr. 2 le kilo.
Ce qui se passait à Nancy ne pourrait-il se faire à Paris ?
Il semble bien que l’achat des bœufs vivants n’empêche pas les pouvoirs publics de penser à la viande frigorifiée, puisque nous apprenons que « des négociations sont en cours entre les compagnies argentines de congélation pour former une ligue ou trust destiné à faire les arrangements convenables afin de fournir le marché français de viande congelée. »
Et voilà précisément l’écueil que nous avions signalé. La viande frigorifiée, la guerre aidant, aura cause gagnée. Mais, déjà, les capitalistes s’avancent les mains ouvertes et s’apprêtent à profiter des différences de prix pour réaliser des bénéfices considérables.
Nous ne demandons pas que le gouvernement prenne toutes précautions nécessaires avec les profiteurs de la guerre, non ; nous demandons qu’il prenne résolument ses responsabilités et substitue son action à la leur. Il y a d’autres solutions que celles qui consisteraient à se placer dans leurs griffes. Avec un peu de bonne volonté, le gouvernement les trouvera, s’il le veut.
Mais le voudra-t-il ?
B. V.

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour.

12 décembre 2015

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

Je viens de faire une découverte intéressante : une branche de la race des Bochimen (singulier Bochiman) semble s’être implantée à Madagascar. Ne souriez pas. Ces congénères africo-malgaches sont reconnaissables à de multiples signes. Ils aiment la France tout juste ce qu’il faut pour ressembler légalement à des Français ; mais, au fond, leur amour patriotique est merveilleusement hésitant, ondoyant et divers. Ils ont vécu en France pendant quelque temps ; mais ils n’ont pris à notre civilisation que ses défauts ; ils en ignorent les qualités. N’ayant jamais pu affronter quelqu’un en face, ils ont le culte de l’anonymat. Tout comme le Boche, le Bochiman est rampant, obséquieux, craint les coups, et, pour les éviter, vous poignarde dans le dos. Sous ses allures européennes, il n’est qu’un métèque, à la recherche de quelque scandale qui pourrait gonfler son escarcelle mal en point et lui permettre de satisfaire ses appétits gloutons, son ambition démesurée, sa fatuité incommensurable.
Voyez-le se pavanant comme un dindon dans les rues les plus fréquentées, saluant de droite et de gauche, distribuant au passage regards protecteurs et sourires confits… Vous croyez avoir affaire à quelque important personnage ? Détrompez-vous : ce faquin est un plat valet ; il se jetterait à plat ventre dans la boue pour céder le pas aux hommes de cour dont il escompte l’influence protectrice… Coups de fouet, coups de pied, affronts ou ridicules, rien ne saurait l’atteindre ni le modifier. Et, s’il plaisait au Dieu des armées de donner la victoire aux hordes barbares des Huns déchaînés, demain, le Bochiman se ferait naturaliser Boche…
En attendant il nage entre deux eaux, il défend sournoisement, contre ceux qui lui font l’honneur de le considérer comme un compatriote, les intérêts de nos cruels ennemis ; car, qui sait ce que demain nous réserve… L’argent, pour lui, n’a ni patrie, ni odeur : le Bochiman n’est qu’un sous-Boche.
Sarah B.

Retraite aux flambeaux

Il y a un an que notre bonne ville n’avait entendu l’écho de nos joyeux clairons ; hier nous les avons tous entendu sonner nos récents succès.
Une foule considérable suivait cette retraite aux cris répétés de Vive la France, Vive l’Armée.
Ce fut une démonstration patriotique générale.

La Dépêche malgache

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour.

11 décembre 2015

Il y a 100 ans : Pourquoi ? (2)

(Suite et fin.)
Elle brillera encore une fois par sa générosité en pensant à tous ceux de la Colonie qui, bénéficiant de sursis, ont pu rester sains et saufs auprès des leurs alors qu’en France, les veuves et les orphelins se comptent par centaines de mille.
Donnons largement et sachons même, au besoin, nous imposer quelques sacrifices pour venir en aide à ces malheureux orphelins si dignes d’intérêt et dont les pères n’ont pas marchandé leur sang à la Patrie.
Pourquoi donc l’Administration locale s’est-elle si peu montrée et pourtant est-il cause plus sacrée que celle des gosses de nos soldats ?
Tamataviens ! Donnez ! donnez ! C’est pour les petits des héros tombés pour que la France vive.
La Dépêche malgache

Vols aux colis postaux

Commerçants qui recevez des colis postaux, ouvrez-les et vérifiez soigneusement leur contenu avant que d’en prendre livraison, si vous voulez vous éviter des surprises par trop désagréables. Voici un cas qui peut vous servir d’exemple.
Un des plus honorables commerçants de notre place a reçu, par le dernier courrier et par colis postal, une certaine quantité d’articles de bijouterie et d’horlogerie. Ces objets étaient renfermés dans une caisse en fer-blanc, hermétiquement fermée et soudée, enfermée elle-même dans une caisse en bois clouée et scellée.
Cette dernière ne présentant rien d’anormal, le commerçant, sans défiance, a pris livraison du colis. Arrivé chez lui et ayant retiré la caisse en fer de la caisse en bois, il a constaté, avec le déplaisir que l’on conçoit, que la première avait été fracturée en dessous avec un instrument tranchant et qu’une ouverture y avait été pratiquée de 15 centimètres de côté, permettant largement l’extraction des articles que contenait le colis. Vérification faite d’après la facture, il a constaté qu’une boîte contenant six montres d’une certaine valeur avait été enlevée, laissant intactes d’autres boîtes contenant aussi des montres.
Cela démontre que le voleur n’est pas un professionnel ; ce ne peut être qu’un employé discret et honnête, qui aurait pu prendre le tout, et le remplacer par des cailloux par exemple ; il s’est borné à ne prendre que ce qui lui a paru nécessaire, honnêtement, pour lui, sa femme et ses enfants.
Donc, commerçants, ouvrez vos colis avant d’en prendre livraison.

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 38 titres parus à ce jour.