30 mars 2018

Il y a 100 ans : Nos Betsimisaraka (2)


(Suite et fin.)
Eh bien ! il est fâcheux de constater que, jusqu’ici, l’Administration a réservé presque toutes ses faveurs à la race houve, qu’elle est pourtant obligée de surveiller sans relâche, à cause de son égoïsme héréditaire, qui accepte toutes nos bontés avec une sorte de rage sourde d’être forcée de tout tenir de nous.
Il est loin de notre pensée de vouloir inaugurer à Madagascar le système de l’antagonisme des races ; mais il est de notre devoir de plaider la cause de populations fidèles, dociles, qui se sont données spontanément à nous ; nous demandons que l’Imerina ne monopolise pas les bienfaits de la civilisation que la France a introduits à Madagascar ; nous en demandons une partie pour nos braves Malgaches de l’Est.
Il serait de simple équité que la grande École Le Myre de Vilers n’instruisît pas que la jeunesse des Hauts Plateaux ; il faut qu’elle reçoive un nombre de jeunes gens des races en rapport avec le chiffre du recensement des tribus. D’ici quelques années, il en résulterait de grands bienfaits pour toute la Colonie. Nous n’insisterons pas, chacun nous comprend.
Il faut aussi que les fonctionnaires européens cessent de se considérer comme en exil hors des hauts plateaux ; qu’ils cessent d’administrer en touristes pressés ; qu’ils se mettent, comme l’ont fait les colons, à pénétrer, à étudier les tribus de cet Est vaste, fertile, tranquille, qui compte le plus grand nombre de colons ; qu’enfin, ils AIMENT véritablement ces bons Noirs bons enfants, qu’ils entreprennent à leur égard une sorte de mission, ni confessionnelle, ni laïque, simplement civique. Et un grand progrès sera accompli.
Jean d’Ivondro.
Le Tamatave

Mort au champ d’honneur

Demet (Gaston), sous-lieutenant au 8e régiment d’infanterie coloniale. – Cité à l’ordre dans les termes suivants : « Le 9 mai, a vaillamment conduit sa section à l’assaut d’une position ennemie fortement organisée sous un barrage violent d’obus, de torpilles, de grenades, de mitrailleuses. Exemple de bravoure et de sang-froid. Mortellement blessé au cours de l’assaut. »
Le sous-lieutenant Demet était le fils de M. l’officier d’administration de 1re classe d’artillerie coloniale Demet, actuellement en service à la direction d’artillerie de Tananarive.
Journal officiel de Madagascar et Dépendances


Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 71 titres parus à ce jour.

29 mars 2018

Il y a 100 ans : Nos Betsimisaraka (1)


Un de nos amis, retour d’un rapide voyage à Tananarive, nous dit qu’il y avait une exposition des ouvrages scolaires exécutés par les élèves des diverses écoles professionnelles et ménagères de la Colonie, installée dans les locaux de l’École Le Myre de Vilers, l’établissement qui prépare les futurs instituteurs et fonctionnaires des Cadres indigènes.
Il ajoute que les suffrages de tous ceux qui ont visité cette exposition portent sur les travaux de l’École de Maroantsetra, tant par leur importance que par le caractère d’utilité pratique des objets exposés.
Ce nous est une occasion de faire ressortir le mérite de nos Indigènes de l’Est, modestes et méconnus, parce qu’ils ne savent pas s’imposer aux gâteries des puissants par des manières coulantes ; ils sont tout d’une pièce nos braves Betsimisaraka, ceux qui les connaissent particulièrement, comme nous, savent qu’ils sont bons, sociables, dociles et que leurs défauts ne résistent pas quand on veut bien s’occuper d’eux.
Il y a nombre de jeunes hommes betsimisaraka, que des Européens ont pris la peine d’éduquer, qui sont devenus des employés aussi « instruits » que leurs émules houves et, en tout cas, infiniment plus fidèles et dévoués que ces derniers.
Il y a une constatation acquise : c’est que jamais les populations de l’Est n’ont causé de soucis à l’autorité ; bien avant l’Occupation, les Vazaha s’installèrent en parfaite sécurité au milieu d’elles ; c’est dans l’Est que la Colonisation européenne a pu s’étendre et se consolider le plus.
Tandis que, sans parti pris, il s’en faut que les Houves méritent un pareil satisfecit : ce sont des gens qu’il faut constamment tenir à l’œil, le fond de leur caractère étant une ingratitude irréductible.
Les Betsimisaraka fournissent d’excellents marins côtiers, des ouvriers adroits, surtout dans les métiers qui traitent le bois.
Il y a aussi les Indigènes qui habitent le sud de la Région, ces Antaimoro qui fournissent dans tout Madagascar les plus gros contingents de travailleurs manuels et qui font preuve de véritable intelligence par la facilité avec laquelle ils s’appliquent à tout ce qu’on leur donne à faire.
(À suivre.)
Le Tamatave


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23 mars 2018

Il y a 100 ans : Régionalisme (3)


(Suite et fin.)
Ce chef de l’Est fondera solidement sa responsabilité sur la représentation des colons. Pour le mode d’élection de ces derniers, il sera tenu compte des effets funestes qui ont porté dans les vieilles colonies les abus d’un système du suffrage étendu jusqu’à l’émiettement.
Chaque province aura son assemblée propre passant ses travaux (condensés) à une Délégation régionale permanente qui siégera une fois par semaine ; cette dernière sera forcément composée de notables résidant au chef-lieu ou en étant rapproché, tout élu provincial de passage à Tamatave siégera aux assemblées hebdomadaires.
Ainsi l’Administration sera véritablement en contact avec la Colonisation. Le Chef de la Région restera au-dessus de tout soupçon. Les colons s’initieront rapidement à l’art de gouverner, étant au fait des réalités, des possibilités, des opportunités. On se connaîtra mieux.
Voilà, je crois, la seule vraie réforme : elle entraîne toutes les améliorations utiles. Je ne crois pas qu’il y ait des objections ; en tout cas, je les accueillerai avec attention.

La soirée du 31 décembre

Lundi 31 décembre, le personnel des Travaux Publics, avec le concours d’artistes amateurs de la ville, a donné une soirée au profit des Œuvres de Guerre. Malgré la pluie, il y a eu foule énorme.
Ont été particulièrement applaudis trois militaires, MM. de Bize, Brochard et Vandurme.
Une mention spéciale est aussi due à M. de Rosin pour ses tours de prestidigitation.
Notre devoir, au nom des Œuvres de Guerre, est de remercier les organisateurs de cette charmante soirée.
La recette s’est élevée à la somme de 800 francs.

Une bonne mesure

Il nous revient que, par ordre de l’Administration, le riz des usines de Majunga a été réquisitionné au prix de 320 francs la tonne.
Ce riz doit arriver par le Louqsor qui est attendu à Tamatave vers le 12 janvier.
Il sera réservé pour Tamatave et la Province la quantité nécessaire à l’alimentation de la population. Le reste sera expédié à Tananarive.
Le Tamatave


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20 mars 2018

Il y a 100 ans : Régionalisme (2)


(Suite.)
Nos Administrateurs, pas tous, se dérobent trop facilement à nos réclamations, étant couverts par les ordres multipliés et rigides dont ils dépendent.
Il nous faut avoir affaire à des hommes qui, quand nous leur demanderons : Pourquoi vous n’avez pas fait ceci, qui était nécessaire, ne puissent nous répondre : Je n’ai pas latitude de le pouvoir faire sans ordre.
Il en serait différent s’il s’agissait d’un haut fonctionnaire qui, solidement installé dans sa région, fort des consultations qu’il aura prises des notables de la colonie européenne, aura l’obligation d’agir et sera en possession de justifier ses actes.
Le provincialisme n’est qu’une forme : preuve, les changements qui y sont continuellement portés ; tandis que le régionalisme, c’est de l’organisation, c’est du définitif, c’est une fondation.
Il est certain que des contrées comme Mananjary au sud, Maroantsetra au nord, ont des besoins propres, des nécessités locales qui doivent être pourvues ou traitées en particulier ; mais il est incontestable que toutes ces localités sont solidaires entre elles, ayant même climatologie, mêmes productions et mêmes indigènes, le tout formant une région bien caractérisée : l’Est malgache.
Le chef-lieu naturel de cette région, c’est Tamatave. Il devrait y siéger un fonctionnaire autre que le chef de la province de Tamatave et qui est en même temps le maire de Tamatave. Le titre qu’on lui appliquera devra définir ses attributions, leur étendue, leur pouvoir réel : Lieutenant Gouverneur ou Chef de la Région de l’Est.
Ce qui était prématuré il y a plus de dix ans peut se réaliser aujourd’hui.
Ce haut fonctionnaire devra disposer d’un personnel et de services spécialisés à l’Est (en dehors, bien entendu, de certains grands services généraux comme les Transports, les Postes et Télégraphes).
Nous aurons alors véritablement un homme à qui parler et qui ne pourra se dispenser de répondre. Nous en avons fini avec cet anonymat administratif, cause de l’atonie générale des affaires.
(À suivre.)
Le Tamatave


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18 mars 2018

Il y a 100 ans : Régionalisme (1)


Notre confrère la Tribune, de Tananarive, a souvent exposé les graves inconvénients qui résultent de l’ingérence par trop méticuleuse du Ministère – aggravée des interventions intempestives de parlementaires peut-être bien intentionnés, mais fort mal informés des réalités – dans la direction des affaires des Colonies.
Les arguments employés par notre confrère ne se prêtaient généralement pas à la réfutation, puisque nous constatons la nouvelle tendance métropolitaine depuis quelques mois à laisser de plus en plus de liberté à notre Gouverneur Général, appuyé sur les corps élus auxquels il est aussi attribué plus d’initiatives qu’à l’origine.
Ce qui est bon pour Madagascar considéré dans son ensemble ne peut que l’être pour ses parties constituantes.
D’ailleurs, nombre de bons esprits en France plaident en faveur de la décentralisation, ou plutôt pour un régionalisme plus large, vraiment libéral. Les arguments contre, invoqués dans la Métropole par ceux qui craignent un affaiblissement du bien national, ne tiennent pas à Madagascar, où il n’existe pas d’unité malgache, où les tribus resteront de longtemps encore nettement dissemblables entre elles. Ici c’est la solidarité réelle qui règne entre les Français répandus par toute la grande île qui constitue le véritable lien d’unité, l’antidote du vieil antagonisme des peuplades ayant eu jadis trop de sujets de ne pas s’aimer.
Il n’y a donc aucun motif pour ne pas mettre fin à l’état de dépendance soupçonneuse où sont tenues les principales régions de la grande île.
La division actuelle en « provinces » n’est qu’une pure formalité (je ne dis pas forme) administrative. L’administrateur – il est fait ici abstraction des personnes – est pratiquement impuissant. Il n’est trop souvent, avec tout son personnel, qu’un agent de transmission complètement dépendant, non pas du Gouverneur Général, mais des bureaux du Gouvernement Général, ce qui est tout à fait différent.
Ce semblerait cependant, marquons-le en passant, que de plus larges responsabilités seraient actuellement laissées aux chefs de province en échange d’une action directe plus large sur les différents services de leur ressort.
(À suivre.)
Le Tamatave


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17 mars 2018

Il y a 100 ans : Légendes (2)


(Suite et fin.)
Les Malgaches, ceux du peuple, ceux qui ne passent pas leur temps à essayer de convertir leurs frères, inférieurs à leurs yeux, dans les milliers d’édifices élevés au Dieu de paix, se félicitent à l’heure actuelle ne n’avoir point suivi de pernicieux conseils. Ils eussent été les premières victimes d’un régime pure imitation du régime déchu.
Laissons dire même les choses les plus invraisemblables mises au service de causes discutables.
Il y a un gouverneur qui gouverne et agit. Le discours programme de Mahamasina nous rassure au sujet de la politique indigène qu’il entend suivre.
Nous eussions cependant aimé d’y trouver une indication plus formelle quant aux obligations du travail. Ne faut-il pas essayer de détruire les effets déplorables de cette maxime encore appliquée dans les circonscriptions de brousse : « L’indigène libéré de ses charges fiscales est libre de travailler ou non. »

Avis nécessaires

Le discours que prononça Monsieur Merlin dans la plaine de Mahamasina à Tananarive met au point la situation, en même temps qu’il trace nettement aux indigènes la ligne de conduite qu’ils ont à suivre.
En travaillant, tant pour leur compte que pour celui d’Européens, ils sont assurés de la bienveillance de l’Administration.
Rebelles au travail, pêcheurs en eau trouble, mauvais serviteurs, ils sont certains d’être traités avec toute sévérité.
Le Gouverneur veut que la colonie travaille en paix et il en sera ainsi.
Quelques exemples déjà faits suffiront à démontrer aux intéressés que le chef de la colonie tiendra ses promesses.
Une remarque en tout cas s’impose, c’est que, en pleine guerre, la colonie fut légèrement troublée du fait d’éléments Hovas, c’est-à-dire appartenant à cette fraction de la population madécasse qui reçut le plus de bienfaits du Gouvernement français et qui en partie s’est vu réserver toutes les meilleures situations administratives.
C’est parmi cette même population que l’instruction fut la plus répandue. Elle ne montra point qu’elle savait en apprécier tous les bienfaits.
Il est juste de rendre hommage à la partie saine de la population et de constater que ce n’est point parmi les travailleurs, cultivateurs ou ouvriers que les « agités » trouvèrent de complaisantes oreilles.
Le Tamatave


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16 mars 2018

Il y a 100 ans : Légendes (1)


Il me revient qu’une personne aurait déclaré, de façon à être entendue, que l’histoire qui provoqua de la part du gouvernement des décisions énergiques était une affaire de police provoquée de toutes pièces par la Sûreté Générale.
C’est une naïveté doublée d’une contre-vérité.
La première fois, les mêmes personnes, qui aujourd’hui lancent de pareilles bourdes, déclarait à qui voulait les entendre que la police avait été au-dessous de tout ; cette fois c’est elle qui aurait amorcé l’affaire avec des gens non désignés mais qui, arrêtés, ont depuis longtemps été punis.
Cette intervention policière aurait pour cause la présence de l’inspecteur des colonies Fillon auquel aurait été confiée, par le Ministère, la mission de rechercher les causes de la première crise malgache de 1915, c’est du moins la version qui fut donnée.
S’il est vrai que M. Fillon est chargé d’enquêter sur les faits passés, il arrivera probablement à cette conclusion : que l’affaire était connue de certains milieux qui se sont décidés à parler seulement au moment où l’Administration était déjà saisie.
Que les têtes de ce mouvement, qui avait pour but de permettre à quelques gros et gras personnages malgaches de pêcher en eau trouble, ont échappé à toute répression, que ce fait est uniquement dû à des faiblesses regrettables du gouvernement précédent par suite d’interventions pressantes devant lesquelles à tort on céda, ne fera croire à personne, par exemple, que c’est par oubli que l’on ne mit pas la main au collet, dès la première heure, à cet individu visqueux, rampant, qui eut tous les loisirs de brûler les papiers dont il était détenteur et parmi lesquels on eût immanquablement trouvé de précieuses indications.
Quant aux incidents d’hier, ils ne furent qu’un faible écho de ceux de 1915, mais ils prouvent néanmoins qu’il existe encore quelques cerveaux fêlés inspirés par les vieux débris de la première affaire, inconsolables d’avoir fait lamentable fiasco et d’avoir vu s’envoler ce rêve qui leur faisait s’attribuer les prébendes d’un régime indépendant ou soi-disant tel.
(À suivre.)
Le Tamatave


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3 mars 2018

Il y a 100 ans : Faites des routes et vous aurez du riz (2)


(Suite.)
Mais si les centres de graphite sont ceux où a sévi la crise du riz, il va de soi qu’il y a là une corrélation étroite. Poser la question c’est la résoudre.
L’exploitation du graphite a mobilisé un nombre considérable de bras qui ont manqué à la terre, laquelle devait néanmoins nourrir les ouvriers ; ipso facto, le riz s’est raréfié et son prix d’achat s’est élevé ; s’il y a eu famine, ce fut une famine relative, qui a été aggravée sans aucun doute par la fâcheuse taxation.
Au lieu de laisser aller les choses, on aurait dû chercher le remède et faire plus tôt ces constatations qui auraient permis de voir de suite que le riz manquait, non pas dans la Grande Île, mais seulement dans quelques régions. C’est ainsi que Majunga regorgeait de cette précieuse denrée tandis que Tananarive en était dépourvue et la vallée de la Soka ne savait que faire de son riz dont les bœufs se gorgent au moment du battage. La crise du riz n’était donc qu’une crise de circulation.
Le remède est tout indiqué. Construire des routes là où se trouvent les grands centres de production afin d’évacuer rapidement les denrées, établir aussi des routes dans les régions à faible rendement, créer des chemins secondaires pour éviter le retour de ce qui s’est passé à 30 kilomètres de Mahatsinjo, où le riz valait trois fois moins que dans la ville même parce qu’on manquait de moyens de communication entre ces deux points.
Les routes construites éviteront une nouvelle crise alimentaire, d’abord en empêchant l’excès d’abondance ici et la disette là, ensuite encourageant les pays producteurs à produire davantage.

L’assistance médicale indigène à Madagascar

Le crédit prévu (pour les dégrèvements accordés pour la décharge, réduction, remise ou modération de taxe faisant l’objet de mandats de payements établis au profit du trésorier payeur) au budget de l’assistance médicale indigène à Madagascar pour 1917 s’était trouvé insuffisant ; par un arrêté du 11 août dernier, le gouvernement général de cette colonie avait dû doter le budget intéressé d’un crédit supplémentaire de 30 000 francs pour couvrir l’insuffisance précité.
Un décret daté du 25 décembre 1917, paru à l’Officiel d’hier, a approuvé cet arrêté.
Le Courrier colonial


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2 mars 2018

Il y a 100 ans : Faites des routes et vous aurez du riz (1)


La crise rizicole de Madagascar a perdu beaucoup de son acuité, non qu’elle soit terminée, mais on en prévoit le terme avec le rendement de la récolte de l’Ouest et les repiquages de riz de première saison dans le Centre. Une fois la « soudure » accomplie, la crise du riz ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
Servira-t-elle au moins de leçon ? C’est plus difficile à dire.
Comme toujours, l’administration a manqué de prévoyance et d’esprit d’organisation.
En effet, n’est-il pas étrange que, par exemple, la région de Nossi-Bé, si fertile en riz, ait exporté à l’extérieur avec les autres points de l’île des quantités très grandes de cette céréale alors qu’elle a été obligée ensuite, au mois d’octobre dernier, d’en faire venir pour ses besoins, à des prix exorbitants. Il est évident que si l’administration avait fait dresser l’inventaire des stocks, les choses se seraient passées différemment : les consommateurs, déjà gênés par le renchérissement de la vie, n’auraient pas eu à payer ces… erreurs. Ce système d’imprévoyance officielle n’a pu satisfaire que les transporteurs qui d’ailleurs par ce temps de crise de tonnage n’auraient pas été embarrassés pour utiliser leurs bateaux.
Mais ne soufflons pas sur les cendres éteintes. La crise est à peu près conjurée si elle ne l’est entièrement au moment où nous écrivons ; contentons-nous d’en tirer des constatations utiles pour éviter et surtout prévenir le retour d’événements aussi fâcheux.
Ces constatations peuvent se résumer ainsi :
Les régions où le prix du riz a subi les plus fortes variations semblent être les mêmes que celles où l’on exploite le graphite, c’est-à-dire Mananjary, Fianarantsoa, Miarinarivo, Ankazobe et la côte nord-ouest. Cependant, la vallée de la Betsiboka et la côte nord-ouest n’ont pas vu s’élever sensiblement les prix : le cours de 300 francs qui inquiéta les populations de Tuléar n’avait rien que de très normal… dans les circonstances actuelles ; les centres rizicoles de Vangaindrano et du lac d’Alaotra n’ont été influencés par les cours de Tamatave et de Tananarive qu’autant que les moyens de communication ont permis économiquement l’exportation de ces régions.
(À suivre.)
Le Courrier colonial


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