30 avril 2018

Il y a 100 ans : Dans la mer


Toutes les Sociétés de Géographie, vraiment savantes par conséquent, à l’exclusion de celles de Bochie, sont saisies de la question de fixer l’étymologie de certaines îles de la mer.
Notamment, notre îlot tamatavien, célèbre dans nos fastes maritimes, a l’honneur de se faire arracher leurs quatre cheveux aux vénérables docteurs de ces vénérées Sociétés.
Doit-il être appelé l’îlot Prune ou l’île aux Prunes ? Les Boches qui y avaient été internés en août 1914 avaient tourné la difficulté ; se rappelant l’hospitalité large que ces bons Français leur avaient assurée à Madagascar et considérant le long développement des côtes madécasses, ils avaient décidé entre eux de ne plus appeler la Grande Île que l’île aux Poires !
Poire ou prune, nous avons un îlot qui n’a guère servi jusqu’à présent qu’à naufrager les pauvres bateaux en fugue devant la tempête.
Il s’agit de lui donner une destination pratique autant que définitive.
J’ai pu avoir quelques instants sous les yeux un projet préparé dans les bureaux arcanéens de l’un de nos services les plus utiles.
Il est question d’employer les déblais du très futur port de Tamatave à la construction d’une îlette jumelle ; elle recevra le nom de l’île aux Dattes ou de la Date ; après la guerre, la clique Hohenzollern sera conduite là à perpétuité ; les pruneaux seront réservés aux mâles et les dattes aux femelles ; comme il sera entretenu dans le canal de séparation des deux îles une quantité de requins de l’espèce la plus vorace, pruneaux et dattes ne pourront plus jamais communiquer ensemble.
Ainsi s’éteindra la lignée maudite de toute l’humanité ; et ainsi se réalisera la grande politique du président Wilson !
Le passant.

Le vola-alika à Tananarive

Le vola-alika est, quand il y en a, délivré aux caisses publiques et aux premiers arrivants.
Ce sont des indigènes qui se prétendent envoyés par des Européens. Il serait sage que chacun de nous donne un bon à l’émissaire envoyé, afin d’éviter que le vola-alika ne fût encore monopolisé par des indigènes faisant une déclaration imaginaire.
Ce sont ces bougres-là qui détiennent la monnaie blanche. Efforçons-nous de ne point laisser l’autre tomber entre leurs mains.
Le Tamatave


Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 71 titres parus à ce jour.

29 avril 2018

Il y a 100 ans : Spéculation… réquisition (2)


(Suite et fin.)
Cette tâche n’est pas insurmontable mais encore faut-il l’envisager dans toute son étendue et notre gouvernement ne devra pas craindre de s’éclairer des lumières de gens compétents et familiarisés avec les questions commerciales.
Mais, nous le répétons encore, pas de demi-mesures. Ou le commerce libre, ou la réquisition générale du riz à la récolte…
Ceux qui avaient traité pour le riz du Louqsor en seront non seulement pour leurs frais de versement et d’intérêt, mais ils doivent encore se demander quand ils pourront disposer des capitaux qu’ils avaient immobilisés pour cette affaire.
Ceux-là ni les autres ne sont pas prêts de renouveler l’expérience.

Commission mobile

Il serait question de rétablir la commission mobile pour l’examen des demandes de sursis.
C’est évidemment une nécessité afin d’éviter les erreurs grossières commises par la commission fixe. On voit en effet des colons utiles, en qui les indigènes ont confiance à ce point qu’ils exercent une réelle influence sur toute une région, appelés à se rendre à la caserne. Par contre, on voit par exemple dans une grande ville de l’ouest des maisons de commerce où se trouvent trois employés dont deux mobilisables et d’autres qui seraient parfaitement capables d’aller retrouver des camarades de classe et d’âge continuer à vaquer à leurs occupations comme si rien n’était. Demandez à notre confrère Bontoux qui dirige les Petites Affiches.
Il signale même, dans l’un de ses numéros de décembre, un embusqué mousquetaire terré dans une localité qu’il désigne.
La commission mobile peut opérer efficacement en ce sens qu’elle peut, sur place, se rendre compte de l’utilisation des individus au point de vue défense nationale. C’est ce que demandent les colons et le gouverneur général peur donnera satisfaction.

Accident

Un accident d’automobile s’est produit dernièrement sur la ligne de l’ouest.
Un mécanicien a été tué, il y aurait plusieurs blessés.
Le Tamatave


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28 avril 2018

Il y a 100 ans : Spéculation… réquisition (1)


On se plaint beaucoup depuis quelque temps de la spéculation et nos sujets hovas seraient, paraît-il, passés maîtres dans cet art qui consiste à s’enrichir en spéculant sur la misère de leurs semblables.
Pour remédier à cette situation, le gouvernement vient de prendre quelques mesures, entre autres l’achat direct de riz dans la région du lac Alaotra et certaines réquisitions, dont la dernière est celle du riz chargé sur le Louqsor à Majunga.
La première de ces mesures n’a pas eu de résultat appréciable au point de vue de la situation générale du marché.
Quelques Malgaches, employés dans certaines administrations, ont eu pendant quelques jours du riz un peu meilleur marché que leurs concitoyens qui ne travaillaient pas au fanjakane et c’est tout – et cela n’a pas empêché les cours de suivre leur marche ascendante…
Reste la seconde mesure !
La réquisition est, croyons-nous, la meilleure des armes contre la spéculation.
Mais cette arme est à deux tranchants et, maniée par des mains inexpertes, elle risque de nuire au lieu de protéger.
Et c’est malheureusement ce qui est à craindre aujourd’hui.
La réquisition des riz chargés sur le Louqsor produira beaucoup de mécontentement sans obtenir le résultat désiré, à moins cependant que la mesure soit complétée comme il convient. En matière de réquisition, il ne faut pas de demi-mesures. Puisqu’on a commencé à réquisitionner, il faut aller jusqu’au bout et réquisitionner tout le riz de la récolte. En prenant cette mesure immédiatement et en l’appliquant sur le producteur lui-même, toute spéculation sera rendue impossible et, on ne le répétera jamais assez, ce résultat ne peut pas être obtenu autrement.
Par des réquisitions partielles, on fera du tort à certains commerçants et producteurs qui seront en droit de protester car ils pourront toujours demander pourquoi cette mesure est appliquée à tel chargement ou à tel centre producteur plutôt qu’à un autre.
En second lieu, il est certain que, devant la menace de la réquisition, nos commerçants s’abstiendront à l’avenir de traiter de nouvelles affaires. Le gouvernement a donc à assurer le ravitaillement de la population car il ne peut plus compter sur le commerce pour cela.
(À suivre.)
Le Tamatave


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27 avril 2018

Il y a 100 ans : Soins mutuels


On sait qu’en faisant la conquête de la Grande Île, nous n’avons pas apporté seulement la civilisation aux indigènes mais aussi la chique ou puce pénétrante, que des tirailleurs ont amenée du Sénégal.
Or, il paraît que cette chique est l’unique cause du spectacle que donnent, dans les villes, les bourjanes se livrant aux douceurs du farniente. S’ils font petroka, c’est uniquement pour qu’ils « s’échiquent » mutuellement les pieds le long des trottoirs sur lesquels ils éparpillent malheureusement les œufs du redoutable insecte.
Cependant, le remède serait simple : la chique n’étant pas indigène, le service sanitaire devrait aviser à la supprimer ou tout au moins à la rendre plus rare. Il suffirait que les agents indigènes se montrassent un peu plus actifs, et qu’on installât des dispensaires ad hoc dans certains quartiers où les Malgaches, hommes, femmes et enfants, seraient d’abord échiqués selon les règles, puis dotés de topiques préservatifs dont la formule est bien connue, qui empêcheraient le retour du mal.
Après, s’il se trouvait encore des petroqueurs, il serait facile de les utiliser plus congrument ; on manque de main-d’œuvre dans la Grande Île.

Des œuvres de Ralambo

Dans la Grande Île, à Analalava, il a été vendu récemment, au profit des œuvres de guerre, quatre portraits en pied et de grandeur naturelle du général Gallieni, dus au pinceau de l’artiste malgache Ralambo, bien connu en Émyrne.
Le Courrier colonial

Le riz

Cette denrée de première nécessité manquant complètement sur place se vend à des prix exorbitants.
Ainsi, hier, une vente de riz à l’encan aux Magasins Généraux a atteint le prix de 1 020 fr. la tonne, ce qui revient à 1 fr. 02 le kilo.
On attend avec impatience l’arrivée du Louqsor qui doit nous en apporter.
Tout ce riz a été réquisitionné. Nous ne connaissons pas les conditions dans lesquelles cette réquisition a été effectuée. Mais à notre avis il nous apparaît qu’une mesure de ce genre devrait non pas s’appliquer à certains centres producteurs, ou à certains chargements, mais être généralisée.
La seule façon logique du moins d’enrayer la spéculation dont tout le monde se plaint est de réquisitionner le riz de la nouvelle récolte dans tous les centres producteurs.
Nous reviendrons sur cette question.
Le Tamatave


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26 avril 2018

Il y a 100 ans : Actualités (2)


(Suite et fin.)
Sans doute, si, au commencement de la guerre, on avait eu l’idée de nous frapper une monnaie d’aluminium analogue à celle que plusieurs villes de France viennent de mettre en circulation, la situation serait meilleure. Mais combien parmi nous supposaient, en 1914, que la guerre se prolongerait autant ? Actuellement, nous avons aussi peu de chance de recevoir de l’aluminium que de l’argent monnayé.
Enfin, la question de l’alimentation. La lecture attentive des journaux de la Réunion et de Maurice montre que nos voisins, en fin de compte, espèrent en une prochaine bonne récolte à Madagascar pour l’amélioration de leur situation.
Ajoutons que ce n’est pas tant le manque de vivres qui nous fait souffrir, mais le manque de moyens de communications entre provinces. Par exemple, l’Ouest pourrait mieux aider l’Est si le Ministère n’avait pas mis la main sur la navigation commerciale, au point de déterminer expressément la composition du chargement de chaque unité.
La presse malgache a protesté, mais rien n’y a fait.
Nous n’avons pas à prendre la défense de M. Merlin. L’auteur de la Lettre en question reconnaît qu’il n’est pas le premier venu, que son passé africain lui a valu une belle citation à l’ordre du pays, qu’il a trouvé une situation fort compliquée à Madagascar où il n’est arrivé que depuis cinq mois, etc.
D’ailleurs, le Chef de la Colonie a parlé. Les paroles qu’il a dites au premier Kabary qu’il fit à la population malgache à Tananarive, en décembre, se suffisent à elles-mêmes.
Pour notre part, quoique ne connaissant pas personnellement M. Merlin, nous croyons que son passé autorise la confiance, une sorte de crédit moral très large. Nous ne le croyons pas égoïste au point de ne songer qu’à son bien-être particulier. Les difficultés que chacun de nous éprouve dans la conduite de ses affaires actuelles, il doit les éprouver aussi, et autrement accentuées, pour l’ensemble des affaires du pays.
Nous estimons qu’il faut, en ce moment et jusqu’à ce que le contraire s’impose, que la Colonisation soutienne l’action du Chef de la Colonie pour franchir le mauvais pas et, du même coup, obtenir certain relâchement à cette trop méticuleuse tutelle ministérielle dont se plaignent toutes nos assemblées élues.
Tanio.
Le Tamatave


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20 avril 2018

Il y a 100 ans : Actualités (1)


Un journal local a publié une Lettre ouverte à M. le Gouverneur Général Merlin.
La lecture de ce papier nous a causé un peu de déception et un peu d’affliction à la fois.
Nous sommes affligés de cet exorde, qui est une charge à fond de train contre trois des Gouverneurs Généraux qui se sont succédé à Madagascar ; l’un d’eux est décédé aujourd’hui. Certes, la critique de leur œuvre est du domaine public ; mais ne convient-il pas de retenir que, aux yeux des constants observateurs que sont les Malgaches, ces trois hommes ont ici représenté la France ?
Quant au fond, nous n’avons pas trouvé dans cette Lettre un exposé réel de la situation, telle qu’elle doit être connue à l’extérieur.
Suivons simplement la division qu’a adoptée l’auteur.
1° La main-d’œuvre ; 2° La monnaie ; 3° L’alimentation.
Madagascar a envoyé à la Défense Nationale 43 000 hommes qui ont été choisis parmi les plus robustes dans toutes les tribus de la grande île. La Métropole a continué d’en demander. M. Merlin a réussi de faire comprendre au Ministère qu’il était urgent de mettre fin au recrutement : tout le monde sait cela.
M. Garbit, on aurait mauvaise grâce à l’oublier, avait appliqué une sorte de réquisition de la main-d’œuvre qui aida beaucoup les colons, notamment les exploitants de graphites. Mais qui ignore qu’en vertu des… grands principes, le Ministère ordonna de ne pas continuer ?
De tous côtés, à Madagascar, on demande l’obligation du travail ; mais le procès-verbal de l’entrevue de la délégation des corps constitués de Fianar, Ambositra et Mananjary relate que le Gouverneur Général Merlin a répondu qu’à son grand regret et dans l’état actuel des choses, il ne pouvait promettre qu’une action administrative.
De même pour la monnaie. Le procès-verbal précité relate la déclaration de M. Merlin que la frappe d’une monnaie spéciale à Madagascar nécessitait une autorisation spéciale, par une loi à obtenir du Parlement.
Au fait, en supposant que Madagascar utilise les vieux bouts de cuivre qui traînent par-ci par-là, qui peut garantir que ce nouveau billon n’irait pas rejoindre l’ancien dont la disparition n’a pas été positivement expliquée ?
(À suivre.)
Le Tamatave


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10 avril 2018

Il y a 100 ans : C’est peut-être une explication


Dans un de nos derniers numéros, en parlant des indigènes malgaches qui repoussaient le papier-monnaie, nous signalions la raréfaction constante de la piastre, c’est-à-dire de la pièce de cent sous.
Notre confrère le Tamatave raconte une histoire qui expliquerait, au moins pour une part, le mystère de cette volatilisation.
Un indigène, à qui on avait volé sa malle, dut faire la déclaration de son contenu au magistrat instructeur et dit qu’outre ses effets, elle renfermait 1 500 francs en pièces de 5 francs.
Curieux par métier, le juge demanda au volé comment il avait en sa possession cette somme d’argent et le Malgache, tout penaud, lui confia son secret.
Il se procurait ces pièces de 5 francs grâce à des rabatteurs à qui il faisait une petite remise, puis il les revendait avec 10 % de bénéfice ; la différence entre le prix d’achat et le prix de vente constituait son profit.
Un jour vint où ses occupations ne permirent plus à ce naïf boursier de continuer son agiotage et il passa la suite de ses affaires à un autre indigène qui prit 20 % de commission, jugeant impossible de s’en sortir à moins !
Notre confrère ajoute que le magistrat a dressé procès-verbal contre ces deux trafiquants de monnaie.

Le bassin de radoub de Diégo-Suarez

Les journaux de Madagascar constatent avec enthousiasme le succès du bassin de radoub de Diégo-Suarez dont certains prévoyaient la faillite ; on l’avait dit inachevable et lorsqu’en 1916, le Gouvernement général manifesta la volonté de le terminer, quelques-uns crièrent à l’argent perdu.
Notre confrère, la Tribune, ne cache pas sa satisfaction et énumère complaisamment les navires qui, en novembre, ont passé au bassin. Ce fut d’abord un grand cargo anglais, en charge sur la côte Est, qui vint y faire « une grande toilette », puis le Bagdad, cruellement éventré dans la baie d’Antongil, qui vint s’y faire réparer. « D’autres navires, écrit notre confrère, y avaient pris leurs numéros. »
M. Garbit, à qui revient l’honneur d’avoir réalisé cette œuvre, peut en être fier ; le bassin de radoub de Diégo-Suarez est maintenant connu et apprécié des navigateurs, ce qui prouve que pour réaliser un travail, il suffit simplement de savoir vouloir.
Le Courrier colonial


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8 avril 2018

Il y a 100 ans : La sériciculture à Madagascar


On sait le développement que la sériciculture a pris dans la Grande Île depuis que nous nous y sommes installés.
Chargé de réorganiser ce service dans le centre de notre grande colonie de l’océan Indien, M. Fauchère a eu l’amabilité de nous communiquer les observations qu’il lui a été donné de recueillir.
C’est ainsi que les races de Séricaria mori originaires de l’Europe méridionale introduites dans la colonie, et qui ne procréaient qu’une fois par an, donnent aujourd’hui six générations après un acclimatement de deux années.
On croyait couramment que les races polyvoltines donnaient des récoltes inférieures en quantité et en qualité. M. Fauchère a pu se convaincre qu’ainsi acclimatées, ces races fournissaient des cocons identiques aux races restées monovoltines. Au surplus, tandis que les œufs de ces dernières doivent être hibernés pour éclore régulièrement, ceux des vers devenus polyvoltins éclosent naturellement douze ou treize jours après la ponte, sans que l’intervention du froid soit nécessaire ; elle serait plutôt nuisible car les œufs exposés par M. Fauchère dans des chambres à 5 degrés au-dessus n’éclosaient pas normalement.
Comme en Europe, les vers à soie de Madagascar sont sujets à plusieurs maladies, notamment la pébrine, ce terrible ennemi du sériciculteur madécasse ; la pébrine s’aggrave dans les régions tropicales du fait que les générations d’insectes se succèdent sans arrêt durant toute l’année et un peu aussi par l’insouciance des éleveurs.
Dans le but de remédier à ce grave inconvénient, M. Fauchère s’est livré à des recherches qui l’ont rassuré.
La transmissibilité de la pébrine est plus difficile qu’on croit, et en élevant des vers à soie par familles séparées, il put obtenir dans le même local des familles presque complètement indemnes, alors que les familles voisines étaient presque toutes contaminées.
Ce système d’élevage a donné toute satisfaction à notre entomologiste puisqu’il en a fait sa règle pour la production de la graine à la station séricicole de Nanisana, près Tananarive, perfectionnant seulement le système de grainage cellulaire adopté en Europe, pour l’adapter aux conditions de la sériciculture tropicale.
Ajoutons, en terminant, que les observations de M. Fauchère ne concernent uniquement que le séricaria mori.
Le Courrier colonial


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3 avril 2018

Il y a 100 ans : Amateurs de farniente (2)


(Suite et fin.)
En première ligne, nous voyons la répression du vagabondage ; cette mesure, qui s’est montrée opérante en France, porterait les mêmes fruits dans la Grande Île où trop d’outlaws vivent en marge et aux dépens des populations laborieuses.
On demandait ensuite que le livret de travail complétant la carte individuelle fût obligatoire, pour permettre de suivre le travailleur dans toutes ses pérégrinations de chantier à chantier ou de plantation à plantation. L’établissement d’un pareil livret faciliterait singulièrement les rapports entre employeurs et employés.
Il conviendrait aussi que la main-d’œuvre pénale fût réellement organisée afin d’obtenir des condamnés un rendement plus sérieux.
Il faudrait enfin réviser les conseils d’arbitrage dont les sanctions sont toujours à l’avantage de l’indigène puisqu’elles ne sont suivies d’effet réel qu’en cas de condamnation du colon. Cette mesure devrait être complétée par une augmentation notable de la contrainte par corps.
Tous ces desiderata marqués au coin du bon sens ont été exprimés il y a déjà quelque temps ; on a eu tout le temps nécessaire pour les étudier en vue de leur application.
Malheureusement, tout permet de penser que la Chambre consultative et le Comice agricole de Tananarive en ont été pour leur délibération, car il n’est pas à notre connaissance qu’elles aient été suivies d’effet.

La « Journée Galliéni » à Madagascar

Dans la Grande Île, la population de Marovoay a voulu clôturer l’année par un hommage au regretté pacificateur de Madagascar.
Elle a, les 30 novembre et 1er décembre derniers, organisé des fêtes populaires qu’elle a dénommées « Journées Galliéni ». De brillants préparatifs furent faits près d’un mois à l’avance. Les brillants résultats obtenus l’ont été en partie grâce à M. Avonts-Saint-Lager, administrateur qui a prêté la collaboration officielle aux organisateurs de ces belles journées.
La journée « Galliéni » organisée par la ville de Tamatave a eu, en dépit d’une pluie diluvienne, un plein succès et la recette réalisée a dépassé 3 000 francs.
Parmi les attractions, on remarquait un pousse-pousse dans lequel trônait l’effigie en terre glaise du kaiser enchaîné et les mains rouges de sang.
Le Courrier colonial


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1 avril 2018

Il y a 100 ans : Amateurs de farniente (1)


Le culte du farniente a toujours été le péché mignon des natures primitives, mais les indigènes de Madagascar, au moins ceux de certaines provinces, semblent avoir élevé ce culte à la hauteur d’une institution d’État, fait d’autant plus regrettable que la Grande Île souffre plus qu’aucune autre colonie du manque de main-d’œuvre.
Tous nos compatriotes de là-bas, colons, commerçants et industriels, sont unanimes sur ce point, et la presse locale, qui reflète fidèlement leur pensée à tous, ne cesse de demander l’application de mesures efficaces contre cet état de choses.
Chacun apporte son remède, chacun assure avec raison que cette crise de main-d’œuvre ne devrait pas exister puisqu’il y a pléthore de bras, et qu’il suffirait d’empêcher ces bras de rester croisés.
Dans les régions côtières, où la main-d’œuvre fait particulièrement défaut, les indigènes, dénués de besoins, sont enclins à la paresse et s’abandonnent plus qu’ailleurs encore aux douceurs du petroka.
La Chambre consultative et le Comice agricole de Tananarive réunis avaient préconisé l’année dernière quelques mesures qui, si elles avaient été suivies, auraient sans doute amélioré la situation et rendu moins pénible la crise alimentaire qui a inquiété nos colons à la fin de l’année.
Les deux assemblées réunies avaient suggéré de créer des besoins aux indigènes en agissant surtout auprès des jeunes générations.
Elles avaient également proposé la révision de la taxe individuelle, non pas seulement parce que les conditions économiques se sont modifiées depuis sa création, mais encore parce que, dans certaines régions, l’indigène travaille juste pour gagner l’argent nécessaire au payement de cette carte. Il faudrait l’augmenter ; de même pour certaines patentes, par exemple celles d’hommes robustes qui ne font rien que somnoler toute la journée derrière quelques morceaux de savon ou quelques petits paquets de poissons secs qui les autorisent à s’intituler marchands.
La Chambre consultative et le Comice agricole ayant dressé ce programme de mesures, appelées indirectes, en ont exposé d’autres qualifiées de directes.
(À suivre.)
Le Courrier colonial


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