1 avril 2018

Il y a 100 ans : Amateurs de farniente (1)


Le culte du farniente a toujours été le péché mignon des natures primitives, mais les indigènes de Madagascar, au moins ceux de certaines provinces, semblent avoir élevé ce culte à la hauteur d’une institution d’État, fait d’autant plus regrettable que la Grande Île souffre plus qu’aucune autre colonie du manque de main-d’œuvre.
Tous nos compatriotes de là-bas, colons, commerçants et industriels, sont unanimes sur ce point, et la presse locale, qui reflète fidèlement leur pensée à tous, ne cesse de demander l’application de mesures efficaces contre cet état de choses.
Chacun apporte son remède, chacun assure avec raison que cette crise de main-d’œuvre ne devrait pas exister puisqu’il y a pléthore de bras, et qu’il suffirait d’empêcher ces bras de rester croisés.
Dans les régions côtières, où la main-d’œuvre fait particulièrement défaut, les indigènes, dénués de besoins, sont enclins à la paresse et s’abandonnent plus qu’ailleurs encore aux douceurs du petroka.
La Chambre consultative et le Comice agricole de Tananarive réunis avaient préconisé l’année dernière quelques mesures qui, si elles avaient été suivies, auraient sans doute amélioré la situation et rendu moins pénible la crise alimentaire qui a inquiété nos colons à la fin de l’année.
Les deux assemblées réunies avaient suggéré de créer des besoins aux indigènes en agissant surtout auprès des jeunes générations.
Elles avaient également proposé la révision de la taxe individuelle, non pas seulement parce que les conditions économiques se sont modifiées depuis sa création, mais encore parce que, dans certaines régions, l’indigène travaille juste pour gagner l’argent nécessaire au payement de cette carte. Il faudrait l’augmenter ; de même pour certaines patentes, par exemple celles d’hommes robustes qui ne font rien que somnoler toute la journée derrière quelques morceaux de savon ou quelques petits paquets de poissons secs qui les autorisent à s’intituler marchands.
La Chambre consultative et le Comice agricole ayant dressé ce programme de mesures, appelées indirectes, en ont exposé d’autres qualifiées de directes.
(À suivre.)
Le Courrier colonial


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