31 mai 2016

Il y a 100 ans : Les jugements

Le Tribunal indigène du 2e degré a prononcé hier 18 février 1916 son jugement que voici :
Sept acquittements : le Père Venance, les F. F. Julien et Raphael, Rabary, Razafimahefa, Ranjavola et Randriamahefa.
Huit condamnations aux travaux forcés à perpétuité, dont le pasteur Ravelojaona.
Quatre condamnations à 20 ans de travaux forcés.
Neuf à 15 ans.
Quatre à 10 ans, dont Samuel Jafetra.
Neuf à 5 ans.
De son côté le Tribunal Administratif a fait bonne besogne ; environ 300 inculpés ont été condamnés à des peines variant de 2 à 5 ans.
En voilà qui ne recommenceront pas.
Le Tamatave

Les deux Anastasie

Un journal du matin a publié, avec l’autorisation d’une censure qui n’en est plus à compter ses méfaits, le récit fantastique d’un soulèvement indigène, préparé à Madagascar avec le concours d’éléments allemands. Parmi les coupables, on compterait des médecins, des pharmaciens, des photographes, des petits fonctionnaires, un prêtre indigène catholique, des pasteurs protestants, deux frères des Écoles chrétiennes, que sais-je encore.
Dès la fin de décembre, les journaux de Madagascar nous avaient apporté le récit de tous ces faits ramenés à leur juste proportion.
Les correspondances que nous avons reçues de Tananarive, de Diégo-Suarez, de Tamatave, nous avaient signalé les incidents et précisé les mesures de protection prises par M. Hubert Garbit, Gouverneur général de Madagascar.
Mais tout cela n’a jamais eu l’importance d’autres événements survenus ailleurs, dont la censure nous a interdit la publication.
Les vieillards cacochymes de la rue de Grenelle ne permettent pas à Henri Labroue de dire ce que pensent nos amis d’Algérie, elle interdit à Marcel Ruedel de raconter ce qui se passe en Éthiopie, d’après des documents authentiques parvenus en janvier.
Mais les jeunes hurluberlus de la rue François-Ier, qui surveillent les quotidiens, essayent d’émouvoir l’opinion en paissant publier, par Alype (Pierre), dans Excelsior, un conte des mille et une nuits sur les forces abyssines, et, par le Journal, d’hier, le récit fantastique, arrivé par dépêche (???), d’un sombre complot organisé à Madagascar, par des gens dont les principaux meneurs seraient d’anciens protégés de M. Victor Augagneur.
Et il y a vingt mois que nous sommes en guerre.
Tout cela est bête à pleurer.

Les Annales coloniales

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.

30 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (12)

(Suite.)
Ultime confrontation. Le Frère Raphaël est appelé à la barre
Le Président. — Nous allons faire défiler devant vous ceux qui vous ont dénoncé.
Ratsimiseta. — J’ai oui dire.
Ramanantoanina. — J’ai appris de Ravelonahina.
Ravelonahina. — D’après les on dit, aucune précision.
Randriamahefa. — Ça se répétait en cours de route.
Razafindrazaka. — Rien de précis, de Ramanantoandro.
Ramaromisa. — Par des on dit, rien de précis.
Razafindrazaka. — J’ai entendu parler par Ravelonahina.
Ramilijaona. — Je tiens la nouvelle de Ratantely.
Ratantely. — Par ouï dire.
Père Venance Manifatra
Le Président. — Nous allons faire défiler devant vous ceux qui vous ont dénoncé.
Razafindrabeso. — Je ne connais que d’après ce que m’a dit Ramilijaona.
Ramilijaona. — Je le tiens de Ratantely.
Ratantely. — Par ouï dire, par on dit.
Ratsimiseta. — Même condition, on m’a dit, par ouï dire.
Ramanantsoa. — Bruit vague des Sakelika, par ouï dire.
Randriamahefa. — Renseignements recueillis en cours de route, par ouï dire.
Razafimbada. — Par Ramanantoandro.
Ramaromisa. — Par ouï dire.
Ralaitsirofo. — De Ravelonahina.
Ravelonahina. — On me l’a dit.
Jeudi après-midi, les plaidoiries commencèrent, ce fut Me Baudin qui ouvrit le feu, exposant la genèse de l’affaire.
Puis ce furent Mes Lacaille, Favre, Bourgoin, Bruelle, Thuillier, Largey. La thèse générale est celle-ci. Il n’y a ni unité de volonté, ni unité de pensée, encore moins unité de direction. Pas de ressources, pas d’éléments. Il n’y a même pas tentative de complot.
Par contre, la défense admet que les inculpés sont coupables d’avoir fait partie d’une société secrète.
Me Largey estime qu’un des accusés méritait simplement une « fessée administrative », parce qu’après tout, le gamin dont il avait les intérêts à défendre s’est cru quelqu’un, étant quelque chose à 18 ans. Et s’il était quelque chose à cet âge, c’est la faute de l’administration. Il est évident qu’il est imprudent de confier des situations à peu près indépendantes à des jeunes gens sans expérience, enclins à l’orgueil, par conséquent susceptibles de manquer à tous leurs devoirs vis-à-vis du public avec qui ils sont en contact permanent. On trouvera certainement le moyen de remédier à cet état de choses.

Le Tamatave

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29 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (11)

(Suite.)
Ultime confrontation. Le Frère Raphaël est appelé à la barre
Le Président. — Nous allons faire défiler devant vous ceux qui vous ont dénoncé.
Ratsimiseta. — J’ai oui dire.
Ramanantoanina. — J’ai appris de Ravelonahina.
Ravelonahina. — D’après les on dit, aucune précision.
Randriamahefa. — Ça se répétait en cours de route.
Razafindrazaka. — Rien de précis, de Ramanantoandro.
Ramaromisa. — Par des on dit, rien de précis.
Razafindrazaka. — J’ai entendu parler par Ravelonahina.
Ramilijaona. — Je tiens la nouvelle de Ratantely.
Ratantely. — Par ouï dire.
Père Venance Manifatra
Le Président. — Nous allons faire défiler devant vous ceux qui vous ont dénoncé.
Razafindrabeso. — Je ne connais que d’après ce que m’a dit Ramilijaona.
Ramilijaona. — Je le tiens de Ratantely.
Ratantely. — Par ouï dire, par on dit.
Ratsimiseta. — Même condition, on m’a dit, par ouï dire.
Ramanantsoa. — Bruit vague des Sakelika, par ouï dire.
Randriamahefa. — Renseignements recueillis en cours de route, par ouï dire.
Razafimbada. — Par Ramanantoandro.
Ramaromisa. — Par ouï dire.
Ralaitsirofo. — De Ravelonahina.
Ravelonahina. — On me l’a dit.
Jeudi après-midi, les plaidoiries commencèrent, ce fut Me Baudin qui ouvrit le feu, exposant la genèse de l’affaire.
Puis ce furent Mes Lacaille, Favre, Bourgoin, Bruelle, Thuillier, Largey. La thèse générale est celle-ci. Il n’y a ni unité de volonté, ni unité de pensée, encore moins unité de direction. Pas de ressources, pas d’éléments. Il n’y a même pas tentative de complot.
Par contre, la défense admet que les inculpés sont coupables d’avoir fait partie d’une société secrète.
Me Largey estime qu’un des accusés méritait simplement une « fessée administrative », parce qu’après tout, le gamin dont il avait les intérêts à défendre s’est cru quelqu’un, étant quelque chose à 18 ans. Et s’il était quelque chose à cet âge, c’est la faute de l’administration. Il est évident qu’il est imprudent de confier des situations à peu près indépendantes à des jeunes gens sans expérience, enclins à l’orgueil, par conséquent susceptibles de manquer à tous leurs devoirs vis-à-vis du public avec qui ils sont en contact permanent. On trouvera certainement le moyen de remédier à cet état de choses.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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28 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (10)

(Suite.)
Le Président. — Il est évident que contre vous nous n’avons pas de preuves.
(Et on le détient quand même !!!)
P. Venance. — Il n’y en a qu’un seul que j’aurais pu voir, c’est Michel Randria. Il n’est pas venu me voir. Conclusion, j’ai subi 50 jours de détention sur des : on dit.
N’ayant rien fait, pas même une imprudence, je m’inscris en faux contre tout témoignage qui serait apporté ici.
Le Président. — Il a été dénoncé par de nombreux accusés, mais sans preuves.
Me Favre. — Alors, le P. Venance n’a pas fait de traité avec le Japon.
P. Venance. — Je crois avoir à attendre longtemps la réponse du Mikado.
Me Favre. — Est-ce que ce ne sont pas les grands-parents du Père Venance qui cédèrent Nosy-Bé à la France ?
P. Venance. — Mais oui, nous avons toujours été considérés comme citoyens français, ma famille figure dans des annuaires comme française.
Le Président. — Vous avez suivi la campagne du Mazava.
P. Venance. — Oui, je suivais la littérature malgache, j’ai dit que ce journal était le mieux rédigé des journaux malgaches.
On peut dire après tout que si j’ai excité les gens à la révolte, c’était à la révolte contre le diable.
Le Président. — Michel Randria vous a compté parmi les chefs.
P. Venance. — Pourquoi donc n’est-il pas venu me voir quand il est venu à Tananarive ?
Me Baudin. — Constatons que c’est lui qui accuse le P. Venance et que deux accusés ont déclaré que le nom des religieux avait servi à recruter.
P. Venance. — Je n’ai plus rien à dire, sinon que mes parents sont morts à 80 et 75 ans, notoirement fidèles à la France.
Le Président. — On vous confrontera avec ceux qui vous ont dénoncé.
Mes Favre et Baudin. — Pourquoi pas tout de suite avec ceux qui sont ici ?
Le Président. — Non, plus tard, quand les témoins seront entendus, je n’établirai pas un tour de faveur au Père Venance.
Me Baudin. — Ce ne serait pas un tour de faveur, M. le Président.
En fin d’audience, avant que ne commençât le défilé des témoins, le Frère Raphaël et le Père Venance, à la barre, virent défiler devant eux ceux qui les avaient dénoncés. Ci-après le résultat exact de ces confrontations.
(À suivre.)

Le Tamatave

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27 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (9)

(Suite.)
Toutes ses réunions sont présidées par les Pères. À propos de mon livre, c’est un volume qui réunissait des articles déjà parus. Ce sont des nouvelles dans le genre de celles de Pierre l’Ermite, de la Croix. On peut examiner ce livre, on ne trouvera rien. Il a d’ailleurs été examiné et on n’a rien trouvé.
On ménagea alors un coup de théâtre. On fit appeler Ratsimiseta et on lui demanda si j’étais en rapport avec la V. V. S. Confrontation négative.
Faire partie d’une société secrète, moi ! Conspirer contre l’État ! J’ai affirmé énergiquement que c’était à ce moment seulement que je connaissais l’existence d’une société Vy, Vato, Sakelika.
Le Président. — Il est de notoriété, à Fianarantsoa ou Ambositra, que vous étiez chef.
— Comment, chef ! alors que je n’ai vu personne, c’est un peu fort.
Si c’eût été de notoriété publique, il n’eût pas manqué de catholiques qui auraient eu vent de l’affaire et seraient venus en parler à mes supérieurs.
Je nie formellement avoir eu connaissance d’une société secrète.
— Vous avez été dénoncé par tous, c’est tout ce que je puis vous dire.
— Mon nom est très répandu, on l’a mis en avant pour recruter des adhérents. Je répète que, jusqu’au 8 janvier, ayant été mis en cellule, j’ai ignoré l’existence de la société Vy, Vato, Sakelika.
Les débats ont été clos jeudi soir à 5 h. Toutefois le jugement ne sera rendu qu’aujourd’hui ou demain. Le Tribunal aura d’abord à se prononcer sur la question d’incompétence soulevée par Me Lacaille sur conclusions formelles auxquelles se sont ralliés tous ses confrères.
Nous avons donc la perspective d’en voir de belles.
Incident
Me Baudin. — Comment se fait-il que le Docteur Rasamimanana qui fut dénoncé comme le P. Venance ait été laissé en liberté ?
Le Président. — Nous n’avons à nous occuper que des inculpés ici présents.
Me Baudin. — Pardon, deux hommes sont en même situation, ils subissent deux traitements différents.
Le Président. — Je ne vous donnerai pas d’explication, vous n’avez pas à m’en demander.
Me Baudin. — J’en tirerai ailleurs telles conséquences que de droit.
Le Président. — Enfin, Père Venance, on vous a dénoncé.
P. Venance. — Pardon, quel est le témoin qui affirma que j’étais chef ? On a dit : Peut-être, on dit…
 (À suivre.)

Le Tamatave

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23 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (8)

(Suite.)
Là, on me demanda si je savais pourquoi j’étais arrêté.
Je répondis que non.
On me l’expliqua, je tombai des nues. Comment ! moi, ancien citoyen français, élevé par les Français, ayant fait toutes mes études françaises, moi que le gouvernement hova expulsa, j’aurais travaillé à restaurer un gouvernement qui m’avait mis dehors.
Tous mes faits et gestes ont été contrôlés par mes supérieurs qui ont été les témoins de mes actes.
On me mit en cellule.
Au commencement de janvier, j’ai été, comme les autres, appelé à Ambatovinaky devant le juge d’instruction.
« De qui est cette lettre, me dit-il. – C’était une lettre de mon frère, chef de gare à Mahatsara. – Que signifient ces expressions : Bénie soit ta bouche pour ce que tu m’annonces ? – Il s’agissait d’un avancement promis par son patron. »
Cette explication ne parut pas rassurer le magistrat. Quelques jours après, le juge d’instruction me fit savoir qu’il y avait une légère différence entre mon frère et moi. Dans la suite, on n’a pas insisté.
La deuxième lettre était la lettre du frère Jullien. Je n’ai plus à en parler, l’incident est clos. On me montra ensuite un carnet sur lequel il y avait des mots comme ceux-ci : Incendie, concession, côte. J’ai répondu qu’à mon dernier voyage en Belgique, je cherchais des fonds pour la mission, j’ai donné des conférences à Liège, Anvers, Arlon. J’avais pris quelques notes.
On me montra ensuite une pièce constatant que j’étais abonné au Mavaza. Sur ce point voici mon explication. Un numéro était tombé entre les mains de notre évêque ; il contenait des explications sur des proverbes malgaches.
Monseigneur me dit : « Je vais prendre un abonnement, cela pourra servir. » Un Père, en effet, achève un fort volume où un grand nombre de proverbes malgaches sont recueillis et commentés.
À propos de ce journal, j’ai fait remarquer qu’il était le mieux rédigé.
On me parla aussi de la Société Ste Cécile. Ce n’est pas une société, mais un simple patronage, groupe affilié à une société autorisée par M. le Gouverneur Général. Ce qui intrigua, c’étaient des initiales figurant sur les papiers. Elles signifiaient : garde générale du Sacré-Cœur. Cette association a été autorisée sous la surveillance des curés.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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22 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (7)

(Suite.)
Enfin les débats de cette Grrrrande affaire touchent à leur fin, sans qu’aucune lumière nouvelle, aucune clarté convaincante n’y ait été apportée, malgré tout le mal que s’est donné le Président du Tribunal.
À cette heure la sentence doit être rendue. Par conséquent nous pouvons d’ores et déjà exprimer notre pensée sans crainte de pouvoir être accusés d’avoir voulu influencer le Tribunal.
Eh bien ! après une instruction mal faite et incomplète, les débats ont démontré, chez ceux qui les ont dirigés, un parti pris, disons le mot, un sectarisme mal déguisé.
Comme preuve, nous donnons ci-après l’interrogatoire du P. Venance, qui édifiera nos lecteurs.
P. Venance Manifatra
Le Président. — Vous voilà devant le Tribunal, vous êtes accusé d’excitation à la révolte en vue de renverser le Gouvernement au profit d’un autre gouvernement dont vous auriez été l’un des chefs, le roi peut-être.
Le P. Venance. — Je suis né à Nosy-Bé, près de Hell-Ville, le 18 mai 1862. Depuis l’âge de raison, j’ai été élevé par des missionnaires français.
À 15 ans, j’étais à Tananarive où je fis mes études de latin et de grec. Je partis ensuite pour Bordeaux où je fus envoyé au collège Tivoli. En 1886, je suis revenu à Madagascar avec Mgr Cazet, je me suis mis aussitôt aux ordres de mes supérieurs qui me chargèrent d’élever la jeunesse. Je suis resté onze années au collège. Un certain nombre de mes élèves firent bonne figure dans l’administration.
En 1900, je retournai en Europe pour achever mes études théologiques, je restai 7 années en Espagne.
En 1913 [vers 1908 ?], je revins à Madagascar où je repris l’enseignement.
Je retournai en Europe, en Belgique, où je continuai mes travaux. Enfin, en 1902 [1912 ?], je revins exercer le ministère apostolique, ayant été ordonné prêtre.
Je suis très connu à Madagascar, j’ai beaucoup de relations, je ne suis pas étonné que mon nom ait une certaine valeur.
La veille de Noël, je venais d’exercer mon ministère. On me prévint que Mgr de Saunes me demandait. Chez mon évêque, je trouvai le Commissaire de police qui m’informa du double mandat dont il était porteur, mandat de perquisition, mandat d’arrestation.
On perquisitionna chez moi et on me conduisit à Antanimora.
(À suivre.)

Le Tamatave

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21 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (6)

(Suite.)
Je ne sais s’ils étaient sanguinaires, mais ils étaient audacieux, puisque dans l’école, ils publiaient un journal clandestin dont nous publierons, en temps opportun, quelques échantillons.
On avouera que c’est tout de même un peu raide.
Nous devons signaler qu’au cours de ces dépositions, on a été amené à faire certaines constatations fâcheuses, armes faciles fournies à la défense.
Par exemple, à propos d’un des témoins entendus à Fianar, le juge d’instruction inscrit sur la feuille d’interrogation : Même déposition qu’un tel, alors que cette déposition diffère très sensiblement de celle à laquelle on convie le juge à se reporter.
C’est plus qu’une négligence, c’est une faute. Les réponses eussent-elles été absolument conformes qu’il eût fallu les consigner intégralement et les faire signer, après lecture, par l’intéressé.
Il en est d’autres que nous pourrions signaler. Ces lacunes ne sont point faites pour faciliter la tâche du directeur des débats.
D’autre part, et ce nous est un regret d’avoir à le signaler ici, il nous semble que certains inculpés pourraient avoir une attitude plus réservée que celle constatée par nous à certains moments.
Alors même que des témoins n’incitent pas à la gravité, il ne leur appartient pas de se laisser aller à une hilarité qui n’est point de mise.
Quelle que soit leur situation, qu’ils ne perdent pas de vue que l’affaire à laquelle ils sont mêlés est profondément affligeante. Pour rester dans la vérité, il faut dire que nombre d’entre eux conservent une attitude parfaitement correcte, que tous les auteurs devraient bien imiter.
L’audition des témoins continue.
Y aura-t-il quelque incident caractéristique ? Les uns disent non, d’autres oui. Nous avouons être de l’avis de ces derniers. Mais qu’y aura-t-il ?
C’est ce que nous saurons, à n’en pas douter, lorsque, aux accusés, le Président demandera s’ils n’ont rien à ajouter pour leur défense, à moins qu’auparavant, spontanément, quelque manifestation ne se produise, ce qui est parfaitement possible.
De la Tribune.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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17 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (5)

(Suite.)
Après la lecture de ce document, le Président fit appel à l’auditoire européen, l’invitant à ne manifester ni dans un sens ni dans un autre.
C’est donc contre les avocats-défenseurs des accusés que ces manifestations ont eu lieu, et ce sont des Européens qui en sont les auteurs.
Lundi, les témoins ont commencé à défiler. Ce ne sont pas des témoins, dit la défense, mais des co-accusés, du compartiment inférieur ajouterons-nous. C’est entendu, dit l’accusation, mais nous recueillerons leurs dires et en tirerons toutes conclusions utiles.
Les premiers, Rajohnson et Randrianasy, ont parlé de révolte, d’armes, de munitions, de Japonais, d’Américains et de beaucoup de choses qui soulevèrent les protestations de Ravelonahary et de Raboanary, particulièrement visés dans ces dépositions.
Accusations, démentis, sottises, tout cela s’entrecroisa pendant un certain temps. « Mon cher ami, dit Raboanary à Randrianasy, tu auras beau faire et nous accuser, tu ne t’en tireras pas. » Et le cher ami de taper dur sur Ravelonahiny, à sa droite, et sur Raboanary, à sa gauche.
Puis, on entendit Ramaroson, Rajoefara, le planton du Tribunal de Fianarantsoa, qui, lui aussi, eut maille à partir avec les mêmes, Ravelonahiny et Raboanary. Puis, Raharison, tailleur aussi insignifiant que possible, c’est un Sakelika pourtant, mais celui-là ne dit pas qu’on le menaça de mort s’il n’adhérait pas tout de suite à la société. D’autres, paraît-il, auraient été menacés (nous n’affirmons rien, nous ne disons que ce qui a été déclaré à l’audience). Voici Rabehasy, instituteur, qui était de la société secrète, mais qui eut des ennuis parce que cette société était secrète, qu’il fallait obéir aveuglément à des chefs inconnus…
Voici… Ah ! cela est plus grave ! S’il est vrai que la vérité sort de la bouche des enfants, ils nous en ont appris de belles. Lisez plutôt : « La société était anti-française. Le 31 décembre, on devait donner à chacun sa consigne et leur faire connaître le Vazaha qui serait confié à leurs soins… » Bref, Randriamanantoanino et Razafindrazaka, élèves de l’école d’Ambohijatovo, répétèrent tant de choses entendues, que le Président ne put s’empêcher de dire : « Ils étaient sanguinaires, les élèves de cette école ! »
(À suivre.)

Le Tamatave

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14 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (4)

(Suite.)
Qu’en présence des constatations de ce matin, il serait contraire à toute équité et même à toute justice de le maintenir en prévention, alors que le motif de cette prévention a disparu.
Que, dans les circonstances présentes, il importe au plus haut point qu’aucune décision ne s’écarte des principes supérieurs au respect desquels le Tribunal entend rappeler les accusés.
C’est pourquoi ils vous prient, Messieurs, qu’il vous plaise ordonner la mise en liberté provisoire de Frère Jullien, de la Doctrine Chrétienne, accusé de participation à un complot contre la sûreté de l’État et dont l’innocence a été reconnue.
Et ce sera justice.
Le Tribunal en donne acte, et en fin d’audience il a rendu un jugement accordant la liberté provisoire du Frère Jullien.
L’audience du mercredi soir, c’est-à-dire la huitième audience, s’est terminée sur un incident qui ne fut pas sans causer une très vive émotion. Robin, Ravoangy, Randrimaheta, Ravelonahina furent aux prises et se lancèrent à la tête accusations et démentis.
Sauf erreur, aujourd’hui ou demain, nous pourrons voir se produire quelque coup de théâtre précis.
L’assistance était, hier après-midi, considérable.
L’audience fut levée à 17 h. 30.
Document
Au début de l’audience du 3 février, le Président lut la lettre suivante que lui adressèrent les avocats-défenseurs :
Monsieur le Président,
Nous avons appris de source sûre que des manifestations plus graves que les précédentes doivent avoir lieu aux prochaines audiences du Tribunal que vous présidez. Si ces faits se produisent, nous sommes décidés à requérir qu’il soit immédiatement dressé procès-verbal contre leurs auteurs quels qu’ils soient. Dans le cas, évidemment pas probable, où il ne serait pas fait droit à nos réquisitions, nous nous verrions obligés de quitter la salle d’audience. Ce ne serait pas sans regret que nous prendrions cette détermination, dont les graves conséquences ne sauraient vous échapper. Mais nous avons le devoir de défendre par les moyens dont nous disposons non seulement notre dignité, mais encore et surtout un des droits les plus sacrés que les nations civilisées s’honorent de respecter, celui de la défense de tout accusé devant la justice criminelle.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos sentiments dévoués.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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13 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (3)

(Suite.)
La séance prenait fin sur une embrassade générale et des serrements de main.
Les affiliés se dispersaient un par un, observant la même prudence qu’à l’arrivée.
À l’extérieur, les affiliés avaient un signe de reconnaissance, ils déboutonnaient leurs vestons et les reboutonnaient.
Ceux qui portaient le lamba l’écartaient de leurs épaules et le rejetaient négligemment.
Les sections n’étaient pas en relation les unes avec les autres et les affiliés étaient avisés par leurs chefs directs qu’ils ne verraient jamais. On se bornait à leur donner des noms ; les affiliés devaient donc croire sans voir.
D’après certains documents, certaines pièces, la Grande Puissance de cette association, celui qui personnifiait le Grand Chef, devait, au moment de l’action (!), se présenter aux yeux du peuple ébloui, porteur d’un énorme bracelet d’or et une plaque de même métal suspendue par une chaîne d’or.
Les affiliés, ajouterons-nous, correspondaient entre eux à l’aide d’un système assez bien imaginé, combinaisons de l’alphabet.
Jusqu’à la troisième audience, les interrogatoires des inculpés se suivent, identiques peut-on dire, d’une façon monotone.
Au cours de cette troisième audience, MMes Favre et Baudin demandent la liberté provisoire du Frère Jullien, contre qui n’est relevée aucune charge. Le Tribunal la refuse.
Alors, au début de la quatrième audience, MMes Favre et Baudin ont présenté au Tribunal la requête suivante :
Requête
À Messieurs le Président et Membres du Tribunal du 2e degré, siégeant au criminel.
Les soussignés ont l’honneur de vous exposer :
Que ce matin, à l’audience, il a été constaté que le Frère Jullien n’était point coupable de l’accusation qui pesait sur lui.
Que si, dans la lettre dont il est l’auteur, il existe des expressions blessantes pour des missionnaires, ces expressions ne pourraient constituer que des injures pour lesquelles le Frère Jullien n’est pas poursuivi, que, au surplus, le délit d’injures, existât-il, il ne serait passible que d’une peine légère, de beaucoup inférieure à la longue prévention qu’il a subie et en tout cas depuis longtemps prescrite.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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7 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (2)

(Suite.)
L’initiateur s’approchait du postulant et prononçait les sept serments qu’il devait répéter.
1° Devant Dieu, les ancêtres, les assistants et les quatre objets sacrés (arme, sang, terre, étoffe), je m’engage à aimer mon pays (Madagascar) par-dessus tout ce que j’ai de plus cher ici-bas (femme, enfants, fortune et amis) et à me révolter contre les Français.
2° Devant Dieu, les ancêtres, les assistants et les quatre objets sacrés (arme, sang, terre, étoffe), je m’engage à m’enrôler comme soldat pour la défense de la Patrie.
3° Devant Dieu, les ancêtres, les assistants et les quatre objets sacrés (arme, sang, terre, étoffe), je jure d’obéir aveuglément aux ordres des chefs.
4° Devant Dieu, les ancêtres, les assistants et les quatre objets sacrés (arme, sang, terre, étoffe), je m’engage à faire de la propagande et à répandre ces principes par tous les moyens en mon pouvoir.
5° Devant Dieu, les ancêtres, les assistants et les quatre objets sacrés, je m’engage à aimer tous les Malgaches sans distinction de race, à les secourir, s’ils sont dans le besoin, suivant ma fortune et mes moyens.
6° Devant Dieu, les ancêtres, les assistants et les quatre objets sacrés, je m’engage à prier Dieu au moins une fois par jour, pour le succès de l’entreprise.
7° Devant Dieu, les ancêtres, les assistants et les quatre objets sacrés, je m’engage à ne dénoncer aucun affilié et supporter le martyre plutôt que de parler. Si je viole mes serments, j’accepte d’être tué, que la terre s’entrouvre pour m’engloutir ainsi que mes descendants.
L’officiant, ces serments une fois prêtés par le nouvel adepte, trace sur le front de celui-ci les lettres symboliques V. V. S. en prononçant ces paroles : « Devant Dieu et la Société, je vous fais membre de la Société secrète. » Ceci fait, tous les assistants posent la main sur la tête du néophyte et les membres présidant la cérémonie entament une courte prière, en l’occurrence celle-ci : « Ô mon Dieu, voici un tel… qui aime sa Patrie, qui aime les Malgaches ses compatriotes, qui repoussera les Vazaha qui nous piétinent ; délivrez-nous du joug des Français qui ne nous conduisent pas dans la voie de la civilisation. Ô ancêtres, assistez-le, donnez-lui la paix s’il tient ses promesses et le malheur s’il trahit. »
 (À suivre.)

Le Tamatave

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6 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (1)

Après la lecture de ce lumineux exposé, il est procédé à l’interrogatoire des prévenus ; nous ne donnerons de leurs déclarations que ce qui peut offrir quelque intérêt pour l’éclaircissement de l’affaire, en les résumant car elles se répètent toutes à peu de choses près. Les donner chacune à part, in extenso, serait d’une monotonie que nous voulons éviter à nos lecteurs.
De l’ensemble des déclarations reçues, il apparaît d’abord que l’initiation des adeptes avait lieu de la façon suivante :
Affiliation
Lorsqu’un indigène avait accepté de faire partie de la société secrète, il était convié, peu après, à assister à la réunion de la section à laquelle il allait appartenir.
Les réunions de ces sections s’ignorant entre elles, se tenaient rarement plusieurs fois de suite au même lieu. À Tananarive, on cite le quartier d’Anjohy, la rue Galliéni, les environs de Mahamasina, enfin, pour certaines sections, les dépendances de l’École de Médecine.
Les affiliés arrivaient, à l’heure fixée, les uns après les autres, évitant ainsi d’attirer l’attention des gens curieux et par suite des soupçons.
La séance ouverte, le néophyte se mettait à genoux la face tournée vers l’Est (Zorofirarazana).
Devant lui, sur une chaise, étaient placés trois objets :
Une hache ou toute autre arme tranchante ;
Un récipient contenant un peu de terre ;
Une soucoupe où avait été recueilli du sang provenant d’un volatile fraîchement tué.
Dans le Sud, à Fianarantsoa, à côté de ces trois objets figurait un morceau d’étoffe noire sur lequel était appliquée une croix blanche.
On donna de ces objets les significations suivantes : l’arme indiquait que l’affilié était prêt à donner sa vie pour la Patrie ; la terre, c’était le sol malgache ; la présence du sang signifiait que l’initié était prêt à verser son sang pour la Patrie ; enfin, l’étoffe noire synthétisait le deuil dans lequel se trouve plongée la Grande Île depuis l’occupation française.
« Nous verrons dans la suite si d’autres significations ne sont pas données à ces accessoires. »
(À suivre.)

Le Tamatave

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