29 octobre 2013

Il y a 100 ans : La Garde indigène

On nous écrit :
C’est avec un certain intérêt que j’ai lu, sur la question, un article de la Tribune signé d’un « vieux colon-militaire » ; il serait très bon s’il n’était entaché de parti-pris contre la Garde indigène qui le gêne ainsi que beaucoup de ses camarades et on le comprend.
La Garde indigène des colonies compte aujourd’hui 20 000 hommes ; il est évident que, du jour au lendemain, si elle était militarisée, les colonels, les chefs de bataillon, les capitaines et nos braves lieutenants – qui méritent mieux que la situation qu’ils ont – ne resteraient pas quatorze ans dans le même grade.
Oui, la Garde indigène est une institution civile recrutée dans le militaire ! C’est très probablement pour cela qu’on la trouve mauvaise.
La Garde indigène n’est pas aimée des administrateurs malgré les nombreux services qu’elle leur rend, cela depuis le règlement Garbit qui a supprimé tous les services domestiques et fait disparaître les ordonnances.
Elle est vue d’un mauvais œil par l’armée qu’elle élimine petit à petit de certaines colonies. Voilà ce qu’il fallait dire ; mais ne soyons pas injustes envers un corps sur lequel le Général Gallieni s’exprimait ainsi : « Les nombreux services qu’elle a rendus et dont l’éloge n’est plus à faire… »
On lit dans un grand quotidien de Paris, à propos du premier drapeau de nos troupes d’Indo-Chine :
« Nous avons eu d’abord les bataillons indigènes puis la milice, les tagels (17 février 1863), les partisans (19 février 1862), les spahis (7 février 1862), les guides à cheval (14 juin 1870), enfin les infirmiers indigènes.
« Il conviendrait de ne pas oublier, à propos des souvenirs évoqués par cette distribution d’emblèmes nationaux, le corps des miliciens qui a toujours admirablement payé de son audace et de sa fidélité. »
Soyez persuadé qu’il est aujourd’hui bien plus difficile de faire un inspecteur – officier de gendarmerie et d’infanterie (règlement du 26 décembre 1906) – qu’un officier de troupe sans examen.
Voilà ce que j’ai tenu à dire pour ceux qui ne l’osent pas.
Un civil-militaire.

Le Progrès de Madagascar

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28 octobre 2013

Il y a 100 ans : Liberté !

M. Picquié, assez malmené par la presse indépendante, vient d’inventer une thèse commode pour les Gouverneurs des Colonies : celle d’une liberté de presse mitigée, adaptée au despotisme de nos petits satrapes. La doctrine est hypocritement colorée de l’intérêt supérieur de la domination : défense de parler des rhumatismes ou des goûts policiers de notre Gouverneur sous peine de détruite le prestige de la République ! À entendre les défenseurs papelards de notre autocrate, on se croirait ramené à l’époque où la fistule faisait pâmer d’admiration les courtisans de Louis XIV. C’était la bonne époque, celle regrettée de tous les laquais pour qui le baisemain paraît insuffisant et qui rêvent d’un geste plus adéquat à la souplesse de leur échine.
Les « bons apôtres » disciples de Veuillot, qui revendiquait la liberté pour ses amis et la refusait à ses adversaires, font chorus avec les courtisans.
Ils oublient que leur rage impuissante s’exerça, il n’y a guère encore, contre l’énergique représentant des idées républicaines à Madagascar, M. Victor Augagneur.
Contre lui, toute licence était permise : légende du canapé, libelles ornés de caricatures répandus à profusion dans la Colonie.
L’on se souciait peu, à l’époque, du prestige de l’autorité française ; il ne vint jamais, du reste, à l’idée de M. Augagneur d’invoquer l’intangibilité désuète dont essaie de se couvrir son pâle successeur. On l’entendit proclamer, au contraire, la nécessité d’une opposition qui mettait en relief sa haute personnalité : c’était l’ombre au tableau.
Le Progrès de Madagascar

La mission de M. Giraud

M. Giraud, le distingué professeur en mission à Madagascar, a terminé ses travaux.
Des observations qu’il a faites, il résulte que la région de Benenitra contient du charbon exploitable sur une superficie considérable.
En ce qui concerne les pierres précieuses, les grenats de Madagascar ne sont pas tous, paraît-il, peu appréciés comme ceux de l’Ouest. Il y en aurait dont la valeur marchande serait assez élevée.
D’une façon générale, les pierres précieuses malgaches, soigneusement sélectionnées, sont estimées sur le marché européen.

Le Tamatave

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27 octobre 2013

Il y a 100 ans : Exécution capitale (2)

(Suite et fin.)
En Indo-Chine on restait dans la tradition, mais à Madagascar la fusillade ne signifiait absolument rien, puisque le gouvernement hova mettait à mort les criminels avec des raffinements d’improvisation.
Les Malgaches se moquent absolument du peloton d’exécution.
J’en ai vu périr plusieurs sous les feux de salve. Ils étaient extraordinaires de sang-froid. Quant à la foule, elle trouvait le spectacle divertissant.
Le gouvernement général n’a qu’à exhiber la guillotine et la criminalité sera arrêtée pour longtemps.
La guillotine est un instrument de terreur et ceux qui en firent celui de la Révolution connaissaient à merveille la défroque humaine.
Si l’on veut faire des exemples à Madagascar, frapper l’imagination des indigènes, dresser devant eux l’épouvante du châtiment, il faut faire disparaître l’inutile décret présidentiel et appliquer la loi. Tamatave n’est qu’à trente heures de la Réunion.
Dans l’intérêt de la sécurité de tous les colons français, on peut bien nous demander notre guillotine. C’est un sinistre rattachement, on en conviendra, mais bien plus sinistre encore est la longue liste des victimes de MM. les assassins malgaches.
Ceux qui connaissent bien l’indigène, qu’il soit hova, betsimisaraka, antaimoro, sakalava, peuvent affirmer que seule la crainte d’un châtiment terrible doit arrêter leur élan dans la voie du crime.
Ces indigènes, on les a mis hors la loi. On leur accorde la mort des braves, celle du duc d’Enghien et du maréchal Ney, celle des martyrs de la Commune. Sans aller plus loin, on les met au même poteau que Rainibetsimisaraka, héros de l’indépendance madécasse que la France fit fusiller pour s’en débarrasser et qui tomba crânement sous nos balles, le chapeau en main, saluant d’un dernier et tragique défi nos officiers.
Chaque criminel malgache qui expie ainsi son forfait se campe en faible devant la justice des forts.
C’est une erreur que l’on commet. Elle nous est fatale depuis quinze ans.
Nous tenons à la disposition de nos voisins l’instrument de leur sécurité et nous leur faisons remarquer que si l’on pend en Angleterre, on pend aussi à Maurice.
XX.

Le Tamatave

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26 octobre 2013

Il y a 100 ans : Exécution capitale (1)

Les journaux que le courrier nous a apportés de Diégo-Suarez nous font connaître qu’une exécution capitale a eu lieu dans cette localité.
Au sujet d’exécutions de cette nature qui se font de plus en plus fréquentes à Madagascar, nous ne saurions mieux faire que de reproduire l’article ci-après de le Dépêche de la Réunion, qui exprime sur cette question des idées les plus justes et tout à fait d’actualité.

L’autre veuve
Les journaux de Madagascar nous apportent, périodiquement, la nouvelle d’un nouveau méfait, d’un crime odieux commis sur la personne d’un « vazaha » par les indigènes, principalement par les Antaimoro nomades chez qui se recrute la caravane d’assassins.
On ne compte plus les assassinats commis sur la personne des blancs. Il est vrai que la colonie est vaste. Nous l’avons conquise, par la force des armes, au prix de six mille morts, à l’heure où l’on nous tuait moins de monde qu’à présent que nous en sommes les maîtres. Joli sujet de méditation pour les apôtres de la colonisation. Ces jours derniers encore, on a passé par les armes, sur la plage de Tamatave, un indigène convaincu d’assassinat sur la personne d’un Chinois. Ces fusillades n’arrêtent guère le mouvement de criminalité.
Il grandit sans doute au fur et à mesure de l’importation dans l’île de nouveaux besoins, importation qui n’est pas compensée par des habitudes plus grandes de travail et de régularité. Et puis, il faut avoir le courage de l’écrire, si le gouvernement général de Madagascar compte, avec ses fusillades répétées, endiguer la marée rouge qui monte, il se trompe étrangement, encore que sa police soit excellente.
Non, ce qui ne convient pas aux Malgaches, c’est le genre de mort qu’on leur réserve au bout des fusils Lebel, comme à des soldats. La loi française prévoyant que tout condamné à la peine capitale « aura la tête tranchée », le gouvernement général, au temps de Galliéni et d’Augagneur, n’ayant pas voulu par coquetterie ou humanitarisme mal compris, attacher son nom à l’importation d’une « Veuve Faucheuse », on sollicita un décret, comme pour l’Indo-Chine, fixant le mode d’exécution capitale pour Madagascar.
(À suivre.)

Le Tamatave

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24 octobre 2013

Il y a 100 ans : La résurrection des castes

Notre confrère La Tribune, qui s’était tout d’abord élevé avec nous contre les manœuvres d’une poignée de réactionnaires malgaches, vient de passer la plume à l’un des intéressés.
Cette hospitalité accueillante trouverait son explication dans la confirmation de l’autorisation administrative donnée à une œuvre de louche réaction.
M. Picquié pose pour l’infaillibilité ; avec ce principe, quand on a ouvert la série des loufoqueries, il faut se montrer loufoque jusqu’au bout.
Toujours est-il que notre Andrianamboninolona se targue du précédent établi par M. Picquié lui-même lors de la commémoration du roi Andrianampoinimerina : on ne saurait être moins royaliste que le roy, c’est-à-dire le représentant actuel de la République.
L’argument ne manque pas de saveur si l’on considère avec le défenseur des castes qu’Andrianamboninolona n’a été qu’un pauvre sire auprès d’Andrianampoinimerina.
D’où il résulte que le gouverneur est le promoteur de la résurrection des castes !
Nous n’inventons rien ; le maladroit défenseur de l’œuvre nous apprend, en effet, que divers comités ont été constitués sous la direction d’un comité central et se sont réunis en Assemblée générale, le tout avec l’autorisation de l’autorité supérieure. Cette organisation extraordinaire, dont la Tribune avait primitivement déclaré qu’elle constituait un État dans l’État, a été si bien prise au sérieux qu’elle a donné lieu à l’institution de fonctions ainsi qu’il résulte du baragouin ci-après : « la non élection des fonctions qu’ils enviaient a excité nos ennemis à mener une campagne contre cette œuvre entièrement respectable. »
Et, fort de l’estampille officielle, il dénie aux dissidents le droit de conférer le titre d’Andrianamboninolona.
À quand les brevets et les quartiers de noblesse ?
Et dire que ces niaiseries, qui ne relèvent que du code de l’Indigénat, rencontrent l’approbation gouvernementale !

Le Progrès de Madagascar

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22 octobre 2013

Il y a 100 ans : L’appétit du Foussa

Il y a en ce moment au jardin zoologique de Calcutta un félin de Madagascar qui, semble-t-il, bat tous les records de la voracité.
Ce félin, le Cryptoprocta ferox ou Foussa, moitié chat, moitié civette, descend, paraît-il, du chat de l’époque tertiaire. Son appétit est insatiable : il dévore sans arrêt tout ce qu’on lui donne à manger. Pendant le temps que le Diable de Tasmanie mettait à dévorer 90 livres de viande, lui en absorbait 192 ! Viande de cheval, lapins, autres volatiles, il engloutit tout avec une égale satisfaction… et il en redemande toujours. Il a même enlevé toute la peinture et rongé tout le bois de son logis. Il n’y a que le fer qui l’ait arrêté, heureusement, car dans le cas contraire, Dieu sait si ce phénomène n’aurait pas dévoré la ville entière !

Le feu

Dans la nuit de dimanche à lundi, un incendie s’est déclaré dans le village d’Ampanalana, et a détruit 25 cases.
Toujours la négligence des Malgaches. Trois ouvriers d’un commerçant malabar de ce village rentrèrent ivres chez eux au milieu de la nuit. Ils ne prirent naturellement aucune précaution. Bien mieux, ils refusèrent d’éteindre leur feu, comme l’ordonnaient les veilleurs de nuit. Ils s’endormirent sans doute ; le feu se répandit dans leur case, et de là dans tout le quartier dont il ne reste qu’un peu de cendres. Les dégâts ne sont pas très importants, et les auteurs sont en prison.
Le Tamatave

Consécration épiscopale de Mgr Givelet

(De notre correspondant particulier.)
Reims, 2 octobre. – Ce matin, à la cathédrale de Reims, a eu lieu la consécration épiscopale de Mgr Charles Givelet, évêque de Gindaris et vicaire apostolique de Fianarantsoa, dans l’île de Madagascar.
Le nouvel évêque est un enfant de Reins. Il est né, en 1857, d’une des plus honorables familles de la ville ; il fit ses études à Issy, puis à Saint-Acheul, où il fut reçu dans la Compagnie de Jésus. Depuis onze ans, il s’est dépensé avec un zèle admirable à l’évangélisation des Malgaches. Son vicariat apostolique compte 112 000 fidèles et seulement 35 prêtres.

La Croix

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21 octobre 2013

Il y a 100 ans : L’étude de Madagascar par MM. Alfred et Guillaume Grandidier (4)

(Suite et fin.)
Puis, d’une façon détaillée et très précise, MM. Grandidier prennent une à une toutes ces divisions de la population en en indiquent tous les clans. Il est certain que si l’on approuve la politique de races, très sagement inaugurée par le général Galliéni et qui consiste à laisser les peuplades sous l’autorité immédiate de chefs issus d’elles mêmes, l’ouvrage de MM. Grandidier fournit une documentation indispensable à consulter pour éclairer notre administration.
Cette population, dont le chiffre a été longtemps incertain, est inégalement répandue sur l’île. MM. Grandidier en étudient la répartition d’après les provinces, les villes, les villages ; puis la natalité, la mortalité, la longévité ; ils en indiquent les anciennes divisions administratives.
Les habitants de Madagascar se divisent en peuplades agricoles, peuplades pastorales et peuplades ou clans adonnés à la pêche et à la navigation. Les premières habitent l’Est et le Centre, les secondes le Nord, l’Ouest et le Sud, enfin les peuplades ou clans se livrant à la pêche vivent soit sur la côte, soit sur le bord de lacs ou de fleuves. Toutes les populations sont successivement passées en revue d’après cette division entre leurs occupations habituelles. Enfin une étude est faite des idées religieuses des Malgaches, chez qui, comme on sait, domine la croyance à l’influence des esprits, puis de l’action qui a été exercée sur eux par les missions des diverses nations.
Dans la seconde partie de l’ouvrage, Les Étrangers, MM. Grandidier examinent tout ce qui concerne les divers étrangers qui sont successivement venus à Madagascar et sont entrés en relation avec les Malgaches, et qui sont par ordre de date : les Juifs, les Arabes, les Indiens, les Javanais, les Nègres africains, puis les Européens et Américains parmi lesquels il faut citer les Français, Hollandais, Anglais, Danois, Espagnols, Américains. En dernier lieu ont paru les Chinois. Les auteurs étudient, pour chacun de ces peuples, comme ils l’ont fait pour les Malgaches, leur histoire, leur dénombrement et leur répartition, leurs occupations professionnelles.
Gustave Regelsperger.

La Quinzaine coloniale

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19 octobre 2013

Il y a 100 ans : L’étude de Madagascar par MM. Alfred et Guillaume Grandidier (3)

(Suite.)
Recherchant quelle peut être l’origine des habitants de Madagascar, M. Alfred Grandidier constate qu’ils proviennent du mélange de races très diverses et il émet l’opinion, exprimée déjà par lui en 1872 et acceptée depuis par beaucoup d’anthropologistes, que l’île a été peuplée par des immigrations successives, remontant à des temps fort éloignés, de nègres indo-océaniens ou orientaux, qu’il désigne sous le nom général d’Indo-Mélanésiens. Il appuie cette opinion sur une étude comparative des caractères ethniques des Malgaches et des Indo-Océaniens.
Mais si ce sont les nègres orientaux venus du Sud de l’Asie à des époques diverses, mais fort anciennes, qui ont formé le fond de la population malgache, d’autres immigrations, dont M. Grandidier retrace l’histoire, sont venues y apporter des éléments nouveaux : immigrations malaises, sémites, arabes et persanes, indiennes, japonaises et chinoises, africaines. Quant à ces dernières, M. Grandidier fait observer que s’il y a, à Madagascar, des Africains de pur sang ou des métis, ces Africains ne sont pas venus à une époque éloignée, car il a démontré, en s’appuyant sur des preuves anthropologiques, ethnographiques et linguistiques, que le fond de la population de l’île n’est pas africaine.
Dans le livre II, « La population de Madagascar », MM. Grandidier exposent la division de la population indigène en races et nations et tribus. Ils estiment que cette population, qui appartenait à l’origine à la grande famille indo-mélanésienne, était restée homogène jusqu’au XIe siècle, époque à laque s’établirent au milieu d’elle des immigrants étrangers. Tous ces immigrants, disent MM. Grandidier, appartenant à des nations civilisées, ont fondé des familles qui ont pris rapidement une grande influence sur les sauvages au milieu desquels elles vivaient et elles n’ont pas tardé à leur imposer leur suprématie ; et ils comptent douze nations dont les chefs ont eu pour ancêtres des immigrants de race étrangère. À côté de ces groupements, ils en énumèrent quatre qui sont sous la direction de chefs indigènes d’origine indo-mélanésienne.
(À suivre.)

La Quinzaine coloniale

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17 octobre 2013

Il y a 100 ans : L’étude de Madagascar par MM. Alfred et Guillaume Grandidier (2)

(Suite.)
On sait que M. Alfred Grandidier a accompli à Madagascar, de 1865 à 1870, les premières grandes explorations scientifiques. Il traversa trois fois la grande île dans sa largeur, fit de nombreuses excursions tant sur le littoral que dans les régions réputées les plus dangereuses du Centre et du Sud et, après avoir parcouru des itinéraires offrant plus de 5 500 kilomètres de développement, il put enfin tracer pour la première fois sur les cartes, les grandes lignes réelles du relief montagneux. Il rapporta de ces voyages des documents considérables de toute nature. Depuis son retour, il a entrepris la publication d’un ouvrage considérable destiné à enregistrer toutes les connaissances que l’on possède sur la grande île. Le fils de M. Alfred Grandidier, M. Guillaume Grandidier, docteur ès sciences, a fait à son tour de nouvelles explorations à Madagascar, ayant pour objet des recherches scientifiques, et il s’est fait ainsi le collaborateur et le continuateur de son père.
Le monumental ouvrage entrepris par M. Alfred Grandidier et qui a pour titre : Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar, doit avoir, dans sa totalité, 52 volumes grand in-4°. Il en a paru, si l’on comprend les divers atlas d’histoire naturelle, à peu près la moitié et les travaux publiés renferment 1 777 planches.
Le volume relatif à l’ethnologie porte le numéro IV dans la série générale et aura deux tomes dont le premier seul a paru en 1908, en deux parties. La publication parue comprend deux livres, l’un relatif à l’origine des Malgaches qui avait été imprimé dès 1901 et écrit en entier par M. Alfred Grandidier ; l’autre, traitant des habitants de Madagascar, population indigène et étrangers. Ce qui a trait aux étrangers forme la seconde partie du tome Ier.
Cet ouvrage sur l’histoire et les conditions actuelles des populations de Madagascar peut être regardé comme capital et il n’est pas d’études qui pourront être faites sur l’ethnographie de l’île sans lui être rattachées comme à une base fondamentale.
(À suivre.)

La Quinzaine coloniale

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16 octobre 2013

Il y a 100 ans : L’étude de Madagascar par MM. Alfred et Guillaume Grandidier (1)

On sait comprendre aujourd’hui qu’il n’y a pas de colonisation efficace ni durable sans une coopération de l’indigène. Il faut savoir, tout en gardant vis-à-vis de lui la supériorité de notre race en même temps que l’autorité nécessaire, le rapprocher de nous par une éducation appropriée, nous l’attacher et l’intéresser à l’œuvre à laquelle nous voulons le faire collaborer.
Dans un livre récent, M. le sénateur Charles Humbert a fort bien mis en lumière ces idées que la colonisation est une coopération et qu’elle est avant tout une œuvre sociale.
C’est là un programme qui a été développé d’une façon particulièrement remarquable par l’éminent gouverneur général de l’Afrique occidentale française, M. William Ponty, quand, administrant alors le Haut-Sénégal et Niger, il exposait, dans des Instructions qui méritent de demeurer comme un modèle, qu’il faut « apprivoiser » l’indigène, le maintenir dans son milieu traditionnel, ne heurter ni ses habitudes, ni ses traditions, ni ses coutumes ; respecter les groupements ethniques, les cultiver isolément par l’action des chefs de leur race ; relever insensiblement le niveau social par le développement des œuvres sanitaires, des institutions d’assistance, des écoles ; faire régner partout une justice paternelle.
C’est la même politique qui est aujourd’hui mise en pratique partout. Mais pour pouvoir l’appliquer avec fruit, il faut avant tout connaître à fond les mœurs, les traditions, les usages, la mentalité des indigènes, et ce n’est certainement pas chose facile. C’est ce qui donne aujourd’hui aux études d’ethnographie une importance pratique de premier ordre.
Ce sont ces considérations qui nous engagent à dire quelques mots, bien que sa date remonte à plusieurs années, d’un ouvrage d’une haute valeur consacré par MM. Alfred et Guillaume Grandidier à l’ethnographie de Madagascar[1].
(À suivre.)
La Quinzaine coloniale



[1] Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar, publiée par Alfred Grandidier. – Volume IV, Ethnographie de Madagascar par Alfred Grandidier et Guillaume Grandidier. Paris, Imprimerie Nationale, 1908, 711 pages (Librairie Hachette).

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15 octobre 2013

Il y a 100 ans : Faillite gouvernementale

S’il était besoin d’une nouvelle preuve de l’incapacité gouvernementale, le spectacle du désordre de la population indigène suffirait amplement.
Il est avéré que de nombreuses réunions ont été tenues par les tenanciers de l’ancien état de choses au vu et au su des autorités ; que de nombreux fonctionnaires indigènes y ont participé. Il est encore avéré que, non seulement des collectes ont été faites, mais qu’une contribution spéciale a été votée pour tous les membres de la caste sous prétexte de rachat des droits de noblesse et avec la menace de fermer l’accès aux récalcitrants et aux insolvables. Il ne manque plus qu’un porteur de contraintes.
C’est non seulement, comme le dit notre confrère la Tribune, une vaste entreprise d’extorsion de fonds, mais encore la manifestation éclatante d’un inquiétant état d’esprit qu’on pouvait croire définitivement disparu.
Nos réactionnaires malgaches ne doutent plus de rien, ils ont décidé, en effet, de soumettre à M. Picquié un projet d’arrêté frappant d’une amende tout membre qui se mésallierait en épousant une femme étrangère à la Caste. On aggraverait ainsi les anciennes dispositions frappant d’amendes ou de fers les usurpations de qualité.
M. Picquié fera sans doute état de sa qualité de fonctionnaire d’une République égalitaire pour décliner ces sollicitations. Il eût sans doute mieux valu éviter l’équivoque d’une politique qui a permis d’aussi grotesques espoirs.
Pour cela, il eût été indispensable d’affirmer hautement les principes républicains, au lieu de se mettre à la remorque des missions protestantes.
Une fois déjà, et dès le début, un gouverneur protestant, M. Laroche, faillit compromettre par ses faiblesses la domination française ; en faisant le jeu des missions protestantes, il précipita l’explosion des ambitions et des rancunes de tous les soutiens d’un régime condamné. Cette leçon, M. Picquié paraît l’avoir oubliée ; les vieux Colons de Madagascar, eux, l’ont présente à l’esprit.
Ils savent par expérience que, dans un pays livré aux sectes religieuses, la politique la plus sûre est encore celle qui les confond toutes pour ne s’inspirer que de l’intérêt supérieur.

Le Progrès de Madagascar

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14 octobre 2013

Il y a 100 ans : Cour criminelle de Tamatave

En son temps nous avons informé nos lecteurs que dans la nuit du 6 au 7 janvier dernier une tentative d’incendie volontaire avait été commise au préjudice du Chinois Ah-Tawe, commerçant à Tanambao. Elle avait eu pour objet de faire disparaître les traces d’un vol de 225 francs commis au préjudice de ce même Ah-Tawe.
L’auteur de ce double crime n’était autre que Sin-Léon, son compatriote.
Ayant été condamné à Tamatave, ce dernier se pourvut en cassation. La cour suprême a annulé l’arrêt, la peine ayant été mal appliquée, et a renvoyé l’affaire devant la cour criminelle de Tamatave dont les juges ont été changés.
Sin-Léon a donc été jugé de nouveau dans l’audience qui a eu lieu samedi dernier, présidée par M. Siguier, ayant comme assesseurs MM. Vautrain, Bernard, Luzet et Jullien. Il a été condamné à 3 ans de prison, 5 ans d’interdiction de séjour, et 500 francs de dommages-intérêts envers Ah-Tawe, partie civile.
Nous avions raison de le dire : les Chinois se civilisent.

Commencement d’incendie

Dimanche dernier, 14 courant, M. Mauxion, le sympathique directeur de l’Agence qui porte son nom en face de l’hôtel Métropole, se trouvait sur le seuil de sa porte, vers 4 heures de l’après-midi, lorsque son attention fut attirée par une épaisse fumée qui s’échappait des fentes de la porte d’une chambre du dit hôtel, portant le N° 5.
Ne doutant pas que cette fumée ne provînt d’un commencement d’incendie, il donna aussitôt l’alarme. Des secours furent promptement organisés par la police accourue sur les lieux, et l’on put assez facilement étouffer ce commencement d’incendie, car c’en était un.
Faute de meilleur indice, on suppose qu’un bout de cigarette allumé a dû tomber sur la carpette qui a pris feu et l’a communiqué aux vêtements et linges voisins.
La chambre était occupée par un voyageur, M. M., de Tananarive, absent au moment de l’accident.
Les pertes, heureusement, sont de peu d’importance, et il n’y a pas eu accident de personnes.

Le Tamatave

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12 octobre 2013

Il y a 100 ans : God save the Queen !

Ce n’est pas en Angleterre, mais à Madagascar que ce cri retentit à l’heure actuelle ; il ne s’agit pas de l’ex-reine Victoria, mais de la petite reine malgache Ranavalo, choyée comme un objet rare et promenée comme une enfant gâtée à travers les diverses attractions de la Métropole.
Ranavalo détrônée règne encore dans le cœur d’un clan de fidèles ; le mot est doublement approprié car le sectarisme de caste set entretenu et excité par le sectarisme religieux.
C’est, en effet, dans la caste royale des Andrianamboninolona que se recrutent ces attardés de l’ère moderne malgache, ces réactionnaires locaux ; et c’est précisément cette caste, découronnée de son ancien prestige par la domination française dont l’un des premiers actes fut l’abolition des castes, qui est la grande pépinière des pasteurs et évangélistes protestants.
La politique de nos Gouverneurs a fort justement consisté à faire rentrer cette aristocratie en herbe dans le rang, et il a fallu un Picquié pour rompre avec la tradition. Voici, en effet, que sous prétexte d’ériger un monument à la mémoire de l’ancêtre Andrianamboninolona, les membres de la caste abolie ont été autorisés à se réunir librement entre eux et à former une caisse commune.
On a peine à concevoir un pareil aveuglement qui plonge dans la stupéfaction le peuple hova, impatient de secouer un joug séculaire particulièrement odieux. Serions-nous donc moins intelligents que ces précurseurs malgaches ?
Toujours est-il que des réunions eurent lieu dès l’autorisation, et tout de suite la tendance du groupe s’affirma par la proposition de la majorité de tenir les réunions au siège de la Mission protestante française. D’où scission, une minorité moins sectaire ayant proposé la salle du théâtre.
À l’heure actuelle, les partisans des réunions dans le local protestant ont choisi un local privé pour leurs assemblées occultes ; les séances sont animées par le chant « God save the Queen » et l’on se berce de l’espoir chimérique d’une restauration de la monarchie malgache.
Et dire que tout cela se passe avec l’encouragement et sous l’œil paterne d’un Gouverneur français !
Après tout, pourquoi Micromégas 1er ne succéderait-il pas à Ranavalo ?

Le Progrès de Madagascar

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11 octobre 2013

il y a 100 ans : Les pierres précieuses à Madagascar

Depuis quelques années, les recherches géologiques sur l’île de Madagascar sont très nombreuses et les résultats pratiques qu’elles ont donnés permettent d’espérer un développement considérable des mines dans notre colonie. Nous signalions ici même, il y a quelque temps, l’existence de bancs de graphite très importants ; le corindon est connu dans l’île depuis longtemps déjà. Les missions Lacroix, Levat, Merle, etc. y ont récemment découvert des tourmalines et des béryls. Ces pierres, lorsque leur coloration est belle et bien uniforme, sont des gemmes rares et de grande valeur. On a trouvé à Madagascar des espèces parfaitement transparentes et dont les teintes étaient inconnues jusque-là.
Les tourmalines ont des noms variant avec la coloration : rouges ou roses, elles constituent le rubis de Sibérie ; bleues, ce sont les saphirs du Brésil ; vertes, les émeraudes du Brésil ; jaune-vert, les péridots de Ceylan, etc. Pour les chimistes, gens terre-à-terre, ce sont simplement des fluoborates d’aluminium mélangés de quelques oxydes de métaux accessoires.
Les principaux gisements se trouvent dans la région d’Antsirabe, particulièrement le mont Bity, célèbre déjà par ses pegmatites gemmifères, et dans la région de Fianarantsoa.
Quant aux béryls, qui comprennent l’émeraude, l’aigue-marine et la morganite, ils ont une grande réputation, ceux qu’on trouve dans l’île étant particulièrement beaux. Les gisements se trouvent surtout dans la région de Fianarantsoa.
Le Temps

Une noyade

Il y a quelques jours, un peu avant la tombée de la nuit, un indigène descendait en pirogue par l’Ivondro, avec sa femme et ses trois enfants, lorsqu’arrivé en face de l’embouchure du Vorinkina, un remous fit chavirer sa pirogue.
Les secours qui leur furent portés arrivèrent trop tard pour les sauver. La femme et les enfants furent repêchés le soir même, mais ne donnant plus signe de vie. Seul, chose singulière, un bébé attaché sur le dos de sa mère à la mode malgache, fut trouvé encore vivant et put être sauvé.
Le corps du père ne put être retrouvé que le lendemain.

Le Tamatave

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10 octobre 2013

Il y a 100 ans : Les progrès de Madagascar

C’est en octobre 1895 que notre souveraineté sur la grande île a été établie, à la suite de l’entrée de nos troupes à Tananarive. En 1896, première année de notre prise de possession, le commerce extérieur malgache se chiffrait par un total de 17 594 000 francs. Il a atteint 92 299 000 francs en 1911 : c’est-à-dire qu’il a plus que quintuplé en moins de quinze ans ! L’augmentation est surtout sensible aux exportations – ce qui est la preuve que la mise en valeur de Madagascar se poursuit régulièrement. Elles étaient évaluées à 4 millions de francs à peine au moment de la conquête ; depuis, elles se sont continuellement accrues, au point de dépasser même le chiffre des importations : elles ont atteint 45 438 000 francs en 1910, 47 535 000 francs en 1911, soit, par rapport aux entrées, des augmentations respectives de 12 001 000 francs en 1910 et de 2 771 000 francs en 1911.
L’exploitation minière, qui se bornait primitivement à la production de l’or, se diversifie peu à peu. Le graphite, notamment, donne lieu déjà à des exportations notables.
Les cultures diverses et l’élevage ont réalisé, d’autre part, de sensibles progrès. Madagascar, qui, il y a quelques années, devait se fournir largement de riz à l’étranger, est devenue exportatrice de ce produit. La colonie se prépare maintenant à se suffire également en blé. Les exportations de manioc, qui étaient à peu près nulles en 1908, ont dépassé un million et demi de francs en 1911. La vanille et le café donnent lieu, eux aussi, à des transactions croissantes. Les sorties de bétail ont plus que doublé au cours de ces trois dernières années ; en même temps, une vigoureuse impulsion est donnée à l’industrie des conserves de viandes. Enfin, la sériciculture est en pleine renaissance. En un mot, Madagascar se développe dans toutes les directions.
L’Ouest-Éclair (Rennes)

Le Prix de Madagascar

Il vient d’être décerné – pour la première fois. M. Ange Sparo en est l’heureux lauréat, qui s’embarquera le 18 septembre à Marseille, pour Tananarive. Car ce prix a été institué dans le but de faire connaître à la métropole les beautés des pays malgaches.

Gil Blas

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9 octobre 2013

Il y a 100 ans : L’autre esprit (2)

(Suite et fin.)
Et alors, c’est un défilé de petites cochonneries, je demande pardon du mot, de petites cochonneries multicolores. C’est une situation de ce genre qui permit à l’un de nos amis de recueillir toute une série de faits, de gestes, notés au jour le jour, par témoignages écrits ou verbaux, et dont quelques-uns seront légèrement esquissés pour ne point encourir l’interdiction de publication pour outrage aux bonnes mœurs.
Il est absolument certain que toutes les conscriptions administratives ne se ressemblent pas, parce que les hommes se différencient les uns des autres. Et combien vous, moi et d’autres, n’avons-nous pas d’amis bien chers parmi les administratifs. Ceux-là, croyez-le bien, sont les premiers à manifester leur écœurement de ce qu’ils voient autour d’eux. Mais ils se taisent, leurs notes se ressentiraient d’une opinion émise si elle n’était pas conforme aux vues de l’aréopage de ceux qui ont pour devise : C’est nous qui sommes les Princes. – Fais ce que veut. Mais ceux-là à la première occasion s’esquivent, ils en ont plein le dos.
Les mauvais esprits se plaignent bien, ils ne se gênent point pour écrire, pour parler, on les traite d’énergumènes et leurs meilleurs amis ne se gênent point pour leur dire qu’ils portent lunettes d’exagération, mais un beau jour lorsqu’eux-mêmes se trouvent coincés – je connais deux exemples récents – par quelques-uns de ces gaillards à masque vertueux – où vas-tu te mêler vertu – ils lèvent les bras au ciel, non à la façon des diplomates, mais en gesticulant et criant à l’infamie.
Il y a tout de même de bien braves gens sur terre, mais il y a aussi de sales mufles et quand ceux-là sont revêtus d’insignes leur conférant un pouvoir quelconque, nul ne peut se douter jusqu’à quel point ils en abusent et en réabusent. Jusqu’au jour où, un écœuré quelconque mettant les pieds dans le plat, provoque enquêtes sur enquêtes que, malgré tout, on ne peut étouffer, on ne pourra pas étouffer.
Des Petites Affiches.

Le Progrès de Madagascar

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8 octobre 2013

Il y a 100 ans : L’autre esprit (1)

Il y a un esprit colon, c’est une affaire entendue et je n’ai pas besoin d’ajouter que celui-là est un mauvais esprit.
Le colon est accapareur, insatiable, c’est lui qui brime l’indigène, le blesse dans ses croyances,… et dans sa dignité d’homme, en un mot, c’est lui le trouble ménage, le principal élément de trouble et de discorde.
De l’autre côté, c’est tout l’inverse, désintéressement, respect des droits et des coutumes de l’indigène, application des lois dans le plus pur esprit d’équité. En un mot, de l’autre côté de la barrière se trouvent les protecteurs nés et des uns et des autres.
Dans la réalité des faits, il en va tout autrement, les administratifs qui sont des hommes comme vous et moi, n’ont laissé à l’entrée de la carrière ni leurs passions, ni leurs opinions, et dans l’exercice de leurs fonctions, ils ne savent pas toujours faire taire quand il le faudrait et les unes et les autres, c’est-à-dire des hommes impartiaux, examinant avec la plus équitable attention les affaires soumises à leur examen. Et la plupart du temps ils les bâclent, souvent par paresse, et savent élégamment le cas échéant se défiler en se retranchant derrière les règlements et l’autorité supérieure.
Ils sont rois chez eux ; ce qui est défendu aux possédés du mauvais esprit, ne leur est point interdit, du moins ils le pensent aussi et cela dans les plus menus détails de leur existence administrative. J’ai lu, tout récemment, quelques bonnes pages d’une brochure en préparation intitulé : Le coin du voile. C’est le récit appuyé de précision de ce qu’est dans une province l’existence des colons mal en cour parce que indépendants ; des tribulations par lesquelles ils sont obligés de passer de par la volonté des membres de la famille administrative, intimement liée, jusqu’au jour où, les cartes étant brouillées, le débinage des uns nous apprend ce qu’ont fait les autres, ce qui permet de savoir du même coup ce que l’association des deux clans, alors amis, avait médité et exécuté contre X., Y. ou Z. avec certaines complicités d’êtres malfaisants mais bien en cour.
(À suivre.)
Des Petites Affiches.

Le Progrès de Madagascar

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