9 octobre 2013

Il y a 100 ans : L’autre esprit (2)

(Suite et fin.)
Et alors, c’est un défilé de petites cochonneries, je demande pardon du mot, de petites cochonneries multicolores. C’est une situation de ce genre qui permit à l’un de nos amis de recueillir toute une série de faits, de gestes, notés au jour le jour, par témoignages écrits ou verbaux, et dont quelques-uns seront légèrement esquissés pour ne point encourir l’interdiction de publication pour outrage aux bonnes mœurs.
Il est absolument certain que toutes les conscriptions administratives ne se ressemblent pas, parce que les hommes se différencient les uns des autres. Et combien vous, moi et d’autres, n’avons-nous pas d’amis bien chers parmi les administratifs. Ceux-là, croyez-le bien, sont les premiers à manifester leur écœurement de ce qu’ils voient autour d’eux. Mais ils se taisent, leurs notes se ressentiraient d’une opinion émise si elle n’était pas conforme aux vues de l’aréopage de ceux qui ont pour devise : C’est nous qui sommes les Princes. – Fais ce que veut. Mais ceux-là à la première occasion s’esquivent, ils en ont plein le dos.
Les mauvais esprits se plaignent bien, ils ne se gênent point pour écrire, pour parler, on les traite d’énergumènes et leurs meilleurs amis ne se gênent point pour leur dire qu’ils portent lunettes d’exagération, mais un beau jour lorsqu’eux-mêmes se trouvent coincés – je connais deux exemples récents – par quelques-uns de ces gaillards à masque vertueux – où vas-tu te mêler vertu – ils lèvent les bras au ciel, non à la façon des diplomates, mais en gesticulant et criant à l’infamie.
Il y a tout de même de bien braves gens sur terre, mais il y a aussi de sales mufles et quand ceux-là sont revêtus d’insignes leur conférant un pouvoir quelconque, nul ne peut se douter jusqu’à quel point ils en abusent et en réabusent. Jusqu’au jour où, un écœuré quelconque mettant les pieds dans le plat, provoque enquêtes sur enquêtes que, malgré tout, on ne peut étouffer, on ne pourra pas étouffer.
Des Petites Affiches.

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